Pour couvrir les risques encourus par la CRF Selectour a réclamé un déposit à toutes les agences - Crédit photo : Depositphotos @OceanProd
Pendant que la presse grand public s'inquiète des risques pesant sur l'industrie, sur le remboursement des avoirs, les réseaux de distribution entament les grandes manoeuvres.
Alors que les patrons militent auprès des agences pour transformer les avoirs en départ dès cet été, au-dessus l'objectif est d'assurer la survie et de "bétonner".
A commencer par Selectour qui vient de prendre une décision radicale lors de son Conseil d'administration, la semaine dernière.
"Laurent Abitbol nous a expliqué lors d'une visio la nécessité de mettre en place un déposit en fonction du volume de la Centrale des Règlements Fournisseurs (CRF) en 2019," nous précise un adhérent.
Cette somme réclamée à toutes les agences de voyages doit permettre non "pas de couvrir l'ensemble des avoirs, mais un déposit minimal pour couvrir la CRF," dévoile Yvon Peltanche, le patron d'Eden Tours.
Les sommes demandées sont de quelques milliers d'euros pour les agences de voyages à beaucoup plus pour les petits réseaux.
Alors que les patrons militent auprès des agences pour transformer les avoirs en départ dès cet été, au-dessus l'objectif est d'assurer la survie et de "bétonner".
A commencer par Selectour qui vient de prendre une décision radicale lors de son Conseil d'administration, la semaine dernière.
"Laurent Abitbol nous a expliqué lors d'une visio la nécessité de mettre en place un déposit en fonction du volume de la Centrale des Règlements Fournisseurs (CRF) en 2019," nous précise un adhérent.
Cette somme réclamée à toutes les agences de voyages doit permettre non "pas de couvrir l'ensemble des avoirs, mais un déposit minimal pour couvrir la CRF," dévoile Yvon Peltanche, le patron d'Eden Tours.
Les sommes demandées sont de quelques milliers d'euros pour les agences de voyages à beaucoup plus pour les petits réseaux.
Pourquoi Selectour demande un déposit aux agences de voyages ?
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Pour justifier cette nouvelle somme réclamée par le réseau, une lettre a été envoyée aux quatre coins de la France stipulant que la crise provoquée par le coronavirus "augmente les risques encourus par Selectour du fait de la centralisation des règlements des Fournisseurs (CRF)."
Cette centrale permet de sécuriser les paiements entre les agences et les tour-opérateurs, mais aussi de soulager les points de vente en cas de défaillance des producteurs, et vice-versa.
Rappelons que plus d'un milliard d'euros d'avoirs sont actuellement détenus par les agents de voyages français. Selon BFMTV qui cite l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), les agences ne seraient pas en mesure d'en rembourser 500 millions d'euros.
Dans ce contexte, la CRF de Selectour, de par sa taille, serait potentiellement la plus exposée.
"Avec ce redémarrage et au paiement de la CRF qui va s'ensuivre, le réseau doit protéger vos intérêts, face aux éventuels risques que peuvent provoquer des incidents de paiements de la part des agences.
Cette réflexion a débouché sur une décision temporaire du Directoire concernant la centralisation des flux CRF." selon la lettre envoyée aux adhérents et que nous avons pu consulter.
La mesure est annoncée comme exceptionnelle et ponctuelle, avec une échéance de remboursement le 31 janvier 2022. Elle a été demandée à tous les adhérents sans exception.
D'ici cette date, alors que septembre 2021 sera passé, le réseau pourra assumer le risque encouru et effectuer la restitution des sommes versées par les points de vente.
"Cette solution n'aurait pu être mise en place l'année dernière, puisqu'il n'y avait pas de départ, le risque était plus limité. Par contre celui-ci est plus élevé maintenant, avec toutes les réservations que nous engrangeons depuis mai," analyse Yvon Peltanche.
Cette centrale permet de sécuriser les paiements entre les agences et les tour-opérateurs, mais aussi de soulager les points de vente en cas de défaillance des producteurs, et vice-versa.
Rappelons que plus d'un milliard d'euros d'avoirs sont actuellement détenus par les agents de voyages français. Selon BFMTV qui cite l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), les agences ne seraient pas en mesure d'en rembourser 500 millions d'euros.
Dans ce contexte, la CRF de Selectour, de par sa taille, serait potentiellement la plus exposée.
"Avec ce redémarrage et au paiement de la CRF qui va s'ensuivre, le réseau doit protéger vos intérêts, face aux éventuels risques que peuvent provoquer des incidents de paiements de la part des agences.
Cette réflexion a débouché sur une décision temporaire du Directoire concernant la centralisation des flux CRF." selon la lettre envoyée aux adhérents et que nous avons pu consulter.
La mesure est annoncée comme exceptionnelle et ponctuelle, avec une échéance de remboursement le 31 janvier 2022. Elle a été demandée à tous les adhérents sans exception.
D'ici cette date, alors que septembre 2021 sera passé, le réseau pourra assumer le risque encouru et effectuer la restitution des sommes versées par les points de vente.
"Cette solution n'aurait pu être mise en place l'année dernière, puisqu'il n'y avait pas de départ, le risque était plus limité. Par contre celui-ci est plus élevé maintenant, avec toutes les réservations que nous engrangeons depuis mai," analyse Yvon Peltanche.
Selectour : des adhérents [presque] tous unanimes
Un dispositif qui a été globalement plutôt bien accueilli par les professionnels affiliés au réseau de distribution, même si une voix dissonante a été entendue au moment de présenter la solution.
"Je me souviens d'une femme qui a pris la parole durant la visioconférence, pour se plaindre qu'elle ne devait pas supporter la mauvaise gestion des autres.
Elle a juste remis en question le fait que le collectif supporte le risque," se remémore un responsable.
Une autre agence déplore le "manque de transparence" des modalités. Pourquoi n'a-t-on pas précisé les modalités précises dans le courrier qui nous est parvenu ? Le volume d'affaires n'est qu'un critère parmi d'autres. Quid de la situation financière de l'agence, de ses bilans précédents et des conséquences en cas de défaillance importante ? Les sommes perçues seront-elles conservées pour garantir le collectif ?
Malgré quelques voix discordantes, les patrons interrogés sont unanimes et relayent le même message que celui d'Alain Hamon, président du Groupe Le Vacon : "Ce n'est pas forcément par rapport aux avoirs, mais plutôt une volonté de sécuriser l'ensemble de l'activité de Selectour. J'ai trouvé la décision raisonnée et raisonnable, cela ne me pose aucun problème."
Et dans une conjoncture qui s'améliore doucement pour les agences de voyages, il n'y a pas de quoi remplir les caisses.
Ainsi, les carnets de commandes grossissent ou les avoirs sont transformés en séjours effectifs cette fois-ci, mais pas encore en recette. Le risque reste très élevé, alors que les frais se font plus nombreux.
"Nous avons versé le déposit depuis très longtemps, je trouve ça normal. Nous l'avons organisé avant même que le réseau le réclame", explique Adriana Minchella, la présidente du CEDIV.
En effet, les adhérents du réseau indépendant ont été sollicités dès décembre 2020, pour sécuriser les paiements. Et la fondatrice de l'agence Ellipse Voyage de poursuivre :"Il est tout à fait normal de trouver des solutions, car nul ne sait de quoi demain sera fait. Le problème est collectif, il n'est pas possible de mettre en péril, toute une organisation.
Nul ne peut critiquer cette décision, après il n'est pas normal que la responsabilité des uns inquiète la structure collective."
Le son de cloche est plutôt le même pour un autre patron de réseau de distribution qui approuve, lui aussi, le mécanisme.
"Je me souviens d'une femme qui a pris la parole durant la visioconférence, pour se plaindre qu'elle ne devait pas supporter la mauvaise gestion des autres.
Elle a juste remis en question le fait que le collectif supporte le risque," se remémore un responsable.
Une autre agence déplore le "manque de transparence" des modalités. Pourquoi n'a-t-on pas précisé les modalités précises dans le courrier qui nous est parvenu ? Le volume d'affaires n'est qu'un critère parmi d'autres. Quid de la situation financière de l'agence, de ses bilans précédents et des conséquences en cas de défaillance importante ? Les sommes perçues seront-elles conservées pour garantir le collectif ?
Malgré quelques voix discordantes, les patrons interrogés sont unanimes et relayent le même message que celui d'Alain Hamon, président du Groupe Le Vacon : "Ce n'est pas forcément par rapport aux avoirs, mais plutôt une volonté de sécuriser l'ensemble de l'activité de Selectour. J'ai trouvé la décision raisonnée et raisonnable, cela ne me pose aucun problème."
Et dans une conjoncture qui s'améliore doucement pour les agences de voyages, il n'y a pas de quoi remplir les caisses.
Ainsi, les carnets de commandes grossissent ou les avoirs sont transformés en séjours effectifs cette fois-ci, mais pas encore en recette. Le risque reste très élevé, alors que les frais se font plus nombreux.
"Nous avons versé le déposit depuis très longtemps, je trouve ça normal. Nous l'avons organisé avant même que le réseau le réclame", explique Adriana Minchella, la présidente du CEDIV.
En effet, les adhérents du réseau indépendant ont été sollicités dès décembre 2020, pour sécuriser les paiements. Et la fondatrice de l'agence Ellipse Voyage de poursuivre :"Il est tout à fait normal de trouver des solutions, car nul ne sait de quoi demain sera fait. Le problème est collectif, il n'est pas possible de mettre en péril, toute une organisation.
Nul ne peut critiquer cette décision, après il n'est pas normal que la responsabilité des uns inquiète la structure collective."
Le son de cloche est plutôt le même pour un autre patron de réseau de distribution qui approuve, lui aussi, le mécanisme.
Tourcom ne demandera pas de déposits à ses adhérents
"A partir du moment où le réseau veut sécuriser un peu plus ça ne me choque pas, car c'est une chaine vertueuse.
Comme contre exemple vous avez l'APST et Thomas Cook qui perdait 30 millions par an, l'assurer était un acte de mauvaise gestion, dans le cas présent c'est plutôt un acte de bonne gestion."
Pour une fois aucune langue ne viendra ébranler la muraille Selectour.
Une position unanime qu'il faut sans doute tempérer un peu. Nous nous doutons bien que certains agents n'ont pas dû apprécier la demande de versement alors que la situation financière du secteur s'améliore à peine.
Malgré tout, cette décision interpelle et nous fait surtout penser que le réseau a identifié un risque, plus ou moins élevé de défaillances.
"Dans le même temps, quand vous êtes voyagistes et que vous versez un acompte à un prestataire, dans le cadre d'une relation BtoB vous n'avez aucune garantie.
Vous comprendrez qu'il ne faut pas blâmer la prudence, puis ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas payer enverront un signal très négatif," poursuit l'adhérent plutôt satisfait de la décision de Selectour.
Chez le concurrent Tourcom, aucune décision n'a été prise pour assurer la solidité de la centrale de paiement, tout simplement, car le réseau serait sain et assaini.
"Nous assurons un suivi strict de la santé financière des agences, notamment par des organismes spécialisés, ce qui explique le nombre élevé de radiations chaque année.
De plus, nous pouvons demander des garanties solidaires un peu comme l'APST," annonce Richard Vainopoulos.
Et pour le président de Tourcom, il est hors de question de demander un déposit plutôt perçu comme un manque de confiance, puisque le réseau a de quoi couvrir les défaillances.
Pour assurer sa solidité financière, Tourcom réclame un ratio de rentabilité similaire a celui exigé par IATA, "nous sommes très stricts quelque soit la période,"
Comme contre exemple vous avez l'APST et Thomas Cook qui perdait 30 millions par an, l'assurer était un acte de mauvaise gestion, dans le cas présent c'est plutôt un acte de bonne gestion."
Pour une fois aucune langue ne viendra ébranler la muraille Selectour.
Une position unanime qu'il faut sans doute tempérer un peu. Nous nous doutons bien que certains agents n'ont pas dû apprécier la demande de versement alors que la situation financière du secteur s'améliore à peine.
Malgré tout, cette décision interpelle et nous fait surtout penser que le réseau a identifié un risque, plus ou moins élevé de défaillances.
"Dans le même temps, quand vous êtes voyagistes et que vous versez un acompte à un prestataire, dans le cadre d'une relation BtoB vous n'avez aucune garantie.
Vous comprendrez qu'il ne faut pas blâmer la prudence, puis ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas payer enverront un signal très négatif," poursuit l'adhérent plutôt satisfait de la décision de Selectour.
Chez le concurrent Tourcom, aucune décision n'a été prise pour assurer la solidité de la centrale de paiement, tout simplement, car le réseau serait sain et assaini.
"Nous assurons un suivi strict de la santé financière des agences, notamment par des organismes spécialisés, ce qui explique le nombre élevé de radiations chaque année.
De plus, nous pouvons demander des garanties solidaires un peu comme l'APST," annonce Richard Vainopoulos.
Et pour le président de Tourcom, il est hors de question de demander un déposit plutôt perçu comme un manque de confiance, puisque le réseau a de quoi couvrir les défaillances.
Pour assurer sa solidité financière, Tourcom réclame un ratio de rentabilité similaire a celui exigé par IATA, "nous sommes très stricts quelque soit la période,"