Laurent Duc : "C'est une catastrophe, nous subsistons tout juste avec des petits chiffres d'affaires qui ne décollent pas et des loyers qui ne sont pas pris en charge" - Crédit photo : Yann Allègre
TourMaG.com - Quelle est l'ambiance dans l'hôtellerie française, alors que les vacances de février sont bien engagées ?
Laurent Duc : Nous avons plein de problèmes, car à tout ce que nous demandons, les ministères nous disent non et tout ce qui est proposé, nous y échappons.
Je suis désespéré que nos restaurants dans les hôtels soient fermés à nos propres clients, alors que nous sommes ouverts.
Dans le même temps, je suis encore plus désespéré que les restaurateurs bénéficient d'aides, que nous autres hôteliers nous ne pouvons pas avoir, car notre code APE est "hôtel-restaurant".
Ainsi les restaurants bénéficient de 20% de leur chiffre d'affaires versé par l'Etat, quand nous avons 20% déduit de notre trésorerie. Nous échappons aux congés payés, car nous n'avons jamais été fermés.
C'est une catastrophe, nous subsistons tout juste avec des petits chiffres d'affaires qui ne décollent pas et des loyers qui ne sont pas pris en charge.
TourMaG.com - Vous n'avez pas d'aide à ce niveau ?
Laurent Duc : Nous avons toujours la possibilité de ne pas payer les loyers, mais ils vont nous fermer les hôtels.
Nous n'avons rien obtenu de la part de Bercy en matière de prise en charge de nos bailleurs, pour qu'ils nous payent nos loyers. Sans une excellente relation avec son bailleur, l'hôtelier est mort.
Aujourd'hui, il n'est plus possible de rentrer dans ses frais.
Laurent Duc : Nous avons plein de problèmes, car à tout ce que nous demandons, les ministères nous disent non et tout ce qui est proposé, nous y échappons.
Je suis désespéré que nos restaurants dans les hôtels soient fermés à nos propres clients, alors que nous sommes ouverts.
Dans le même temps, je suis encore plus désespéré que les restaurateurs bénéficient d'aides, que nous autres hôteliers nous ne pouvons pas avoir, car notre code APE est "hôtel-restaurant".
Ainsi les restaurants bénéficient de 20% de leur chiffre d'affaires versé par l'Etat, quand nous avons 20% déduit de notre trésorerie. Nous échappons aux congés payés, car nous n'avons jamais été fermés.
C'est une catastrophe, nous subsistons tout juste avec des petits chiffres d'affaires qui ne décollent pas et des loyers qui ne sont pas pris en charge.
TourMaG.com - Vous n'avez pas d'aide à ce niveau ?
Laurent Duc : Nous avons toujours la possibilité de ne pas payer les loyers, mais ils vont nous fermer les hôtels.
Nous n'avons rien obtenu de la part de Bercy en matière de prise en charge de nos bailleurs, pour qu'ils nous payent nos loyers. Sans une excellente relation avec son bailleur, l'hôtelier est mort.
Aujourd'hui, il n'est plus possible de rentrer dans ses frais.
"C'est assez simple, les grands perdants des vacances de février sont les hôteliers"
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Emeutes en Martinique : quelles conséquences pour le tourisme ?
TourMaG.com - Pourtant le gouvernement a bien indiqué qu'il y aurait une prise en charge des coûts fixes pour les secteurs concernés par une forte diminution du chiffre d'affaires...
Laurent Duc : Encore faudrait-il que ce soit mis en place. Cela ne devrait être appliqué pour nos établissements qu'au 1er mars 2021, mais je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois.
La preuve en est, le fonds de solidarité n'est toujours pas versé au 17 février 2021. Quand je vois que le gouvernement a pris en charge directement les loyers des centres commerciaux de plus de 20 000 m² fermés administrativement, nous marchons sur la tête.
Cela fait des mois que nous avons une activité tellement réduite, que nous nous rapprochons de la fermeture administrative, mais nous n'avons rien. Il faut savoir que les touristes sont bien rares.
TourMaG.com - Au-delà des aides, quels échos avez-vous des vacances de février ?
Laurent Duc : C'est assez simple, les grands perdants des vacances de février sont les hôteliers. Pour la simple raison que nos restaurants sont fermés, donc les clients privilégient les meublés touristiques et les résidences.
A la montagne, les 5 étoiles sont fermés, de nombreux établissements hôteliers ont décidé de ne pas ouvrir leurs portes, ils ne peuvent pas nourrir leurs clients. Sur les peu de clients qui sont venus dans les stations de ski, au mieux nous aurons 10% de cette masse, ce n'est rien.
Il faut savoir qu'avec Paris, la Savoie observe la plus forte baisse de revenu par chambre disponible, quand les Vosges observent un simple recul de 28% et le Jura avec 24%.
Dans les meilleures perfomances, toutes dans le rouge par rapport à l'année dernière, nous trouvons la Creuse, le Cantal et les Pyréenées Orientales. Au global l'hôtellerie doit se rapprocher de réservations en berne de 60% ou 50 si vous prenez en compte, les hôtels fermés.
Après nous nous rendons compte que 40% des vacanciers ne font pas de ski, donc les stations ne sont pas vides. Il y a du monde, mais pas dans les hôtels.
Laurent Duc : Encore faudrait-il que ce soit mis en place. Cela ne devrait être appliqué pour nos établissements qu'au 1er mars 2021, mais je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois.
La preuve en est, le fonds de solidarité n'est toujours pas versé au 17 février 2021. Quand je vois que le gouvernement a pris en charge directement les loyers des centres commerciaux de plus de 20 000 m² fermés administrativement, nous marchons sur la tête.
Cela fait des mois que nous avons une activité tellement réduite, que nous nous rapprochons de la fermeture administrative, mais nous n'avons rien. Il faut savoir que les touristes sont bien rares.
TourMaG.com - Au-delà des aides, quels échos avez-vous des vacances de février ?
Laurent Duc : C'est assez simple, les grands perdants des vacances de février sont les hôteliers. Pour la simple raison que nos restaurants sont fermés, donc les clients privilégient les meublés touristiques et les résidences.
A la montagne, les 5 étoiles sont fermés, de nombreux établissements hôteliers ont décidé de ne pas ouvrir leurs portes, ils ne peuvent pas nourrir leurs clients. Sur les peu de clients qui sont venus dans les stations de ski, au mieux nous aurons 10% de cette masse, ce n'est rien.
Il faut savoir qu'avec Paris, la Savoie observe la plus forte baisse de revenu par chambre disponible, quand les Vosges observent un simple recul de 28% et le Jura avec 24%.
Dans les meilleures perfomances, toutes dans le rouge par rapport à l'année dernière, nous trouvons la Creuse, le Cantal et les Pyréenées Orientales. Au global l'hôtellerie doit se rapprocher de réservations en berne de 60% ou 50 si vous prenez en compte, les hôtels fermés.
Après nous nous rendons compte que 40% des vacanciers ne font pas de ski, donc les stations ne sont pas vides. Il y a du monde, mais pas dans les hôtels.
Plan montagne : "Pour le moment nous ne voyons rien venir du tout"
TourMaG.com - Vous faites pourtant bien partie du plan montagne, annoncé par le gouvernement suite à la fermeture des remontées mécaniques...
Laurent Duc : Oui, mais ce n'est pas clair du tout, comme plan.
J'ai beau regarder, pour le moment nous ne voyons rien venir du tout. Mon grand espoir, que je vais soumettre à Bercy, c'est que les restaurants puissent rouvrir à midi pour les clients extérieurs, puis à emporter le soir, puis une réouverture des stations au mois d'avril.
Cela reste un objectif raisonnable. Nous souhaitons la mise en place d'un premier test lors des vacances de Pâques, pour ne pas se jeter dans l'inconnu, lors des vacances d'été.
Aujourd'hui Roselyne Bachelot fait tout pour rouvrir les musées et que la culture reparte, nous pourrions profiter de cette brèche.
Dans l'ensemble, la situation est terrible, car tous les hôtels de France vont sortir en mars avec des fonds propres négatifs, car au mieux nous aurons fait 50% de notre chiffre d'affaires et au pire 0.
Avec ces 50%, nous ne payons pas nos charges. De plus, au niveau des PGE, les banques traînent des pieds. Je n'ai jamais vu les banques autant trainer des pieds.
C'est scandaleux. Dans le même temps, le groupe Accor bénéficie d'un PGE de 500 millions pour 330 hôtels, c'est énorme.
TourMaG.com - Quel est le problème avec le PGE ?
Laurent Duc : Plus tard il est pris et plus tard nous devons le rembourser. Nous sommes passés d'une année à peut-être deux années de franchise, mais sur ce point ce n'est pas très clair, puis de 3 à 5 ans d'amortissement.
Sauf que demain, avec ce PGE qui représente au mieux 25% du chiffre d'affaires de l'établissement ou du groupe, nous allons grever les hauts de bilan avec des prêts qui vont nous empêcher d'investir.
Dans le même temps, des grands groupes vont se "remplumer" à la bourse et bénéficient de PGE très conséquents, ils seront prêts pour la reprise, pas nous les petits.
Laurent Duc : Oui, mais ce n'est pas clair du tout, comme plan.
J'ai beau regarder, pour le moment nous ne voyons rien venir du tout. Mon grand espoir, que je vais soumettre à Bercy, c'est que les restaurants puissent rouvrir à midi pour les clients extérieurs, puis à emporter le soir, puis une réouverture des stations au mois d'avril.
Cela reste un objectif raisonnable. Nous souhaitons la mise en place d'un premier test lors des vacances de Pâques, pour ne pas se jeter dans l'inconnu, lors des vacances d'été.
Aujourd'hui Roselyne Bachelot fait tout pour rouvrir les musées et que la culture reparte, nous pourrions profiter de cette brèche.
Dans l'ensemble, la situation est terrible, car tous les hôtels de France vont sortir en mars avec des fonds propres négatifs, car au mieux nous aurons fait 50% de notre chiffre d'affaires et au pire 0.
Avec ces 50%, nous ne payons pas nos charges. De plus, au niveau des PGE, les banques traînent des pieds. Je n'ai jamais vu les banques autant trainer des pieds.
C'est scandaleux. Dans le même temps, le groupe Accor bénéficie d'un PGE de 500 millions pour 330 hôtels, c'est énorme.
TourMaG.com - Quel est le problème avec le PGE ?
Laurent Duc : Plus tard il est pris et plus tard nous devons le rembourser. Nous sommes passés d'une année à peut-être deux années de franchise, mais sur ce point ce n'est pas très clair, puis de 3 à 5 ans d'amortissement.
Sauf que demain, avec ce PGE qui représente au mieux 25% du chiffre d'affaires de l'établissement ou du groupe, nous allons grever les hauts de bilan avec des prêts qui vont nous empêcher d'investir.
Dans le même temps, des grands groupes vont se "remplumer" à la bourse et bénéficient de PGE très conséquents, ils seront prêts pour la reprise, pas nous les petits.
"Réfléchir dès maintenant à une relance qui n'aura pas lieu du jour au lendemain"
TourMaG.com - La réouverture des restaurants au mois d'avril vous parait-elle possible, d'après les échanges que vous avez avec le gouvernement ?
Laurent Duc : Il suffit de voir ce que font les pays voisins pour sauvegarder l'économie, ils ne parlent pas de santé.
Le gouvernement fera ce qu'il jugera le mieux d'un point de vue sanitaire, mais dans les pays ayant une situation similaire, ils rouvrent pour que l'économie redémarre.
TourMaG.com - Allez vous vous inspirer de ce qu'à mis en place l'Italie concernant les restaurants, avec une réouverture des terrasses ?
Laurent Duc : Ce n'est pas forcément le plus adéquat et le meilleur, mais il convient de réfléchir dès maintenant à une relance qui n'aura pas lieu du jour au lendemain.
Il faut limiter, quantifier, mettre en place des procédures, se montrer inflexible avec ceux qui contournent les règles. Il faut rouvrir l'économie et relancer la machine.
A l'UMIH nous sommes mobilisés, et nous proposons des protocoles de réouverture, avec une jauge à 50%.
TourMaG.com - A Marseille, les restaurateurs ont proposé un protocole, conçu avec l'IHU, et demandent de le tester. Suivez-vous ces initiatives ?
Laurent Duc : Nous les suivons, mais cela concerne les restaurants ouvriers, donc ce n'est pas pareil que pour les autres établissements.
Au niveau du protocole, nous demandons depuis mars 2020, qu'une application soit mise en place pour identifier les clusters. Le gouvernement a mis en place Tous Anti-Covid, sans prévoir ce cas d'usage.
Concernant le passeport sanitaire, c'est en débat, mais pas pour aller au cinéma et au restaurant en France, ce serait ridicule. Je ne suis pas spécialement pour la mise en place d'un passeport sanitaire, car ce sera une mesure efficace pour 6 mois.
A l'avenir, pour une grande partie de la population, nous serons tous vaccinés ou immunisés.
Laurent Duc : Il suffit de voir ce que font les pays voisins pour sauvegarder l'économie, ils ne parlent pas de santé.
Le gouvernement fera ce qu'il jugera le mieux d'un point de vue sanitaire, mais dans les pays ayant une situation similaire, ils rouvrent pour que l'économie redémarre.
TourMaG.com - Allez vous vous inspirer de ce qu'à mis en place l'Italie concernant les restaurants, avec une réouverture des terrasses ?
Laurent Duc : Ce n'est pas forcément le plus adéquat et le meilleur, mais il convient de réfléchir dès maintenant à une relance qui n'aura pas lieu du jour au lendemain.
Il faut limiter, quantifier, mettre en place des procédures, se montrer inflexible avec ceux qui contournent les règles. Il faut rouvrir l'économie et relancer la machine.
A l'UMIH nous sommes mobilisés, et nous proposons des protocoles de réouverture, avec une jauge à 50%.
TourMaG.com - A Marseille, les restaurateurs ont proposé un protocole, conçu avec l'IHU, et demandent de le tester. Suivez-vous ces initiatives ?
Laurent Duc : Nous les suivons, mais cela concerne les restaurants ouvriers, donc ce n'est pas pareil que pour les autres établissements.
Au niveau du protocole, nous demandons depuis mars 2020, qu'une application soit mise en place pour identifier les clusters. Le gouvernement a mis en place Tous Anti-Covid, sans prévoir ce cas d'usage.
Concernant le passeport sanitaire, c'est en débat, mais pas pour aller au cinéma et au restaurant en France, ce serait ridicule. Je ne suis pas spécialement pour la mise en place d'un passeport sanitaire, car ce sera une mesure efficace pour 6 mois.
A l'avenir, pour une grande partie de la population, nous serons tous vaccinés ou immunisés.