TourMaG.com - La RSE est une thématique qui a émergé pendant la crise sanitaire. Quelle est la tendance à court terme ?
Brigitte Jakubowski : Elle était déjà présente, mais de façon moins prenante avant le covid. Néanmoins, ce sujet apparait vraiment, au-delà de la loi des mobilités et celle de la résilience et des directives de la Cop 21 à l’horizon 2030.
Tout ce qui touche au bien-être du voyageur, mais aussi la Qualité de vie au travail (QVT), est devenu important. Le travel behavior a enfin intégré le cadre de la RSE. Ce sont des sujets d’avenir. Les outils ne sont pas encore prêts.
TourMaG.com – La RSE est-elle devenue un argument RH ?
B. J. : Oui, vraiment. Aujourd’hui, malgré la crise, il y a deux débats : l’acquisition et la rétention des talents. Les jeunes veulent savoir s’ils peuvent faire du télétravail, combien de jours ils doivent venir au bureau, comment se passe les déplacements, etc.
La nouvelle génération n’attend pas une belle voiture, mais veut savoir comment s’intègre le travail dans sa vie personnelle.
D’ailleurs l’ouvrage « Le travail à distance dessine-t-il le futur du travail ? », de Marie-Laure Cahier, en fait état. Cet ouvrage entend poser la question du travail à distance au-delà de l'épisode pandémique.
A partir du moment où dans les contrats, il y aura plus de télétravail, de nouveaux types de déplacements liés à ces nouveaux modes de travail vont émerger. Des espaces proposant de l’hébergement et des salles de réunion risquent de se développer.
Brigitte Jakubowski : Elle était déjà présente, mais de façon moins prenante avant le covid. Néanmoins, ce sujet apparait vraiment, au-delà de la loi des mobilités et celle de la résilience et des directives de la Cop 21 à l’horizon 2030.
Tout ce qui touche au bien-être du voyageur, mais aussi la Qualité de vie au travail (QVT), est devenu important. Le travel behavior a enfin intégré le cadre de la RSE. Ce sont des sujets d’avenir. Les outils ne sont pas encore prêts.
TourMaG.com – La RSE est-elle devenue un argument RH ?
B. J. : Oui, vraiment. Aujourd’hui, malgré la crise, il y a deux débats : l’acquisition et la rétention des talents. Les jeunes veulent savoir s’ils peuvent faire du télétravail, combien de jours ils doivent venir au bureau, comment se passe les déplacements, etc.
La nouvelle génération n’attend pas une belle voiture, mais veut savoir comment s’intègre le travail dans sa vie personnelle.
D’ailleurs l’ouvrage « Le travail à distance dessine-t-il le futur du travail ? », de Marie-Laure Cahier, en fait état. Cet ouvrage entend poser la question du travail à distance au-delà de l'épisode pandémique.
A partir du moment où dans les contrats, il y aura plus de télétravail, de nouveaux types de déplacements liés à ces nouveaux modes de travail vont émerger. Des espaces proposant de l’hébergement et des salles de réunion risquent de se développer.
BYO ? "reprend le lead sur ce que je veux faire, je ne suis pas dans le diktat des partenariats"
TourMaG.com - Quels critères faudrait-il prendre en compte dans la mesure du « voyage essentiel » ?
B.J. : La mesure du voyage essentiel était beaucoup moins importante avant la crise. Aujourd’hui, elle se pose pour autant, il n’y a pas d’arbitrage. Il n’existe pas d’algorithme dans les SBT pour le définir.
L’un des critères à prendre en compte concerne les différences interculturelles. On ne peut pas gérer de la même façon des Français, des Américains, des Japonais et autres.
Selon un rapport d’Ideaworks company, les ventes et sécurisation des clients représentent 25% des motifs de voyages ; les congrès et salons professionnels 20 %, ou encore 10% pour un soutien au client.
La visio va prendre le pas sur les réunions intra-entreprises. Les congrès et salons reprennent mais des questions se posent sur le nombre de personnes pouvant être accueilli.
TourMaG.com –La mobilité douce est-elle une véritable tendance ou un effet de mode ?
B.J. : Je ne pense pas que ce soit un effet de mode, mais on va voir si c’est tenable au vu de ce qu’il se passe d’un point de vue énergétique.
TourMaG.com –Qu’est-ce que le BYO, cette nouvelle tendance du business travel ?
B. J. : BYO reprend le lead sur ce que je veux faire, je ne suis pas dans le diktat des partenariats, j’impose mes choix de fournisseurs et je ne suis pas contrainte. Aujourd’hui, un acheteur est face à cette problématique de maillage, où des partenariats existent. Il a perdu le pouvoir de décision.
Aux Etats-Unis, ils vont vers une indépendance de BYO, de carte logée, de compagnie aérienne.
Là-bas, la plateforme Arc propose des solutions de distribution flexibles. Elle peut référencer trois agences de voyages et laisser le choix de choisir avec qui travailler. On se retrouve dans un environnement multifournisseurs. Ça risque d’arriver en France.
TourMaG.com - On observe la consolidation de grands groupes, comme Amex GBT avec le rachat de Egencia. Quel regard portez-vous là-dessus ?
B.J. : Le métier a énormément souffert, regrouper les capitaux et la techno permet d’avoir une position dominante et novatrice, mais aussi de contrer ce qui va arriver sur le marché.
Proposer des offres différenciantes en fonction des volumes et des types d’entreprises leur permet de maintenir les portefeuilles.
B.J. : La mesure du voyage essentiel était beaucoup moins importante avant la crise. Aujourd’hui, elle se pose pour autant, il n’y a pas d’arbitrage. Il n’existe pas d’algorithme dans les SBT pour le définir.
L’un des critères à prendre en compte concerne les différences interculturelles. On ne peut pas gérer de la même façon des Français, des Américains, des Japonais et autres.
Selon un rapport d’Ideaworks company, les ventes et sécurisation des clients représentent 25% des motifs de voyages ; les congrès et salons professionnels 20 %, ou encore 10% pour un soutien au client.
La visio va prendre le pas sur les réunions intra-entreprises. Les congrès et salons reprennent mais des questions se posent sur le nombre de personnes pouvant être accueilli.
TourMaG.com –La mobilité douce est-elle une véritable tendance ou un effet de mode ?
B.J. : Je ne pense pas que ce soit un effet de mode, mais on va voir si c’est tenable au vu de ce qu’il se passe d’un point de vue énergétique.
TourMaG.com –Qu’est-ce que le BYO, cette nouvelle tendance du business travel ?
B. J. : BYO reprend le lead sur ce que je veux faire, je ne suis pas dans le diktat des partenariats, j’impose mes choix de fournisseurs et je ne suis pas contrainte. Aujourd’hui, un acheteur est face à cette problématique de maillage, où des partenariats existent. Il a perdu le pouvoir de décision.
Aux Etats-Unis, ils vont vers une indépendance de BYO, de carte logée, de compagnie aérienne.
Là-bas, la plateforme Arc propose des solutions de distribution flexibles. Elle peut référencer trois agences de voyages et laisser le choix de choisir avec qui travailler. On se retrouve dans un environnement multifournisseurs. Ça risque d’arriver en France.
TourMaG.com - On observe la consolidation de grands groupes, comme Amex GBT avec le rachat de Egencia. Quel regard portez-vous là-dessus ?
B.J. : Le métier a énormément souffert, regrouper les capitaux et la techno permet d’avoir une position dominante et novatrice, mais aussi de contrer ce qui va arriver sur le marché.
Proposer des offres différenciantes en fonction des volumes et des types d’entreprises leur permet de maintenir les portefeuilles.
La TMC "a repris une place qu’elle avait délaissée depuis longtemps."
TourMaG.com – Est-ce que le rôle de la TMC a évolué ?
B. J. : Selon moi, non. Elle a repris une place qu’elle avait délaissée depuis longtemps. Avant toute chose, elle doit être là pour du conseil, être force de proposition et dans la proactivité. Elle s’était un peu perdue avec un objectif de productivité.
Les TMC ont été préservées par le fait qu’elles émettent des billets négociés. Si demain on autorise de l’issue ticketing à d’autres, que se passerait-il ?
Il faut que les TMC se réinventent, sur de la valeur ajoutée, de l’accompagnement, du pilotage. Et vraisemblablement sur une offre élargie, et surtout sur de la technologie et des outils plus innovants.
Elles ont démontré pendant la crise qu’elles savaient accompagner leurs clients, elles ont fait leur job. Elles ont toujours répondu présentes, au titre d’ailleurs de leurs obligations.
TourMaG.com – Il y a un gros travail de digitalisation à faire ?
B. J. : La mobilité n’est pas accessible partout depuis son mobile, par exemple. Par rapport au marché du net, il y a encore beaucoup à faire.
Si les entreprises veulent se mettre de plein front sur une concurrence du web, il faut qu’elles proposent des choses qui parlent aux générations entrantes. L’agence de voyage doit trouver une place pour continuer d’offrir du conseil, du service et essayer de sauver sa peau par une autre rémunération.
B. J. : Selon moi, non. Elle a repris une place qu’elle avait délaissée depuis longtemps. Avant toute chose, elle doit être là pour du conseil, être force de proposition et dans la proactivité. Elle s’était un peu perdue avec un objectif de productivité.
Les TMC ont été préservées par le fait qu’elles émettent des billets négociés. Si demain on autorise de l’issue ticketing à d’autres, que se passerait-il ?
Il faut que les TMC se réinventent, sur de la valeur ajoutée, de l’accompagnement, du pilotage. Et vraisemblablement sur une offre élargie, et surtout sur de la technologie et des outils plus innovants.
Elles ont démontré pendant la crise qu’elles savaient accompagner leurs clients, elles ont fait leur job. Elles ont toujours répondu présentes, au titre d’ailleurs de leurs obligations.
TourMaG.com – Il y a un gros travail de digitalisation à faire ?
B. J. : La mobilité n’est pas accessible partout depuis son mobile, par exemple. Par rapport au marché du net, il y a encore beaucoup à faire.
Si les entreprises veulent se mettre de plein front sur une concurrence du web, il faut qu’elles proposent des choses qui parlent aux générations entrantes. L’agence de voyage doit trouver une place pour continuer d’offrir du conseil, du service et essayer de sauver sa peau par une autre rémunération.
"J’attends de savoir qui sera le premier à dégainer de l’abonnement."
TourMaG.com – Le modèle économique des agences doit-il évoluer ?
B. J. : J’attends de savoir qui sera le premier à dégainer de l’abonnement. Il va falloir que ça change, c’est une question de survie pour les agences, car pas de voyage, pas de revenus.
De la part de l’entreprise, ce devrait être un achat responsable. Il s’agit de considérer son fournisseur comme un partenaire. C’est un changement de culture.
Malheureusement ça arrive dans une période de crise économique pour tout le monde, car il va falloir rembourser les PGE.
D’autant que, j’ai des clients qui cherchent à optimiser en rognant sur le coût de l’agence de voyages.
La crise a renforcé une opacité de pricing. Nous sommes à nouveau entrées dans une non-transparence que j’ai connu au début de ma carrière. Aujourd’hui, il y a du mark up dans tous les sens sur l’aviation et l’hôtellerie.
Les agences ont besoin de faire de la marge supplémentaire, alors l’une des options est de faire des mark-up.
TourMaG.com – Entre la crise sanitaire, la guerre en Ukraine… comment va se dérouler l’année 2022 ?
B.J. : Les acteurs du marché affirment avoir retrouvé 70% du marché de 2019. Oui, mais ils ne donnent pas la typologie des déplacements. Ils restent sur du marché domestique ou moyen-courrier, mais pas de l’international. C’est 70% de transactions chronophages et peu rémunératrices.
De plus, tout le monde est en flux tendu au niveau de la masse salariale.
S’il y avait un espoir avant la guerre en Ukraine, désormais, nous en sommes sûrs 2022 ressemblera à 2021.
L’Asie est toujours fermée, on ne peut plus survoler la Russie et les tarifs des billets vont augmenter. La problématique sécuritaire ne touche plus que la santé. Qui va envoyer quelqu’un ne serait-ce qu’en Pologne ? On en revient au travel behavior.
TourMaG.com – Est-ce qu’on retrouvera un volume d’activité proche de 2019 ?
B.J. : Jamais. A partir du moment où on modifie les organisations, on change la façon dont on pense. Sans compter sur le air bashing. La nouvelle génération est très attachée à l’écologie.
Lire aussi : RSE, rémunération, biocarburant… Quelles perspectives pour le voyage d’affaires ?
B. J. : J’attends de savoir qui sera le premier à dégainer de l’abonnement. Il va falloir que ça change, c’est une question de survie pour les agences, car pas de voyage, pas de revenus.
De la part de l’entreprise, ce devrait être un achat responsable. Il s’agit de considérer son fournisseur comme un partenaire. C’est un changement de culture.
Malheureusement ça arrive dans une période de crise économique pour tout le monde, car il va falloir rembourser les PGE.
D’autant que, j’ai des clients qui cherchent à optimiser en rognant sur le coût de l’agence de voyages.
La crise a renforcé une opacité de pricing. Nous sommes à nouveau entrées dans une non-transparence que j’ai connu au début de ma carrière. Aujourd’hui, il y a du mark up dans tous les sens sur l’aviation et l’hôtellerie.
Les agences ont besoin de faire de la marge supplémentaire, alors l’une des options est de faire des mark-up.
TourMaG.com – Entre la crise sanitaire, la guerre en Ukraine… comment va se dérouler l’année 2022 ?
B.J. : Les acteurs du marché affirment avoir retrouvé 70% du marché de 2019. Oui, mais ils ne donnent pas la typologie des déplacements. Ils restent sur du marché domestique ou moyen-courrier, mais pas de l’international. C’est 70% de transactions chronophages et peu rémunératrices.
De plus, tout le monde est en flux tendu au niveau de la masse salariale.
S’il y avait un espoir avant la guerre en Ukraine, désormais, nous en sommes sûrs 2022 ressemblera à 2021.
L’Asie est toujours fermée, on ne peut plus survoler la Russie et les tarifs des billets vont augmenter. La problématique sécuritaire ne touche plus que la santé. Qui va envoyer quelqu’un ne serait-ce qu’en Pologne ? On en revient au travel behavior.
TourMaG.com – Est-ce qu’on retrouvera un volume d’activité proche de 2019 ?
B.J. : Jamais. A partir du moment où on modifie les organisations, on change la façon dont on pense. Sans compter sur le air bashing. La nouvelle génération est très attachée à l’écologie.
Lire aussi : RSE, rémunération, biocarburant… Quelles perspectives pour le voyage d’affaires ?