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A quoi ressemblera le futur musée du jeu vidéo ?

Il devrait ouvrir au printemps 2026 à Bussy-Saint-Georges (77)


A deux pas de Disneyland Paris, le plus grand musée de France dédié à l'univers des jeux vidéo devrait voir le jour en 2026, sur la commune de Bussy-Saint-Georges. Il sera intégré dans un projet de « pôle ludique » incluant une salle de spectacle, de nombreuses activités (karting, laser game, etc.), des restaurants et un nouvel hôtel 4*. Le musée du jeu vidéo devrait attirer à lui seul au moins 100 000 visiteurs par an, selon les porteurs du projet. TourMaG a fait le point avec eux.


Rédigé par le Vendredi 17 Novembre 2023

Le musée du jeu vidéo devrait attirer au moins 100 000 visiteurs par an - DR : DepositPhotos.com, AlexGul
Le musée du jeu vidéo devrait attirer au moins 100 000 visiteurs par an - DR : DepositPhotos.com, AlexGul
Voilà plus de vingt ans que Ludovic Charles, propriétaire d'une boutique de rachat-vente spécialisée dans le retrogaming à Gardanne, près d'Aix-en-Provence, collectionne les consoles de jeux vidéo.

Tel un chasseur de trésors, il en possède aujourd'hui 2 200. « Je dirais qu'il m'en manque une centaine pour avoir une collection très exhaustive », nous explique-t-il.

S'il les trouve principalement sur le web, il n'hésite pas non plus à se rendre régulièrement au Japon pour y chiner quelques trouvailles supplémentaires, et compléter sa collection. Un stock qu'il a rempli sur plusieurs mois et qu'il mettrait « dix ans à revendre », estime-t-il pour nous donner une idée du volume !

Mais Ludovic Charles n'est pas qu'un collectionneur. C'est avant tout un entrepreneur, qui a tenu depuis 1999, vingt magasins, et à une certaine période jusqu'à 12 simultanément.

Musée du jeu vidéo : un alignement des astres

En 2022, un peu las d'accumuler toutes ces pépites, il décide de mettre sa collection en vente et poste une annonce sur e-Bay. Dans le texte, il ne se dit pas fermé à l'idée de l'utiliser pour en faire un musée, « le but ultime de tout collectionneur », nous précise-t-il.

Il est alors contacté par un Youtubeur aux 1 million d'abonnés, Benoît Theveny alias Tev, dont la chaîne relate sa vie au Japon. Lui-même est entrepreneur : il a démarré en commercialisant des friandises japonaises, et vend désormais sa propre ligne de vêtements.

Intéressé par l'idée d'un musée du jeu vidéo, il en parle à sa « communauté » en ligne en février dernier. Parmi ses abonnés figure Fabien Goupilleau, conseiller municipal de Bussy-Saint-Georges.

Depuis quelques semaines, l'élu de cette commune de Seine-et-Marne, planche sur le projet d'un pôle ludique que sa ville doit accueillir en 2026. « Nous avons réussi à bloquer le plus grand terrain de la ville - d'une surface de 80 000m2 - pour de l'activité ludique, et non pas pour du logement ou de l’activité commerciale ou industrielle, nous explique-t-il.

Nous pensions déjà axer cet espace sur les jeux vidéos et l'e-sport, alors quand j'ai entendu parler du musée, j'en ai tout de suite parlé au Maire, et après son accord, j'ai envoyé un mail à Tev ». Ce dernier lui répond dans la foulée et après une rencontre physique le mois suivant, les contours du projet se dessinent.

L'ouverture du musée du jeu vidéo attendue mi-2026

Ludovic Charles possède une collection de 2 200 consoles de jeux vidéo - DR : A.B.
Ludovic Charles possède une collection de 2 200 consoles de jeux vidéo - DR : A.B.
Ainsi, sur les 80 000 m2 de terrain, 25 000 m2 vont être dédiés aux activités ludiques et 55 000 m2 serviront à la construction d'un parking de plus de 1 000 places, de 4 restaurants, d'un hôtel 4* (le 5e de la ville) et abriteront de nombreux espaces verts.

Quant au pôle ludique, il abritera une salle de spectacles de 1 500 places pour des concerts, des pièces de théâtre et des compétitions e-sport notamment, ainsi que de nombreuses activités ludiques à destination de la jeunesse (salle d'escalade et salle multisports, laser game, karting, etc.).

« 4 000 m2 sont réservés au futur musée du jeu vidéo », indique Fabien Goupilleau.

La construction devrait débuter en 2025, après une phase architecturale et administrative en 2024. « Nous aimerions pouvoir l'inaugurer au printemps 2026, pour une ouverture au grand public durant l'été », espère le conseiller municipal, qui rejoint le projet en tant qu'associé.

« Nous sommes 5 associés à nous regrouper, notamment Tev et Ludovic Charles, autour de l'association Musée Odyssée, qui va gérer le musée. Les statuts sont en cours d'élaboration et j'en serai un salarié permanent », ajoute-t-il.

2,2 M€ récoltés via une opération de crowdfunding

Mais sur quel business model repose le projet ? « A l'intérieur du musée, on retrouvera un espace commercial dédié à la pop culture, avec des restaurants et des boutiques de jeux vidéo, mangas, cartes Pokémon, vêtements, accessoires, etc. », explique Ludovic Charles.

Cet espace, sous-loué à des commerçants, permettra à l’association - qui loue la totalité du bâtiment à un promoteur - de percevoir des loyers. Le reste du financement proviendra de la billetterie et des subventions que l'association parviendra à obtenir de l’État et des différents ministères.

Les aménagements intérieurs seront, quant à eux, en partie financés par les quelque 2,2 M€ récoltés par les instigateurs du projet Odyssée - le nom fait référence à la première console de salon sortie en 1972 aux États-Unis - via une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank. 

« L'ouverture du musée va nécessiter environ 10 M€ d'investissement » estime Fabien Goupilleau. L'obtention de crédits bancaires devrait toutefois être « facilitée » par le fait que le projet a obtenu le haut patronage du Président de la République en octobre.

Le musée du jeu vidéo se veut ludique et interactif

A l'intérieur, les visiteurs pourront retrouver tous les modèles de consoles, dont des éditions collector. « Elles ne seront pas toutes visibles en même temps, il y aura des expositions temporaires », précise le conseille municipal.

Le musée sera avant tout ludique et interactif, et ce dès l'entrée. « Nous travaillons sur une application très poussée qui permettra de charger la carte de membre ou le ticket dans le téléphone, de scanner des QR Codes pour voir d'un coup d’œil toute la collection et obtenir des informations sur les pièces exposées avec la traduction instantanée et un audioguide, mais aussi de découvrir le musée en participant à des jeux », précise Ludovic Charles.

Les visiteurs pourront aussi tester différents modèles de consoles et de jeux vidéo. Une partie sera aussi dédiée à l'informatique, avec la présence d'ordinateurs d'époque et de nombreux décors inspirés des années 80.

Un espace sera aussi consacré aux bornes d'arcade et le musée disposera d'une salle de conférences. « L'idée est de proposer tous les week-ends des interventions pédagogiques assurées par des enseignants-chercheurs ou des professionnels du jeu vidéo, mais aussi de permettre à des YouTubeurs d'y rencontrer leurs abonnés », ajoute Fabien Goupilleau.

Un musée à deux pas de Disneyland Paris

Objectif pour ses fondateurs : attirer au moins 100 000 visiteurs par an, qui viendraient uniquement pour le musée.

Parmi eux, des passionnées de jeux vidéos bien sûr, mais aussi des familles et un public jeune originaire d'Île-de-France.

Le musée devrait également bénéficier de l'effet Disneyland Paris, situé à dix minutes de là, pour attirer un public plus large.

Il faut dire que Bussy-Saint-Georges est placée à la fois sur la ligne de RER A (à 5 minutes de Marne-la-Vallée et 25 minutes de Paris) et à proximité de l'autoroute A4 reliant Paris à Strasbourg. « Plus de la moitié des gens qui vont à Disney s'y rendent en RER », commente Fabien Goupilleau.

Avec le parc d'attractions tout proche, les quelque 600 chambres d'hôtels de la commune (sans compter les hébergements chez l'habitant) sont occupées à 95% tout au long de l'année. « Nous allons communiquer partout dans la ville sur le musée », ajoute l'élu, espérant toucher ces visiteurs potentiels.

Quant aux visiteurs étrangers, « il y a toute une génération, entre 30 et 50 ans, qui sont fans de jeux vidéo. Regardez au Japon, vous avez maintenant des touristes qui se rendent au Parc Nintendo à Tokyo et les tour-opérateurs le proposent dans leurs programmes. Ils vont faire de même avec le musée Nintendo qui va ouvrir à Kyoto.

C'est générationnel et ceux qui vont avoir le budget pour voyager sont baignés par cette pop culture et par les jeux vidéo
, analyse pour sa part Ludovic Charles.

Ils vont voyager différemment et certains choisiront de visiter le musée du jeu vidéo plutôt que les Châteaux de la Loire, j'en suis persuadé ».

Lire aussi : Super Nintendo World : Toad arrive au Royaume Champignon

La force de la communauté geek

Au-delà des chiffres prévisionnels et des étapes du calendrier, ce futur musée du jeu vidéo est avant tout un formidable exemple de la force d'une communauté.

En effet, c'est en grande majorité les abonnés de Tev et les fans de culture japonaise qui ont permis au projet de prendre une telle tournure.

A côté des 2,2 M€ récoltés, les fondateurs du musée vont également recevoir de nombreux dons. « Nous sommes en train de chercher un local pour les stocker. Nous avons même été contactés par la Warner qui veut nous donner des décors Harry Potter, que nous pourrions utiliser pour créer un espace dédié à cet univers », indique Ludovic Charles.

Si les fondateurs ont également reçu de nombreuses demandes de la part de professionnels qui souhaiteraient ouvrir leur boutique au sein du musée, ils ont aussi été sollicités par des personnes qui se proposent d'offrir leurs compétences bénévolement pour faire avancer le projet, comme des ingénieurs ou des écoles spécialisées dans la création de jeux vidéos. « Nous allons étudier les propositions, et aussi donner la parole à nos contributeurs, récolter leurs suggestions, répondre à leurs questions, explique Ludovic Charles.

Nous voulons faire participer tout le monde pour maintenir la hype jusqu'à l'ouverture du musée ».

Les fondateurs ouverts aux partenariats touristiques

Pour cela, les associés prévoient de communiquer régulièrement sur l'avancée du projet, en postant des vidéos.

Ils souhaiteraient également que la collection puisse voyager à travers le monde, par le biais d'expositions itinérantes. Car, s'ils ont réussi à toucher la communauté geek et les hautes sphères de l'Etat français, jusqu'à Emmanuel Macron, le secteur du tourisme leur est encore inconnu.

« Nous avons échangé avec l’Élysée et le Ministre en charge du numérique, nous indique Fabien Goupilleau, mais nous ne sommes pas en contact avec le ministère du Tourisme, ni des entreprises privées ».

Les associés se disent ouverts aux partenariats, qu'il s'agisse de destinations prêtes à exposer la collection, ou bien des tour-opérateurs et des agences de voyages qui voudraient monter un produit autour du musée. « Nous essayons également de nouer un partenariat avec une compagnie aérienne pour nos déplacements au Japon, afin de pouvoir agrandir la collection », ajoute Ludovic Charles.

A bon entendeur !

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