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Discrimination, sous-traitance, exclusions... pas si jolies que ça, les colonies de vacances !

Le ministère de la Jeunesse et des Sports cherche à relancer le secteur


Avec le lancement de son dispositif #InstantColo au printemps 2015, le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports compte enrayer la baisse du nombre de séjours en colonies de vacances. Mais entre les problèmes de refus de jeunes issus de foyers, les difficultés à identifier les organisateurs des séjours et les craintes des parents, il y a fort à faire.


Rédigé par Pierre CORONAS le Lundi 21 Septembre 2015

Pour relancer le secteur des colonies de vacances, l'Etat a encore pas mal de problèmes à régler - Photo : alain wacquier-Fotolia.com
Pour relancer le secteur des colonies de vacances, l'Etat a encore pas mal de problèmes à régler - Photo : alain wacquier-Fotolia.com
A l'approche de l'été 2015, une association spécialisée cherche à inscrire un jeune de foyer - Ahmed 16 ans et demi - en colonie de vacances au mois d'août.

Après des recherches sur Internet, le responsable de la structure trouve une offre qui lui convient.

Le séjour se déroule à Port Leucate pendant une semaine à la fin du mois. Il est destiné à des jeunes de 14 à 17 ans. Il reste encore quelques places, alors l'association décide de réserver directement en ligne. Elle reçoit immédiatement un e-mail de confirmation.

Mais, deux heures plus tard, le vendeur du séjour lui adresse un nouveau courrier électronique dans lequel il lui explique que l'inscription d'Ahmed n'a finalement pas pu être validée.

Raison invoquée : son âge n'est pas en relation avec celui des autres jeunes déjà inscrits. Pourtant le séjour est bien destiné aux 14/17 ans...

Ahmed est alors redirigé vers une autre offre de vacances. En Corse. Mais elle ne correspond pas à sa demande initiale.

Après ce refus, l'association effectue une nouvelle réservation sur le séjour de Port Leucate pour les 14/17 ans aux mêmes dates. Pour Antoine, 17 ans, un peu plus âgé qu'Ahmed, mais pas pris en charge par un foyer.

Et cette fois, ça passe sans problème. La réservation est validée. Antoine est parti en vacances fin août.

"Ceci montre bien que l'âge d'Ahmed n'est qu'un prétexte pour le refus, regrette le responsable de l'association. Peut-on refuser de vendre un séjour à un enfant issu de structure sociale sous n'importe quel prétexte ?"

Manque d'encadrement en colonies pour les jeunes de foyers

Son désarroi est nourri par une autre expérience vécue quelques semaines plus tôt.

Son association voulait inscrire plusieurs adolescents de foyers, tous âgés d'environ 17 ans, à un séjour vendu sur le site Internet de 2M Mer et Montagne. Il contacte l'agence pour vérifier les disponibilités.

Le vendeur se rapproche alors de l'organisateur des vacances. Ce dernier rappelle directement l'association pour lui expliquer que les inscriptions de ses jeunes sont refusées : il n'accepte plus les enfants issus de structures sociales de plus de 15 ans et sur plus d'une semaine.

"Sur la question des foyers, nous sommes bien conscients qu'il y a un vrai sujet. En tout cas, pour les mineurs qui relèvent de la protection judiciaire, nous explique-t-on dans l'entourage de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

Ces structures ferment généralement au mois d'août et ont tendance à inscrire leurs jeunes dans des séjours de vacances. Cela permet de fermer la structure et de mettre les éducateurs en congés, ce qui est bien normal.

Mais les jeunes se retrouvent dans des séjours de vacances qui, eux, sont encadrés par des animateurs BAFA ou BAFD et qui ne sont pas forcément prêts à prendre en charge des jeunes qui, le reste de l'année, sont encadrés par des professionnels spécialisés.
"

Certaines équipes d'animateurs se laissent déborder et finissent par faire face à de gros problèmes de discipline et de comportement. Les services de l’État doivent alors intervenir dans des situations parfois catastrophiques.

Des difficultés identifiées par le ministère et qu'il compte résoudre dans le cadre de son dispositif #InstantColo lancé en avril 2015. Il prévoit notamment une collaboration entre les conseils départementaux, la protection judiciaire de la jeunesse et les organisateurs de séjours pour anticiper, en amont, les éventuels problèmes.

Parmi les solutions envisagées : mieux répartir les groupes de jeunes de foyers pour éviter une concentration sur certains séjours, mieux informer les jeunes sur le contenu des vacances et intégrer aux équipes d'animation des éducateurs spécialisés capables de gérer les éventuels problèmes de comportement.

Poursuite de la baisse en 2015

Parmi ses autres objectifs, #InstantColo vise à "rassurer les parents" pour les inciter à inscrire leurs enfants en colonies de vacances. Et ainsi en finir avec la baisse du nombre de séjours dans le secteur depuis une vingtaine d'années.

Après les périodes fastes des années 70, les effectifs d'enfants en colonies de vacances n'ont eu de cesse de diminuer. Une tendance qui s'accélère depuis 2008. Cette année-là, le secteur totalisait 1,8 million de jeunes. En 2014, ils n'étaient plus que 1,3 million.

Et pour 2015, même si les chiffres consolidés ne sont pas encore connus, "nous nous inscrivons encore sur une tendance à la baisse", assure-t-on au ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

Cet été, dans le cadre d'#InstantColo, l’État a ainsi communiqué pour expliquer aux parents que les risques d'accidents ne sont pas plus importants en colonies de vacances qu'à la maison.

Il a également veillé à rassurer les parents sur leurs craintes liées aux questions de pédophilie en détaillant ses moyens de contrôle et d'intervention pour protéger les jeunes et faire en sorte qu'il ne se retrouvent jamais encadrés par des individus dangereux.

Mais il y a un autre phénomène qui contribue à désorienter et décourager les parents.

Sur Internet, certains organisateurs et vendeurs se regroupent sur des plates-formes de réservation communes et distribuent tous les séjours des uns et des autres. Sur l'une d'entre elles, il est, par exemple, possible de trouver 3 organismes différents présentés comme organisateurs d'un même séjour.

"Du coup, nous ne savons plus qui organise le séjour de nos enfants", déplore une mère de famille.

"Les familles sont inquiètes et elles ont des raisons de l'être, répond un conseiller de Patrick Kanner.

Il faut que l'organisateur et l'équipe pédagogique qui se trouve en présence des enfants pendant le séjour soient en relation directe et transparente avec les familles, sur le projet éducatif, sur les méthodes pédagogiques mises en œuvre, sur la manière dont va se passer le séjour, sur les règles de vie..."

Un sujet qui sera pris en compte par le futur label « Génération Camp Colo » qui sera créé en 2016, via une collaboration entre l’État et les acteurs du secteur.

L'organisateur du séjour est le seul responsable

La confusion entre vendeur et organisateur ou la méconnaissance de l'identité réelle de l'organisateur ne pose pas de problème tant que le séjour se déroule sans encombre. Mais, en cas de blessure ou d'exclusion, par exemple, qui est responsable ?

Sur ce point, le Code de l'action sociale et des familles est clair : l'organisateur est le seul responsable juridique de tout ce qui se passe pour les mineurs pendant les vacances.

Il est obligé légalement de gérer la question de l'information des familles et de s'assurer que les informations sur les séjours sont bien transmises aux parents dans le cas d'une sous-traitance.

Les informations à fournir obligatoirement sont : les coordonnées de l'organisateur, une présentation claire du projet éducatif, les éventuelles options philosophiques et religieuses de l'organisateur, la nature des activités proposées, les règles de comportement et les conditions d'exclusion.

Sur ce dernier point, l'entourage du ministre de la Jeunesse et des Sports précise qu'il est "interdit de relâcher un jeune dans la nature. Derrière la question de l'exclusion, se joue celle du transfert des responsabilités.

Tant que le responsable légal n'est pas en mesure d'accueillir le jeune, l'organisateur du séjour reste responsable et doit garder le mineur avec lui.
"

Mais l’État ne réglemente pas la question de la justification d'une exclusion. Cela reste à la charge de l'organisateur du séjour.

Ce qui conduit à d'autres situations problématiques auxquelles a été confronté un autre opérateur intermédiaire qui gère des inscriptions en colonies de vacances pour des jeunes de foyers.

"A plusieurs reprises, on a utilisé la fragilité et la réputation des jeunes de foyers pour justifier leur exclusion et libérer une place pour un autre enfant, raconte le responsable de la structure.

Le séjour du jeune exclu n'est pas remboursé et nous devons alors nous organiser en urgence pour le récupérer. C'est dommage de voir que l’État finance des structures sociales qui, ensuite, se font abuser par des opérateurs privés sans scrupules."

Quand on sait que le dispositif #InstantColo s'est aussi fixé l'objectif de favoriser la "mixité sociale" dans les colonies de vacances, on se dit qu'il y a encore pas mal de boulot à accomplir !

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Commentaires

1.Posté par Tom Dex le 21/09/2015 08:09 | Alerter
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C'est dommage qu'un secteur tel que celui ci soit confisqué par des acteurs privés sans scrupules. Enfant des "années" fastes dans les 70's, j'ai vécu mes meilleurs moments en colo. Superbe enquête et sujet traité à fond. A lire !

2.Posté par Halimi le 21/09/2015 10:21 | Alerter
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Il convient de rappeler que la désaffection des colonies de vacances est avant tout financiere. Moins d'aides de l'Etat et des communes (cela ne va pas s'arranger avec le péri scolaire). C'est ainsi ! Or, y'a pleins de jeunes qui veulent partir vivre ces projets collectifs et ceux qui ont la chance d'y participer sont satisfaits à plus de 90%. Alors ne nous trompons pas de priorités !

3.Posté par Téva le 21/09/2015 16:07 | Alerter
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Et si on parlait des trains qui arrivent à l'heure plutôt que de toujours parler des soucis minimes qui existent???
Combien d'expériences exceptionnelles vécues par les enfants/jeunes cet été au regard du nombres d'expériences moins bien vécues... Le ratio n'intéresse pas les journaliste je penses...

Vous livrer en pature notre confrère de Mer et Montagne en le citant (est ce que cela apporte quelque chose à votre article? certainement pas !) TOUT en précisant + loin les raisons éventuelles de ce refus : certains foyers ferment et donc une fois que le jeune est parti et qu'il y a un souci : impossible pour l'organisme de faire quoi que ce soit ! Pas de parents à appeler, pas d'organisme sociaux... démerdez vous... (d'autant que... j'aimerais bien vérifier si votre cliché de Ahmed et Antoine est vrai... Mais bon, je m'égare... )

Pourquoi ne citez vous pas le nombre d'accidents domestique (qui arrive donc dans les familles, les maisons...) au regard du nombre d'accident en colo? Vous vous apercevrez que l'on prend bien moins de risque statistiquement à partir en colo... idem pour la pédophilie (l'éternel serpent de mer), bien plus présente à l'intérieur des familles que dans les colos...

Mais bon, ça n'irait pas dans la ligne éditoriale où il faut parler du nombre minimes des soucis plutôt que du nombre extrêmement positif d'expériences vécues en séjours !
ça n'irait pas avec le commentaire de TOM DEX qui parle "des acteurs privés sans scrupules." (p... je rêve...) : combien d'organisateur "sans scrupule" au regard des milliers d'organismes ?...

Pff... le positivisme, c'est pas encore gagné !

4.Posté par Gérard Tremin le 22/09/2015 09:01 | Alerter
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Téva : Vous n'avez pas du lire le même article que moi. Il faut mention qur "les risques d'accidents ne sont pas plus importants en colonie qu'à la maison". Il parle aussi des moyens de contrôle et d'intervention face à la pédophilie. Je ne suis pas expert en la matière mais cet article me paraît au contraire équilibré.

5.Posté par Téva le 22/09/2015 09:48 | Alerter
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Hello

Exact. Sauf que ils sont non seulement "pas plus important" mais en plus radicalement MOINS important (ce qui est différent quand même.
Idem le pbl de la pédophilie qui certes est déplorable, mais moins important en colo que dans les "familles" (à statistique constante).

6.Posté par halimi le 22/09/2015 12:43 | Alerter
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Teva a totalement raison. 90 % des accidents sur un enfants ont lieu dans le cadre ou l’environnement familial. Idem pour la pédophilie. Quant au problème de discrimination, je n'ai pas d'éléments pour juger. Mais sur le pan journalistique, voire déontologique, j'ai des doutes. L'auteur de cet article s'est il satisfait d'une anecdote pour illustrer son propos, voire son apriori ou d'un vraie analyse sur l’accueil de ces jeunes en difficultés ?! Connaissant le terrain depuis plus de 35 ans, je peux affirmer que séjour de vacances est porteur de valeurs telles la mixité sociale, la citoyenneté, la solidarité... mais sûrement pas de l'angélisme. Accueillir un jeune de foyer n'est pas un problème en soi si son inscription correspond à un projet vacances pensé au sein de son foyer (je sais de quoi je parle, j'ai été éducateur spécialisé). Dans le cas contraire ( placer ce jeune 'faute de mieux"), cela risque d’être compliqué pour ceux qui l'encadreront . On est donc face à un choix pédagogique, sûrement pas de discrimination.

7.Posté par Gérard Tremin le 22/09/2015 12:53 | Alerter
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Halimi : L'article dit justement que la crainte des accidents et d'actes pédophile n'est pas justifiée pour les parents qui refusent d'envoyer leurs enfants en colo. Et pour la discrimination le ministère reconnaît lui même le problème...

8.Posté par halimi le 22/09/2015 15:07 | Alerter
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Alors, le titre de votre article porte à confusion !!!! Cela me rappelle l’émission télévisée de M6 (Zone Interdite) sur "la face cachée des colonies de vacances".
Le travail d'un journaliste n'est il pas au contraire de hiérarchiser l'information ?
Merci dans tous les cas pour votre réponse

9.Posté par Téva le 22/09/2015 15:58 | Alerter
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Ben j'aurais pas dit mieux et c'est en gros ce que je voulais dire... on prend un tout petit cas (certes déplorable) pour en faire une grosse généralité (pas vraie - la généralité...

10.Posté par TomTom le 23/09/2015 14:59 | Alerter
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Bonjour à tous
Je ne suis pas sur que Teva et Halimi soient completement objectifs dans l'analyse que vous portez sur ce qui peut se dérouler en séjours de vacances ( organisant l'un et l'autre ce type de prestations publics enfants ou autres, bref).
Patrice j'entends ton discours, Zygo sauf erreur est plutot destiné à des Comités d'Entreprises qu'a des individuels.
Il est question ici d'un recueil d'expériences factuelles de la part du journaliste ni plus ni moins. Il s'agit pas de mettre de coté ou de minorer ce qu'il se passe de positif par ailleurs.
Et quand bien même ? Ces expériences sont de TROP et INADMISSIBLES
A tres vite pour vos retours

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