
Hexopée alerte sur les difficultés de 1 000 structures, dont des colonies de vacances, en France - Depositphotos @artursz
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Il parait bien loin le temps où le gouvernement et le Président souhaitaient protéger tout le monde.
Durant la crise sanitaire, le tourisme a bénéficié d'un soutien indéfectible du pouvoir en place, il a même été cité dans plusieurs discours du chef de l'Etat.
Chose rare, Emmanuel Macron en personne avait appelé au développement des colonies de vacances apprenantes, pour aider les élèves en difficulté qui avaient connu une année scolaire interrompue par les différents confinements.
Puis en 2024, Sarah El Haïry, la ministre déléguée chargée de l'Enfance et de la jeunesse sous Gabriel Attal avait lancé le "pass colo". Une aide financière pour faciliter les départs en colonies de vacances des enfants l’année de leurs 11 ans.
Nous aurions presque pu croire à un tournant positif pour le tourisme social, puis le projet de loi de finances et les alertes entourant le budget 2025 ont tout rebattu.
"L'avenir du secteur est complexe. Quand on demande aux responsables de structures s'il pourraient fermer, le taux a été multiplié par 4 en deux ans. Ce signal faible devient fort et cela nous inquiète beaucoup," s'alarme David Cluzeau, le délégué général d'Hexopée.
La situation est telle que l'organisation professionnelle a décidé de tirer la sonnette d'alarme. Le secteur des colonies de vacances se trouve en grand danger et surtout voit en 2025, comme un tournant dramatique.
Colonies de vacances : "une inquiétude très forte et une fragilisation grandissante"

Le syndicat compte près de 14 000 adhérents, pour 110 000 salariés.
"Lors de notre dernier baromètre, les directeurs de structures nous ont confié que l'année 2024 n'était pas si mauvaise, par contre quand on les questionne sur 2025, l'ensemble des indicateurs plongent et traduisent une inquiétude très forte et une fragilisation grandissante.
Le secteur se retrouve fragilisé. Aujourd'hui plus d'un tiers des structures ont moins de 3 mois de trésorerie. Dans le secteur associatif, cet indicateur est très négatif," s'alarme David Cluzeau.
A lire sur le sujet : Colonies de vacances : "Il faut sans cesse repartir au combat"
La situation qui se serait plus particulièrement dégradée depuis la crise sanitaire, pourrait entrainer vers la faillite pas moins de 1 000 associations de la branche, parmi lesquelles nous retrouvons les colonies de vacances.
Ces centaines de structures se retrouvent en très grande difficulté et menacent de mettre la clé sous la porte, faute de financement, sur un vivier total de 25 000 entités.
L'alerte a été activée.
L'enjeu est de ne pas abandonner des milliers d'enfants sans soutien scolaire, sorties, ni même espoir de s'échapper de leur quotidien une fois les portes des écoles fermées, que ce soit pendant les vacances ou durant la période scolaire.
Colonies de vacances : 1 000 associations menacent de mettre la clé sous la porte !
"Depuis le début de l'année, vous avez déjà 3 organisateurs de colonies de vacances qui ont mis la clé sous la porte.
Les colonies ne vont pas bien, mais elles ne sont pas les seules.
Dans les 1 000, nous retrouvons des MJC, des organisations d'accueil périscolaire, de loisirs ou des écoles de musique, etc.," recontextualise le responsable.
Et la raison de ce péril imminent n'est pas à chercher bien loin.
Le projet de loi de finances 2025 n'a épargné personne. Il arrive aussi après une période particulière qui a vu les prix de l'énergie s'envoler.
"En fait, trois crises se cumulent. La première a été celle sanitaire qui a été compliquée, même s'il y a eu un fort soutien du gouvernement. Le secteur associatif a tapé dans ses fonds propres pour pouvoir passer l'épreuve, donc son assise économique s'est un peu affaiblie.
Derrière, la crise inflationniste a été très très forte, puis vous avez celle budgétaire, l'actuelle" détaille David Cluzeau.
Pour rendre plus attractif le secteur, le comité de filière de l'animation a décidé de revaloriser la rémunération minimum des animateurs. Elle est passée d'une vingtaine d'euros à 42 euros.
Sauf que cette revalorisation indispensable pour recruter a encore plus fragilisé les business modèles des structures.
Les colonies ont donc été plongées dans un cercle vicieux, dans lequel elles n'arrivent plus à s'extraire, sans aide de l'Etat, même sur la question des salaires.
Les colonies ne vont pas bien, mais elles ne sont pas les seules.
Dans les 1 000, nous retrouvons des MJC, des organisations d'accueil périscolaire, de loisirs ou des écoles de musique, etc.," recontextualise le responsable.
Et la raison de ce péril imminent n'est pas à chercher bien loin.
Le projet de loi de finances 2025 n'a épargné personne. Il arrive aussi après une période particulière qui a vu les prix de l'énergie s'envoler.
"En fait, trois crises se cumulent. La première a été celle sanitaire qui a été compliquée, même s'il y a eu un fort soutien du gouvernement. Le secteur associatif a tapé dans ses fonds propres pour pouvoir passer l'épreuve, donc son assise économique s'est un peu affaiblie.
Derrière, la crise inflationniste a été très très forte, puis vous avez celle budgétaire, l'actuelle" détaille David Cluzeau.
Pour rendre plus attractif le secteur, le comité de filière de l'animation a décidé de revaloriser la rémunération minimum des animateurs. Elle est passée d'une vingtaine d'euros à 42 euros.
Sauf que cette revalorisation indispensable pour recruter a encore plus fragilisé les business modèles des structures.
Les colonies ont donc été plongées dans un cercle vicieux, dans lequel elles n'arrivent plus à s'extraire, sans aide de l'Etat, même sur la question des salaires.
Colonies de vacances : le pire est à venir...
Malheureusement, l'Etat a d'autres projets et priorités. Il a notamment dû faire des efforts pour rassurer les marchés et partenaires européens et il en demande aussi aux collectivités territoriales.
En tout, 7 milliards d'euros de réductions ont été demandés aux acteurs locaux.
"Les collectivités territoriales sont des financeurs importants de tout ce qui touche à l'éducation populaire et donc aux colonies de vacances.
Les collectivités seront amenées à faire des choix, certaines d'entre elles ont déjà commencé à en faire sur leurs compétences non obligatoires, dont nous faisons partie.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de chiffrer les réductions de subventions, car les décisions sont en train d'être prises" poursuit le délégué général d'Hexopée.
Il faut sans doute s'attendre à une baisse notable de l'effort des territoires pour le tourisme social, dans les semaines et mois à venir.
Les 1 000 structures en difficulté pourraient être rapidement rejointes pas d'autres. Les effets de cette 3e crise sont attendus surtout à partir du second semestre 2025.
"Des milliers d'enfants et de jeunes, mais aussi de moins jeunes seront impactés, ils ne pourront plus bénéficier des services proposés par ces associations.
Vous avez la problématique économique, mais aussi celle de l'attractivité des colonies. Celles-ci doivent aussi se transformer, en proposant des offres plus dans l'air du temps.
Le soutien fort de l'Etat est essentiel, notamment sur la mise en valeur des colonies.
Puis nous demandons que l'existant soit maintenu, comme le pass' colo. Pour sa première année, l'initiative n'a pas vraiment bien fonctionné, elle doit être maintenue, renforcée et consolidée.
Nous souhaitons depuis quelques mois déjà qu'une conférence des financeurs soit organisée, pour modéliser le financement des colonies de vacances et des loisirs," poursuit-il.
A lire sur le sujet : Vacances pour Tous : "les colos apprenantes ont provoqué un engouement pour les colonies de vacances"
Ces besoins ont été transmis à Marie Barsacq, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, sans réel retour pour le moment.
En tout, 7 milliards d'euros de réductions ont été demandés aux acteurs locaux.
"Les collectivités territoriales sont des financeurs importants de tout ce qui touche à l'éducation populaire et donc aux colonies de vacances.
Les collectivités seront amenées à faire des choix, certaines d'entre elles ont déjà commencé à en faire sur leurs compétences non obligatoires, dont nous faisons partie.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de chiffrer les réductions de subventions, car les décisions sont en train d'être prises" poursuit le délégué général d'Hexopée.
Il faut sans doute s'attendre à une baisse notable de l'effort des territoires pour le tourisme social, dans les semaines et mois à venir.
Les 1 000 structures en difficulté pourraient être rapidement rejointes pas d'autres. Les effets de cette 3e crise sont attendus surtout à partir du second semestre 2025.
"Des milliers d'enfants et de jeunes, mais aussi de moins jeunes seront impactés, ils ne pourront plus bénéficier des services proposés par ces associations.
Vous avez la problématique économique, mais aussi celle de l'attractivité des colonies. Celles-ci doivent aussi se transformer, en proposant des offres plus dans l'air du temps.
Le soutien fort de l'Etat est essentiel, notamment sur la mise en valeur des colonies.
Puis nous demandons que l'existant soit maintenu, comme le pass' colo. Pour sa première année, l'initiative n'a pas vraiment bien fonctionné, elle doit être maintenue, renforcée et consolidée.
Nous souhaitons depuis quelques mois déjà qu'une conférence des financeurs soit organisée, pour modéliser le financement des colonies de vacances et des loisirs," poursuit-il.
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Ces besoins ont été transmis à Marie Barsacq, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, sans réel retour pour le moment.
Le tourisme social "doit réfléchir à son modèle économique"
Et ces sujets peuvent allègrement être élargis à une autre branche malade d'Hexopée.
"Le tourisme social aura aussi sans doute besoin d'un soutien fort.
Il souffre de la même manière, il a éprouvé de grandes difficultés lors de la crise sanitaire, puis il a pris de plein fouet l'inflation. De plus, il y a tout un questionnement sur l'attractivité de ses produits.
Il doit réfléchir à son modèle économique au regard des besoins des personnes qu'ils souhaitent toucher.
Il est nécessaire de proposer un prix attractif et une offre de qualité. L'équation est assez complexe, parce que le tourisme social c'est un tourisme pour tous," estime David Cluzeau.
Toute la filière doit retrousser ses manches pour se trouver un avenir.
Elle n'a pas attendu 2025 pour se poser des questions et faire son introspection. Elle se trouve à la croisée des chemins et va devoir trouver des sources de financement pour permettre de faire évoluer son offre.
Si le tourisme social se cherche un avenir, l'Etat pourrait aussi se servir de ce vecteur pour permettre à la nation de faire union dans ces temps troublés. Quand le monde est divisé, que l'unité de notre société craque de toutes parts, il est indispensable de renouer avec le vivre ensemble.
"Cela doit devenir un enjeu de politique publique, pour faire société," conclut le délégué général d'Hexopée.
"Le tourisme social aura aussi sans doute besoin d'un soutien fort.
Il souffre de la même manière, il a éprouvé de grandes difficultés lors de la crise sanitaire, puis il a pris de plein fouet l'inflation. De plus, il y a tout un questionnement sur l'attractivité de ses produits.
Il doit réfléchir à son modèle économique au regard des besoins des personnes qu'ils souhaitent toucher.
Il est nécessaire de proposer un prix attractif et une offre de qualité. L'équation est assez complexe, parce que le tourisme social c'est un tourisme pour tous," estime David Cluzeau.
Toute la filière doit retrousser ses manches pour se trouver un avenir.
Elle n'a pas attendu 2025 pour se poser des questions et faire son introspection. Elle se trouve à la croisée des chemins et va devoir trouver des sources de financement pour permettre de faire évoluer son offre.
Si le tourisme social se cherche un avenir, l'Etat pourrait aussi se servir de ce vecteur pour permettre à la nation de faire union dans ces temps troublés. Quand le monde est divisé, que l'unité de notre société craque de toutes parts, il est indispensable de renouer avec le vivre ensemble.
"Cela doit devenir un enjeu de politique publique, pour faire société," conclut le délégué général d'Hexopée.
La note d'Hexopée sur le tourisme social et familial
Alors que le tourisme reste prioritaire dans les dépenses et les besoins des Français pour déconnecter du quotidien, une fracture s'installe.
Dans une note de tendance sur le tourisme social et familial, Hexopée dresse un panorama du secteur, mais aussi les questions quant à son avenir.
En 2022, 46% des Français ne sont pas partis durant l’été, dont un grand nombre pour des raisons financières.
Si les acteurs de cette branche voient le contexte économique et l'environnement comme principaux facteurs de changement, ils doivent faire face à une concurrence exacerbée par l'hôtellerie de pleine air et les plateformes de type Airbnb.
Pour faire face, les structures montent en gamme. Cette stratégie permet de compenser la concurrence sur les nuitées par un effet prix et d'accueillir des familles aux revenus plus conséquents.
Et comme d'autres marchés touristiques, un phénomène de concentration a lieu.
En même temps, le tourisme social et familial fait face à un retard d'investissement datant déjà d'avant crise.
Dans une note de tendance sur le tourisme social et familial, Hexopée dresse un panorama du secteur, mais aussi les questions quant à son avenir.
En 2022, 46% des Français ne sont pas partis durant l’été, dont un grand nombre pour des raisons financières.
Si les acteurs de cette branche voient le contexte économique et l'environnement comme principaux facteurs de changement, ils doivent faire face à une concurrence exacerbée par l'hôtellerie de pleine air et les plateformes de type Airbnb.
Pour faire face, les structures montent en gamme. Cette stratégie permet de compenser la concurrence sur les nuitées par un effet prix et d'accueillir des familles aux revenus plus conséquents.
Et comme d'autres marchés touristiques, un phénomène de concentration a lieu.
En même temps, le tourisme social et familial fait face à un retard d'investissement datant déjà d'avant crise.