Nicolas Dubreuil : "Nous devons tirer des enseignements de cette crise. Les opérateurs doivent encore aller plus loin dans la recherche d’un impact environnemental, sociétal ou même microbiologique minimal et transitoire sous toutes ces formes" - DR : Francois Lefebvre
TourMaG.com - Comment avez-vous mis à profit cette période d’arrêt forcé ? Avez-vous notamment préparé les prochaines expéditions de Ponant ?
Nicolas Dubreuil : Pour citer Joseph Kessel, "les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues…"
J’ai donc mis à profit cette période de confinement pour rêver, lire, parcourir des cartes, chercher des destinations, des lieux mystérieux… C’est la partie initiale de mon travail de repérage : la bibliographie.
TourMaG.com - Quelles sont habituellement les autres parties de votre travail de repérage ?
Nicolas Dubreuil : Vient ensuite une partie un peu moins "sexy", mais tout aussi utile : la partie administrative. Il s’agit de contacter les organismes qui s’occupent des régions que j’aimerais explorer pour savoir si cela est possible, s'il y a des restrictions, quels sont les permis nécessaires, les zones à éviter, etc.
Puis arrive la dernière phase : celle où il faut partir sur le terrain pour se confronter au réel ! En un mot : expérimenter et co-construire l’offre touristique que Ponant pourrait développer, avec les acteurs locaux.
TourMaG.com - Comment envisagez-vous la reprise ? Pensez-vous que cette crise sans précédent pourrait impacter la façon dont vous travaillez, et donc vos relations avec les croisiéristes, les prestataires et les populations locales, les partenariats en cours de négociation ?
Nicolas Dubreuil : Je pense et j’espère de tout mon cœur que cette crise va impacter et améliorer encore la façon dont nous travaillons.
Pour moi, l’humanité vient d'entrapercevoir la toute-puissance de la nature, qui peut nous rayer de la surface de la Terre en un claquement de doigts !
Cette crise sanitaire révèle cruellement la façon dont l’homme s’est éloigné de cette nature. C’est dans ce cadre de réflexion que j’intègre le sens des voyages d’expédition : ils sont une façon percutante de retrouver notre juste place dans la nature, de mieux la comprendre et d’apprendre à la respecter.
Le tourisme de l’avenir ne pourra exister que s'il passe par une co-construction de l’offre touristique avec les communautés locales.
Nicolas Dubreuil : Pour citer Joseph Kessel, "les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues…"
J’ai donc mis à profit cette période de confinement pour rêver, lire, parcourir des cartes, chercher des destinations, des lieux mystérieux… C’est la partie initiale de mon travail de repérage : la bibliographie.
TourMaG.com - Quelles sont habituellement les autres parties de votre travail de repérage ?
Nicolas Dubreuil : Vient ensuite une partie un peu moins "sexy", mais tout aussi utile : la partie administrative. Il s’agit de contacter les organismes qui s’occupent des régions que j’aimerais explorer pour savoir si cela est possible, s'il y a des restrictions, quels sont les permis nécessaires, les zones à éviter, etc.
Puis arrive la dernière phase : celle où il faut partir sur le terrain pour se confronter au réel ! En un mot : expérimenter et co-construire l’offre touristique que Ponant pourrait développer, avec les acteurs locaux.
TourMaG.com - Comment envisagez-vous la reprise ? Pensez-vous que cette crise sans précédent pourrait impacter la façon dont vous travaillez, et donc vos relations avec les croisiéristes, les prestataires et les populations locales, les partenariats en cours de négociation ?
Nicolas Dubreuil : Je pense et j’espère de tout mon cœur que cette crise va impacter et améliorer encore la façon dont nous travaillons.
Pour moi, l’humanité vient d'entrapercevoir la toute-puissance de la nature, qui peut nous rayer de la surface de la Terre en un claquement de doigts !
Cette crise sanitaire révèle cruellement la façon dont l’homme s’est éloigné de cette nature. C’est dans ce cadre de réflexion que j’intègre le sens des voyages d’expédition : ils sont une façon percutante de retrouver notre juste place dans la nature, de mieux la comprendre et d’apprendre à la respecter.
Le tourisme de l’avenir ne pourra exister que s'il passe par une co-construction de l’offre touristique avec les communautés locales.
"Nous devons tirer des enseignements de cette crise"
"L’humanité vient d'entrapercevoir la toute-puissance de la nature, qui peut nous rayer de la surface de la Terre en un claquement de doigts !" - DR : Studio Ponant, Sylvain ADENO
TourMaG.com - De nombreux professionnels du tourisme parlent d’une véritable prise de conscience, avec ce virus, et souhaitent revoir leurs priorités, leurs valeurs, tendre vers un tourisme plus écoresponsable. On connait déjà l’engagement de Ponant en la matière, mais pensez-vous qu’il vous faudra tout de même accentuer cette tendance, revoir des procédures ou développer de nouveaux axes ?
Nicolas Dubreuil : En effet c’est ce que nous tentons de faire au quotidien avec Ponant, en nous efforçant dans la conception de nos navires ou de nos croisières de toujours garder le cap d’un tourisme raisonné en accord avec la nature et les populations locales.
Comme je vous le disais, nous devons tirer des enseignements de cette crise.
Les opérateurs doivent encore aller plus loin dans la recherche d’un impact environnemental, sociétal ou même microbiologique minimal et transitoire sous toutes ces formes.
En ce qui concerne les touristes, je pense que nous devons apprendre à voyager moins pour voyager mieux ! Tirer plus d’émotions, de connaissances et d’émerveillements lors de nos voyages.
Cette crise a le mérite de nous faire redécouvrir cette dimension temporelle que nous essayons d’étirer en permanence ! Laissons le temps faire, prenons le temps de la découverte et de l’apprentissage.
Nous devons également changer nos pratiques et ne pas constamment compter sur la technologie. Le changement est inévitable et en paraphrasant Albert Einstein, je dirais que la folie serait de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent !
Dans 10, 15 ou 20 ans, je ne pourrais pas regarder ma fille dans les yeux et lui dire que, moi, dans mon milieu professionnel, je n’ai pas essayé de changer les choses !
Nicolas Dubreuil : En effet c’est ce que nous tentons de faire au quotidien avec Ponant, en nous efforçant dans la conception de nos navires ou de nos croisières de toujours garder le cap d’un tourisme raisonné en accord avec la nature et les populations locales.
Comme je vous le disais, nous devons tirer des enseignements de cette crise.
Les opérateurs doivent encore aller plus loin dans la recherche d’un impact environnemental, sociétal ou même microbiologique minimal et transitoire sous toutes ces formes.
En ce qui concerne les touristes, je pense que nous devons apprendre à voyager moins pour voyager mieux ! Tirer plus d’émotions, de connaissances et d’émerveillements lors de nos voyages.
Cette crise a le mérite de nous faire redécouvrir cette dimension temporelle que nous essayons d’étirer en permanence ! Laissons le temps faire, prenons le temps de la découverte et de l’apprentissage.
Nous devons également changer nos pratiques et ne pas constamment compter sur la technologie. Le changement est inévitable et en paraphrasant Albert Einstein, je dirais que la folie serait de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent !
Dans 10, 15 ou 20 ans, je ne pourrais pas regarder ma fille dans les yeux et lui dire que, moi, dans mon milieu professionnel, je n’ai pas essayé de changer les choses !
"Nous pouvons et devons changer nos façons de faire"
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TourMaG.com - Avez-vous des inquiétudes quant à l’avenir du tourisme face à cette épidémie ?
Nicolas Dubreuil : Je n’ai pas vraiment d’inquiétudes car je pense que le tourisme raisonné et raisonnable est l’une des rares choses qui vous pousse à passer du virtuel au réel, à aller vers l’autre (au sens large : qu’il soit végétal, animal ou humain), à le comprendre et à partager. Et c’est exactement ce dont nous avons besoin !
TourMaG.com - Avec le confinement d’une grande partie de la population mondiale, il semble que la nature a repris ses droits et respire à nouveau. Comment voyez-vous cette pause ? Et surtout au niveau des zones polaires, où l’on parle d’un rétrécissement du trou de la couche d’ozone au-dessus de l’Arctique ?
Nicolas Dubreuil : Ce confinement est une façon percutante de se rendre compte que notre activité a des impacts à longue et très longue distance.
Ce moment de répit que nous nous accordons (de manière un peu forcée, j’en conviens) est partout bénéfique. Il faut surtout espérer que cela ne repartira pas de plus belle dans cette surconsommation effrénée.
De par leur situation extrême, les régions polaires sont particulièrement sensibles. Les polluants divers et variés de nos usines retombent en pluie sur l’Arctique, polluant et modifiant notre environnement.
Nous ne devons pas attendre de nouvelles techniques pour pallier à cela : nous devons changer nos pratiques. L’arrêt des CFC (ou chlorofluorocarbures, ndlr) provoque une diminution du trou de la couche d’ozone, qui pourrait se refermer. Cela prouve bien que nous pouvons et devons changer nos façons de faire.
Nicolas Dubreuil : Je n’ai pas vraiment d’inquiétudes car je pense que le tourisme raisonné et raisonnable est l’une des rares choses qui vous pousse à passer du virtuel au réel, à aller vers l’autre (au sens large : qu’il soit végétal, animal ou humain), à le comprendre et à partager. Et c’est exactement ce dont nous avons besoin !
TourMaG.com - Avec le confinement d’une grande partie de la population mondiale, il semble que la nature a repris ses droits et respire à nouveau. Comment voyez-vous cette pause ? Et surtout au niveau des zones polaires, où l’on parle d’un rétrécissement du trou de la couche d’ozone au-dessus de l’Arctique ?
Nicolas Dubreuil : Ce confinement est une façon percutante de se rendre compte que notre activité a des impacts à longue et très longue distance.
Ce moment de répit que nous nous accordons (de manière un peu forcée, j’en conviens) est partout bénéfique. Il faut surtout espérer que cela ne repartira pas de plus belle dans cette surconsommation effrénée.
De par leur situation extrême, les régions polaires sont particulièrement sensibles. Les polluants divers et variés de nos usines retombent en pluie sur l’Arctique, polluant et modifiant notre environnement.
Nous ne devons pas attendre de nouvelles techniques pour pallier à cela : nous devons changer nos pratiques. L’arrêt des CFC (ou chlorofluorocarbures, ndlr) provoque une diminution du trou de la couche d’ozone, qui pourrait se refermer. Cela prouve bien que nous pouvons et devons changer nos façons de faire.