Mi-juin, le groupe annonçait son intention d'acquérir 3 autocars SETRA 517 HDH dans le courant de l’été, pour proposer une offre premium - DR : NAP Tourisme
Que se passe-t-il donc chez NAP Tourisme ?
L'entreprise, dirigée par Leonel de Abreu de 2001 à 2017, semble doucement se déliter depuis deux ans avec l'ouverture du capital de l'entreprise à des partenaires financiers (Bpifrance, BNP Paribas Developpement et le fonds régional Connect).
« Le fonds Connect me « courtisait » depuis 2012, une sympathie s'était instaurée entre nous, reconnaît Leonel de Abreu.
Approchant de la retraite et mes enfants ne souhaitant pas reprendre l'entreprise familiale, je me suis tourné vers eux ».
Le patron historique cède son entreprise en février 2017, mais convient d'accompagner la nouvelle direction durant 9 mois. Il reste actionnaire à hauteur de 35% des parts de la société.
Thierry Pourchon, directeur du pôle voyageurs à la régie départementale des transports des Bouches-du-Rhône (RDT13), prend la présidence au 1er décembre 2017 et investit à hauteur de 10%.
« Il a remporté un seul marché, celui de la ligne 91, qui relie l'aéroport de Marseille Provence à la gare Saint Charles, mais il a perdu beaucoup de lignes, essentiellement pour la communauté urbaine », regrette Leonel de Abreu.
En novembre 2018, moins d'un an après son arrivée, Thierry Pourchon est révoqué.
Christophe Béranger, dirigeant de PMA Corporate Restructuring, une société spécialisée dans l'audit et le conseil, lui succède. « Il se surnomme "le nettoyeur" », souligne Leonel de Abreu. Très vite, ma vision de la gestion de la holding TTI (Transport et Tourisme Invest), qui englobe NAP et les sociétés Eurobus/ Basset et Wavao, est devenue incompatible avec celle de Connect », confie Leonel de Abreu.
Ce dernier sera d'ailleurs écarté du comité d’orientation stratégique (COS) suite à son désaccord permanent sur toute la stratégie annoncée par Christophe Beranger, en mars 2019.
L'entreprise, dirigée par Leonel de Abreu de 2001 à 2017, semble doucement se déliter depuis deux ans avec l'ouverture du capital de l'entreprise à des partenaires financiers (Bpifrance, BNP Paribas Developpement et le fonds régional Connect).
« Le fonds Connect me « courtisait » depuis 2012, une sympathie s'était instaurée entre nous, reconnaît Leonel de Abreu.
Approchant de la retraite et mes enfants ne souhaitant pas reprendre l'entreprise familiale, je me suis tourné vers eux ».
Le patron historique cède son entreprise en février 2017, mais convient d'accompagner la nouvelle direction durant 9 mois. Il reste actionnaire à hauteur de 35% des parts de la société.
Thierry Pourchon, directeur du pôle voyageurs à la régie départementale des transports des Bouches-du-Rhône (RDT13), prend la présidence au 1er décembre 2017 et investit à hauteur de 10%.
« Il a remporté un seul marché, celui de la ligne 91, qui relie l'aéroport de Marseille Provence à la gare Saint Charles, mais il a perdu beaucoup de lignes, essentiellement pour la communauté urbaine », regrette Leonel de Abreu.
En novembre 2018, moins d'un an après son arrivée, Thierry Pourchon est révoqué.
Christophe Béranger, dirigeant de PMA Corporate Restructuring, une société spécialisée dans l'audit et le conseil, lui succède. « Il se surnomme "le nettoyeur" », souligne Leonel de Abreu. Très vite, ma vision de la gestion de la holding TTI (Transport et Tourisme Invest), qui englobe NAP et les sociétés Eurobus/ Basset et Wavao, est devenue incompatible avec celle de Connect », confie Leonel de Abreu.
Ce dernier sera d'ailleurs écarté du comité d’orientation stratégique (COS) suite à son désaccord permanent sur toute la stratégie annoncée par Christophe Beranger, en mars 2019.
Des salariés inquiets
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NAP Tourisme : "Nous avons toujours espoir de présenter un plan de redressement"
La suite, on la connaît en partie.
La SAS Nouveaux Autocars de Provence (NAP Tourisme) est placée en redressement judiciaire le 11 avril 2019 et les deux agences de voyages à Gardanne et Plan-de-Campagne (13) fermées.
« Celle d'Aubagne (au siège du groupe, ndlr) n'ouvre que le lundi, nous confie un salarié du groupe.
Vous imaginez ? Nous voyons tous les jours des clients défiler car ils ne comprennent pas pourquoi l'agence est fermée et pourquoi personne ne répond au téléphone. Cette année, il n'y a même plus de brochure ».
Au quotidien, plusieurs salariés interrogés font part de leurs inquiétudes quant à la pérennité de leurs emplois et dénoncent des conditions de travail difficiles.
« C'est le management par la peur avec l'arrivée de la nouvelle équipe de direction », nous confie un salarié.
Plusieurs salariés auraient reçu des menaces, et seraient poussés à la faute. Les temps de repos des chauffeurs ne sont pas respectés, leur temps de travail s'arrête au moment où ils passent le portail du dépôt, mais qu'en est-il du temps passé à nettoyer l'autocar ? ».
Un à un, les salariés historiques de NAP, qui ont connu la gestion plutôt paternaliste de Leonel de Abreu, quittent le navire ou se mettent en arrêt maladie, à bout de nerfs, selon des sources internes.
Les représentants du personnel attendent toujours, de leur côté, que les ressources humaines veuillent bien leur communiquer la liste ainsi que les motifs de tous les salariés qui sont partis depuis le 1er janvier 2019.
Ils envisagent de demander la mise en place d'une expertise des risques psychosociaux dans l'entreprise, ainsi que le lancement d'une procédure auprès de l'inspection du travail.
La SAS Nouveaux Autocars de Provence (NAP Tourisme) est placée en redressement judiciaire le 11 avril 2019 et les deux agences de voyages à Gardanne et Plan-de-Campagne (13) fermées.
« Celle d'Aubagne (au siège du groupe, ndlr) n'ouvre que le lundi, nous confie un salarié du groupe.
Vous imaginez ? Nous voyons tous les jours des clients défiler car ils ne comprennent pas pourquoi l'agence est fermée et pourquoi personne ne répond au téléphone. Cette année, il n'y a même plus de brochure ».
Au quotidien, plusieurs salariés interrogés font part de leurs inquiétudes quant à la pérennité de leurs emplois et dénoncent des conditions de travail difficiles.
« C'est le management par la peur avec l'arrivée de la nouvelle équipe de direction », nous confie un salarié.
Plusieurs salariés auraient reçu des menaces, et seraient poussés à la faute. Les temps de repos des chauffeurs ne sont pas respectés, leur temps de travail s'arrête au moment où ils passent le portail du dépôt, mais qu'en est-il du temps passé à nettoyer l'autocar ? ».
Un à un, les salariés historiques de NAP, qui ont connu la gestion plutôt paternaliste de Leonel de Abreu, quittent le navire ou se mettent en arrêt maladie, à bout de nerfs, selon des sources internes.
Les représentants du personnel attendent toujours, de leur côté, que les ressources humaines veuillent bien leur communiquer la liste ainsi que les motifs de tous les salariés qui sont partis depuis le 1er janvier 2019.
Ils envisagent de demander la mise en place d'une expertise des risques psychosociaux dans l'entreprise, ainsi que le lancement d'une procédure auprès de l'inspection du travail.
Des projets sans lendemain ?
Le nouvel autocar de 14 mètres de long pour 44 sièges dispose d'un toit en verre panoramique et d'un confort "digne d’une classe business d’une belle compagnie aérienne", selon le groupe - DR : NAP Tourisme
Interrogée par nos soins mi-juin 2019, la direction de NAP n'a répondu qu'avec parcimonie et par mail à certaines de nos questions. Les réponses sont restées très évasives.
Christophe Beranger, son président, nous dresse un bilan positif des derniers mois : « la progression du chiffre d'affaires d’avril est de +3%, et de +49% pour mai versus les mois miroir 2018. Juin devrait être dans la tendance de mai et nous disposons d’une perspective sur le second semestre de l’ordre de +30%, en incluant les mois de plus faible activité de fin d’année. NAP Tourisme se porte mieux et regarde son futur avec envie », nous écrivait-il, sans fournir davantage de chiffres, ni de données comparatives.
Le groupe nous apprend également son intention d'acquérir 3 autocars SETRA 517 HDH « dans le courant de l’été.
Le SETRA est un véhicule de tête pour le transport de personnes dans le cadre de congrès, de conventions, voire de réceptif. Il peut être aussi le moyen de transporter un groupe sur une destination touristique longue comprenant plusieurs étapes. Dans tous les cas, spécifiquement pour ce véhicule rare (3 unités en France), sa destination est premium », poursuit Christophe Beranger.
L'autocar mesure 14 mètres de long, pour 44 sièges, chacun équipé d’un écran vidéo au format des compagnies aériennes.
Avec un toit en verre panoramique, « le confort de ce véhicule est digne d’une classe business d’une belle compagnie aérienne. Il préfigure ce que nous mettons en place pour offrir un service premium à nos clients », ajoutait Christophe Beranger.
Pourtant il semblerait que, depuis, le projet n'a pas pu aboutir, faute de financements.
Malgré nos relances, nous n'avons obtenu aucun commentaire de la part de la direction depuis. Un mail de réponse automatique nous indique seulement que le directeur général, Eric Deshayes, n'est plus en poste, remplacé par Philippe Grellet, le directeur administratif et financier.
« Nous n'avons pas eu d'explication quant à son départ », indique Leonel de Abreu, qui était présent lors de la dernière assemblée générale des actionnaires, le 25 juin 2019.
De son côté, l'administrateur judiciaire « ne souhaite pas communiquer sur une procédure actuellement en cours », quant à l'acquisition ou non des nouveaux autocars.
Christophe Beranger, son président, nous dresse un bilan positif des derniers mois : « la progression du chiffre d'affaires d’avril est de +3%, et de +49% pour mai versus les mois miroir 2018. Juin devrait être dans la tendance de mai et nous disposons d’une perspective sur le second semestre de l’ordre de +30%, en incluant les mois de plus faible activité de fin d’année. NAP Tourisme se porte mieux et regarde son futur avec envie », nous écrivait-il, sans fournir davantage de chiffres, ni de données comparatives.
Le groupe nous apprend également son intention d'acquérir 3 autocars SETRA 517 HDH « dans le courant de l’été.
Le SETRA est un véhicule de tête pour le transport de personnes dans le cadre de congrès, de conventions, voire de réceptif. Il peut être aussi le moyen de transporter un groupe sur une destination touristique longue comprenant plusieurs étapes. Dans tous les cas, spécifiquement pour ce véhicule rare (3 unités en France), sa destination est premium », poursuit Christophe Beranger.
L'autocar mesure 14 mètres de long, pour 44 sièges, chacun équipé d’un écran vidéo au format des compagnies aériennes.
Avec un toit en verre panoramique, « le confort de ce véhicule est digne d’une classe business d’une belle compagnie aérienne. Il préfigure ce que nous mettons en place pour offrir un service premium à nos clients », ajoutait Christophe Beranger.
Pourtant il semblerait que, depuis, le projet n'a pas pu aboutir, faute de financements.
Malgré nos relances, nous n'avons obtenu aucun commentaire de la part de la direction depuis. Un mail de réponse automatique nous indique seulement que le directeur général, Eric Deshayes, n'est plus en poste, remplacé par Philippe Grellet, le directeur administratif et financier.
« Nous n'avons pas eu d'explication quant à son départ », indique Leonel de Abreu, qui était présent lors de la dernière assemblée générale des actionnaires, le 25 juin 2019.
De son côté, l'administrateur judiciaire « ne souhaite pas communiquer sur une procédure actuellement en cours », quant à l'acquisition ou non des nouveaux autocars.
La nouvelle stratégie peut-elle redresser la barre ?
La stratégie mise en place par l'actuelle direction de NAP Tourisme laisse les salariés perplexes.
« Sur les quelque 5 M€ de chiffre d'affaires réalisés au 1er semestre 2019, environ 3,7 M€ proviennent des lignes régulières de la métropole, des agglos, des écoles, etc. et 1,3 M€ du transport occasionnel et des croisiéristes, nous précise un salarié.
Aujourd'hui le groupe ne peut plus répondre aux appels d'offres pour renouveler le transport régulier et la direction veut orienter le groupe vers les services VIP, l'occasionnel et les croisiéristes. Mais cela rapporte à peine un tiers de revenus à NAP... », nous confie-t-il, inquiet.
Réunis le 5 juillet dernier en comité social et économique, les représentants des salariés ne se disent pas « optimistes quant au redressement de la société ».
Ils citent, entre autres, la perte de 80% des lignes régulières et les dettes non remboursées et espèrent que « PMA Corporate Restructuring mettra rapidement en place de vrais outils de gestion pour permettre d'aller chercher du chiffre d'affaires. »
En juin, lorsque nous l'interrogions sur la stratégie mise en place, voici ce que Christophe Beranger nous répondait : « nous continuons d’exploiter les lignes régulières qui font sens pour l’entreprise ».
Sur la partie production touristique, depuis la fermeture des agences, il nous indiquait que « cette production impliquait peu NAP Tourisme. Les marges d’intermédiation étaient faibles, très faibles versus les charges. Nous nous "focusons" sur le transport terrestre et donc sur NAP ».
Quant à l'édition de nouvelles brochures, il précisait que tous les canaux de communication étaient reconsidérés, y compris les catalogues et la présentation d’offres digitales. Des réponses très vagues pour une société qui est en redressement depuis quatre mois.
Tout aussi curieux, le sort du dépôt d'autocars de Lançon-Provence. Alors que le site n'exploite plus qu'une seule ligne (la n°6 du réseau Car Treize, qui relie Saint-Chamas à Salon-de-Provence), il emploie toujours près de 25 salariés, dont la plupart ont refusé le transfert de leur contrat de travail vers un autre autocariste, lorsque les lignes ont été cédées.
Depuis le 8 juillet, la plupart n'ont plus d'activité et attendent qu'on leur propose une solution. Si certains seront probablement reclassés sur le site d'Aubagne, d'autres pourraient être confrontés à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
Une situation qui n'est pas sans rappeler celle des salariés de l'entreprise de menuiserie dijonnaise Pacotte et Mignotte, elle aussi conseillée par PMA Corporate Restructuring et Christophe Beranger.
LIRE A CE SUJET : Pourquoi trois actionnaires de la menuiserie Pacotte et Mignotte, dont Bpifrance, cherchent à remplacer le management au profit de Léon le Nettoyeur
Affaire à suivre...
« Sur les quelque 5 M€ de chiffre d'affaires réalisés au 1er semestre 2019, environ 3,7 M€ proviennent des lignes régulières de la métropole, des agglos, des écoles, etc. et 1,3 M€ du transport occasionnel et des croisiéristes, nous précise un salarié.
Aujourd'hui le groupe ne peut plus répondre aux appels d'offres pour renouveler le transport régulier et la direction veut orienter le groupe vers les services VIP, l'occasionnel et les croisiéristes. Mais cela rapporte à peine un tiers de revenus à NAP... », nous confie-t-il, inquiet.
Réunis le 5 juillet dernier en comité social et économique, les représentants des salariés ne se disent pas « optimistes quant au redressement de la société ».
Ils citent, entre autres, la perte de 80% des lignes régulières et les dettes non remboursées et espèrent que « PMA Corporate Restructuring mettra rapidement en place de vrais outils de gestion pour permettre d'aller chercher du chiffre d'affaires. »
En juin, lorsque nous l'interrogions sur la stratégie mise en place, voici ce que Christophe Beranger nous répondait : « nous continuons d’exploiter les lignes régulières qui font sens pour l’entreprise ».
Sur la partie production touristique, depuis la fermeture des agences, il nous indiquait que « cette production impliquait peu NAP Tourisme. Les marges d’intermédiation étaient faibles, très faibles versus les charges. Nous nous "focusons" sur le transport terrestre et donc sur NAP ».
Quant à l'édition de nouvelles brochures, il précisait que tous les canaux de communication étaient reconsidérés, y compris les catalogues et la présentation d’offres digitales. Des réponses très vagues pour une société qui est en redressement depuis quatre mois.
Tout aussi curieux, le sort du dépôt d'autocars de Lançon-Provence. Alors que le site n'exploite plus qu'une seule ligne (la n°6 du réseau Car Treize, qui relie Saint-Chamas à Salon-de-Provence), il emploie toujours près de 25 salariés, dont la plupart ont refusé le transfert de leur contrat de travail vers un autre autocariste, lorsque les lignes ont été cédées.
Depuis le 8 juillet, la plupart n'ont plus d'activité et attendent qu'on leur propose une solution. Si certains seront probablement reclassés sur le site d'Aubagne, d'autres pourraient être confrontés à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
Une situation qui n'est pas sans rappeler celle des salariés de l'entreprise de menuiserie dijonnaise Pacotte et Mignotte, elle aussi conseillée par PMA Corporate Restructuring et Christophe Beranger.
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Affaire à suivre...