Depuis le quartier d’Olhette, commune d’Urrugne, la randonnée équestre est à portée de tous, même des cavaliers débutants. - JFR
Etre né au pied de la Rhune marque un basque à jamais.
Andoni Yriarte ne déroge pas à la règle et c’est pour cela qu’il est resté au pays, manière de profiter chaque matin des ombres et lumières qui rythment le temps sur ce sommet mythique.
Depuis un an, le jeune homme – 24 ans – a fondé son centre de tourisme équestre, « Larrun Alde » (littéralement : « Tourné vers la Rhune » !). Le verbe rare mais l’esprit curieux, il conduit clients et chevaux vers ces sommets « frontaliers », pauvres d’altitude mais riches d’histoires.
Lui n’a pas connu l’époque des contrebandiers.
Mais sans doute la mémoire familiale lui a-t-elle transmis les faits d’armes de ce commerce illégitime, quand tabac, alcools ou denrées franchissaient de nuit la frontière avant que les douaniers n’aient le temps d’interpeller les marcheurs invisibles.
Rien de cela ne semble plus exister. A moins qu’armes, drogues et clandestins ne continuent à se glisser en catimini ? Allez savoir…
Andoni Yriarte ne déroge pas à la règle et c’est pour cela qu’il est resté au pays, manière de profiter chaque matin des ombres et lumières qui rythment le temps sur ce sommet mythique.
Depuis un an, le jeune homme – 24 ans – a fondé son centre de tourisme équestre, « Larrun Alde » (littéralement : « Tourné vers la Rhune » !). Le verbe rare mais l’esprit curieux, il conduit clients et chevaux vers ces sommets « frontaliers », pauvres d’altitude mais riches d’histoires.
Lui n’a pas connu l’époque des contrebandiers.
Mais sans doute la mémoire familiale lui a-t-elle transmis les faits d’armes de ce commerce illégitime, quand tabac, alcools ou denrées franchissaient de nuit la frontière avant que les douaniers n’aient le temps d’interpeller les marcheurs invisibles.
Rien de cela ne semble plus exister. A moins qu’armes, drogues et clandestins ne continuent à se glisser en catimini ? Allez savoir…
Secrète Navarre
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On n’est de toute façon pas là pour mener l’enquête mais pour profiter du spectacle.
Celui offert par la montagne basque et les paysages de Navarre, la province d’Hegoalde qu’on découvre une fois parvenu aux sommets, est superbe. Depuis le quartier d’Olhette, commune d’Urrugne, la randonnée équestre est à portée de tous, même des cavaliers débutants. Les hispano-arabes d’Andoni ont le pied sûr et l’âme conciliante.
Nous voilà donc partis sur des chemins caillouteux, sans doute foulé avant nous pas dix mille pieds de passeurs… Sortis des bois de chênes et de châtaigniers, le chemin s’élève rapidement et découvre un décor de fougères.
Vertes au printemps, rousses à l’automne, leur éclat est pourtant le fruit d’une mutation inquiétante. « Ces versants ont été déforestés. Avec la baisse du pastoralisme, ils sont désormais livrés à eux-mêmes », regrette Andoni.
Et enclins à prendre feu, ce qui arrive parfois l’été… Cette évolution met à mal le dicton basque selon lequel un écureuil peut aller de La Rhune à Espelette sans toucher terre, simplement en sautant d’arbre en arbre…
Mais poursuivons. A droite, la montagne de Ciboure (411 m) protège la progression cavalière et cache le chemin aux regards, jusqu’au col de Deskarga (Deskargahandia). A ce carrefour, on imagine aisément les conciliabules nocturnes entre passeurs, les échanges de produits en catimini, les informations transmises sur la présence ou non de gabelous alentours.
Le tout en basque, évidemment. Depuis ce lieu d’échanges, les versants sud se dévoilent. Voilà donc la Navarre, boisée, profonde, secrète.
Silencieuse, aussi, hormis le crépitement lointain d’une tronçonneuse ou le grelot égaré d’une chèvre à clochette. Aucune construction ni village n’est visible, seule la forêt semble avoir préempté le territoire. Dans les creux, au-delà du hameau de Xantelerrekz, Bera et la Bidassoa ne sont pourtant pas si loin.
Celui offert par la montagne basque et les paysages de Navarre, la province d’Hegoalde qu’on découvre une fois parvenu aux sommets, est superbe. Depuis le quartier d’Olhette, commune d’Urrugne, la randonnée équestre est à portée de tous, même des cavaliers débutants. Les hispano-arabes d’Andoni ont le pied sûr et l’âme conciliante.
Nous voilà donc partis sur des chemins caillouteux, sans doute foulé avant nous pas dix mille pieds de passeurs… Sortis des bois de chênes et de châtaigniers, le chemin s’élève rapidement et découvre un décor de fougères.
Vertes au printemps, rousses à l’automne, leur éclat est pourtant le fruit d’une mutation inquiétante. « Ces versants ont été déforestés. Avec la baisse du pastoralisme, ils sont désormais livrés à eux-mêmes », regrette Andoni.
Et enclins à prendre feu, ce qui arrive parfois l’été… Cette évolution met à mal le dicton basque selon lequel un écureuil peut aller de La Rhune à Espelette sans toucher terre, simplement en sautant d’arbre en arbre…
Mais poursuivons. A droite, la montagne de Ciboure (411 m) protège la progression cavalière et cache le chemin aux regards, jusqu’au col de Deskarga (Deskargahandia). A ce carrefour, on imagine aisément les conciliabules nocturnes entre passeurs, les échanges de produits en catimini, les informations transmises sur la présence ou non de gabelous alentours.
Le tout en basque, évidemment. Depuis ce lieu d’échanges, les versants sud se dévoilent. Voilà donc la Navarre, boisée, profonde, secrète.
Silencieuse, aussi, hormis le crépitement lointain d’une tronçonneuse ou le grelot égaré d’une chèvre à clochette. Aucune construction ni village n’est visible, seule la forêt semble avoir préempté le territoire. Dans les creux, au-delà du hameau de Xantelerrekz, Bera et la Bidassoa ne sont pourtant pas si loin.
Echoppes de montagne
Reste à rejoindre la ligne de crête, par un dernier sentier raide entre les fougères.
On descend de monture pour tenir les chevaux en longe, histoire de soulager les bêtes sur ces pentes abruptes. Est-on encore en France, déjà en Espagne ? Même Andoni hésite, tant cette limite ne signifie rien pour un basque... Un coup de rein plus loin et voici l’ultime pelouse, survolée par une escadrille de vautours attirée par un animal trépassé.
Sur cette arête douce, l'image d’Epinal n’est pas loin : deux pottoks broutent allègrement l’herbe verte ; une antique borne grise signale (enfin !) la frontière ; et surtout, tapie à l’abri, la bâtisse basse et rustique de la venta Yasola apparait.
C’est l’une des rares à n’être accessible qu’à pied ou à cheval. Étonnante tradition que ces échoppes de montagne. Autrefois boutiques-bazars de frontière où l’alibi d’un bon repas masquait des échanges illicites, elles ont perdu leur caractère « frauduleux » pour demeurer de succulentes auberges d’altitude.
Axoa, côtes d’agneau, Ardi Gasna, Ossau Iraty, confiture de cerises…, voilà les trésors du terroir basque que l’on peut déguster dans ces restaurants des crêtes, dans un confort relatif mais convivial. Il est toutefois prudent de s’informer sur les jours d’ouverture, plus restreints dès que la saison estivale se termine.
On descend de monture pour tenir les chevaux en longe, histoire de soulager les bêtes sur ces pentes abruptes. Est-on encore en France, déjà en Espagne ? Même Andoni hésite, tant cette limite ne signifie rien pour un basque... Un coup de rein plus loin et voici l’ultime pelouse, survolée par une escadrille de vautours attirée par un animal trépassé.
Sur cette arête douce, l'image d’Epinal n’est pas loin : deux pottoks broutent allègrement l’herbe verte ; une antique borne grise signale (enfin !) la frontière ; et surtout, tapie à l’abri, la bâtisse basse et rustique de la venta Yasola apparait.
C’est l’une des rares à n’être accessible qu’à pied ou à cheval. Étonnante tradition que ces échoppes de montagne. Autrefois boutiques-bazars de frontière où l’alibi d’un bon repas masquait des échanges illicites, elles ont perdu leur caractère « frauduleux » pour demeurer de succulentes auberges d’altitude.
Axoa, côtes d’agneau, Ardi Gasna, Ossau Iraty, confiture de cerises…, voilà les trésors du terroir basque que l’on peut déguster dans ces restaurants des crêtes, dans un confort relatif mais convivial. Il est toutefois prudent de s’informer sur les jours d’ouverture, plus restreints dès que la saison estivale se termine.
Le méta (meule), témoin du savoir-faire paysan
Déjeuner – lentement, savoureusement - avalé, le chemin du retour s’annonce.
C’est là qu’on apprécie le cheval. Car les excès de table basque ne sont pas compatibles avec la marche à pied… L’approche des zones basses habitées se signale par des parcelles cultivées, rares espaces encore agricoles au milieu d’un moutonnement de collines à fougères et feuillus.
Dans un champ, un meta (meule de foin) témoigne d’un savoir-faire paysan séculaire.
Plus bas encore, les ondulations coutumières de l’arrière-pays basque, entre prairies vertes et etxe (maisons) isolées, signalent l’écurie.
Mission remplie pour Andoni Yriarte, ses chevaux et clients rentrent à bon port. Nous n’avons pas croisé de contrebandiers.
Seulement respiré le doux parfum d’aventure dans ces montagnes cachottières où naguère basques d’Iparralde et d’Hegoalde profitaient de règlements douaniers pour améliorer l’ordinaire.
C’est là qu’on apprécie le cheval. Car les excès de table basque ne sont pas compatibles avec la marche à pied… L’approche des zones basses habitées se signale par des parcelles cultivées, rares espaces encore agricoles au milieu d’un moutonnement de collines à fougères et feuillus.
Dans un champ, un meta (meule de foin) témoigne d’un savoir-faire paysan séculaire.
Plus bas encore, les ondulations coutumières de l’arrière-pays basque, entre prairies vertes et etxe (maisons) isolées, signalent l’écurie.
Mission remplie pour Andoni Yriarte, ses chevaux et clients rentrent à bon port. Nous n’avons pas croisé de contrebandiers.
Seulement respiré le doux parfum d’aventure dans ces montagnes cachottières où naguère basques d’Iparralde et d’Hegoalde profitaient de règlements douaniers pour améliorer l’ordinaire.