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Voyageuses et sécurité : la partie n'est pas gagnée pour les femmes [ABO]

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’heure où l’on célèbre la Journée internationale des droits de la femme (officialisée en 1977, dans le sillage des luttes féministes entamées en Russie au tout début du 20e siècle), le tourisme ne peut échapper à ses obligations en matière de services, loisirs adaptés aux goûts de la clientèle féminine, garde d’enfants, transport de bagages… Et surtout en matière de sécurité. Car, malgré les progrès de mouvements planétaires comme MeToo, le dynamisme de grandes ONG, celui des pouvoirs publics et de la police, etc., la moitié de l’humanité n’est pas encore totalement à l’abri des dangers lorsqu’elle se déplace. Y compris dans les pays supposés à jour en matière de sécurité et qui pourtant ne le sont pas. Pour une fois, nous faisons un tour du monde d’une trentaine de destinations afin de déceler lesquelles sont les plus « safe » et les moins « safe » pour un voyage au féminin.


Rédigé par le Vendredi 7 Mars 2025

Voyageuses et sécurité : cela dépend du type de voyage auquel on s’adonne, des réserves financières que l’on a et des risques que l’on veut ou ne veut pas prendre - DepositPhotos.com, MyGoodImages
Voyageuses et sécurité : cela dépend du type de voyage auquel on s’adonne, des réserves financières que l’on a et des risques que l’on veut ou ne veut pas prendre - DepositPhotos.com, MyGoodImages
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Les voyageuses en solo sont présentées comme les grandes gagnantes des nouvelles tendances de la demande. Pas si sûr !

Mais, comme il faut bien pratiquer un marketing de la nouveauté pour séduire la clientèle touristique, les femmes font l’affaire alors qu’elles ont tardé à prendre le large, coincées dans leur rôle d’épouse, de mère, et tout simplement de femmes.

Certes, on redécouvre les pionnières que furent les premières femmes travesties en homme, en soldat, en marin, pour parcourir le monde…

Véritables aventurières, elles ont aussi été de vraies exploratrices (dès le 19e siècle) avant de devenir photographes et grands reporters.

Souvent anglo-saxonnes, filles de l’aristocratie, elles n’en ont pas moins bravé les dangers dans des zones inexplorées d’Asie ou du Proche-Orient, souvent ravagées par la violence des guerres tribales.

Après une période d’accalmie, les années soixante ont vu déferler des centaines de milliers de globe-trotteuses sur les routes des Indes et d’Amérique latine, en toute liberté et en toute inconscience. Beaucoup en sont revenues. D’autres non.

Victimes de toutes sortes d’accidents aussi bien physiques que mentaux, elles avaient cédé aux appels du voyage initiatique, exotique et psychédélique que préconisaient les gurus des Trente Glorieuses,. de Jack Kerouac au Français Nicolas Bouvier.

Et elles y avaient laissé leurs illusions et leur santé. Car le monde était encore dangereux. L’est-il toujours autant ?


Une grille de critères nous en dit plus

Pour ma part, je dirai qu’il est globalement pire.

A lire sur ce sujet l'ouvrage : « Voyages, c’était mieux avant ? »

Mais, tout cela dépend du type de voyage auquel on s’adonne, des réserves financières que l’on a et des risques que l’on veut ou ne veut pas prendre.

Cela dépend surtout d’un grand nombre de critères objectifs qui ont été compilés à travers de grandes études internationales comme celles de l’OCDE ou de la World Bank.

Quels sont ces critères ?

- Nombre de femmes ayant expérimenté la violence

- Taux de féminicides

- Etat de la sécurité en général

- Taux de femmes ne se sentant pas en danger la nuit

- Attitude générale de la population par rapport à la violence faite aux femmes

- Législation nationale par rapport à la violence domestique

- Fossé entre hommes et femmes

- Note globale sur la sécurité.

Analysés un à un, ces critères indiquent par exemple que le Canada est le pays où la violence domestique est la moins élevée : 1,9% des femmes seulement déclarent avoir subi de la violence contre 26% en France et 27% en Norvège !

En matière de féminicides, c’est au Mexique et en Colombie que l’on enregistre les chiffres les plus hauts : 5,8% pour le Mexique, 4,2% pour la Colombie. Mais en Europe, ces chiffres alarmants s’effondrent heureusement autour de 1 (Sources : World Bank).

En ce qui concerne la sécurité en général, les index nationaux dépassent les 80% pour 10 pays avec en tête la Suisse et le Japon. Mais, la France est à la trentième place juste derrière le Mexique. Ce qui n’a rien de très glorieux. Avec des index très moyens, on trouve aussi les USA, l’Australie, le Royaume-Uni.

Sécurité nocturne : qui l’emporte ? Norvège, Suisse, Autriche, Espagne, Slovénie se classent en tête du palmarès. Mais, la France ne brille pas non plus dans ce domaine puisqu’elle n’arrive qu’en quatorzième position, juste derrière l’Estonie et devant la Suède.

Quant à l’attitude de la population féminine vis-à-vis des violences faites aux femmes, elle varie beaucoup entre l’Irlande qui se situe en tête avec 1% de femmes considérant qu’il n’est pas normal de s’en prendre à elles et les USA par exemple où ce pourcentage atteint 11% !

Lire aussi : Tourisme au féminin : la cause des femmes n'est pas gagnée 🔑

Les 10 pays offrant le plus de sécurité aux voyageuses sont...

Finalement, après analyse et notation finale (sur 10), il apparaît que les dix pays les plus sûrs où voyager quand on est une femme, voire une femme seule, sont :

1. L’Irlande : 7,8

2. L’Autriche : 7.7

3. La Norvège : 7.4

4. La Slovénie : 7.19

5. La Suisse : 7.1

6. L’Espagne : 6.97

7. Le Portugal : 6.8

8. Le Canada : 6.6

9. Les Pays-Bas : 6.1

10. Le Japon et la Pologne (ex-aequo) : 5.9

Les 10 pays les plus dangereux sont...

En revanche, et bien que l’enquête n’ait pas pu être réalisée sur la totalité des pays, voici le triste palmarès des pays les plus dangereux où femmes (et hommes aussi), ont tout intérêt à faire attention. Les notes se lisent sur 10 :

34. Colombie : 2.25

33. Costa Rica : 2.99

32 : USA : 3.25

31. Chili : 3.30

30. Turquie : 3.3

29. Hongrie : 3.34

28. Mexico : 3.7

27. Lettonie : 4.24

26. Royaume-Uni : 4.59

25. Allemagne : 4.76

La notation de la France est médiocre

En termes de classement, la France n’arrive qu’en quatorzième position, avec respectivement les notes et pourcentages suivants :

- Nombre de femmes ayant expérimenté la violence : 26%

- Taux de féminicides : 0,7

- Etat de la sécurité en général : 47

- Taux de femmes ne se sentant pas en danger la nuit : 65%

- Attitude de la population féminine par rapport à la violence : 6.6

- Législation nationale par rapport à la violence domestique : 0,3

- Fossé entre hommes et femmes : 0,7

- Note globale sur la sécurité : 5,67 contre 7,88 pour l’Irlande en tête du palmarès.

De la nécessité de s’informer

Ce tableau préoccupant provient certes d’une enquête non exhaustive ne prenant en compte que les données de pays avancés.

Il est certain que si l’on se lançait dans l’exploration des mentalités, des féminicides et autres violences faites aux femmes, des pays comme l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen... ne se situeraient pas en tête du palmarès.

Pour autant, constatons que les dangers encourus ne font pas forcément peur à toutes les femmes désirant voyager en « solo » ou en petits groupes. Certaines parce qu’elles se savent prudentes, sont très informées et ne prendront pas de risques inutiles.

Alors que d’autres, à l’inverse, affronteront les dangers en toute ignorance de la réalité d’un pays. Réalité à la fois politique, économique, environnementale et surtout réalité historique et culturelle.

On ne voyage pas de la même façon en Iran, au Mexique ou en Grèce. On ne voyage pas de la même façon dans un pays bouddhiste que dans un pays musulman, en Afrique ou en Indonésie…

Mais, aujourd’hui, contrairement à hier, on a un smartphone dont l’agilité peut fort bien aider. Et, il ne faut pas s’en passer.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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