"Nous ne demandons pas une vaccination priorisée pour nos salariés, mais de se rapprocher le plus possible des établissements" appelle Damien Duval (Cap France) - DR
TourMaG.com - En début de semaine, vous avez poussé un coup de gueule concernant la vaccination de votre personnel dans les villages-vacances. Pourquoi cela ?
Damien Duval : En ce moment nous avons deux sujets, à savoir le contrôle du pass sanitaire pour les clients qui sera sans doute mis en place à partir du 7 août 2021 (depuis l'interview le gouvernement a avancé la date du 9 août 2021, ndlr) et la vaccination de nos salariés.
Dès le début du mois de mai, avec le déconfinement, même si nous nous réjouissions de la réouverture, nous avons alerté le gouvernement sur l'automne à venir. Nous nous félicitons que le message soit passé et que l'exécutif prépare le coup d'après, avec le pass sanitaire.
Le pass sanitaire va permettre de sauver l'automne et la fin d'année. Nous avons été fermés 12 mois au total, c'est énorme.
Nous pourrions dire "ça pass ou ça ferme ?" Le pass sanitaire est une nécessité pour sauver la fin de l'année.
TourMaG.com - Malgré les embarras qu'il pourrait provoquer avec le contrôle, vous voyez ça plutôt d'un bon œil ?
Damien Duval : Je sais que pour les voyagistes et les agences de voyages c'est dramatique, mais pas pour nous.
D'ailleurs nous n'avons pas d'annulations en masse depuis les communications du gouvernement sur le sujet du pass sanitaire.
Les clients sont plutôt en manque d'information. Nous sommes même sur des chiffres meilleurs que 2019, nous allons faire un excellent été. Sur la vente en ligne, nous sommes à +40%, les appels - non pas pour annuler mais réserver - sont en hausse de 60%.
Pour nous le pass sanitaire, c'est la seule solution que nous avons pour éviter 6 mois de fermeture.
Damien Duval : En ce moment nous avons deux sujets, à savoir le contrôle du pass sanitaire pour les clients qui sera sans doute mis en place à partir du 7 août 2021 (depuis l'interview le gouvernement a avancé la date du 9 août 2021, ndlr) et la vaccination de nos salariés.
Dès le début du mois de mai, avec le déconfinement, même si nous nous réjouissions de la réouverture, nous avons alerté le gouvernement sur l'automne à venir. Nous nous félicitons que le message soit passé et que l'exécutif prépare le coup d'après, avec le pass sanitaire.
Le pass sanitaire va permettre de sauver l'automne et la fin d'année. Nous avons été fermés 12 mois au total, c'est énorme.
Nous pourrions dire "ça pass ou ça ferme ?" Le pass sanitaire est une nécessité pour sauver la fin de l'année.
TourMaG.com - Malgré les embarras qu'il pourrait provoquer avec le contrôle, vous voyez ça plutôt d'un bon œil ?
Damien Duval : Je sais que pour les voyagistes et les agences de voyages c'est dramatique, mais pas pour nous.
D'ailleurs nous n'avons pas d'annulations en masse depuis les communications du gouvernement sur le sujet du pass sanitaire.
Les clients sont plutôt en manque d'information. Nous sommes même sur des chiffres meilleurs que 2019, nous allons faire un excellent été. Sur la vente en ligne, nous sommes à +40%, les appels - non pas pour annuler mais réserver - sont en hausse de 60%.
Pour nous le pass sanitaire, c'est la seule solution que nous avons pour éviter 6 mois de fermeture.
Cap France : "Nous ne demandons pas une vaccination priorisée pour nos salariés, mais de se rapprocher de nous"
TourMaG.com - Concernant les salariés, quelle est la problématique ?
Damien Duval : Nous avons des jeunes saisonniers qui veulent se faire vacciner mais qui ne peuvent pas.
Prenez le cas d'un jeune qui a terminé ses examens fin juin et débute sa saison en juillet, il n'a pas eu le temps de s'organiser.
Nous devons sortir de la vision très parisienne, car la plupart de nos établissements sont très excentrés des centres de vaccination.
Nous devons mettre un préposé à l'accueil pour qu'il vérifie 3 ou 4 fois par jour s'il y a des créneaux libres sur Doctolib. En moyenne dans les Pyrénées, nous sommes à 2 heures de trajet aller et le même temps retour pour se faire vacciner.
Alors que nous avons galéré pour recruter et fidéliser, nous faisons face au problème de la vaccination. Regardez le taux de vaccination des 18-30 ans en France, l'enjeu est réel.
Nous aimerions faire des agences régionales de santé (ARS) un partenaire, pour qu'elles nous accompagnent tous dans la vaccination de nos équipes et de nos saisonniers.
TourMaG.com - Vous voudriez que la vaccination se décentralise ?
Damien Duval : En quelque sorte.
Suite à la situation en Vendée et aux appels du secteur, l'ARS a accepté d'organiser une campagne de vaccination spécifique. Nous ne demandons pas une vaccination priorisée pour nos salariés, mais de se rapprocher le plus possible des établissements.
La plupart des adresses de Cap France se situent dans des communes de moins de 5 000 habitants.
Damien Duval : Nous avons des jeunes saisonniers qui veulent se faire vacciner mais qui ne peuvent pas.
Prenez le cas d'un jeune qui a terminé ses examens fin juin et débute sa saison en juillet, il n'a pas eu le temps de s'organiser.
Nous devons sortir de la vision très parisienne, car la plupart de nos établissements sont très excentrés des centres de vaccination.
Nous devons mettre un préposé à l'accueil pour qu'il vérifie 3 ou 4 fois par jour s'il y a des créneaux libres sur Doctolib. En moyenne dans les Pyrénées, nous sommes à 2 heures de trajet aller et le même temps retour pour se faire vacciner.
Alors que nous avons galéré pour recruter et fidéliser, nous faisons face au problème de la vaccination. Regardez le taux de vaccination des 18-30 ans en France, l'enjeu est réel.
Nous aimerions faire des agences régionales de santé (ARS) un partenaire, pour qu'elles nous accompagnent tous dans la vaccination de nos équipes et de nos saisonniers.
TourMaG.com - Vous voudriez que la vaccination se décentralise ?
Damien Duval : En quelque sorte.
Suite à la situation en Vendée et aux appels du secteur, l'ARS a accepté d'organiser une campagne de vaccination spécifique. Nous ne demandons pas une vaccination priorisée pour nos salariés, mais de se rapprocher le plus possible des établissements.
La plupart des adresses de Cap France se situent dans des communes de moins de 5 000 habitants.
Cap France : "nous n'avons pas les moyens nécessaires pour pousser nos salariés à se faire vacciner"
TourMaG.com - Alors que parfois les hôtels ou les villages vacances sont le dernier commerce dans certaines villes, seriez-vous prêts à mettre à disposition de l'ARS des locaux au sein même de vos établissements ? Dans l'objectif de décentraliser les campagnes de vaccination ?
Damien Duval : Tous les établissements chez Cap France et même de nos concurrents ont une attache tellement forte aux territoires qu'ils se mobiliseront toujours dans l'intérêt collectif.
Nos établissements sont indépendants, mais s'ils souhaitent travailler avec l'ARS, ils le feront.
Après notre enjeu est fixé au 30 août 2021. A partir de cette date, nous devrons contrôler le pass sanitaire de nos salariés. Pour le moment, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour pousser nos salariés à se faire vacciner et donc éviter le test de moins de 48 heures.
J'entends bien que nous pouvons changer de poste d'un salarié qui ne présenterait pas son pass sanitaire ou si ce dernier n'est pas valide, ou que nous pouvons lui demander de prendre des vacances.
Nous sommes à flux tendu et nous ne pouvons pas mettre une réceptionniste en cuisine.
Après notre ministre de tutelle est à l'écoute et fait bien passer les messages, avec un certain succès. Il fait son travail et bien. Il faut dès maintenant permettre à ceux qui veulent boucler leur schéma vaccinal de pouvoir le faire avant le 30 août.
TourMaG.com - La vérification du pass sanitaire de vos clients par vos salariés ne pose pas de problème de logistique ?
Damien Duval : A partir de début août, à la remise des clés, nous avons prévenu nos clients qu'ils devront présenter un pass sanitaire valide.
Tout en sachant que nous ne connaissons pas la situation du client donc s'il a été vacciné, testé ou immunisé. Nous avons simplement une couleur verte ou rouge, rien de plus.
A part nous doter d'un téléphone ou deux, les moyens logistiques s'arrêtent là. Il n'y aura pas de zèle, avec des vérifications aléatoires. La mesure est plutôt bien acceptée par les clients et les équipes.
Damien Duval : Tous les établissements chez Cap France et même de nos concurrents ont une attache tellement forte aux territoires qu'ils se mobiliseront toujours dans l'intérêt collectif.
Nos établissements sont indépendants, mais s'ils souhaitent travailler avec l'ARS, ils le feront.
Après notre enjeu est fixé au 30 août 2021. A partir de cette date, nous devrons contrôler le pass sanitaire de nos salariés. Pour le moment, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour pousser nos salariés à se faire vacciner et donc éviter le test de moins de 48 heures.
J'entends bien que nous pouvons changer de poste d'un salarié qui ne présenterait pas son pass sanitaire ou si ce dernier n'est pas valide, ou que nous pouvons lui demander de prendre des vacances.
Nous sommes à flux tendu et nous ne pouvons pas mettre une réceptionniste en cuisine.
Après notre ministre de tutelle est à l'écoute et fait bien passer les messages, avec un certain succès. Il fait son travail et bien. Il faut dès maintenant permettre à ceux qui veulent boucler leur schéma vaccinal de pouvoir le faire avant le 30 août.
TourMaG.com - La vérification du pass sanitaire de vos clients par vos salariés ne pose pas de problème de logistique ?
Damien Duval : A partir de début août, à la remise des clés, nous avons prévenu nos clients qu'ils devront présenter un pass sanitaire valide.
Tout en sachant que nous ne connaissons pas la situation du client donc s'il a été vacciné, testé ou immunisé. Nous avons simplement une couleur verte ou rouge, rien de plus.
A part nous doter d'un téléphone ou deux, les moyens logistiques s'arrêtent là. Il n'y aura pas de zèle, avec des vérifications aléatoires. La mesure est plutôt bien acceptée par les clients et les équipes.
Pass sanitaire : "Au niveau commercial, nous avons pris la décision de ne pas rembourser"
TourMaG.com - Avez-vous peur si, à partir du 30 août, une partie de vos salariés n'est pas vaccinée ?
Damien Duval : La règle que nous demandons à nos responsables d'établissements d'appliquer : la pédagogie et le dialogue.
Nous devons comprendre pour accompagner les choix des salariés, tout en connaissant les conséquences à partir du 30 août. Nous sommes confiants, nous connaissons la plupart de nos salariés depuis des années.
Nous sommes parfois le seul établissement touristique dans les villes où nous sommes implantés, donc perdre un emploi là-bas est parfois compliqué.
TourMaG.com - Cela ne perturbe pas vos équipes de devoir contrôler l'état sanitaire de vos clients ?
Damien Duval : Oui et non.
A partir du moment où nous avons dû vérifier la pièce d'identité et alors que la CNIL nous a recommandés de ne pas le faire, nous avons rétorqué que nous avions interdiction de vendre de l'alcool à un mineur.
Pour en revenir au pass sanitaire, si c'était mal compris, nous aurions des annulations en masse, ce n'est pas le cas.
Le message que nous adressons aux équipes : au-delà du bon sens sanitaire, nous sauvons la saison et les emplois. Je ne parle pas seulement au nom de Cap France, mais aussi des plus de 1 000 villages-clubs en France.
TourMaG.com - Si un client ne présente pas de pass sanitaire ou si celui-ci n'est pas valide, commercialement que ferez-vous ?
Damien Duval : Nous adressons à nos clients un site en ligne, recensant par région, département et commune les points de test antigénique, pour permettre de valider un pass sanitaire.
Tant que le client est de bonne volonté, nous trouverons toujours une solution.
Au niveau commercial, nous avons pris la décision de ne pas rembourser. Notre assurance annulation prend toutes les situations possibles occasionnées par le coronavirus.
Je rappelle que dans nos établissements, les villages-vacances, la vaccination n'est pas obligatoire aussi bien pour nos salariés que pour nos clients.
Damien Duval : La règle que nous demandons à nos responsables d'établissements d'appliquer : la pédagogie et le dialogue.
Nous devons comprendre pour accompagner les choix des salariés, tout en connaissant les conséquences à partir du 30 août. Nous sommes confiants, nous connaissons la plupart de nos salariés depuis des années.
Nous sommes parfois le seul établissement touristique dans les villes où nous sommes implantés, donc perdre un emploi là-bas est parfois compliqué.
TourMaG.com - Cela ne perturbe pas vos équipes de devoir contrôler l'état sanitaire de vos clients ?
Damien Duval : Oui et non.
A partir du moment où nous avons dû vérifier la pièce d'identité et alors que la CNIL nous a recommandés de ne pas le faire, nous avons rétorqué que nous avions interdiction de vendre de l'alcool à un mineur.
Pour en revenir au pass sanitaire, si c'était mal compris, nous aurions des annulations en masse, ce n'est pas le cas.
Le message que nous adressons aux équipes : au-delà du bon sens sanitaire, nous sauvons la saison et les emplois. Je ne parle pas seulement au nom de Cap France, mais aussi des plus de 1 000 villages-clubs en France.
TourMaG.com - Si un client ne présente pas de pass sanitaire ou si celui-ci n'est pas valide, commercialement que ferez-vous ?
Damien Duval : Nous adressons à nos clients un site en ligne, recensant par région, département et commune les points de test antigénique, pour permettre de valider un pass sanitaire.
Tant que le client est de bonne volonté, nous trouverons toujours une solution.
Au niveau commercial, nous avons pris la décision de ne pas rembourser. Notre assurance annulation prend toutes les situations possibles occasionnées par le coronavirus.
Je rappelle que dans nos établissements, les villages-vacances, la vaccination n'est pas obligatoire aussi bien pour nos salariés que pour nos clients.
Villages vacances : "une nouvelle fermeture administrative pourrait entrainer des fermetures définitives et des liquidations"
TourMaG.com - Comment jugez-vous d'ores et déjà l'été ?
Damien Duval : Il sera supérieur à 2019, une année de référence dans le secteur du tourisme.
La plupart de nos établissements sont complets et ce n'est pas pour nous vanter ou faire le fanfaron, car nous avons bénéficié de la dernière minute et de l'effet "l'été en France".
Le protocole sanitaire ne pose plus de problème.
Le fait que nous ayons eu une ouverture anticipée par rapport à 2020 nous a permis de gagner un mois de commercialisation. Ce n'est pas suffisant pour sauver l'année.
Si nous avions une dégradation de la situation à l'automne, quid des remboursements des avoirs ? C'est une vraie alerte que nous avons, pour l'ensemble de la filière tourisme.
En arrivant à maintenir un niveau d'activité correct à l'automne et en hiver, alors nous serons sur une perte d'activité comprise entre 40 et 50% par rapport à 2019.
TourMaG.com - Un tel niveau d'activité, en repli par rapport à 2019, est-ce suffisant pour survivre ?
Damien Duval : Il est toujours compliqué de connaître la santé d'un secteur à partir du moment où il est intubé.
Le niveau de trésorerie est satisfaisant, mais une nouvelle fermeture administrative pourrait entrainer des fermetures définitives et des liquidations.
Nous avons perdu entre 5 et 6 adresses, nous parlons de villages vacances qui n'ont pas ouvert du tout d'octobre 2019 à juillet 2020.
La fin d'année, le fonds de solidarité et les avoirs seront des étapes importantes.
Damien Duval : Il sera supérieur à 2019, une année de référence dans le secteur du tourisme.
La plupart de nos établissements sont complets et ce n'est pas pour nous vanter ou faire le fanfaron, car nous avons bénéficié de la dernière minute et de l'effet "l'été en France".
Le protocole sanitaire ne pose plus de problème.
Le fait que nous ayons eu une ouverture anticipée par rapport à 2020 nous a permis de gagner un mois de commercialisation. Ce n'est pas suffisant pour sauver l'année.
Si nous avions une dégradation de la situation à l'automne, quid des remboursements des avoirs ? C'est une vraie alerte que nous avons, pour l'ensemble de la filière tourisme.
En arrivant à maintenir un niveau d'activité correct à l'automne et en hiver, alors nous serons sur une perte d'activité comprise entre 40 et 50% par rapport à 2019.
TourMaG.com - Un tel niveau d'activité, en repli par rapport à 2019, est-ce suffisant pour survivre ?
Damien Duval : Il est toujours compliqué de connaître la santé d'un secteur à partir du moment où il est intubé.
Le niveau de trésorerie est satisfaisant, mais une nouvelle fermeture administrative pourrait entrainer des fermetures définitives et des liquidations.
Nous avons perdu entre 5 et 6 adresses, nous parlons de villages vacances qui n'ont pas ouvert du tout d'octobre 2019 à juillet 2020.
La fin d'année, le fonds de solidarité et les avoirs seront des étapes importantes.