TourMaG.com - Selon votre étude, les Français veulent partir davantage à l'étranger cette année. N'est-ce pas paradoxal dans la conjoncture actuelle ?
Didier ARINO : ""Effectivement cela peut paraitre paradoxal que 30% de ceux qui partiront en hébergement marchand cet été envisagent un séjour à l'étranger soit 3 à 5 points de plus par rapport à l'an dernier.
Et ce, au moment où l'on entend beaucoup parler de la crise du pouvoir d'achat des Français, qui est d'ailleurs réelle. Mais en y regardant de plus près trois facteurs peuvent expliquer qu'un pourcentage croissant de Français puisse vouloir profiter d'un séjour en dehors de l'hexagone :
1 - Un phénomène de report des séjours à l'étranger prévus l'an dernier.
Rappelons-nous qu'au cours de l'année 2008, 12% de ceux qui avaient l'intention de partir à l'étranger y ont renoncé du fait de l'explosion des prix des carburants, des surcharges carburant sur les billets d'avion, des surtaxes et autres frais qui les en avaient dissuadés.
La baisse des prix, la concurrence des opérateurs leur fait penser que les séjours en dehors de l'hexagone seront plus abordables cette année.
2 - Un besoin de rêve et d'évasion dans un contexte anxiogène, qui pousse ceux qui en ont les moyens, ( plus du quart des foyers Français avec des revenus supérieurs à 3000€ nets par mois), à vouloir partir plus souvent et à se faire plaisir en oubliant ce qu'ils considèrent comme un harcèlement médiatique sur la crise.
En résumé, ce sont ceux qui sont le moins touchés par la crise qui peuvent le plus facilement l'oublier le temps d'un séjour ailleurs.
3 - Un décalage entre le rêve et la réalité, car tous ceux qui disent vouloir effectuer un séjour à l'étranger cet été ne le feront pas car ne l'oublions pas, ils rechercheront le meilleur rapport qualité/prix et si ils ne le trouvent pas ils repousseront leur acte d'achat, comme l'an dernier.
C'est donc aux voyagistes de proposer les séjours les plus attractifs pour séduire un consommateur avisé, qui compare et se renseigne de plus en plus avant de se décider en consultant en moyenne 6 à 7 sites internet lors d'un séjour en hébergement marchand."
T.M.com - Vous relevez également que l'échantillon interrogé annonce une hausse des budgets des vacances, surtout sur les courts séjours. Là encore on est un peu à contre courant, non ?
D.A. : "En effet, si tous séjours confondus (marchand et non marchand, longs et courts séjours) une plus grande part des Français annoncent un budget en baisse 21%, contre 14% en hausse, et 65% équivalent, ceux qui choisissent exclusivement un séjour marchand sont plus nombreux à avoir un budget en hausse 18% qu'en baisse. 14% et 68% annoncent un budget stable par rapport à l'an passé.
En revanche quels que soient les revenus les touristes feront des arbitrages d'achat forts, en sacrifiant le superflu.
Cette année encore les boutiques, les restaurateurs, et les petits sites de visite risquent d'être les grands perdants des choix budgétaires des vacanciers, alors que les produits "tout compris,tout sur place" ou à "forte intensité de plaisirs partagés" seront plébiscités.
T.M.com - En revanche, on constate que le morcellement des séjours se poursuit. Qu'y a-t-il de nouveau ?
D.A. : "Les multiconsommateurs de vacances, segmenteront encore plus leurs vacances et courts séjours d'agrément en privilégiant la qualité et la fréquence des séjours mais en diminuant encore la durée de chaque séjour.
Mais au final sur l'année ces 20% de Français qui totalisent 70% des séjours marchands dépenseront plus en générant moins de nuitées mais plus de chiffre d'affaires.
On assistera y compris en Juillet Août, à un nombre croissant de nos concitoyens à revenus conséquents qui multiplieront les courts séjours. A contrario, ceux qui ont les revenus les plus faibles ne partiront qu'une fois mais pour des séjours de près de deux semaines en moyenne, et au même endroit, tout en dépensant plutôt moins que l'an dernier."
T.M.com - Le pourcentage des personnes qui s'informent sur Internet avant de partir, ne cesse d'augmenter. Là encore vos chiffres sont éloquents ?
D.A. : "77% des vacanciers s'informeront en ligne cette année contre 70% l'an dernier. Quant aux gros consommateurs de voyages, ils sont près de 90% à utiliser le Net comme source d'information.
La Toile écrase tous les autres média d'information : largement devant le bouche à oreille 33%, les OTSI ou les institutionnels du tourisme 27%, les guides ou les agences de voyages 21%.
A noter que environ 2/3 des vacanciers choisissant un séjour payant dit acheter tout ou partie de son séjour en ligne, ce qui représente environ 10 points de plus que l'an dernier !"
T.M.com - Avez-vous aussi des tendances sur les intentions d'achat en ligne et celles dans les agences traditionnelles ?
D.A. : "Bon nombre de réseaux proposent ces deux canaux. Il est donc difficile de les opposer mais les réservations se font désormais majoritairement sur le Net. Les clients n'hésitent d'ailleurs pas à entrer dans une agence après s'être renseigné en ligne et vice versa.
Nous sommes confrontés à un client vacancier de plus en plus expert du tourisme et informé sur les prix, qui fait des choix raisonnés en toute connaissance car en amont il a comparé et s'est donné le temps du choix.
Le vacancier est aussi de plus en plus "zappeur" et infidèle, en fondant son acte d'achat sur l'opportunisme et la bonne affaire. Les touristes plébiscitent de plus en plus les sites mixtes proposant conseil et vente, ce qui doit pousser les opérateurs à faire évoluer l'architecture de leur site en ligne."
T.M.com - Un chiffre étonnant également : les consommateurs prisent de plus en plus les comparateurs de prix. Est-ce un changement notable ?
D.A. : "40% disent utiliser les comparateurs de prix, ce qui est une progression considérable par rapport à l'an dernier.
Ils se disent aussi de plus en plus attentifs aux commentaires sur les forums et au partage d'expériences sur le net qui les influence très majoritairement. Ils font t d'ailleurs bien plus confiance aux commentaires des internautes qu'à la publicité ou aux conseils des vendeurs.
Le client prend le pouvoir et il convient de tenir compte du fait que toute offre tronquée ou imparfaite génère un rejet de l'opérateur qui la propose. Les prix affichés hors taxe, hors frais et hors surcharges ont l'an dernier coûté au final très cher à certains voyagistes et compagnies aériennes.
La transparence, le conseil et la qualité de services sont fondamentaux surtout pour des séjours qui dépassent les 600 € personne."
Didier ARINO : ""Effectivement cela peut paraitre paradoxal que 30% de ceux qui partiront en hébergement marchand cet été envisagent un séjour à l'étranger soit 3 à 5 points de plus par rapport à l'an dernier.
Et ce, au moment où l'on entend beaucoup parler de la crise du pouvoir d'achat des Français, qui est d'ailleurs réelle. Mais en y regardant de plus près trois facteurs peuvent expliquer qu'un pourcentage croissant de Français puisse vouloir profiter d'un séjour en dehors de l'hexagone :
1 - Un phénomène de report des séjours à l'étranger prévus l'an dernier.
Rappelons-nous qu'au cours de l'année 2008, 12% de ceux qui avaient l'intention de partir à l'étranger y ont renoncé du fait de l'explosion des prix des carburants, des surcharges carburant sur les billets d'avion, des surtaxes et autres frais qui les en avaient dissuadés.
La baisse des prix, la concurrence des opérateurs leur fait penser que les séjours en dehors de l'hexagone seront plus abordables cette année.
2 - Un besoin de rêve et d'évasion dans un contexte anxiogène, qui pousse ceux qui en ont les moyens, ( plus du quart des foyers Français avec des revenus supérieurs à 3000€ nets par mois), à vouloir partir plus souvent et à se faire plaisir en oubliant ce qu'ils considèrent comme un harcèlement médiatique sur la crise.
En résumé, ce sont ceux qui sont le moins touchés par la crise qui peuvent le plus facilement l'oublier le temps d'un séjour ailleurs.
3 - Un décalage entre le rêve et la réalité, car tous ceux qui disent vouloir effectuer un séjour à l'étranger cet été ne le feront pas car ne l'oublions pas, ils rechercheront le meilleur rapport qualité/prix et si ils ne le trouvent pas ils repousseront leur acte d'achat, comme l'an dernier.
C'est donc aux voyagistes de proposer les séjours les plus attractifs pour séduire un consommateur avisé, qui compare et se renseigne de plus en plus avant de se décider en consultant en moyenne 6 à 7 sites internet lors d'un séjour en hébergement marchand."
T.M.com - Vous relevez également que l'échantillon interrogé annonce une hausse des budgets des vacances, surtout sur les courts séjours. Là encore on est un peu à contre courant, non ?
D.A. : "En effet, si tous séjours confondus (marchand et non marchand, longs et courts séjours) une plus grande part des Français annoncent un budget en baisse 21%, contre 14% en hausse, et 65% équivalent, ceux qui choisissent exclusivement un séjour marchand sont plus nombreux à avoir un budget en hausse 18% qu'en baisse. 14% et 68% annoncent un budget stable par rapport à l'an passé.
En revanche quels que soient les revenus les touristes feront des arbitrages d'achat forts, en sacrifiant le superflu.
Cette année encore les boutiques, les restaurateurs, et les petits sites de visite risquent d'être les grands perdants des choix budgétaires des vacanciers, alors que les produits "tout compris,tout sur place" ou à "forte intensité de plaisirs partagés" seront plébiscités.
T.M.com - En revanche, on constate que le morcellement des séjours se poursuit. Qu'y a-t-il de nouveau ?
D.A. : "Les multiconsommateurs de vacances, segmenteront encore plus leurs vacances et courts séjours d'agrément en privilégiant la qualité et la fréquence des séjours mais en diminuant encore la durée de chaque séjour.
Mais au final sur l'année ces 20% de Français qui totalisent 70% des séjours marchands dépenseront plus en générant moins de nuitées mais plus de chiffre d'affaires.
On assistera y compris en Juillet Août, à un nombre croissant de nos concitoyens à revenus conséquents qui multiplieront les courts séjours. A contrario, ceux qui ont les revenus les plus faibles ne partiront qu'une fois mais pour des séjours de près de deux semaines en moyenne, et au même endroit, tout en dépensant plutôt moins que l'an dernier."
T.M.com - Le pourcentage des personnes qui s'informent sur Internet avant de partir, ne cesse d'augmenter. Là encore vos chiffres sont éloquents ?
D.A. : "77% des vacanciers s'informeront en ligne cette année contre 70% l'an dernier. Quant aux gros consommateurs de voyages, ils sont près de 90% à utiliser le Net comme source d'information.
La Toile écrase tous les autres média d'information : largement devant le bouche à oreille 33%, les OTSI ou les institutionnels du tourisme 27%, les guides ou les agences de voyages 21%.
A noter que environ 2/3 des vacanciers choisissant un séjour payant dit acheter tout ou partie de son séjour en ligne, ce qui représente environ 10 points de plus que l'an dernier !"
T.M.com - Avez-vous aussi des tendances sur les intentions d'achat en ligne et celles dans les agences traditionnelles ?
D.A. : "Bon nombre de réseaux proposent ces deux canaux. Il est donc difficile de les opposer mais les réservations se font désormais majoritairement sur le Net. Les clients n'hésitent d'ailleurs pas à entrer dans une agence après s'être renseigné en ligne et vice versa.
Nous sommes confrontés à un client vacancier de plus en plus expert du tourisme et informé sur les prix, qui fait des choix raisonnés en toute connaissance car en amont il a comparé et s'est donné le temps du choix.
Le vacancier est aussi de plus en plus "zappeur" et infidèle, en fondant son acte d'achat sur l'opportunisme et la bonne affaire. Les touristes plébiscitent de plus en plus les sites mixtes proposant conseil et vente, ce qui doit pousser les opérateurs à faire évoluer l'architecture de leur site en ligne."
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D.A. : "40% disent utiliser les comparateurs de prix, ce qui est une progression considérable par rapport à l'an dernier.
Ils se disent aussi de plus en plus attentifs aux commentaires sur les forums et au partage d'expériences sur le net qui les influence très majoritairement. Ils font t d'ailleurs bien plus confiance aux commentaires des internautes qu'à la publicité ou aux conseils des vendeurs.
Le client prend le pouvoir et il convient de tenir compte du fait que toute offre tronquée ou imparfaite génère un rejet de l'opérateur qui la propose. Les prix affichés hors taxe, hors frais et hors surcharges ont l'an dernier coûté au final très cher à certains voyagistes et compagnies aériennes.
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Elle repose sur une enquête réalisée entre le 13 et le 22 janvier 2009, auprès d’un échantillon de 1002 français, interrogés par Internet. L’échantillon a été réalisé à l’aide de la méthode des quotas croisés en utilisant les trois critères suivants : sexe, âge et région d’habitation.
En savoir plus : www.protourisme.com
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