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Transport aérien : la France devra-t-elle baisser pavillon ?

"Est-il possible de produire en France ?"


A l'heure où certaines compagnies comme Air Méditerranée procèdent à des délocalisation et qu'Air France adopte une stratégie de réduction des coûts, le transport aérien français est-il en danger ? C'est l'objet de la tribune de Romain Papy, Directeur Général d'Air Partner France, que TourMaG.com vous propose dans son intégralité.


Rédigé par Romain Papy le Jeudi 19 Avril 2012

Alors que le débat sur le produire en France s’est imposé comme l’un des rares thèmes de fond de la campagne présidentielle, l’évolution actuelle du secteur aérien illustre avec fracas le bouleversement d’un pan entier de la production nationale.

Le mur commence à se fissurer de toutes parts, selon la Fédération Nationale de l'Aviation Marchande (FNAM) le pavillon français risquerait ni plus ni moins de disparaître comme cela a été le cas pour le transport maritime


La première question est celle des coûts. Est-il possible de gagner la bataille de la clientèle loisirs face aux compagnies bénéficiant de coûts salariaux inférieurs ? En première ligne, les compagnies charter françaises qui font face à l’arrivée progressive des concurrents venus d’Europe centrale et d’Europe de l’Est. Ensuite, même lorsque ces coûts salariaux sont alignés, les compagnies françaises souffrent d’un déficit d’organisation et de productivité.

Même en isolant le poids des cotisations sociales plus élevées, Air France aurait des coûts de production supérieurs de 20% à la moyenne de l’industrie. Cet écart est même de 50% pour Easyjet et de plus de 30% pour Lufthansa. Ce n’est pas tant la grille des salaires qui est en cause mais l’organisation du travail et le sujet tabou des personnels navigants. Les compagnies traditionnelles comme Lufthansa ont réduit le nombre moyen de membres d’équipage par avion tout en augmentant le temps de travail moyen des pilotes.

Quant à Easyjet, la productivité du modèle middle-cost au départ d’aéroports principaux réside sur l’exploitation des fréquences à haute densité. Cela permet une meilleure utilisation des avions. Dans ce contexte, la principale offensive d’Air France est d’engager la bataille des coûts. La réduction des coûts de 15% doit être atteinte grâce à l’augmentation des fréquences sur les liaisons point-à-point au départ des bases de Marseille, Nice et Toulouse, là où les pilotes et navigants résident. Le plan TransForm 2015 d’Air France vise quant à lui à combler cet écart de coût d’au moins 20% par le gel des embauches et des salaires. La deuxième phase de ce plan qui sera présentée en juin 2012 pourrait annoncer un plan de restructuration et la création d’une filiale low cost. 

Air Méditerranée ouvre la brèche

Romain Papy, Directeur Général d'Air Partner France - Photo DR
Romain Papy, Directeur Général d'Air Partner France - Photo DR
Faute de pouvoir se réorganiser, la question de fond de la compétitivité-coût des transporteurs français dans un environnement ouvert ne pourra occulter la question de la délocalisation partielle. Air Méditerranée a ouvert la brèche en délocalisant une partie de sa production en Grèce via sa filiale Hermés.

Cette pratique, encore tabou il y a quelques années, ne fait cependant que s’aligner sur ce que fait dans une logique différente une entreprise comme Volkswagen qui sous-traite une grande partie de son activité dans l’Hinterland d’Europe centrale et orientale. Par exemple, 85% des pièces de la Porsche Cayenne sont fabriquées à Bratislava avant d'être assemblées à Liepzig. Qui plus est, Volkswagen, qui a gagné la bataille des coûts, a également remporté celle du haut-de-gamme.

Alors, comment conduire la montée en gamme? La question de la compétitivité hors-coût ne semble pas avoir été abordée avec la vision nécessaire. Alors que l’image de la France et du luxe pourrait être un véhicule puissant de captation de la clientèle premium dans le monde, Air France n’est pas encore arrivé pleinement à concurrencer les compagnies du Golfe et asiatiques (Emirates, Etihad, Qatar Airways, Singapour Airlines…) sur ce segment de clientèle.

Certes, les pratiques agressives de certaines compagnies soutenues par leur Etat pèsent sur la concurrence. Il n’en demeure pas moins que l’image de marque de la compagnie et celle de la France en général tend à se détériorer. Lufthansa, à travers son alliance avec un acteur de l’aviation privée et la création de sa filiale Lufthansa Private Jets, a déjà compris l’intérêt de séduire la clientèle la plus fortunée en lui offrant l’accès aux jets privés.

La France pourra-t-elle réinventer sa filière à travers des modèles spécifiques économiquement rentables et socialement prospères ? Quelque peu égaré entre le faux low cost et le moyen-de-gamme, le transport aérien français est aujourd’hui à la croisée des chemins.


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Commentaires

1.Posté par Jean le 19/04/2012 12:07 | Alerter
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D'oú la nécessité de réduire le nombre d'intermediaires dans la vente des billets et séjours en préalable à toute autre mesure d'économies!
Il est également prioritaire de diminuer la part de non productifs (administratifs) dans les entreprises de production.
Comment demander à un ouvrier de travailler plus et gagner moins pour continuer de garantir les revenus de 10 secrétaires ou autres cadres administratifs...
Jean

2.Posté par Laure le 19/04/2012 14:03 | Alerter
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Comment peut on dire dire que les administratifs sont non productifs ?????
vous croyez que ce sont les ouvriers , qui en plus de leur boulot vont etablir les payes ????

3.Posté par Jean le 19/04/2012 14:53 (depuis mobile) | Alerter
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Il est très aisé de sous traiter l'établissement de la paye en Inde par exemple...
Jean

4.Posté par Laure le 19/04/2012 15:14 | Alerter
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c'est deja le cas pour une bonne partie des entreprises citées dans l'article, ça permet de pouvoir continuer à engraisser les actionnaires, sans pour autant garantir un salaire decent à ces "productif"......................................ça fait peur de lire des réactions comme celle ci !

5.Posté par Jean le 19/04/2012 18:02 (depuis mobile) | Alerter
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Le partage des richesses ne se fera peut-être pas comme certains l''entendent.
Le communisme et la capitalisme ont prouvés leurs limites.
La croissance basée sur la démographie est désormais caduque.
Les ressources terrestres sont limitées...
Jean

6.Posté par laure le 19/04/2012 19:30 | Alerter
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et, c'est quoi le rapport avec la délocalisation ???
"Le partage des richesses ne se fera peut-être pas comme certains l''entendent."
la je suis bien d'accord
"Le communisme et la capitalisme ont prouvés leurs limites."
il faut savoir regarder, il n'y à pas QUE le communisme et le capitalisme
"La croissance basée sur la démographie est désormais caduque."
arriverions nous à une stabilisation de la population mondiale ??
"Les ressources terrestres sont limitées... "
Il est temps de consommer raisonné !

7.Posté par Harry Cover le 20/04/2012 10:32 | Alerter
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Jean à raison sur un point: réduire le nombre des intermediaire sur la vente de billet et forfait. il faut fermer toutes les agences de voyages.... non je plaisante bien sur.
mon pauvre jean, la verité est ailleurs, et rien à voir avec les intermedaires ou les administratifs...
les compagnies aeriennes (relisez l'arcticle) ce battent contre des concurrents dont les charges ne sont pas du tout celles de la France. comment lutter ??
reduire considérablement les charges sociales, revoir les contraintes liées au travail des naviguant afin de les faire travailler au moins autant ques ls concurents... mais là ... qui aura le courage de le faire ? Saroko ? Melenchon ? Hollande ? Joly .. Poutou peut etre .... aller courage !

8.Posté par Gilles Gompertz // Avico le 20/04/2012 10:47 | Alerter
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Bonjour,

il ne s'agit pas d'un nouveau débat, me semble-t-il. Depuis toujours, le transport aérien est international, et offre le choix aux passagers entre (au moins !), les compagnies aériennes des deux pays desservis.

Depuis longtemps, les passagers aux budgets les plus serrés ont choisi (ou les prescripteurs, tour opérateurs et agents de voyages ont choisi pour eux) les compagnies dites "bout de ligne".

Avec la libéralisation progressive, et tout particulièrement l'Open Sky européen, le mouvement s'est amplifié. La relation Air France / Cityjet en est un bel exemple.

Avec les alliances mondiales, il est difficile de savoir si les Navigants qui nous accueilleront sont français ou non, quelle que soit la destination.

Qu'une compagnie comme Air Méditerrannée, qui a bien compris, comme Corsair, XL... et les compagnies low cost que le modèle Charter était épuisé, et se débatte pour survivre en "délocalisant", c'est un message fort. Mais est-ce si nouveau ?

Quelles sont les clefs d'une industrie de service comme le transport aérien ? La maîtrise des coûts, la qualité du service. Sait-on faire ?

Le transport aérien évolue. Heureusement ! Sait-on s'adapter ?

Je crois que la solution n'est pas politique, elle est pragmatique : saura-t-on satisfaire le client, maîtriser la sécurité, apporter la bonne qualité au bon prix ?

C'est simple, finalement, non ?

Bonne journée

Gilles Gompertz // Avico

9.Posté par Just Biou le 20/04/2012 12:57 | Alerter
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L'histoire est un éternel recommencement. Avec la loi Le Chapelier la Revolution française a supprimé les coalitions et les corporations car elles étaient nuisibles à l'économie. Sous Napoléon III, le syndicalisme renaît progressivement. ensuite, il se développe selon diverses orientations.
Aujourd'hui dans de nombreux secteurs, bien délimités, il ne faut plus parler de syndicats mais de corporations (qui adhérent nominalement à une centrale).

La corporation des dockers a tué les ports français. Comparez Marseille ou Le Havre à Rotterdam ou Anvers ! Pourtant les Néérlandais et les Belges ne crèvent pas de faim.

La corporation des marins de haute mer a tué la marine française.
En Polynésie le m/s Paul Gauguin arbore fièrement le pavillon français mais où est-il immatriculé ? A Marseille ? A Bordeaux ?
Non, il est inscrit au registre maritime de Port-aux-Français. Eh oui, car il y a un registre maritime propre à ce territoire français. (n'allez pas à Port-aux-Français, vous auriez du mal à tourver le registre).

Il échappe à la réglementation générale française, ce qui lui permet d'avoir dans les 80% de marins philippins...... et d'être rentable en apportant sa pierre à l'économie polynésienne (qui est en piètre état avec sa vingtaine, ou plus, de syndicats et ses 29 partis politiques !).

Monsieur Le Chapelier devrait renaître de ses cendres et s'occuper de la CORPORATION des pilotes, de celle des PNC, des contrôleurs aériens, etc..

Pourquoi Air France (déficitaire) est-elle 30% plus chère qui Lufthansa (bénéficiaire). Les salaires allemands sont-ils si bas que cela ??? Si cêst le cas, pourquoi les Alsaciens et les Mosellans vont-ils travailler en Allemagne ? Ils sont maso ??

Pourquoi ne pas immatriculer les avions eux aussi à Port-aux-Français ? C'est une suggestion (sérieuse) au PDG d'Air Méditerranée, ainsi qu'à City Jet.

10.Posté par Harry Cover le 20/04/2012 14:02 | Alerter
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la comparaison entre la france et l'allemagne est peut etre plus claire ici :
http://www.ifrap.org/Comparaison-des-cotisations-sociales-France-Allemagne,12489.html

bref, quoi qu'il en soit, la situation des compagnies aeriennes françaises reste un vrai problème avec de multiples causes :
les charges, l'impossibilité de faire travailler le naviguant au delà d'un quota d'heures, des limitations de mouvements pour l'aéroport d'orly, le prix du billet qui reste bas malgrè des couts de structures à la hausse, et surtout une population française qui voyage peu !


11.Posté par Just Biou le 20/04/2012 15:08 | Alerter
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Cher Harry Cover et Petit Poids,

Quelles que soiênt les cotisations sociales en France et en Allemagne, qu'elles soient payées par l'entreprise, par le salarié ou par le système fiscal la protection sociale allemande n'est plas plus mauvaise que celle de la France. Et globalement c'est toute l'économie qui la supporte = le prix de revient de tout ce qui est produit (beins matériels, services, etc.).

Il y a des plus et des moins mais l'Allemagne n'est pas le Zmbabwe autant que je sache.

En Allemagne la protection sociale date de 1984 !!!. En France il faut la placer, grosso modo, à la Libération.
Lors de son retour à la France l'Alsace-Moselle a conservé le régime allemand sur bien des aspects de la sécurité sociale. Et le régime de ces trois départements est bénéficiaire, car strictement séparé du régime de "l'intérieur" !!! Où est l'erreur ?

Il y a deux mille ans Quelqu'un disait: "Ne cherche pas la paille dans l'oeil du voisin, occupe-toi de la poutre qui est dans ton oeil".


12.Posté par FMC le 20/04/2012 23:25 | Alerter
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Notre problème à nous Français est que la vérité d'un jour doit rester celle de toujours. Et dans un monde qui évolue de plus en plus vite, cette "vérité" entraîne des catastrophes.
Quelques exemples dans d’autres secteurs :
- Peugeot et son usine d’Aulnay : construite au milieu des champs il y a + de 40 ans (ultramoderne à l’époque), elle est aujourd’hui, engluée dans une communauté urbaine gigantesque qui l’empêche d’être rentable. Qui aura le courage d’assumer sa nécessaire fermeture laquelle est combattue ardemment par les syndicats au point de faire tomber PSA dans les mains de General Motors
- Quid de Total, l’un des champions mondiaux du pétrole, mais dont les capacités de raffinage sont sur-dimensionnées aujourd’hui par rapport au besoin. Devrons-nous attendre ses problèmes pour fermer les raffinerie qui doivent l’être ?
- Qu’arrivera-t-il quand Sanofi vendra moins de produits ? Laissera-t-on le laboratoire fermer les usines qui devraient l’être depuis 3 ou 4 ans ou sera-ce trop tard ?
- Souvenons-nous de Péchiney, d’Arcelor (avant Mittal), etc.

Dans le sujet qui nous intéresse, les PNC et PNT Air France (car au sol on fait le dos rond et on subit) continue de croire à la compagnie n°1 mondiale qu’ils ont été GRACE au rachat de KLM. Qu’ont-ils fait pour s’adapter à l’émergence des low-costs et compagnie du Golfe ? Rien si ce n’est défendre leurs acquis…

Le rôle de nos dirigeants politiques et économiques est d’anticiper et de conduire les évolutions de notre pays au sein d’un flux planétaire de plus en plus rapide. Celui des syndicats de défendre avec réalisme les intérêts de nos ouvrier ET ceux de nos entreprises, car sans entreprises pas de salariés. D’ailleurs, on peut regretter qu’il n’y ait pas qu’un syndicat par branche, comme chez nos voisins allemands. Cela éviterait toute surenchère entre centrales et au contraire installerait un dialogue plus constructif.

Oui nous avons besoin de compagnies et de TO (ne les oublions pas !) français. Oui nous avons besoin de dirigeants visionnaires (et Mr Spinetta en est un). Mais nous avons aussi besoin de salariés intelligents qui sachent faire la différence entre un salaire très confortable pour 35 heures (quand elles sont faites !) pour les 6 mois à venir et un salaire un peu moins confortable mais pérenne.

13.Posté par Just Biou le 23/04/2012 11:46 | Alerter
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A l'attention de FMC,

Quel plaisir ai-je eu à lire votre contribution !

Vous plaidez pour le COURAGE de voir la réalité en face et d'avoir une VISION à moyen/long terme, même si cela doit entraîner quelques sacrifices à court terme mais PROVISOIRES.

Ecrivez plus souvent dans les rubriques de TourMag.

Dans tous les supports médiatiques, radio, télé, presse écrite, etc.. ce ne sont que pleurs et gémissements. Quelqu'un peut-il citer un support avec une rubrique où on loue fréquemment une décision difficile mais préservant l'avenir ?
Ici, on ne fait pas de politique mais transposez quand même cela dans l'actualité.

Merci à TourMag de permettre à des gens comme FMC d'écrire de tels message.

Un grand merci à FMC

14.Posté par Arnaud le 28/04/2012 08:01 | Alerter
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Moi aussi je valide ce que dit FMC , il s'agit là de bon sens.
Air France a les moyens d'être une compagnie viable et je ne conçois pas la France sans son pavillon ! Je fais confiance à Jean-Cyril Spinetta pour pouvoir mener à bien les réformes nécessaires à la survie de notre compagnie Européenne.

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