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Low cost : retour sur la bataille de Pau


Ce qui se passe à l’aéroport de Pau est très intéressant. Depuis des années, la Chambre de Commerce gestionnaire de l’aéroport avait fait le pari qu’acheter une clientèle était le seul moyen de développer non seulement l’aéroport très concurrencé par celui voisin de Tarbes – Lourdes, mais également de donner un coup de fouet à l’économie de la région ce dont après tout, elle est responsable.


Rédigé par Jean-Louis BAROUX le Mercredi 23 Mars 2011

C’est ainsi qu’elle a passé des accords avec Ryanair qui promettait d’amener un nombre minimal de passagers en échange d’une compensation économique.

Et c’est bien ce qui est arrivé durant ces dernières années. Progressivement le trafic s’est développé avec l’arrivée massive d’une clientèle britannique attirée par la qualité de vie de la région et les tarifs terriblement attractifs, puisqu’ils étaient plus ou moins subventionnés (mais je n’aime pas ce terme) par les fonds collectifs.

Le trafic de Ryanair a continué à se développer et comme les compensations économiques sont liées au volume de passagers apportés, le montant de la convention s’est lui aussi envolé pour atteindre près de 2 millions d’Euros.

C’est plus que ne peuvent supporter les comptes de la Chambre de Commerce et cette dernière a décidé d’arrêter son contrat avec Ryanair. Conséquence logique, Ryanair a immédiatement décidé de se retirer de la plateforme paloise.

L’effet dévastateur pour la région de l’arrêt de Ryanair

L’affaire aurait pu en rester là, mais si j’en crois les informations publiées par TourMaG.com, par exemple, les responsables politiques de la région ne voient pas l’affaire de la même manière et ils reprochent à la CCI son absence de concertation dans leur prise de décision.

Ils voient bien en effet l’effet dévastateur pour la région de l’arrêt de Ryanair. Combien de Britanniques ont en effet acheté leur maison de campagne dans le Béarn et le Gers car ils étaient certains de pouvoir y passer tranquillement tous leurs weekends.

Profitant des prix d’appel attractifs, ils achètent en effet tous leurs déplacements pour l’ensemble de l’année en tout début de saison, quitte à perdre quelques allers-retours pendant l’année.

C’est ainsi que l’immobilier s’est envolé, faisant le bonheur des anciens propriétaires de demeures invendables, que les villages ont repris vie et que l’économie de ces départements en a été durablement améliorée.

Donc nous voilà devant une intéressante partie d’échecs… à trois.

Ryanair a fait la preuve qu’elle était très difficile à remplacer. Sa force de frappe est réelle et elle seule a pour le moment la capacité de proposer les bas tarifs nécessaires à l’afflux de la clientèle de l’Europe du Nord.

Il serait bien surprenant que CityJet, la filiale irlandaise (elle aussi) d’Air France soit à même de proposer les mêmes facilités tant en quantité d’offre qu’en tarifs compétitifs.

Alors les élus font la tête. Ils ne tiennent pas du tout à perdre une clientèle acquise au fil du temps et dont ils ne pensaient pas qu’elle puisse déserter.

Enfin, les responsables de la Chambre de Commerce doivent être bien embêtés. Une meilleure concertation avec les autorités départementales et régionales aurait peut-être permis de sauver leur budget tout en maintenant la compensation exigée par Ryanair.

Cela prouve qu’une société privé peut dicter sa loi

Cela prouve qu’une société privée, fut-elle étrangère, peut dicter sa loi sur notre territoire. Cela prouve également qu’en dépit des énormes contributions qui vont au secteur public, celui-ci est tellement atomisé qu’une prise de décision rapide est pratiquement impossible, le tout étant encore amplifié par les bisbilles politiques, car rarement dans un département les autorités sont du même bord et il est parfois plus intéressant de faire un croche pattes à l’adversaire politique que de trouver une solution avec lui.

Reste le sort des clients. Nombre d’entre eux ont acheté des billets en début de saison et ces derniers sont non re-validables, non remboursables et non cessibles. Que vont-ils alors penser des pratiques de leur transporteur ?

J’attends avec quelque impatience la suite des évènements palois en sachant qu’elle aura des conséquences sur les autres collectivités locales non seulement françaises mais également européennes.

Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, vient de signer aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com

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Commentaires

1.Posté par daniel le 23/03/2011 09:31 | Alerter
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Bonjour

C est un point de vue, et aussi un avis personnel louable !! oui pourquoi pas mais j en reviens à un leitmotiv, avec lequel on m'a bercé durant quelques mois, il y a quelque temps déjà !!!
PAS D ARGENT PUBLIC A UNE SOCIETE PRIVE !!!
Que la Chambre de Commerce ne veuille plus "subventionner" Ryanair, ça ne touche (voir l'impact !!) que la zone d'influence de cette Chambre de Commerce. Maintenant si les Politiques des régions voisines font grise mine de voir cette "sois-disant" manne économique s'effriter, .....Que les conseils Municipaux...Généraux...Régionaux....Départementaux, mettent la main au porte monnaie.
Mais là est un autre débat, car il y aura Etude et Débat, et des élécteurs derrière !!
En résumé dans une économie de libre marché, (que fait l'Europe ??) on ne devrait même pas arriver à ce genre de débat !!!!
Dernier point la manne économique venue d'Angleterre est quand même entrain de s'effondrer depuis plus d'un an, la crise se faisant plus ressentir chez nos voisins d'outre Manche !!! on pêut le constater dans divers régions Carcassone, Gers ,Périgord, ou les Anglais propriétaires et "occupants vacances ou WE" sont vendeurs !!!! le cours de l'immobilier a bien baissé depuis quelque temps, et permet plus facilement à une clientèle locale d'investir dans sa région. Personnellement je cherche actuellement une résidence dans le Gers, le choix est plus varié et abordable, que , entre 2004 et 2009.
Bonne journée !!

2.Posté par Edo FRIART le 23/03/2011 09:37 | Alerter
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Sauf erreur de ma part Mr Baroux, en ce qui concerne le sort des clients, les billets sont intégralement remboursables par Ryanair ou échangeables sur les vols de substitution sur les autres plateformes de Biarritz, Tarbes ou Béziers.

Quant au sujet même de cet article, espérons qu'un jour une société française puisse trouver le juste milieu dans un modèle approchant de ce cercle vertueux triptyque compagnie/collectivités/passagers, et remplacer Ryanair avec autant de réussite et moins d'éclats contractuels plus ou moins pesants.

3.Posté par airpax le 23/03/2011 09:59 | Alerter
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Les aéroports de Pau et Tarbes-Lourdes ne sont distants que de 40 kms et donc, à priori ils se marchent sur les ailes. En toute logique, l'un devrait disparaitre au profit de l'autre à moins qu'ils ne s'entendent sur une démarche commerciale complémentaire ou qu'ils soient gérés par la même entité comme Grenoble et Chambéry.

4.Posté par Marc ALARDEAU le 23/03/2011 10:23 | Alerter
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Je suis interpellé par l'article de Mr Baroux qui stipule que les billets de Ryanair ne sont pas revalidables ou remboursables. ... ceci est vrai quand c'est le passager qui souhaite réaliser un changement.
Mais quand c'est Ryanair qui décide de supprimer une ligne, les billets sont entièrement et immédiatement remboursable par Ryanair via le système de payement (carte de crédit) utilisé pour acheter le billet, voire aussi échangeable sur les vols de subsitution et ce à concurrence de la totalité des places disponibles et sans aucun regard sur les différences éventuelles de tarifs. Il en est de même quand Ryanair décide une modification planifiée de l'horaire du vol entraînant, si mes souvenirs sont bons, une différence de l'ordre de plus de 2 ou 3 heures par rapport à l'horaire communiqués au moment de la réservation (d'autres compagnies devraient copier le modèle ;-) ... ) : à ce moment un mail est envoyé au passsager qui a le choix de maintenir sa réservation ou de l'annuler avec un remboursement complet de celle-ci par Ryanair ... et en plus le passager n'a pas un temps limite de quelques jours pour prendre sa décision (contrairement à Jetairfly-TUI qui lui avait en plus changé d'aéroport pour un vol vers la Turquie !), avec Ryanair il peut reculer sa décision jusqu'à la veille du départ ! C'est un cas vécu sur un vol vers Santander.
Si il est vrai que c'est très gênant d'apprendre que son vol est annulé, et généralement très coûteux à ce moment là de trouver une place sur une autre compagnie, Ryanair rembourse le montant perçu pour le vol annulé. Mais cela ne suffit souvent pas à trouver une solution de remplacement, c'est vrai, mais au moins on n'a pas perdu le montant des billets achetés, contrairement à ce qui est laissé supposer dans l'article de Mr Baroux..

5.Posté par Nicole le 23/03/2011 10:46 | Alerter
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La problématique de l'aéroport de Pau est exactement la problématique de l'aéroport de Carcassonne. Un opérateur unique Ryanair sur de nombreuses destinations. Un opérateur largement subventionné par la CCI où des ressortissants commencent à renacler sur lemontant de + en + élevé des subventions. Une CCI qui n'arrive pas à trouver une autre compagnie aérienne pour palier à un éventuel départ de ryanair. Si Ryanair venait à quitter la plateforme suite à diminution ou arrêt des subventions au autre raison, ce serait une catastrophe pour l'économie locale (immobilier, locatif, hôtel, restaurant,...) sans compter le coût consenti par les Collectivités locales pour agrandissement et amélioration de l'aéroport et le licenciement du personnel de l'aéroport. Cas d'école intéressant comme le dit l'article.

6.Posté par Marc ALARDEAU le 23/03/2011 11:24 | Alerter
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Une partie de la problématique de Pau et Carcassonne est celle de tous les aéroports "régionaux" qui dépendent du bon vouloir de compagnies ou d'opérateurs pour les utiliser ... et il faut alors les attirer ces compagnies et opérateurs !

En Belgique, pendant des années, les départs des aéroports régionaux des gros opérateurs forfaitistes étaient promotionnés auprès des clients avec des réductions de prix par rapport aux mêmes vols au départ de l'aéroport national ... hors il n'y avait aucun avion positionné sur ces aéroports régionaux. Il fallait donc positionner un appareil pour réaliser ce ou ces vol(s) hebdomadaire: cela a un coût ! Ce coût est double: financier d'une part et écologique d'autre part avec des vols effectués à vide, mais c'est un autre débat cela.

La réduction octroyée au client était bien supérieure à la différence simplement dûe à la différence des taxes aéroportuaires entre l'aéroport national et les régionaux ... et il y avait le surcoût du positionnement de l'appareil ... donc il y avait bel et bien aussi ici un attrait de la part des régions pour attirer le traffic vers ces aéroports régionaux. Maintenant, à certaines périodes de l'année, un ou plusieurs appareils sont positionnés sur ces aéroports mais les différences de prix proposées au client sont permises grâce à diverses "promotions" des aéroports régionaux ... d'autant quand le vol fait un double toucher, toujours coûteux, dans le pays (Liège et Ostende par exemple).

Il n'y a pas que Ryanair qui profite de ces aides mais bien d'autres compagnies aussi ...

Mais dans le cas de Ryanair, il a su saisir l'opportunité d'aéroport désservi par aucune compagnie de manière régulière et là y générer un traffic qui économiquement est devenu indispensable à l'économie de la région concernée. Cas d'école intéressant, il est vrai.

7.Posté par Francis le 23/03/2011 14:55 | Alerter
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Pour info en spécialiste du Droit.
les montants reçus par Ryanair ont été qualifés comme des "SUBVENTION" par un un jugement du tribunal administratif de Strasbourg du 24 juillet 2003 confirmé par la cour d'appel administrative de Nancy 26 février 2006.

Il faudrait enfin penser à mieux travailler vos sujets !!!!!!!!!!!!!!!!


8.Posté par daniel le 23/03/2011 16:18 | Alerter
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Re Bonjour

Msieur Francis, allez y, il faudrait penser à mieux...... développer, expliquer , argumenter ......

La vie quotidienne est source d'enrichissement, et quand j ai l occasion d'avoir un grand spécialiste du droit , qui vient en donneur de leçons..... suis preneur
Merci de nous donner votre différence
Bonne fin de journée.

9.Posté par paul le 24/03/2011 11:29 | Alerter
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@Marc ALARDEAU
Il n'y a pas que Ryanair effectivement, mais aucune autre compagnie touche en Europe plus de subvention qu'elle ne génère de bénéfice!

10.Posté par Edo FRIART le 24/03/2011 11:51 | Alerter
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@Paul
vous pourriez dire également: aucune autre compagnie touche en Europe plus de subventions qu'elle ne génère de passagers...
c'est toute la complexité du modèle d'affaires Ryanair: cercle vertueux ou cercle vicieux ?

11.Posté par pm le 28/03/2011 15:35 | Alerter
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Comme cela a été dit, ça devait bien arranger Ryanair, car son "corebusiness" s'est écroulé. Contrairement au doux rêve du signataire de l'article, ce n'est pas parce que les anglais ne viendront plus que l'économie locale va s'effondrer. C'est parce qu'ils ne viennent plus, qu'elle s'est contractée. Quant aux aéroports dans la région, allons y: San Sébastian, Biarritz, Pau, Bordeaux, Tarbes/Lourdes, Agen, Bergerac, Toulouse, sans compter Périgueux, Brive... Si les anglais ne pouvaient trouver leur choix là dedans, ça serait à désespérer... Leur motivation initiale avait été, en jouant sur le différentiel GBP/EUR, et la bulle immobilière permettant des plus values faramineuses, d'acquérir à vil prix des habitations de villégiature en France. Sauf que les temps ne sont plus ce qu'ils étaient (mon bon monsieur...), et qu'il ne leur reste pas d'autre choix que d'abandonner leurs fantasmes (sauf ceux qui s'installent pour bénéficier du système social français, et qui ne sont donc plus intéressés par Ryanair+). L'aéroport de Pau a un business modèle propre (de longue date il est important pour les transporteurs français), alors que celui de Tarbes (à 40 km, mais l'un en Aquitaine, l'autre en Midi Pyrénées !) est déserté en hiver, et hyper actif lors de la saison des pélerinages. Il est notable que Ryanair, (sa supposée clientèle gersoise en étant d'ailleurs plus proche) n'ait pas tenté de se saturer TOL de son offre. Ils ne sont pas fous: il n'y a plus de demande.

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