Découverte et aventure : Croisière Expédition dans l’Extrême-Orient Russe avec Le Ponant

S’il est une destination dont la seule évocation réveille immédiatement notre imaginaire,le Kamtchatka est sans nul doute l'une d'entre elles, contrée mystérieuse de l'Extrême-Orient russe au bord du Pacifique Nord, région de Sibérie qui était totalement interdite aux étrangers jusqu'en 1990.

Cela évoque d’emblée un grand voyage de découvertes et d’aventure à l'autre bout du monde, un voyage dont notre inconscient rêve depuis toujours, un voyage qui se mérite.

C'est la proposition que nous faisait Le Ponant.

Embarquer à bord de L'Austral à l’automne pendant deux semaines pour découvrir cette partie du monde totalement inaccessible au tourisme classique, une croisière « expédition » avec la triple promesse d’aller à la rencontre des peuples parmi les plus anciens et les plus authentiques du monde, d'admirer la flore arctique d’une beauté rare, et d'approcher une faune abondante et incroyable, cela était plus que tentant…

Le tableau : un bateau très luxueux, une équipe d'une dizaine de guides naturalistes francophones sous la direction de l'aventurier du Grand Nord Nicolas Dubreuil, avec chaque jour deux sorties en zodiac.

Le parcours : départ d'Anadyr en Tchoukotka pour rejoindre plus au nord le détroit de Béring, puis navigation vers les îles du Commandeur au beau milieu de la Mer de Béring où est mort l'aventurier Danois Vitus Béring en 1741 – archipel séparant la Russie des Etats-Unis, ligne de séparation mythique entre l’Est et l’Ouest - pour continuer vers le Kamtchatka et ses volcans, classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Rendez-vous est donc pris le 15 septembre dernier au matin à Orly.

Après un vol affrété de presque 11 heures, nous débarquons à Anadyr, la ville la plus à l'est de la Fédération de Russie, avec 10 heures de décalage horaire.

Après une bonne heure de formalités, Fédération de Russie oblige... tout le petit groupe se retrouve devant le minuscule aéroport.

Le transfert sur le navire se fait avec un petit bus et un véhicule 4x4, tous deux sortis d'un autre temps.

L'ère moderne n'est pas encore arrivée en Sibérie... ici, nos belles routes européennes font place à des pistes terreuses et boueuses, l'aventure commence !

Accueil à la passerelle par notre commandant Patrick Marchesseau, coupe de champagne et installation rapide dans nos cabines.

Des bélugas et des phoques nous souhaitent la bienvenue en passant l'après-midi à jouer autour du navire, nous vivons nos premières émotions fortes... Lever des amarres en fin d'après-midi et navigation plein nord direction le mythique détroit de Béring.

Nous y arrivons au petit matin et sommes juste à la limite de la fameuse ligne de changement de date.

Ici, nous sommes le 16 septembre 9H, en Alaska à moins de 80 kilomètres de l'autre côté de la ligne, ils sont le 15 septembre 13H, presque une journée de moins...

Une réelle sensation de bout du monde nous envahit, nous sommes loin, vraiment très loin de tout, à seulement quelques degrés Sud du Cercle Polaire Arctique !

Au fil des jours, nous découvrons les peuplades Tchouktches et Koriaks qui vivent dans cette région depuis la Préhistoire. Ils ont naturellement beaucoup de ressemblances avec les Inuits et autres peuples du Grand Nord.

Ils habitent le long de la mer et continuent à perpétuer leurs traditions ancestrales en vivant toujours aujourd’hui de la chasse traditionnelle à la baleine et aux morses, de la pêche au saumon et de la cueillette.

Dans chaque village visité, des mets traditionnels nous sont proposés à base de graisse de baleine grise (le Matack), de morse et de bleuet qui est le fruit du Grand Nord partagé entre les hommes et les ours bruns.

Nourriture pas toujours adaptée à notre goût européen... mais quel bonheur d’avoir la chance d’y goûter.

Nous assistons à chaque fois à de beaux spectacles de danses accompagnés de chants traditionnels avec - ce qui devient rarissime - des chanteuses de gorge, chant diphonique basé sur deux notes, pratiqué encore aujourd’hui par quelques très rares femmes de l’Arctique.

Chaque visite est l'occasion de nouvelles découvertes et de moments de partage émouvants avec ces peuples ancestraux qui ne voient jamais un étranger.

Nous recevoir est pour eux un événement unique doublé d'un immense honneur, cela paraît presque irréel tant ces rencontres sont d’une authenticité totale.

Côté faune, les deux sorties en zodiac chaque jour sont plus belles les unes que les autres, et nous aurons la chance d'approcher et d’observer dans des conditions incroyables la faune marine et terrestre de ces contrées lointaines.

Côté mer : bélugas appelés également baleines blanches, baleines grises, rorquals, orques, lions de mer de Steller, otaries à fourrure, morses, pingouins, loutres de mer...

Côté terre, de très nombreux ours bruns tous plus impressionnants les uns que les autres avec les gros mâles qui peuvent peser jusqu’à 600 Kg et mesurer plus de 2 mètre 50, des caribous de montagne, des renards arctiques, des lièvres arctiques, des aigles de Steller... deux semaines de rencontres exceptionnelles.

S’il ne fallait retenir que quatre images, je retiendrais la baleine grise que nous avons suivi en zodiac pendant une heure et qui « soufflait » et « sondait » à moins de 5 mètres de nous; la femelle ours brun et ses deux petits que nous avons pu observer à terre à une centaine de mètres, la sortie en zodiac au milieu de centaines d'otaries qui jouaient autour de nous avec mille et une facéties, et le troupeau d'une dizaine d'orques qui ont suivi notre bateau pendant deux heures.

Ce ne sont là que quatre moments très forts et magiques parmi tant d’autres, pour moi les plus belles images « faune » de ce voyage, à jamais gravées dans ma mémoire…

Les paysages furent grandioses tout au long du voyage, toundra Arctique au nord avec sa végétation très rase, son lichen à perte de vue et ses rougeoyantes couleurs d'automne, puis plus au sud la taïga et ses forêts de bouleaux à perte de vue.

La presqu’île du Kamchatka et sa région des volcans est une merveille de Dame Nature, où nous avons eu l'exceptionnelle chance de voir deux volcans entrer en éruption... un spectacle « en live » saisissant où l'on se sent réellement minuscule.

Et que dire de l'une de nos nuits qui a été illuminée par l'apparition fascinante d'une aurore boréale, beauté à l'état pur où personne sur les ponts extérieurs ne disait mot.

Côté bateau, L'Austral est un navire exceptionnel : 152 mètres de long, seulement 200 clients et plus de 150 membres d'équipage, de très belles cabines aménagées avec goût dans un style contemporain, deux restaurants, deux bars, un théâtre pour les conférences des guides naturalistes sur des thèmes du Grand Nord (les peuples du Grand Nord, les ours, la géologie, les volcans, les baleines, les orques, les otaries, les phoques, la flore....).

Le tout sous la férule du Commandant Marchesseau et de Capucine notre directrice de croisière. Un petit bateau très haut de gamme - et au final - très intimiste, pour une ambiance chic, décontractée et très sympathique.

Entre les sorties en zodiac, les briefings, les conférences passionnantes, les bons moments passés entre amis, le temps passe vite… bien trop vite !

Cette croisière expédition fut une véritable tranche de vie hors du temps, un feu d'artifice de moments de pur bonheur.