"Nous n'anticipons pas une réelle reprise du tourisme avant 2023, nous devons trouver un moyen de faire la jonction entre 2020 et 2023, en limitant la casse," selon Roland Héguy - DR
TourMaG.com - L'été 2020 s'est globalement bien passé en France. Les hôtels et restaurants ont dans l'ensemble fait le plein, si ce n'est à Paris. Quel bilan faites-vous de cette saison ?
Roland Héguy : En dehors des grandes villes et des métropoles, l'été fut très bon.
Le littoral a affiché un très beau taux d'occupation. Ce beau bilan est le même pour la restauration et les bars.
Sauf que septembre est le moment de vérité, car il ne se passe plus rien. Tout ce qui est événementiel, tourisme d'affaires, congrès, séminaire, tourisme sportif, culturel... il n'y a plus rien.
Nous ne voyons pas trop comment, nous allons pouvoir faire, sans client. Les touristes étrangers ne peuvent pas venir, nous ne pouvons rien inventer.
Nous ne savons pas ce qu'il va se passer. Le gouvernement a conscience de la difficulté.
TourMaG.com - Des hôtels ont déjà annoncé leur fermeture ?
Roland Héguy : Oui, des plans sociaux sont déjà en cours.
De toute façon, si nous n'avons pas des nouvelles rassurantes, avant la fin de l'année, des milliers d'emplois seront supprimés.
Il ne faut pas rêver, il n'y aura pas de création d'entreprises, alors que chaque année cela compense les fermetures.
Roland Héguy : En dehors des grandes villes et des métropoles, l'été fut très bon.
Le littoral a affiché un très beau taux d'occupation. Ce beau bilan est le même pour la restauration et les bars.
Sauf que septembre est le moment de vérité, car il ne se passe plus rien. Tout ce qui est événementiel, tourisme d'affaires, congrès, séminaire, tourisme sportif, culturel... il n'y a plus rien.
Nous ne voyons pas trop comment, nous allons pouvoir faire, sans client. Les touristes étrangers ne peuvent pas venir, nous ne pouvons rien inventer.
Nous ne savons pas ce qu'il va se passer. Le gouvernement a conscience de la difficulté.
TourMaG.com - Des hôtels ont déjà annoncé leur fermeture ?
Roland Héguy : Oui, des plans sociaux sont déjà en cours.
De toute façon, si nous n'avons pas des nouvelles rassurantes, avant la fin de l'année, des milliers d'emplois seront supprimés.
Il ne faut pas rêver, il n'y aura pas de création d'entreprises, alors que chaque année cela compense les fermetures.
"Nous n'anticipons pas une réelle reprise du tourisme avant 2023..."
TourMaG.com - Quelle est la situation de l'hôtellerie de luxe en France ?
Roland Héguy : Pour tout vous dire, je sors d'une réunion avec tous les directeurs généraux des Palaces de Paris, en compagnie de la présidente de la Commission tourisme, Pascale Fontenel-Personne.
Le constat est alarmant, voire même alarmiste. En transposant les chiffres de septembre 2019, avec ceux de septembre 2020, la perte est plus qu'inquiétante.
Ils sont passés d'un remplissage de 85% dans l'hôtellerie de luxe, il y a un an, à un taux d'occupation compris entre 12 et 15%.
Et ce constat pourrait se dégrader, car les établissements se posent la question d'une ouverture partielle des chambres, tout comme la partie restauration qui est fortement revue à la baisse.
Nous parlons là de paquebots employant chacun entre 300 et 650 salariés minimums, donc nous craignons que les effectifs soient durablement affectés par cette crise.
Les inquiétudes se trouvent à ce niveau, car ce sont des salariés formés spécifiquement pour cette clientèle. Actuellement, ils sont en train de jongler entre les établissements et les missions, mais jusqu'à quand ?
Malheureusement dans l'événementiel rien ne va se passer avant la moitié de l'année 2021, vous ajoutez le durcissement des mesures gouvernementales à venir, avec des restrictions des déplacements, des protocoles plus stricts.
Nous n'avons plus de lumière, ni de visibilité. Nous ne pouvons faire aucune projection.
TourMaG.com - Que demandez-vous au gouvernement ?
Roland Héguy : Nous ne demandons rien de plus en septembre 2020, que par le passé.
Nous demandons tout simplement, que nous soyons complètement accompagnés grâce au chômage partiel, jusqu'à une reprise complète de l'activité.
Autrement, la casse économique et sociale sera très importante. Il faut que la décision soit prise très rapidement, pour rassurer les entrepreneurs et les hôteliers.
Les patrons des hôtels et des restaurants se démènent pour survivre, mais ça ne va pas durer longtemps.
TourMaG.com - Au niveau de la production et de la distribution touristique, le chômage partiel a été prolongé avec un taux de 85%. Qu'en est-il pour l'hôtellerie ?
Roland Héguy : C'est à peu près pareil.
Je comprends très bien le gouvernement qui négocie étape par étape et secteur par secteur.
Malheureusement, il sera indispensable de prendre l'année 2021 en compte, dans le cadre du chômage partiel.
Nous estimons que 2021 sera une année très difficile, avec des conditions similaires à ce que nous venons de connaître. Il n'y aura pas de touristes étrangers en France, la mobilité sera toujours délicate.
Nous n'anticipons pas une réelle reprise du tourisme avant 2023.
Nous devons trouver un moyen de faire la jonction entre 2020 et 2023, en limitant la casse.
Surtout que la France va accueillir des évènements importants, dans les prochaines années, à savoir la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques en 2024.
Nous vivons une drôle de période qui ne donne pas envie de voyager.
Roland Héguy : Pour tout vous dire, je sors d'une réunion avec tous les directeurs généraux des Palaces de Paris, en compagnie de la présidente de la Commission tourisme, Pascale Fontenel-Personne.
Le constat est alarmant, voire même alarmiste. En transposant les chiffres de septembre 2019, avec ceux de septembre 2020, la perte est plus qu'inquiétante.
Ils sont passés d'un remplissage de 85% dans l'hôtellerie de luxe, il y a un an, à un taux d'occupation compris entre 12 et 15%.
Et ce constat pourrait se dégrader, car les établissements se posent la question d'une ouverture partielle des chambres, tout comme la partie restauration qui est fortement revue à la baisse.
Nous parlons là de paquebots employant chacun entre 300 et 650 salariés minimums, donc nous craignons que les effectifs soient durablement affectés par cette crise.
Les inquiétudes se trouvent à ce niveau, car ce sont des salariés formés spécifiquement pour cette clientèle. Actuellement, ils sont en train de jongler entre les établissements et les missions, mais jusqu'à quand ?
Malheureusement dans l'événementiel rien ne va se passer avant la moitié de l'année 2021, vous ajoutez le durcissement des mesures gouvernementales à venir, avec des restrictions des déplacements, des protocoles plus stricts.
Nous n'avons plus de lumière, ni de visibilité. Nous ne pouvons faire aucune projection.
TourMaG.com - Que demandez-vous au gouvernement ?
Roland Héguy : Nous ne demandons rien de plus en septembre 2020, que par le passé.
Nous demandons tout simplement, que nous soyons complètement accompagnés grâce au chômage partiel, jusqu'à une reprise complète de l'activité.
Autrement, la casse économique et sociale sera très importante. Il faut que la décision soit prise très rapidement, pour rassurer les entrepreneurs et les hôteliers.
Les patrons des hôtels et des restaurants se démènent pour survivre, mais ça ne va pas durer longtemps.
TourMaG.com - Au niveau de la production et de la distribution touristique, le chômage partiel a été prolongé avec un taux de 85%. Qu'en est-il pour l'hôtellerie ?
Roland Héguy : C'est à peu près pareil.
Je comprends très bien le gouvernement qui négocie étape par étape et secteur par secteur.
Malheureusement, il sera indispensable de prendre l'année 2021 en compte, dans le cadre du chômage partiel.
Nous estimons que 2021 sera une année très difficile, avec des conditions similaires à ce que nous venons de connaître. Il n'y aura pas de touristes étrangers en France, la mobilité sera toujours délicate.
Nous n'anticipons pas une réelle reprise du tourisme avant 2023.
Nous devons trouver un moyen de faire la jonction entre 2020 et 2023, en limitant la casse.
Surtout que la France va accueillir des évènements importants, dans les prochaines années, à savoir la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques en 2024.
Nous vivons une drôle de période qui ne donne pas envie de voyager.
"Nous ne pouvons plus repartir sur un tourisme étouffant et de masse..."
TourMaG.com - Connaissez-vous le taux d'ouverture des établissements hôteliers en France ?
Roland Héguy : Sur Paris-Île de France, environ 35% des hôtels sont encore fermés, dans le reste de la France 10 à 15% des adresses sont encore fermées.
Les mesures que le gouvernement va annoncer ne vont pas arranger les choses.
Après je m'y attendais. Les gens se sont libérés durant juillet et août, en s'entassant sur le littoral, cela a fait de la casse.
Il y a eu des fêtes sauvages organisées tout au long de l'été.
Dès la mi-août j'ai alerté les hôteliers, en leur disant qu'en septembre le gouvernement au vu de la situation n'aura d'autres choix que de prendre des décisions plus dures.
Nous savons qu'il n'y aura plus de reconfinement, car économiquement, nous ne pouvons plus nous permettre. Il y a un équilibre économique et social à trouver.
TourMaG.com - Comment l'hiver se prépare pour vos adhérents qui se situent à la montagne ?
Roland Héguy : Nous travaillons actuellement sur les protocoles.
Il sera présenté au ministère de la Santé dans les prochaines semaines. L'objectif est de permettre qu'une saison hivernale ait lieu, la plus normale possible.
Nous ferons tout pour que les clients puissent profiter de la montagne cet hiver, mais sans oublier toutes les incertitudes.
Cette épreuve doit nous pousser à réfléchir, sur la façon de repartir en ayant du tourisme de loisirs et d'affaires, mais avec des curseurs un peu différents.
TourMaG.com - C'est-à-dire ?
Roland Héguy : Nous ne pouvons plus repartir sur un tourisme étouffant et de masse, où 85% des voyageurs se retrouvent sur 20% du territoire en France.
Ce n'est plus convenable.
Nous avons dû être confrontés à ce drame, pour que tout le monde prenne conscience de l'importance économique et sociale du tourisme.
Entre nous, il sera nécessaire de mesurer tous les excès du passé, pour ne plus les reproduire.
Roland Héguy : Sur Paris-Île de France, environ 35% des hôtels sont encore fermés, dans le reste de la France 10 à 15% des adresses sont encore fermées.
Les mesures que le gouvernement va annoncer ne vont pas arranger les choses.
Après je m'y attendais. Les gens se sont libérés durant juillet et août, en s'entassant sur le littoral, cela a fait de la casse.
Il y a eu des fêtes sauvages organisées tout au long de l'été.
Dès la mi-août j'ai alerté les hôteliers, en leur disant qu'en septembre le gouvernement au vu de la situation n'aura d'autres choix que de prendre des décisions plus dures.
Nous savons qu'il n'y aura plus de reconfinement, car économiquement, nous ne pouvons plus nous permettre. Il y a un équilibre économique et social à trouver.
TourMaG.com - Comment l'hiver se prépare pour vos adhérents qui se situent à la montagne ?
Roland Héguy : Nous travaillons actuellement sur les protocoles.
Il sera présenté au ministère de la Santé dans les prochaines semaines. L'objectif est de permettre qu'une saison hivernale ait lieu, la plus normale possible.
Nous ferons tout pour que les clients puissent profiter de la montagne cet hiver, mais sans oublier toutes les incertitudes.
Cette épreuve doit nous pousser à réfléchir, sur la façon de repartir en ayant du tourisme de loisirs et d'affaires, mais avec des curseurs un peu différents.
TourMaG.com - C'est-à-dire ?
Roland Héguy : Nous ne pouvons plus repartir sur un tourisme étouffant et de masse, où 85% des voyageurs se retrouvent sur 20% du territoire en France.
Ce n'est plus convenable.
Nous avons dû être confrontés à ce drame, pour que tout le monde prenne conscience de l'importance économique et sociale du tourisme.
Entre nous, il sera nécessaire de mesurer tous les excès du passé, pour ne plus les reproduire.
Froncière Tourisme : "Je trouve que c'est une vraie réponse pour sauver les entreprises"
TourMaG.com - Selon vous, une sorte de tourisme va disparaître du paysage ?
Roland Héguy : Ce sera différent.
Regardez cet été, les Français ont redécouvert la France et à l'arrivée, tout le monde à trouver cela formidable.
Je n'aime pas le mot protectionniste, mais il serait bien que nous le soyons un peu plus.
TourMaG.com - D'ailleurs les offices de tourisme, Atout France, les régions n'ont pas ménagé leurs efforts pour promouvoir le territoire. Appelez-vous ces instances à poursuivre les actions de promotion ?
Roland Héguy : C'est déterminant de poursuivre l'effort.
A l'UMIH nous avions lancé "passez les vacances en France, c'est très tendance", (Jean-Baptiste Lemoyne Secrétaire d'Etat en charge du Tourisme ndlr) avait embrayé avec Atout France par la suite.
Il faut continuer plein pot de promouvoir la France auprès des Français.
Les actions ont été très positives, le tourisme rural a bien marché, la montagne aussi tout en espérant que ce soir pareil pour l'hiver.
Je vous le répète, il sera indispensable de repenser le tourisme dans son ensemble et la façon de le consommer.
TourMaG.com - Pour terminer, avez-vous lu l'initiative de la région des Pays de la Loire ? Pour permettre aux hôteliers et restaurateurs de dégager de la trésorerie, le territoire a créé une Froncière tourisme en charge de racheter les murs des hôtels et restaurants, pour éviter aux propriétaires de souscrire des crédits.
Roland Héguy : C'est une façon de rationaliser le territoire et le secteur.
Je ne suis pas contre l'initiative, car cela peut sauver pas mal d'établissements qui n'ont pas l'assise pour encaisser le choc.
Après le problème, c'est que dans l'hôtellerie-restauration, nous avons la culture de la propriété des murs, c'est pour nous très important.
Il va falloir convaincre les hôteliers. Je trouve que c'est une vraie réponse pour sauver les entreprises.
Roland Héguy : Ce sera différent.
Regardez cet été, les Français ont redécouvert la France et à l'arrivée, tout le monde à trouver cela formidable.
Je n'aime pas le mot protectionniste, mais il serait bien que nous le soyons un peu plus.
TourMaG.com - D'ailleurs les offices de tourisme, Atout France, les régions n'ont pas ménagé leurs efforts pour promouvoir le territoire. Appelez-vous ces instances à poursuivre les actions de promotion ?
Roland Héguy : C'est déterminant de poursuivre l'effort.
A l'UMIH nous avions lancé "passez les vacances en France, c'est très tendance", (Jean-Baptiste Lemoyne Secrétaire d'Etat en charge du Tourisme ndlr) avait embrayé avec Atout France par la suite.
Il faut continuer plein pot de promouvoir la France auprès des Français.
Les actions ont été très positives, le tourisme rural a bien marché, la montagne aussi tout en espérant que ce soir pareil pour l'hiver.
Je vous le répète, il sera indispensable de repenser le tourisme dans son ensemble et la façon de le consommer.
TourMaG.com - Pour terminer, avez-vous lu l'initiative de la région des Pays de la Loire ? Pour permettre aux hôteliers et restaurateurs de dégager de la trésorerie, le territoire a créé une Froncière tourisme en charge de racheter les murs des hôtels et restaurants, pour éviter aux propriétaires de souscrire des crédits.
Roland Héguy : C'est une façon de rationaliser le territoire et le secteur.
Je ne suis pas contre l'initiative, car cela peut sauver pas mal d'établissements qui n'ont pas l'assise pour encaisser le choc.
Après le problème, c'est que dans l'hôtellerie-restauration, nous avons la culture de la propriété des murs, c'est pour nous très important.
Il va falloir convaincre les hôteliers. Je trouve que c'est une vraie réponse pour sauver les entreprises.