Outre quelques sujets instructifs traités en sessions de travail, comme les précautions à prendre pour ne pas être victime d’une cyber attaque ou d’en minimiser les conséquences, comme l’interrogation sur l’émergence de l’intelligence artificielle dans le monde des voyages, ou le développement probable d’un tourisme spatial, le thème majeur de cette Convention était bien de savoir si la Guyane pouvait devenir « la » destination verte de demain.
Lire aussi : Convention EDV d’Ile-de-France en Guyane : voyage en terre méconnue
Jean-Pierre Mas, président des EDV, Marc Rochet, président d’Air Caraïbes, et Loïc Buzaré, directeur du Comité de Tourisme de Guyane, en ont débattu sous la houlette de Marie Poirier, journaliste pour la revue Espaces, qui a sollicité également les témoignages des participants.
Lire aussi : Convention EDV d’Ile-de-France en Guyane : voyage en terre méconnue
Jean-Pierre Mas, président des EDV, Marc Rochet, président d’Air Caraïbes, et Loïc Buzaré, directeur du Comité de Tourisme de Guyane, en ont débattu sous la houlette de Marie Poirier, journaliste pour la revue Espaces, qui a sollicité également les témoignages des participants.
La Guyane peut tirer sur la corde du tourisme d'expérience
Même si l’association géographique est un peu tirée par les lianes, la Guyane est vécue comme une destination d’Outre-mer imbriquée dans les autres Antilles françaises ou non. Et forcément, la comparaison n’est guère flatteuse.
Dans son analyse synthétique, Jean-Pierre Mas a posé les bases de la discussion. Face à un tourisme de volume, représenté par les destinations balnéaires comme la République dominicaine et les Antilles françaises, la Guyane ne peut opposer qu’un tourisme d’expérience et de découverte, plus intimiste mais plus réaliste.
La destination parvient-elle à réunir les ingrédients du succès : une desserte aérienne suffisante, un hébergement en volume et confort adapté et une qualité de service reconnue ?
Quand la République Dominicaine marque des points sur les trois chapitres et que les Antilles peinent à relever leur niveau de prestations, qu’en est-il de la Guyane ?
Dans son analyse synthétique, Jean-Pierre Mas a posé les bases de la discussion. Face à un tourisme de volume, représenté par les destinations balnéaires comme la République dominicaine et les Antilles françaises, la Guyane ne peut opposer qu’un tourisme d’expérience et de découverte, plus intimiste mais plus réaliste.
La destination parvient-elle à réunir les ingrédients du succès : une desserte aérienne suffisante, un hébergement en volume et confort adapté et une qualité de service reconnue ?
Quand la République Dominicaine marque des points sur les trois chapitres et que les Antilles peinent à relever leur niveau de prestations, qu’en est-il de la Guyane ?
Une expérience mémorable pour les pionniers de l'expédition amazonienne
Loïc Buzaré du CTG fixe d’emblée les limites de l’ambition. La Guyane accueille à ce jour autour de 100 000 visiteurs, pour une très grande part en raison des activités scientifiques de la base de lancement de Kourou ou pour des retrouvailles familiales.
Les touristes motivés pour vivre une expérience amazonienne ne sont encore qu’un petit bataillon qui a réussi à dépasser les idées reçues.
Elles ont la vie dure, entre la crainte des moustiques et autres espèces carnivores de la forêt, les destructions des garimpeiros, chercheurs d’or clandestins qui transforment les fleuves en torrents de boue et de mercure, et une mer loin d’afficher la clarté des eaux caraïbes…
Et pourtant, les pionniers, qui en ont fait l’expérience dans la forêt, ne tarissent pas de commentaires sur l’aventure physique et émotionnelle qu’ils ont vécue.
Plusieurs agences réceptives, dont Guyane Evasion, développent des programmes qui explorent toutes les facettes d’un tourisme d’expédition au contact des communautés locales.
Tourisme de niche, certes, mais tourisme de découverte à coup sûr, entre les remontées de fleuve en pirogue, les randonnées guidées dans la forêt, les nuits en hamac dans les carbets, écolodges à la mode guyanaise… les ingrédients sont là pour constituer de véritables programmes éco-responsables. Plus que les Antilles, ce sont des destinations comme le Costa-Rica, voir le Brésil que les responsables du CTG ont en ligne de mire.
Les touristes motivés pour vivre une expérience amazonienne ne sont encore qu’un petit bataillon qui a réussi à dépasser les idées reçues.
Elles ont la vie dure, entre la crainte des moustiques et autres espèces carnivores de la forêt, les destructions des garimpeiros, chercheurs d’or clandestins qui transforment les fleuves en torrents de boue et de mercure, et une mer loin d’afficher la clarté des eaux caraïbes…
Et pourtant, les pionniers, qui en ont fait l’expérience dans la forêt, ne tarissent pas de commentaires sur l’aventure physique et émotionnelle qu’ils ont vécue.
Plusieurs agences réceptives, dont Guyane Evasion, développent des programmes qui explorent toutes les facettes d’un tourisme d’expédition au contact des communautés locales.
Tourisme de niche, certes, mais tourisme de découverte à coup sûr, entre les remontées de fleuve en pirogue, les randonnées guidées dans la forêt, les nuits en hamac dans les carbets, écolodges à la mode guyanaise… les ingrédients sont là pour constituer de véritables programmes éco-responsables. Plus que les Antilles, ce sont des destinations comme le Costa-Rica, voir le Brésil que les responsables du CTG ont en ligne de mire.
Un tourisme de mémoire toujours vivant aux Îles du Salut
On ne peut oublier non plus l’incontournable excursion sur les îles du Salut, île Royale, île Saint-Joseph et île du Diable, célèbres pour les différents bagnes qu’elles abritent toujours, et dont les « pensionnaires » raisonnent dans la mémoire : Dreyfus, Papillon ou Guillaume Seznec.
Propriété du Centre National d’Études Spatiales les îles sont entretenues et exploitées à la fois pour conserver la mémoire du bagne et de son univers impitoyable, mais aussi comme une destination « exotique » balnéaire pour les habitants de Kourou et des environs.
Une auberge, des campements et des chambres avec vue sur l’océan accueillent principalement les locaux et les résidents de Kourou, à une heure de catamaran.
Kourou et son Centre Spatial Guyanais sont l’autre principale activité touristique, avant d’embarquer en pirogue.
Les visites sont assurées par le CNES qui met un point d’honneur à montrer toutes les facettes de l’aventure spatiale française et désormais européenne autour des sites de lancement des fusées Véga, Ariane 5 et bientôt Ariane 6.
Propriété du Centre National d’Études Spatiales les îles sont entretenues et exploitées à la fois pour conserver la mémoire du bagne et de son univers impitoyable, mais aussi comme une destination « exotique » balnéaire pour les habitants de Kourou et des environs.
Une auberge, des campements et des chambres avec vue sur l’océan accueillent principalement les locaux et les résidents de Kourou, à une heure de catamaran.
Kourou et son Centre Spatial Guyanais sont l’autre principale activité touristique, avant d’embarquer en pirogue.
Les visites sont assurées par le CNES qui met un point d’honneur à montrer toutes les facettes de l’aventure spatiale française et désormais européenne autour des sites de lancement des fusées Véga, Ariane 5 et bientôt Ariane 6.
Que manque-t-il pour passer à la vitesse supérieure ?
Les liaisons aériennes ne sont pas négligeables avec 4 liaisons hebdomadaires assurées par Air Caraïbes en gros porteur, et au moins autant par le concurrent Air France depuis la métropole.
De son côté, Air Guyane n’assure que quelques rotations en vol intérieur et avec les Antilles.
En revanche, aucune liaison n’a réussi à se maintenir avec les pays voisins que ce soit le Surinam ou le Brésil, et encore moins avec le continent nord-américain.
Le parc hôtelier est loin d’être à la hauteur de possibles ambitions de développement. Si Cayenne est surtout une ville étape pour hommes d’affaires et visiteurs en transit, Kourou bénéficie des retombées de la base de lancement des fusées Ariane et Vega. Les établissements de qualité existent mais ils restent rares.
De son côté, Air Guyane n’assure que quelques rotations en vol intérieur et avec les Antilles.
En revanche, aucune liaison n’a réussi à se maintenir avec les pays voisins que ce soit le Surinam ou le Brésil, et encore moins avec le continent nord-américain.
Le parc hôtelier est loin d’être à la hauteur de possibles ambitions de développement. Si Cayenne est surtout une ville étape pour hommes d’affaires et visiteurs en transit, Kourou bénéficie des retombées de la base de lancement des fusées Ariane et Vega. Les établissements de qualité existent mais ils restent rares.
Cayenne a du mal à rivaliser avec les préfectures d'Outre-mer
Petite préfecture de 70 000 habitants, Cayenne voudrait rivaliser avec ses « consœurs » des Antilles en déclinant son patrimoine historique, sa dimension multiculturelle et l’animation de ses marchés.
De fait, la présence française remonte au XVIIe siècle, la mémoire collective se souvient du bagne de Cayenne et de ses célèbres prisonniers, de Dreyfus à Papillon. La ville est parsemée de témoignages créoles et vit intensément son carnaval étalé sur plusieurs semaines, ponctué des sorties spectaculaires des touloulous masqués.
Mais si cela peut alimenter un tourisme affinitaire auprès de la communauté guyanaise expatriée, la motivation n’est pas suffisante pour miser sur un public plus large. Alors, le tourisme vert ?
De fait, la présence française remonte au XVIIe siècle, la mémoire collective se souvient du bagne de Cayenne et de ses célèbres prisonniers, de Dreyfus à Papillon. La ville est parsemée de témoignages créoles et vit intensément son carnaval étalé sur plusieurs semaines, ponctué des sorties spectaculaires des touloulous masqués.
Mais si cela peut alimenter un tourisme affinitaire auprès de la communauté guyanaise expatriée, la motivation n’est pas suffisante pour miser sur un public plus large. Alors, le tourisme vert ?
Un hébergement original et écologique mais en faible capacité d'accueil
De l’aveu même de Loïc Buzaré, il existe à ce jour moins de 10 carbets à la capacité maximum de 20 visiteurs. Le développement d’un tourisme vert, lié au formidable poumon que représente la forêt amazonienne, a besoin d’un gros effort d’investissement et de promotion.
Une bonne nouvelle : la récente campagne du Comité du Tourisme de Guyane, conjointement avec Atout France, a reçu le Prix Or dans la catégorie Nouveaux Leviers des Cas d’Or de Performance Marketing 2023.
Quant à la qualité des prestations, elle est heureusement assurée par la formation en interne dans les établissements en activité sans qu’une école hôtelière dédiée n’est encore vu le jour. Le projet d’une antenne de l’école Vatel pourrait permettre de franchir un cap dans la professionnalisation des personnels.
Une bonne nouvelle : la récente campagne du Comité du Tourisme de Guyane, conjointement avec Atout France, a reçu le Prix Or dans la catégorie Nouveaux Leviers des Cas d’Or de Performance Marketing 2023.
Quant à la qualité des prestations, elle est heureusement assurée par la formation en interne dans les établissements en activité sans qu’une école hôtelière dédiée n’est encore vu le jour. Le projet d’une antenne de l’école Vatel pourrait permettre de franchir un cap dans la professionnalisation des personnels.
Le développement du tourisme, une réelle volonté locale
Reste une question essentielle, pour éviter les dérives et les manifestations de rejet vécues dans certes îles : la population guyanaise est-elle favorable à un développement de cette activité ? Sans aucun doute affirme, d’autant que les volumes escomptés n’ont pas de quoi créer de vraies tensions : passer des 100 000 visiteurs actuels à 150 000 dans un premier temps, voire 200 000 dans un horizon plus lointain n’a pas de quoi effrayer les observateurs.
L’exploitation minière ou forestière et même l’Espace ne sont pas des sources suffisamment fortes pour assurer un développement économique continu de la Guyane. Le tourisme est donc une nouvelle voie à explorer, visiblement avec prudence et une réelle nécessité de communication pour faire coller l’image à une réalité détachée des clichés.
Lionel Rabiet est convaincu qu’il fallait offrir cette opportunité à son groupe d’agents de voyage pour défricher une destination qui peut tout à fait s’inscrire dans la tendance du tourisme durable et responsable.
L’exploitation minière ou forestière et même l’Espace ne sont pas des sources suffisamment fortes pour assurer un développement économique continu de la Guyane. Le tourisme est donc une nouvelle voie à explorer, visiblement avec prudence et une réelle nécessité de communication pour faire coller l’image à une réalité détachée des clichés.
Lionel Rabiet est convaincu qu’il fallait offrir cette opportunité à son groupe d’agents de voyage pour défricher une destination qui peut tout à fait s’inscrire dans la tendance du tourisme durable et responsable.
Autres articles
Plusieurs pistes sont encore à explorer comme celle des croisières de petite capacité, avec des escales aux îles du Salut, qui portent la mémoire des bagnes de Guyane, voire des remontées du Maroni ou de l’Oyapock.
Avec ses connections à Orly, Air Caraïbes arrive déjà à faire venir des touristes allemands et italiens sur la Guyane. Reste sans doute à faire de gros efforts pour que la destination ne soit pas systématiquement associée aux exactions des trafiquants et garimpeiros.
Lire aussi : EdV : Samia Benslimane, personnalité préférée pour succéder à J.-P. Mas
Avec ses connections à Orly, Air Caraïbes arrive déjà à faire venir des touristes allemands et italiens sur la Guyane. Reste sans doute à faire de gros efforts pour que la destination ne soit pas systématiquement associée aux exactions des trafiquants et garimpeiros.
Lire aussi : EdV : Samia Benslimane, personnalité préférée pour succéder à J.-P. Mas
Publié par Bruno Courtin
Responsable rubrique Partez en France - TourMaG.com
Voir tous les articles de Bruno Courtin
Voir tous les articles de Bruno Courtin