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easyJet : Après Toulouse, d'autres fermetures à venir en France ?

Interview de William Bourdon, secrétaire de section du SNPNC chez easyJet


Après le choc, la réaction. Les syndicats d'easyJet réagissent à la décision de la direction de fermer la base de Toulouse. L'UNAC a déposé un préavis de grève illimité, quand le SNPL a tapé du poing sur la table. De son côté le SNPNC-FO, le 1er de la compagnie, n'est pas en reste. Si pour le moment, il ne rejoint pas le mouvement, l'ambiance est plus que tendue. Rencontre avec William Bourdon, secrétaire de section du SNPNC chez easyJet.


Rédigé par le Vendredi 13 Septembre 2024

easyJet : "nous sommes très sceptiques sur l'avenir des bases en France" selon le SNPNC FO - Depositphotos @Brasilnut
easyJet : "nous sommes très sceptiques sur l'avenir des bases en France" selon le SNPNC FO - Depositphotos @Brasilnut
La grogne monte après l'annonce d'easyJet de vouloir fermer la base de Toulouse. L’UNAC a déposé un préavis de grève illimité pour protester contre cette décision. En tant que principal syndicat, le SNPNC - FO va-t-il rejoindre le mouvement ?

William Bourdon :
Pour le moment nous avons fait le choix de ne pas faire grève pour plusieurs raisons.

Débrayer signifierait à notre sens que nous laisserions entendre qu'il y a un espoir de sauver Toulouse ce qui n'est pas le cas.

On pourra faire toutes les grèves que l'on veut, ce n'est pas dans les plans de la compagnie de revenir sur sa décision. Nous gardons cette option pour plus tard.

Dans un premier temps, nous échangeons et travaillons avec nos conseillers juridiques, sur les chiffres et la proposition de réorganisation de la direction, parce que ça ne concerne pas que Toulouse.

Les négociations vont débuter lundi prochain.

Donc déposer un préavis avant de commencer une consultation, ça nous paraît un peu prématuré et c'est surtout de notre point de vue de donner un peu de faux espoirs à des gens qui sont déjà dans une grande difficulté émotionnelle, suite à l'annonce.

La réorganisation va impliquer des mouvements sur d'autres bases.

Encore une fois, on n'exclut pas du tout d'entrer en grève, d'autant plus au regard du plan qui nous a été présenté.

easyJet : "nous risquons de rentrer dans un conflit de manière imminente"

Selon vous, il n'y a pas d'espoir de sauver la base de Toulouse ?

William Bourdon :
Il n'y en a pas.

Il nous a été présenté la fermeture de la base de Toulouse et le plan de restructuration. Celui-ci implique que nous conservons le même nombre d'avions sur la France. Il est prévu que des mouvements d'avions iraient d'une base sur une autre.

Par exemple, un apparail basé à Charles de Gaulle va basculer à Nantes.

Nous trouvons la direction d'easyJet très, voire trop, approximative dans les chiffres qui sont donnés aux élus. Nous ne sommes pas dupes et nous savons lire les chiffres, ça ne correspond pas à nos analyses.

Il ne faut pas se voiler la face, nous risquons de rentrer dans un conflit de manière imminente.


On s'est concerté avec l'UNAC, l'entente syndicale est assez forte en ce moment, sur ce sujet nous avons un point de vue divergent, même si nous comprenons leur démarche.

Quelle analyse faites-vous de ce qui vous a été présenté par la direction d'EasyJet ?

William Bourdon :
Les documents et le plan présenté ne font pas très professionnel.

Quand on rentre dans le détail, on se rend compte que c'est bourré de fautes d'orthographe, que les chiffres ne sont pas bons... Tout ça fait très amateur, ça ressemble beaucoup à ce que fait EasyJet.

Je préfère analyser ces chiffres-là avec nos avocats, ensuite une fois que j'aurai un peu plus de choses concrètes sous la main, ça sera le moment de voir si ce qu'ils nous présentent est cohérent ou pas.

easyJet : "Ils tentent une entourloupe à l'inspection du travail !"

Pourquoi la décision a été prise de fermer la base de Toulouse, qu'a-t-elle de moins que les autres ?

William Bourdon :
Pour vous faire un rapide historique, quasiment depuis son ouverture, la direction nous fait du chantage à sa fermeture.

L'explication réside dans les taxes aéroportuaires. Elles sont très élevées à l'aéroport de Toulouse.

La base a perdu régulièrement de l'argent, puis le Covid est arrivé par là. Le redémarrage a été un peu plus difficile pour Toulouse que pour les autres aéroports.

Ce n'est pas une décision compréhensible. Certes la base perd de l'argent, mais elle résorbe son déficit de manière constante. Si nous regardons plus loin, d'ici les 2 voire 3 ans qui vont suivre, elle reviendrait à l'équilibre.

Elle pourrait même gagner de l'argent.

Et pour être transparent, de la bouche du directeur général, M. Godinot que vous pouvez citer : il nous a clairement expliqué en CSE, lors de l'annonce de la fermeture, que s'ils avaient voulu investir de l'argent comme le fait Ryanair à Toulouse, ils auraient pu sauver cette base sans aucun problème.

A lire : Ryanair supprime sa base de Bordeaux !

easyJet n'est pas en difficulté financière, c'est même tout le contraire. La compagnie réalise des bénéfices records, voire historiques.

Les compagnies low cost ont globalement en France des positions difficilement défendables sur le plan humain...

William Bourdon :
C'est très compliqué humainement.

L'annonce a été faite aux gens de manière ultra brutale. Des salariés étaient en vol, et quand ils ont atterri, ils ont reçu simplement un mail qui leur annonçait que la base fermait.

C'est ça la réalité au sein d'easyJet.

Personne n'a pris le temps de bien faire les choses, on leur annonce manu militari que la base ferme en mars et que pour eux l'aventure s'arrête là. Enfin pas exactement, ils ont la possibilité de partir travailler à des centaines de kilomètres de Toulouse.

Il n'y a pas d'humain dans tout ça.

J'ai appris que lors d'une visio avec des employés, ils répondaient aux questions en anglais, donc vous avez des dirigeants français qui parlent en anglais à des... Français.

Tout ce qu'il se passe nous scandalise, nous sommes passés en mode combat.

easyJet : "nous sommes très sceptiques sur l'avenir des bases en France"

D'autres bases sont menacées de fermeture en France ?

William Bourdon :
Pour eux, c'est juste une restructuration.

Sauf que nous analysons ça d'une façon différente. Pour nous, easyJet réalise un PSE local, alors que dans le même temps la compagnie n'a qu'une entité nationale en France. C'est tout simplement un PSE local déguisé.

Ils tentent une entourloupe à l'inspection du travail.

Les dirigeants sont en train très clairement de mentir à tout le monde. Pour en revenir à votre question, cette fermeture de Toulouse est préparée de longue date, très clairement ça n'augure pas de jours joyeux en France.

Déjà avant la crise sanitaire, le plan était de fermer toutes les bases exceptées celles d'Orly, de Charles de Gaulle et Nice. On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais nous sommes très sceptiques sur l'avenir des bases en France.

Je ne veux pas faire peur à tout le monde, j'appelle juste à une certaine méfiance.

La France performe très bien, elle représente même le deuxième plus gros marché d'eayJjet en Europe. Nos avions sont pleins, les carnets de commandes aussi.

Après tout est une question de moyens. Ryanair a décidé d'investir de manière massive sur Toulouse, ça paye. Ils ont mis beaucoup d'argent là-bas, ils ont serré les dents quand ça perdait de l'argent et maintenant ils se régalent.

Tout est une question d'investissement et de volonté.

Chantage easyJet : "on fera nous aussi un mouvement national !"

La grève peut-elle prendre une dimension nationale ?

William Bourdon :
Ecoutez c'est un peu probable.

L'appel de l'UNAC concerne bien le national, mais il faut être honnête, je vois mal des collègues de Nice devenir grévistes pour soutenir les collègues de Toulouse.

Nous pourrions attendre cela, mais je ne pense pas que le mouvement soit suivi à ce point.


La direction justement sème des petites graines un peu partout pour dire que d'autres bases seraient potentiellement concernées.

Ils essaient de faire peur à tout le monde. Leurs petites menaces ne me font pas peur, s'ils veulent jouer au chantage de fermeture de base dans ces cas là on fera nous aussi un mouvement national qui pour le coup sera suivi.

Le SNPNC est le syndicat numéro 1 chez easyJet, avec le plus grand nombre d'adhérents. Si demain nous nous mettons en colère, les conséquences seront tout autre.


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