Le nord-ouest de l'Arabie Saoudite abritera bientôt le gigantesque projet NEOM, une zone franche de 26 500 km2 - DR NEOM
La manne pétrolière n’est décidément plus ce qu’elle était. L’Arabie Saoudite n’a plus le choix et doit passer de l’économie de rente à un modèle économique d’ouverture.
Levier non négligeable et générateur d’emplois, le tourisme est désormais le secteur privilégié par le royaume. Du moins c’est la volonté du nouvel homme fort d’Arabie Saoudite, le prince hériter Mohammed ben Salmane Al Saoud (ou « MBS »).
Il s’agit, déclarait-il déjà en 2015 devant les ministres du tourisme présents au G20, d’une « initiative stratégique de développement pour le royaume.
Le tourisme n’a que 15 ans en Arabie Saoudite (NDLR : création en 2000 de la Commission du tourisme et du patrimoine national – SCTH) et il représente déjà le 2e secteur de recrutement ».
Il faut dire que le chômage est une épée de Damoclès sur la tête de l’Arabie Saoudite : il concerne plus de 35% des actifs. « Le royaume compte 20 millions de Saoudiens dont les 2/3 ont moins de 30 ans, analyse Mounir Slimani, deuxième conseiller auprès de l’Ambassade de France en Arabie saoudite. Cette population est jeune, éduquée, elle a fait des études et veut un travail à la hauteur de ses attentes ».
En cela, le tourisme génère suffisamment d’emplois directs ou indirects pour satisfaire cette jeunesse et conserver une paix sociale que garantissait le pétrole.
Guides multilingues, restauration, transport, construction, ingénierie, informatique… le tourisme est le nouvel Eldorado du royaume.
Problème : malgré les ambitions affichées, pour le moment, seuls les pèlerins ou hommes d'affaires étrangers peuvent se rendre en Arabie Saoudite.
Levier non négligeable et générateur d’emplois, le tourisme est désormais le secteur privilégié par le royaume. Du moins c’est la volonté du nouvel homme fort d’Arabie Saoudite, le prince hériter Mohammed ben Salmane Al Saoud (ou « MBS »).
Il s’agit, déclarait-il déjà en 2015 devant les ministres du tourisme présents au G20, d’une « initiative stratégique de développement pour le royaume.
Le tourisme n’a que 15 ans en Arabie Saoudite (NDLR : création en 2000 de la Commission du tourisme et du patrimoine national – SCTH) et il représente déjà le 2e secteur de recrutement ».
Il faut dire que le chômage est une épée de Damoclès sur la tête de l’Arabie Saoudite : il concerne plus de 35% des actifs. « Le royaume compte 20 millions de Saoudiens dont les 2/3 ont moins de 30 ans, analyse Mounir Slimani, deuxième conseiller auprès de l’Ambassade de France en Arabie saoudite. Cette population est jeune, éduquée, elle a fait des études et veut un travail à la hauteur de ses attentes ».
En cela, le tourisme génère suffisamment d’emplois directs ou indirects pour satisfaire cette jeunesse et conserver une paix sociale que garantissait le pétrole.
Guides multilingues, restauration, transport, construction, ingénierie, informatique… le tourisme est le nouvel Eldorado du royaume.
Problème : malgré les ambitions affichées, pour le moment, seuls les pèlerins ou hommes d'affaires étrangers peuvent se rendre en Arabie Saoudite.
Ouverture des visas de tourisme
Qu'à cela ne tienne. Le prince Sulan ben Salmane, à la tête de la SCTH déclarait fin octobre 2017 que la délivrance de visas touristiques était pour bientôt, une décision révélée le 27 octobre 2017 par le quotidien El Watan.
« C’est une annonce à relativiser, explique Mounir Slimani. Nous n’avons pas plus d’informations que la presse. C’est un vieux projet, qui devait d’abord être mis en place pour que les pèlerins puissent continuer leur séjour et valoriser les sites historiques… Il est logique de vouloir l’ouvrir à tous. »
Pas d’annonce de date officielle, mais à la vitesse à laquelle évoluent les projets dans le secteur, il y a fort à parier que la mise en place soit effective très rapidement, courant 2018.
L'ouverture n'est pas encore complète : les voyageurs devront passer par une agence de voyages agréée. Mais c'est tout de même une petite révolution.
D'autant que les choses allant très vite, il est possible que certaines mesures s'assouplissent au fil du temps.
Et de fait, les annonces se multiplient.
« C’est une annonce à relativiser, explique Mounir Slimani. Nous n’avons pas plus d’informations que la presse. C’est un vieux projet, qui devait d’abord être mis en place pour que les pèlerins puissent continuer leur séjour et valoriser les sites historiques… Il est logique de vouloir l’ouvrir à tous. »
Pas d’annonce de date officielle, mais à la vitesse à laquelle évoluent les projets dans le secteur, il y a fort à parier que la mise en place soit effective très rapidement, courant 2018.
L'ouverture n'est pas encore complète : les voyageurs devront passer par une agence de voyages agréée. Mais c'est tout de même une petite révolution.
D'autant que les choses allant très vite, il est possible que certaines mesures s'assouplissent au fil du temps.
Et de fait, les annonces se multiplient.
Des projets pharaoniques
Le 20 septembre 2017, la Saudi Press Agency indiquait que le fonds d'investissement public annonçait « la création d'une société d'investissement dans le secteur du divertissement (…) La société mettra en place un certain nombre de projets dans le secteur du loisir et envisage de lancer le premier complexe de divertissement d'ici 2019 ».
Situé au sud-ouest de Riyad, la cité du divertissement devrait se déployer sur 334 km2 et abriter des parcs d’attractions, un safari et de multiples propositions culturelles, de bien-être et sportives. Elle prévoit aussi les infrastructures (restauration et hôtellerie) nécessaires. Le tout sera accessible dès 2022.
Sur 200 km de côte sur la Mer Rouge, le Red Sea Project prévoit une zone franche dédiée au tourisme de luxe, au bien-être, à l’écologie et au patrimoine.
Vous avez dit gigantisme et démesure ? Lors d'une conférence fin octobre 2017, le Prince a annoncé sa volonté de se lancer dans le tourisme spatial et la construction de Neom, cette zone de 26 500 km2 (environ 3 fois la superficie de Chypre), entre l’Égypte et la Jordanie, qui devrait sortir de terre d’ici 2025.
Financée par des fonds publics et des investisseurs internationaux (500 milliards de dollars), NEOM sera juridiquement indépendante du pouvoir local et au plus près des normes internationales, indique le site officiel. Comprendre, occidentalisée, comme le montre la vidéo promotionnelle ci-dessus.
Une mégalopole plutôt tournée vers le secteur du business, mais qui devrait attirer de nombreux curieux, un peu à la manière du voisin Dubaï.
« Il y a tout à faire, et la France a de nombreuses compétences à faire valoir. Elle soutiendra ses entreprises si elles souhaitent investir », indique Mounir Slimani, ajoutant prudemment « mais nous n’en sommes pas là ».
Rien n’est moins sûr, vu la vitesse à laquelle le Prince développe ses projets ; d’autant que les groupes Vinci, Bouygues ou Accor sont déjà bien implantés dans le Royaume.
Situé au sud-ouest de Riyad, la cité du divertissement devrait se déployer sur 334 km2 et abriter des parcs d’attractions, un safari et de multiples propositions culturelles, de bien-être et sportives. Elle prévoit aussi les infrastructures (restauration et hôtellerie) nécessaires. Le tout sera accessible dès 2022.
Sur 200 km de côte sur la Mer Rouge, le Red Sea Project prévoit une zone franche dédiée au tourisme de luxe, au bien-être, à l’écologie et au patrimoine.
Vous avez dit gigantisme et démesure ? Lors d'une conférence fin octobre 2017, le Prince a annoncé sa volonté de se lancer dans le tourisme spatial et la construction de Neom, cette zone de 26 500 km2 (environ 3 fois la superficie de Chypre), entre l’Égypte et la Jordanie, qui devrait sortir de terre d’ici 2025.
Financée par des fonds publics et des investisseurs internationaux (500 milliards de dollars), NEOM sera juridiquement indépendante du pouvoir local et au plus près des normes internationales, indique le site officiel. Comprendre, occidentalisée, comme le montre la vidéo promotionnelle ci-dessus.
Une mégalopole plutôt tournée vers le secteur du business, mais qui devrait attirer de nombreux curieux, un peu à la manière du voisin Dubaï.
« Il y a tout à faire, et la France a de nombreuses compétences à faire valoir. Elle soutiendra ses entreprises si elles souhaitent investir », indique Mounir Slimani, ajoutant prudemment « mais nous n’en sommes pas là ».
Rien n’est moins sûr, vu la vitesse à laquelle le Prince développe ses projets ; d’autant que les groupes Vinci, Bouygues ou Accor sont déjà bien implantés dans le Royaume.
L'arrivée de la culture pop
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La population saoudienne est jeune et plutôt heureuse de voir son pays s’ouvrir à l’économie du loisir.
Déjà en octobre 2016, l’Arabie Saoudite accueillait pour la première fois ILuminate, un spectacle international de hip-hop.
Un concert pop était organisé dans la foulée et l’ouverture de l’émission musicale « Arabs Got Talent » (« les Arabes ont du talent », dont il existait jusqu’à récemment un équivalent français) programmée.
En février 2017, le premier Comic Con saoudien voyait le jour. Puis un premier opéra, l’ouverture du pays au cinéma, l’accès aux stades pour tous…
Pour soutenir cette volonté d’ouverture, l’Arabie Saoudite a créé l'Autorité Générale pour le Divertissement qui compte dans son comité directeur une femme et deux occidentaux.
Son rôle est de valider les événements et les prestataires ou partenaires associés… Mais surtout de contrôler la nature de l’événement et le choix des artistes.
Un gage pour les conservateurs qui grincent des dents. Les oulémas aussi acceptent du bout des lèvres. Bien obligés, puisque la population soutient majoritairement le programme d’ouverture « vision 2030 ».
Déjà en octobre 2016, l’Arabie Saoudite accueillait pour la première fois ILuminate, un spectacle international de hip-hop.
Un concert pop était organisé dans la foulée et l’ouverture de l’émission musicale « Arabs Got Talent » (« les Arabes ont du talent », dont il existait jusqu’à récemment un équivalent français) programmée.
En février 2017, le premier Comic Con saoudien voyait le jour. Puis un premier opéra, l’ouverture du pays au cinéma, l’accès aux stades pour tous…
Pour soutenir cette volonté d’ouverture, l’Arabie Saoudite a créé l'Autorité Générale pour le Divertissement qui compte dans son comité directeur une femme et deux occidentaux.
Son rôle est de valider les événements et les prestataires ou partenaires associés… Mais surtout de contrôler la nature de l’événement et le choix des artistes.
Un gage pour les conservateurs qui grincent des dents. Les oulémas aussi acceptent du bout des lèvres. Bien obligés, puisque la population soutient majoritairement le programme d’ouverture « vision 2030 ».
Une modernisation sous tension
Une jeunesse certes enthousiaste, mais qui demande à voir l’application dans les faits. Car si cette ouverture est sociale (les femmes pourront conduire dès juin 2018) et économique (notamment via l’industrie du tourisme), elle est loin d’être totale.
MBS impose ses choix. Même si l’ouverture de la société saoudienne est loin d’être complète et que la police religieuse garde son pouvoir, les relations avec les conservateurs et les religieux sont souvent tendues.
La famille royale non plus n'est pas ravie de l'arrivée de MBS au pouvoir. Comme ne le veut pas la tradition (qui place sur le trône le frère et non le fils du roi), MBS est Prince-héritier… Mais aussi vice-Premier ministre, président du Conseil des Affaires Économiques et du Développement, responsable de la politique pétrolière et économique du Royaume et ministre de la Défense. MBS concentre le pouvoir entre ses mains.
Nommé récemment à la tête d’un comité anti-corruption, MBS n’a pas attendu longtemps avant de faire écarter du pouvoir et arrêter, le 4 novembre 2017, des dizaines de personnalités issues de la famille royale ou du milieu politique traditionnel.
La situation diplomatique est comparée par la presse à un Vietnam de l'Arabie Saoudite.
Depuis 2014, le Yémen est le théâtre de luttes de pouvoir entre la coalition arabe menée par le royaume et l’Iran, qui soutient les rebelles chiites cherchant à prendre le pouvoir.
Samedi 4 novembre 2017, un tir de missile visant l’aéroport de Riyad a tendu la situation et le 6 novembre 2017, MBS qualifiait la position de l’Iran d’« acte de guerre ». Une guerre qui salit cette image de prince novateur et pourrait ralentir ses grands projets.
Jugé brutal, MBS ne prend pas de gants avec les tenants les plus traditionalistes de la société. Il impose une modernisation économique et sociale à laquelle l’Arabie Saoudite n’est peut-être pas tout à fait prête, tout en transformant politiquement le pays en monarchie absolue.
L’avenir nous dira si c’est un bon calcul.
MBS impose ses choix. Même si l’ouverture de la société saoudienne est loin d’être complète et que la police religieuse garde son pouvoir, les relations avec les conservateurs et les religieux sont souvent tendues.
La famille royale non plus n'est pas ravie de l'arrivée de MBS au pouvoir. Comme ne le veut pas la tradition (qui place sur le trône le frère et non le fils du roi), MBS est Prince-héritier… Mais aussi vice-Premier ministre, président du Conseil des Affaires Économiques et du Développement, responsable de la politique pétrolière et économique du Royaume et ministre de la Défense. MBS concentre le pouvoir entre ses mains.
Nommé récemment à la tête d’un comité anti-corruption, MBS n’a pas attendu longtemps avant de faire écarter du pouvoir et arrêter, le 4 novembre 2017, des dizaines de personnalités issues de la famille royale ou du milieu politique traditionnel.
La situation diplomatique est comparée par la presse à un Vietnam de l'Arabie Saoudite.
Depuis 2014, le Yémen est le théâtre de luttes de pouvoir entre la coalition arabe menée par le royaume et l’Iran, qui soutient les rebelles chiites cherchant à prendre le pouvoir.
Samedi 4 novembre 2017, un tir de missile visant l’aéroport de Riyad a tendu la situation et le 6 novembre 2017, MBS qualifiait la position de l’Iran d’« acte de guerre ». Une guerre qui salit cette image de prince novateur et pourrait ralentir ses grands projets.
Jugé brutal, MBS ne prend pas de gants avec les tenants les plus traditionalistes de la société. Il impose une modernisation économique et sociale à laquelle l’Arabie Saoudite n’est peut-être pas tout à fait prête, tout en transformant politiquement le pays en monarchie absolue.
L’avenir nous dira si c’est un bon calcul.