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Vente d’ITA, coup de gueule de Ryanair... accidenti dans le ciel italien ! 🔑

Ryanair semble entraver l'achat par les agences de billets directement sur son site


Refus de ratifier le mécanisme de sauvetage de la zone euro, condamnation de la hausse des taux décidée par la BCE, l’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe entre la Commission européenne et le gouvernement italien. Le processus de vente d’ITA et la guéguerre avec Ryanair ne devraient pas arranger les choses. Explications.


Rédigé par le Mardi 26 Septembre 2023

La vente d'ITA, Ryanair et ses méthodes sèment la zizanie dans le ciel italien - Crédit : Depositphotos
La vente d'ITA, Ryanair et ses méthodes sèment la zizanie dans le ciel italien - Crédit : Depositphotos
L’Europe, le fonctionnement des institutions, la Commission de Bruxelles... c’est compliqué c’est vrai.

Avec le gouvernement italien dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni, les tensions entre Bruxelles et Rome ne manquent et voilà que l’aérien s’invite dans les sujets de fâcheries.

Il y a d’abord les lenteurs de la finalisation du rachat d’ITA par le groupe Lufthansa et inutilement compliqué selon Rome. Mais il y a aussi les conflits avec Ryanair qui prennent de l’ampleur et pour lesquels Michael O’Leary va demander à Bruxelles un arbitrage en sa faveur.


ITA : Bruxelles en attente

Dans le dossier de la vente d’ITA à Lufthansa, Giorgia Meloni s’est publiquement agacée lors du dernier G.20 des lenteurs de la Commission.

"Il se passe quelque chose de curieux- a-t-elle dit - "la Commission européenne nous demande depuis des années de trouver une solution, et lorsque nous la trouvons, elle la bloque.

Nous aimerions avoir une réponse à ce sujet et la question a été soumise au commissaire Gentiloni par le ministre Giorgetti"
a t-elle déclaré lors de la conférence de presse clôturant le sommet.

Pour le coup, Bruxelles, par la voix d’un porte-parole a été très rapide pour immédiatement envoyer une réponse lapidaire et presque cinglante : "Nous n'avons pas encore reçu la notification de l'accord entre ITA et Lufthansa et à part cela il n'y a pas grand-chose à dire", fermez le ban !

En effet, et selon les règles, si une transaction constitue une concentration au sein de l’Union européenne, c’est aux entreprises concernées de le notifier à la Commission après des discussions informelles.

« Les remarques de la Première ministre italienne relèvent d'une méconnaissance des arcanes européens » selon certains spécialistes.

L’heure est donc toujours actuellement à la discussion avant une notification officielle. Une discussion avec tous les interlocuteurs partie prenante : Bruxelles, les entreprises et les politiques en la personne de Giancarlo Giorgetti, le ministre italien de l’Économie et son homologue allemand Christian Lindner.

Menus s’il vous plait !

Cette « phase de notification » est donc en cours, mais ne sera acceptée qu’à l’issue d’une enquête très minutieuse menée actuellement par Bruxelles.

Si bien sûr cette grosse opération de « fusion acquisition » doit être étudiée de près, le zèle des techniciens antitrust de l’UE est peut-être poussé un peu loin.

Italiens et Allemand se sont quelque peu énervés lorsqu’on leur a demandé ce que seront les menus proposés à bord des vols ITA a révélé la semaine dernière le journal « Corriere della sera » !

Des questions jugées « inutiles, ridicules, spécieuses » et envoyées « dans le but de faire perdre du temps ».

Le journal italien relatait également la demande faite aux Italiens et aux Allemands de « suggérer" eux-mêmes les remèdes pour donner le feu vert au mariage et de proposer des mesures pour promouvoir la concurrence au sein de l'UE ».

Des éléments jugés « inhabituels », car c'est plutôt à la Direction générale de la concurrence de l'UE de fixer les conditions pour les parties intéressées, et non ces dernières qui disent à l'autorité comment être pénalisée .

Quoi qu’il en soit, les Italiens et les Allemands ont jusqu’au 30 septembre pour envoyer leur réponse.

Champagne ou Prosecco c’est vrai, ce ne seront pas les mêmes budgets !

O’Leary « nous ne respecterons pas ces conneries »

Autre problème lié au transport aérien en Italie : le refus tout net de Ryanair de se plier au projet de décret italien sur le plafonnement des prix des billets d’avion.

La brouille est née en plein été, lorsque les prix des billets ont explosé à la suite d’une demande estivale très forte.

Le gouvernement italien avait alors décidé début août de limiter les prix des vols intérieurs à destination de la Sardaigne et de la Sicile « pendant les périodes de pic de la demande » à un maximum de 200% du prix moyen pratiqué sur ces lignes.

Toujours avec le style qui le caractérise, le Patron de Ryanair s’est empressé de déclarer que « le décret était illégal, car les règles européennes stipulent que les prix sont fixés par le marché. »

Et d’ajouter : « La Commission européenne retoquera la mesure italienne. En attendant, nous ne respecterons pas ces conneries»

O’Leary passe son temps à vitupérer la Commission et sa présidente, mais espère bien qu’elle lui donnera raison sur cette affaire. Il a d’ailleurs déposé plainte auprès d’elle pour contester le décret.

En attendant l’arbitrage de Bruxelles, le patron de Ryanair a annoncé qu’il envisageait de réduire très significativement l'offre de ses vols vers la Sardaigne et la Sicile.

En même temps, il augmentera les vols internationaux qui ne sont pas concernés par le décret.

« De cette manière, les tarifs des vols intérieurs augmenteront et les tarifs des vols internationaux baisseront, ce qui est exactement le contraire de ce que souhaite le gouvernement ».

Des déclarations qui ont encore envenimé la situation. « L’Italie est un pays souverain et ne cède à aucun chantage a tonné Adolfo Urso, ministre de l'Entreprise et du Made in Italy »

EnquĂŞte contre Ryanair

Cependant et malgré les déclarations du ministre, le gouvernement italien a finalement décidé de retirer son projet de plafonner les prix des billets.

Hache de guerre enterrée ? Non. On apprenait la semaine dernière que le gendarme italien de la concurrence s’était fendu d’un communiqué annonçant qu’il ouvrait une enquête contre Ryanair, qu’il soupçonne d'abus de position dominante aux dépens des agences de voyages et des consommateurs.

L’Autorité italienne de la concurrence et du marché note que Ryanair semble entraver l'achat par les agences de billets directement sur son site et oblige les agences traditionnelles à passer par une plateforme intermédiaire pour acheter les billets, à des conditions bien moins favorables en termes de prix, de services disponibles et de service après-vente.

Là aussi toujours aussi droit dans ses bottes, le Patron de Ryanair a réagi immédiatement en persiflant : « Nous nous réjouissons de l'enquête de l'autorité italienne de la concurrence, qui démontrera aux passagers qu'ils devraient réserver directement sur Ryanair.com pour obtenir les meilleurs tarifs. »

« Et pourquoi l'Autorité n'a manifesté aucun intérêt sur le fait que les prix des billets et des options sur ses vols soient supérieurs sur les sites des agences en ligne de jusqu’à 200% ? » s’est-il étonné.

Dans un pays, l’Italie, où la compagnie nationale a été sauvée par un groupe étranger, ou selon les chiffres de l’aviation civile italienne Ryanair a transporté en 2022 : 45,7 millions de passagers, soit presque 37% du marché national et international, la fierté nationale portée en étendard par le gouvernement est à la peine dans son ciel.

Il lutte, il s’agace, mais les réalités économiques ainsi que les règles communautaires dans le ciel et sur terre s’imposent à lui et risquent de continuer à rafraichir le climat entre Rome et Bruxelles.


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