Le silence radio du côté de IATA inquiète Nicolas Brumelot, le président de MisterFly - Crédit photo : Depositphotos @Pakhnyushchyy
TourMaG.com - Nous sommes le 1er avril 2020, le paiement du BSP est passé. Quel est votre sentiment ?
Nicolas Brumelot : Tout d'abord je tiens à féliciter l'ensemble des professionnels du tourisme, car pour la grande majorité nous avons payé le BSP.
Nous avons fait face à nos obligations et nous ne cherchons pas à faire justice nous-même, nous avons montré que nous étions respectueux des règles.
Toutefois, nous avons saisi un médiateur.
J'ai un message à faire passer aux compagnies aériennes, avec les EDV, nous sommes convaincus que nous pourrions trouver des solutions dans l'intérêt premier des consommateurs.
Nous pensons qu'à l'instar du travail fait avec le SETO, nous pourrions obtenir un système proche ou du moins des réponses aux problématiques de chacun, sans oublier nos clients finaux.
TourMaG.com - Avez-vous obtenu une réponse à votre lettre ouverte ? Même si je connais la réponse.
Nicolas Brumelot : Vous vous doutez bien que IATA n'a pas daigné nous répondre, la lettre est restée sans réponse.
Nous aimerions pouvoir discuter non pas à armes égales, mais du moins en bonne intelligence.
Après si IATA, et les compagnies aériennes, ne bougent pas ce sera au médiateur d'intervenir, car le consommateur est lésé.
Stratégiquement ce n'est pas malin. J'ai bien compris que les compagnies ne sont pas en mesure de rembourser, si elles l'écrivent, cela signifie qu'elles sont en cessation de paiements.
Si c'est réellement le cas, ce sont des propos extrêmement graves.
Nicolas Brumelot : Tout d'abord je tiens à féliciter l'ensemble des professionnels du tourisme, car pour la grande majorité nous avons payé le BSP.
Nous avons fait face à nos obligations et nous ne cherchons pas à faire justice nous-même, nous avons montré que nous étions respectueux des règles.
Toutefois, nous avons saisi un médiateur.
J'ai un message à faire passer aux compagnies aériennes, avec les EDV, nous sommes convaincus que nous pourrions trouver des solutions dans l'intérêt premier des consommateurs.
Nous pensons qu'à l'instar du travail fait avec le SETO, nous pourrions obtenir un système proche ou du moins des réponses aux problématiques de chacun, sans oublier nos clients finaux.
TourMaG.com - Avez-vous obtenu une réponse à votre lettre ouverte ? Même si je connais la réponse.
Nicolas Brumelot : Vous vous doutez bien que IATA n'a pas daigné nous répondre, la lettre est restée sans réponse.
Nous aimerions pouvoir discuter non pas à armes égales, mais du moins en bonne intelligence.
Après si IATA, et les compagnies aériennes, ne bougent pas ce sera au médiateur d'intervenir, car le consommateur est lésé.
Stratégiquement ce n'est pas malin. J'ai bien compris que les compagnies ne sont pas en mesure de rembourser, si elles l'écrivent, cela signifie qu'elles sont en cessation de paiements.
Si c'est réellement le cas, ce sont des propos extrêmement graves.
"Nous ne voulons pas nous retrouver entre le marteau et l'enclume, et être écrasés..."
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TourMaG.com - Toutes les compagnies agissent de la même manière ?
Nicolas Brumelot : Non, il y a des transporteurs vertueux, comme Qatar Airways.
D'autres compagnies remboursent et agissent en partenaire, le cas échéant nous saurons nous souvenir de ces entreprises. Je publierai prochainement la liste de celles qui jouent le jeu.
Encore une fois, je ne défends pas arc-bouté sur des vieux principes, une profession contre une autre, mais je défends les consommateurs.
Nous avons un double mandat, à la fois des compagnies aériennes et des consommateurs. Nous ne voulons pas nous retrouver entre le marteau et l'enclume, et être écrasés par les deux parties.
TourMaG.com - Est-ce seulement l'apanage des compagnies du Golfe nationalisées ?
Nicolas Brumelot : Non, il y en a beaucoup d'autres comme British Airways ou Alitalia, mais c'est le moins que nous puissions attendre de cette dernière qui a été récemment nationalisée.
De l'autre côté, Emirates ne respecte pas le règlement, alors que dans le même temps Qatar Airways doit être doublement félicitée, car elle a assuré le rapatriement des clients et des Français.
Ces opérations ont dû représenter des sommes importantes pour la compagnie, surtout qu'elle est intervenue sur des destinations compliquées.
Je compatis aussi pour les plus petites compagnies aériennes, car nous n'entendons parler que d'Air France.
J'espère que le moment venu, l'Etat interviendra aussi auprès des autres transporteurs, comme Air Austral, Corsair, Air Corsica et bien d'autres.
Elles doivent bénéficier d'aides, à l'image de la Norvège qui a soutenu l'ensemble des compagnies.
Nicolas Brumelot : Non, il y a des transporteurs vertueux, comme Qatar Airways.
D'autres compagnies remboursent et agissent en partenaire, le cas échéant nous saurons nous souvenir de ces entreprises. Je publierai prochainement la liste de celles qui jouent le jeu.
Encore une fois, je ne défends pas arc-bouté sur des vieux principes, une profession contre une autre, mais je défends les consommateurs.
Nous avons un double mandat, à la fois des compagnies aériennes et des consommateurs. Nous ne voulons pas nous retrouver entre le marteau et l'enclume, et être écrasés par les deux parties.
TourMaG.com - Est-ce seulement l'apanage des compagnies du Golfe nationalisées ?
Nicolas Brumelot : Non, il y en a beaucoup d'autres comme British Airways ou Alitalia, mais c'est le moins que nous puissions attendre de cette dernière qui a été récemment nationalisée.
De l'autre côté, Emirates ne respecte pas le règlement, alors que dans le même temps Qatar Airways doit être doublement félicitée, car elle a assuré le rapatriement des clients et des Français.
Ces opérations ont dû représenter des sommes importantes pour la compagnie, surtout qu'elle est intervenue sur des destinations compliquées.
Je compatis aussi pour les plus petites compagnies aériennes, car nous n'entendons parler que d'Air France.
J'espère que le moment venu, l'Etat interviendra aussi auprès des autres transporteurs, comme Air Austral, Corsair, Air Corsica et bien d'autres.
Elles doivent bénéficier d'aides, à l'image de la Norvège qui a soutenu l'ensemble des compagnies.
"Si jamais l'organisation ne souhaite pas discuter, nous espérons nous asseoir avec les compagnies..."
TourMaG.com - Nous vous sentons un peu fataliste, par rapport à IATA.
Nicolas Brumelot : Disons que nous faisons face à un mur, nous n'avons aucune réponse, je ne sais pas comment qualifier ce comportement.
Nous sommes partenaires, nous remplissons l'essentiel des sièges de loisirs des compagnies aériennes. Nous sommes traités sans reconnaissance de notre influence et travail.
Nous ne sommes pas en guerre contre IATA. Ces règles d'un autre âge sont à sens unique et ne peuvent pas survivre à ce que nous vivons.
Nous n'avons pas l'once d'un millimètre d'une avancée ou du début de discussion avec IATA.
TourMaG.com - Quelle est cette médiation ?
Nicolas Brumelot : A l'initiative des Entreprises du Voyage, le médiateur qui dépend de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris a été saisi.
Je n'en sais pas plus, mais il doit entraîner les deux parties à discuter. Nous l'avons saisi pour protéger nos fonds et tenter une médiation.
Nous n'avons pas entamé d'action judiciaire, nous voulons ouvrir le dialogue.
IATA doit se souvenir que nous ne restons pas bloqués sur nos principes. Nous avons accepté NDC, le passage à la commission 0, nous savons accompagner les changements.
Si jamais l’organisation ne souhaite pas discuter, nous espérons nous asseoir avec des compagnies pour redéfinir un cadre nouveau, quitte à rentrer dans des relations bilatérales.
Nicolas Brumelot : Disons que nous faisons face à un mur, nous n'avons aucune réponse, je ne sais pas comment qualifier ce comportement.
Nous sommes partenaires, nous remplissons l'essentiel des sièges de loisirs des compagnies aériennes. Nous sommes traités sans reconnaissance de notre influence et travail.
Nous ne sommes pas en guerre contre IATA. Ces règles d'un autre âge sont à sens unique et ne peuvent pas survivre à ce que nous vivons.
Nous n'avons pas l'once d'un millimètre d'une avancée ou du début de discussion avec IATA.
TourMaG.com - Quelle est cette médiation ?
Nicolas Brumelot : A l'initiative des Entreprises du Voyage, le médiateur qui dépend de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris a été saisi.
Je n'en sais pas plus, mais il doit entraîner les deux parties à discuter. Nous l'avons saisi pour protéger nos fonds et tenter une médiation.
Nous n'avons pas entamé d'action judiciaire, nous voulons ouvrir le dialogue.
IATA doit se souvenir que nous ne restons pas bloqués sur nos principes. Nous avons accepté NDC, le passage à la commission 0, nous savons accompagner les changements.
Si jamais l’organisation ne souhaite pas discuter, nous espérons nous asseoir avec des compagnies pour redéfinir un cadre nouveau, quitte à rentrer dans des relations bilatérales.
"Nous ne sommes pas assez nobles à leurs yeux (compagnies, ndlr)"
"Il y a 15 milliards de vols payés en avance que les compagnies ne peuvent pas rembourser, l'argent appartient aux passagers et non aux compagnies" selon Nicolas Brumelot - DR
TourMaG.com - Mardi 31 mars 2020, Monsieur de Juniac tenait une conférence. Il n'a aucun moment évoqué la situation des agences de voyages. Que vous inspire ce dédain ?
Nicolas Brumelot : Cela en dit long sur la façon dont IATA nous voit. Il y a une forme de mépris , nous sommes relégués très loin dans la hiérarchie.
Si ce n'est peut être TUI, et quelques autres, nous sommes pour la plupart des PME ou des TPE.
Contrairement aux transporteurs, notre rôle n'est pas stratégique par rapport à ce que peut faire représenter le transport aérien, nous ne sommes pas assez nobles à leurs yeux.
Pourtant nous jouons un rôle clé dans l'industrie, car nous remplissons les avions.
Notre faiblesse étant qu'il y a autant d'organisations syndicales que de pays. Nous n'arrivons pas à faire entendre notre message avec autant de force que IATA.
TourMaG.com - Faut-il revoir le fonctionnement de l'ECTAA ?
Nicolas Brumelot : Non, l'ECTAA fait très bien son travail. C'est le fonctionnement de IATA qu'il est important de revoir.
Quand vous voyez Jean-Louis Baroux, le premier représentant des compagnies aériennes dans le monde, mais aussi membre de IATA par APG, il recommande que les agences de voyages aient des sièges équivalents aux compagnies aériennes.
Cette crise est à ce point historique, que j'ai bon espoir que les choses changeront.
Nicolas Brumelot : Cela en dit long sur la façon dont IATA nous voit. Il y a une forme de mépris , nous sommes relégués très loin dans la hiérarchie.
Si ce n'est peut être TUI, et quelques autres, nous sommes pour la plupart des PME ou des TPE.
Contrairement aux transporteurs, notre rôle n'est pas stratégique par rapport à ce que peut faire représenter le transport aérien, nous ne sommes pas assez nobles à leurs yeux.
Pourtant nous jouons un rôle clé dans l'industrie, car nous remplissons les avions.
Notre faiblesse étant qu'il y a autant d'organisations syndicales que de pays. Nous n'arrivons pas à faire entendre notre message avec autant de force que IATA.
TourMaG.com - Faut-il revoir le fonctionnement de l'ECTAA ?
Nicolas Brumelot : Non, l'ECTAA fait très bien son travail. C'est le fonctionnement de IATA qu'il est important de revoir.
Quand vous voyez Jean-Louis Baroux, le premier représentant des compagnies aériennes dans le monde, mais aussi membre de IATA par APG, il recommande que les agences de voyages aient des sièges équivalents aux compagnies aériennes.
Cette crise est à ce point historique, que j'ai bon espoir que les choses changeront.
Report : "Nous n'arrivons pas à faire front, nous avons un retard de traitement considérablement"
TourMaG.com - Le prochain paiement du BSP a lieu le 15 avril 2020, que prévoyez-vous ?
Nicolas Brumelot : En France, les tribunaux sont fermés, donc nous ne pouvons pas mener d'action. Dans les pays scandinaves, un de nos confrères est en train de mener une action judiciaire contre IATA.
Nous allons donc honorer nos engagements, en espérant que les compagnies en retour des aides des Etats auront l'honnêteté de répercuter cela au niveau des clients.
Monsieur de Juniac a récemment déclaré que les compagnies ne peuvent pas rembourser. Il y a 15 milliards de vols payés en avance que les compagnies ne peuvent pas rembourser. L'argent appartient aux passagers et non aux compagnies.
Nous ne demandons pas que cet argent nous revienne, mais aux clients.
TourMaG.com - Comment gérez-vous les fameux bons émis ou reports émis par les compagnies ?
Nicolas Brumelot : Ce n'est justement pas gérable, nous percevons cela comme une trahison, d'autant que chaque compagnie a ses propres règles.
Nous devons faire un travail individuel sur chaque dossier, alors que nous avons des milliers de billets.
Le confrère scandinave dont je vous parlais attaque les compagnies, car elles lui imposent une surcharge de travail considérable à l'heure où tout remboursement est impossible, il doit licencier un tiers de son effectif.
Nous n'arrivons pas à faire front. Nous avons un retard de traitement considérablement, puisque nous devons proposer les reports aux clients mais il y a des dizaines de questions et de problématiques.
TourMaG.com - Comment cela se passe avec Air France ?
Nicolas Brumelot : Nous avons pu discuter avec elle, c'est un partenaire privilégié. Il serait bien que l'on constitue un pool de compagnies pour collaborer et élaborer des règles communes, en dehors de IATA.
Nous avons besoin des compagnies aériennes, comme elles ont besoin de nous pour remplir leurs avions. A être bloquées sur leurs principes, les compagnies pourraient connaître des lendemains difficiles.
Je ne dis pas que nous avons trouvé une solution avec Air France, mais nous discutons.
Nicolas Brumelot : En France, les tribunaux sont fermés, donc nous ne pouvons pas mener d'action. Dans les pays scandinaves, un de nos confrères est en train de mener une action judiciaire contre IATA.
Nous allons donc honorer nos engagements, en espérant que les compagnies en retour des aides des Etats auront l'honnêteté de répercuter cela au niveau des clients.
Monsieur de Juniac a récemment déclaré que les compagnies ne peuvent pas rembourser. Il y a 15 milliards de vols payés en avance que les compagnies ne peuvent pas rembourser. L'argent appartient aux passagers et non aux compagnies.
Nous ne demandons pas que cet argent nous revienne, mais aux clients.
TourMaG.com - Comment gérez-vous les fameux bons émis ou reports émis par les compagnies ?
Nicolas Brumelot : Ce n'est justement pas gérable, nous percevons cela comme une trahison, d'autant que chaque compagnie a ses propres règles.
Nous devons faire un travail individuel sur chaque dossier, alors que nous avons des milliers de billets.
Le confrère scandinave dont je vous parlais attaque les compagnies, car elles lui imposent une surcharge de travail considérable à l'heure où tout remboursement est impossible, il doit licencier un tiers de son effectif.
Nous n'arrivons pas à faire front. Nous avons un retard de traitement considérablement, puisque nous devons proposer les reports aux clients mais il y a des dizaines de questions et de problématiques.
TourMaG.com - Comment cela se passe avec Air France ?
Nicolas Brumelot : Nous avons pu discuter avec elle, c'est un partenaire privilégié. Il serait bien que l'on constitue un pool de compagnies pour collaborer et élaborer des règles communes, en dehors de IATA.
Nous avons besoin des compagnies aériennes, comme elles ont besoin de nous pour remplir leurs avions. A être bloquées sur leurs principes, les compagnies pourraient connaître des lendemains difficiles.
Je ne dis pas que nous avons trouvé une solution avec Air France, mais nous discutons.