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Mariage Accor/Club Med : le retour aux sources

repositionnement en opérateur de haut de gamme


Avec la prise de participation du groupe Accor dans le Club Med, on assiste à l’une opération majeure dans la restructuration du secteur hôtelier européen. Pour le groupe Agnelli, depuis de nombreux mois, les observateurs financiers s’attendaient à cette décision.


Rédigé par Michel GHESQUIERE à Marrakech - michel.ghesquiere@skynet.be le Lundi 14 Juin 2004

Deux raisons à cela : le groupe italien connaît des difficultés financières et a besoin de capitaux frais pour mener à bien une restructuration en profondeur de ses activités.

D’autre part, déjà du vivant des deux frères Agnelli, les Italiens avaient décidé de se recentrer sur l’automobile. Financièrement, l’opération se fera en deux temps : le prix d’acquisition est fixé à 252 millions euros avec une clause prévoyant, pour le groupe Agnelli, une prime de maximums euros 41 millions dépendant des résultats futurs du Club Med.

Tandis que pour la Caisse de Dépôt et de Consignations française, il s’agit en fait d’une opération d’échange d’action puisqu’au terme de l’opération, en échange de ses actions Club Med, elle pourra détenir jusqu’à 7 millions d’actions Accor, soit 3,5 % du capital du nouvel ensemble.

Quant aux droits de vote double qui étaient assortis à certaines actions détenues par les Italiens, ceux-ci sont abandonnés dans l’opération.

Au-delà des chiffres, un nouveau géant touristique

Jusqu’à présent, seul l’hôtellerie avait connu peu d’opération de concentration importante. En dehors du secteur aérien et du monde des croisières, c’est surtout le tour operating qui était concerné avec les acquisitions en 2000 de Thomas Cook par C&N, de Thomson Travel et de Nouvelles Frontières par TUI, de Tentour par First Choices et de la transformation de Airtours en My Travel.

Regroupements et partenariats ont également marqué la distribution avec le rachat d’Havas Voyages par Thomas Cook, la constitution du GIE européen Alliance qui regroupe CWT, Selectour, Frantour, CIT, Wasteels, Globalia et Catena, la signature d’un partenariat privilégié entre Accor et TUI et l’acquisition en France de Protravel par CWT.

Aujourd’hui, c’est au tour de l’offre hébergement loisirs de connaître une opération de restructuration de taille internationale. En devenant l’actionnaire de référence du Club Med, le groupe Accor renforce considérablement sa position dans le secteur de l’hébergement-loisir et devient l’un des leaders mondiaux en ce qui concerne les centres de séminaires.

Grâce à cette opération, le groupe français va occuper, avec ses deux marques Coralia et Club Med, la totalité des niches du marché des clubs de vacances.

"Les clubs 2 tridents pas vraiment rentables"

Tout semble indiquer que ce rapprochement était prévu de longue date et qu’il a influé directement sur la stratégie du Club Med. Il est en effet frappant de constater que le Club Med se repositionne comme opérateur de haut de gamme et abandonne donc sa politique antérieure de démocratisation.

En fait, au sein du groupe Accor, la tendance sera de proposer les clubs de vacances démocratiques sous la marque Coralia, tandis que les villages de luxe seront l’apanage du Club Med.

Comme nous l’a expliqué Michel Wolfoski, directeur financier et numéro 2 du Club Med, « Notre objectif en 2005 est que 91 % de nos villages se situent en catégorie 3 et 4 tridents contre 66 % en 1998.

Grâce à cette politique nous allons d’une part retrouver notre image qualitative d’opérateur de qualité et d’autre part améliorer de manière conséquente nos comptes d’exploitations. » et de préciser : « Pour nous, les clubs 2 tridents ne sont pas vraiment rentables ou ne dégagent qu’une très faible marge.

Gilbert Trigano n’est en rien le fondateur du Club Med

Exemple : grâce à l’amélioration de l’offre qualitative pour les saisons d’hiver 200, 2003 et 2004, les résultats sont passés de 2 millions euros à 32 millions et ce avec le même nombre de clients ». Pour le responsable financier, le Club va concentrer tous ses efforts sur ses activités de base: les villages de vacances et le tour operating (Jet Tours en France).

En ce qui concerne Club Med World, logiquement la marque au Trident va s’en séparer tandis que pour les centres de gym, seuls persisteront ceux qui sont implantés dans les grands centres urbains.

Mais en fait sous l’impulsion d’Henri Giscard d’Estaing, le Club Med retourne en quelque sorte à ses origines et à sa philosophie de base. En effet, lorsqu’il lance en 1950 le premier village, le belge Gérard Blitz, veut proposer aux vacanciers de l’époque un espace de convivialité.

Pour la petite histoire, il faut savoir que contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, Gilbert Trigano n’est en rien le fondateur du Club Med. En réalité, pendant les quatre premières années de la vie du Club Méditerranée, il n’en était que le fournisseur des tentes. Ce n’est qu’en 1954 qu’il devient trésorier du Club.

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Commentaires

1.Posté par rene-pierre.desrues@wanadoo.fr le 15/06/2004 14:24 | Alerter
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Juste un "petit" commentaire de la part d'un ancien GO, conscient de tout ce que Gilbert TRIGANO lui a apporté : s'il est vrai que ce dernier n'est pas l'inventeur du club (et ça, tout le monde le sait !!!), il a été, avec ceux qui l'ont accompagné, le créateur de "l'esprit Club", celui qui a forgé le concept de "tout compris" à la française dans des clubs bon marché où la fête était reine et où les nationalités, les différences sociales se mêlaient harmonieusement. Et cela a marché, avec une rentabilité satisfaisante...jusqu'au jour où une diversification peu maîtrisée a brouillé l'image du Club... Ceux qui ont remplacé les TRIGANO à la tête du Club n'ont pas brillé par leur savoir-faire, et ne connaissant pas le produit, ont fait n'importe quoi. Comment voulez-vous qu'un GISCARD D'ESTAING, que je n'ai jamais croisé au Club lors de mes douze années de GO, comprenne ce qui faisait la différence entre le Club et les autres marques d'hôtels animés ? Ce n'était pas une "espèce de convivialité" mais une parfaite harmonie entre les GM et les GO, on ne parlait pas de clients, mais d'adhérents; tout cela est perdu, les GO sont en uniforme, avec des badges, on veut du luxe à tout prix : ce n'était pas l'esprit premier du Club.... Dommage, car ce concept, souvent copié (très mal...) est toujours d'actualité, il suffit seulement de l'adapter à ce début de siècle, sans l'altérer. Mais notre époque veut des rendements à deux chiffres, et se moque complètement du produit : les clients ont compris...Pourquoi payer plus cher que ce qu'offre la concurrence si le produit est le même ? Alors pas de mépris pour Gilbert TRIGANO, cet homme a compris son temps, je ne suis pas sûr du tout que ses successeurs fassent de même aujourd'hui...

2.Posté par bremichel@aol.com le 15/06/2004 19:23 | Alerter
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Je ne peux qu'approuver René-Pierre, cet ancien GO qui, comme tous les anciens GO, ne peut se satisfaire des explications de ce journaliste, qui a du se faire inviter par le Club à Marrakech et qui, certainement compte tenu de son jeune âge, croit n'importe quelle version de l'Histoire. Non Gilbert TRIGANO n'a pas "créé" le Club, mais il en a fait l'institution qu'elle est devenue. Ceci n'enlève rien au génie de Gérard Blitz, ni au travail des successeurs de GT, dont son fils Serge. Chacun a apporté sa pierre à l'édifice, qui, comme la tour de Babel a fini par tomber...
Les temps ont changé, les adhérents sont devenus des clients et personne ne peut dire que le Club peut revenir à ses origines. Regardons en avant et essayons d'imaginer les envies des citoyens du 21ème Siècle au lieu d'essayer de trouver des responsables et des coupables à une des conséquences du changement du Monde.

3.Posté par michel.ghesquiere@skynet.be le 15/06/2004 22:16 | Alerter
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1) je n'ai jamais contesté que Gilbert Trigano ait participer à la construction du succès du Club Med. Ce que je conteste c'est que
l'on prétende qu'il en a été l'inventeur. Le concept, l'esprit et la philosophie du Club Med proviennent de Gérard et Mimy Blitz. Et pour être plus précis, ils se sont eux-même inspiré d'une idée d'un russe blanc Dima Filipoff

2)Quant au "journaliste qui a du se faire inviter par le Club à Marrakech et qui, certainement compte tenu de son jeune âge", il reconnaît qu'en effet il a été invité mais qu'il est heureux d'apprendre qu'à 56 ans, certains de ses lecteurs considèrent qu'il est tout jeune...

3)Dans un article paru en janvier 2001 dans l'hebdomadaire économique belge, ce jeune journaliste avait repris l'historique de la naissance du Club en se basant sur les archives de la société.

Plus que dans toute autre entreprise de loisirs, l’originalité du produit se situe dans les fondements mêmes de sa conception et dans son hisorique.
En 1936, en France, le gouvernement Léon Blum impose les congés payés. Cette décision allait être à la base du lancement d’une toute nouvelle industrie: le tourisme de masse. En effet, de très nombreux employés et ouvriers allaient pouvoir comme les « riches et les bourgeois » découvrir les stations balnéaires et les sports d’hivers. Très rapidement quelques personnes imaginent des formules de séjours ‘’tout compris’’. Dima Filipoff, un Russe blanc, après avoir créé en Corse, l’Ours Blanc, un espace camping-club sportif-bar-restaurant, s’associe, au lendemain de la guerre, avec une certaine madame Filipacchi, et crée le Club Olympique. L’un des employés de celui-ci propose à son épouse de le rejoindre pour passer quelques jours avec lui sur le site. Le nom de cette femme? Didy Blitz, la sœur de Gérard Blitz.
Gérard Blitz a 38 ans. D’une famille de diamantaire anversois, il a été un grand sportif: médaillé d’argent en water-polo aux JO d’Anvers, recordman du 400 m dos en 1921. Ancien résistant, à la fin de la guerre, il est chargé par son réseau de mettre en place des structures d’accueil et d’assistance aux rescapés des camps de concentration. En voyant le Club Olympique, il saisit immédiatement les possibilités d’avenir qu’offre une telle formule. « En maillot et au soleil, il n’y a plus de classes sociales. Les soucis s’évanouissent. C’est un nouveau monde où il fait beau tous les jours, où les portes sont sans serrures, où il n’existe plus de barrières entre les êtres, … Après un passage chez nous, les corps sont revigorés et les vacanciers remis en selle pour une nouvelle année de labeur ».
Mais pour créer son Club, il a besoin de deux choses: un terrain et le matériel nécessaire pour loger les vacanciers. Pour le terrain, il déniche une baie dans les Baléares à Alcuidiia. Puis, en 1949, il téléphone aux « Etablissements Trigano père et fils » pour savoir s’il était possible de louer des tentes. C’est Gilbert Trigano, qui se trouvant être ce jour-là le plus proche du téléphone qui décroche… Membre du parti communiste français et ancien résistant, Gilbert Trigano parvient à trouver des tentes en suffisance en puisant dans les surplus des stocks américains. De fournisseur de tentes, il ne deviendra associé qu’en 1954. Par la suite, il ne prendra la direction totale du groupe q’au moment du départ volontaire de Gerard et de Mimy Blitz
C’est donc de l’association de deux résistants, l’un sportif philosophe et l’autre communiste qu’allait naître ce qui allait être l’un des géants du tourisme.

Le premier village un résumé de l’esprit Club

Tous les ingrédients de ce qui fera le succès du système sont présents à Alcuidiia en 1950. Des espaces logements qui ne servent qu’à dormir. Des repas servis sous forme de buffets somptueux et dont les ingrédients proviennent du lieu. Des sports disponibles pour tous. La démonétisation des consommations. Des animations permanentes en journée et le soir. Et surtout deux concepts de base: les clients étaient entièrement libres de participer ou non aux activités proposées et un prix d’achat démocratique ‘’tout compris’’ (16.800 anciens FF soit actuellement 374,30 € en pouvoir d’achats actuels). Petite anecdote, les célèbres tables de huit ne provenaient pas d’une volonté de consensualité voulue par les concepteurs du Club, mais tout simplement parce que les clients qui avaient voyagé en train pendant 48 heures pour venir au village dans des compartiments de 8 places, avaient appris à se connaître et à s’apprécier. Enfin dernier point à noter, de 1950 à 1957 le Club Méditerranée était une ASBL…

Autre anecdote

C’est parce que la sœur de Gérard Blitz avait des enfants dont elle ne savait que faire lorsqu’elle était dans un village qu’est né le concept des mini clubs. Mimy Blitz avait compris que les premiers adhérants ayant eu des enfants il fallait s’occuper d’eux afin que les parents puissent passer des vacances sans les enfants mais tout en restant à proximité de ceux-ci.
Le succès a été foudroyant: en 1950: 2.300 vacanciers, en 1956, 10.000, en 1979, 700.000, en 94, 2 millions,

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