Hier, pour les gestionnaires de destinations, le nombre d’arrivées internationales de touristes constituait l’indicateur majeur. Aujourd’hui, c’est le volume des revenus du tourisme qui est visé. Demain, ce sera sans aucun doute sa valeur ajoutée qui constituera, avec le nombre d’emplois créés, l’objectif central. © DOC RABE Media - Fotolia.com
En 1950, 25 millions de touristes ont franchi une frontière internationale. Ils étaient 471 millions en 1992 et la barre du milliard a été franchie en 2012.
En d’autres termes, le volume du tourisme international a été multiplié par 40 en 60 ans et a doublé en 20 ans.
En valeur, il représente directement un marché de 1.100 milliards de dollars et a plus que doublé en dix ans.
Si l’on ajoute le tourisme interne au tourisme international, c’est autour de l’équivalent de 83% de la population mondiale qu’il faut chiffrer les arrivées de touristes en 2012 et le cap des 100% devrait être franchi dans à peine cinq ans.
Au total, si l’on prend également en compte l’ensemble des effets indirects et induits du tourisme, cette activité a contribué pour 6.600 milliards de dollars au PIB mondial en 2012 et a représenté 260 millions d’emplois.
Sa contribution totale représente ainsi aujourd’hui 9% de l’économie mondiale, un emploi sur onze, 5% de l’investissement mondial, 5% du commerce international et 30% des exportations de services.
En d’autres termes, le volume du tourisme international a été multiplié par 40 en 60 ans et a doublé en 20 ans.
En valeur, il représente directement un marché de 1.100 milliards de dollars et a plus que doublé en dix ans.
Si l’on ajoute le tourisme interne au tourisme international, c’est autour de l’équivalent de 83% de la population mondiale qu’il faut chiffrer les arrivées de touristes en 2012 et le cap des 100% devrait être franchi dans à peine cinq ans.
Au total, si l’on prend également en compte l’ensemble des effets indirects et induits du tourisme, cette activité a contribué pour 6.600 milliards de dollars au PIB mondial en 2012 et a représenté 260 millions d’emplois.
Sa contribution totale représente ainsi aujourd’hui 9% de l’économie mondiale, un emploi sur onze, 5% de l’investissement mondial, 5% du commerce international et 30% des exportations de services.
Le tourisme connait de profondes évolutions
Derrière ces chiffres impressionnants, le tourisme connait de profondes évolutions.
La plus importante est certainement l’extraordinaire diversification des destinations depuis une vingtaine d’années.
Les chiffres traduisent cette considérable diversification : en 1950, les 10 premières destinations mondiales captaient 88% des touristes internationaux. Elles n’en attiraient plus que 60% en 1980 et 44% aujourd’hui.
La seconde évolution a trait à la diversification des marchés-source.
Les européens de l’ouest ont longtemps été, avec les américains et les japonais, les grands voyageurs du monde.
Sous la triple poussée de la croissance d’économies émergentes, de la baisse du prix relatif des transports aériens et de l’ouverture au voyage de la Chine et des pays de l’ex-URSS, de nombreuses et nouvelles clientèles sont apparues.
Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la part des dix premiers marchés–sources dans le total des dépenses du tourisme international est passée de 67% en 1990 à 46% aujourd’hui.
Dans le même temps, des marchés émetteurs quasi inexistants se sont installés aux toutes premières places.
La plus importante est certainement l’extraordinaire diversification des destinations depuis une vingtaine d’années.
Les chiffres traduisent cette considérable diversification : en 1950, les 10 premières destinations mondiales captaient 88% des touristes internationaux. Elles n’en attiraient plus que 60% en 1980 et 44% aujourd’hui.
La seconde évolution a trait à la diversification des marchés-source.
Les européens de l’ouest ont longtemps été, avec les américains et les japonais, les grands voyageurs du monde.
Sous la triple poussée de la croissance d’économies émergentes, de la baisse du prix relatif des transports aériens et de l’ouverture au voyage de la Chine et des pays de l’ex-URSS, de nombreuses et nouvelles clientèles sont apparues.
Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la part des dix premiers marchés–sources dans le total des dépenses du tourisme international est passée de 67% en 1990 à 46% aujourd’hui.
Dans le même temps, des marchés émetteurs quasi inexistants se sont installés aux toutes premières places.
Les touristes chinois sont devenus les premiers touristes internationaux
En 1990, la Chine constituait le 7ème marché émetteur mondial et, avec 10,3 milliards de dollars, représentait moins de 4% de la dépense mondiale des touristes.
Un peu plus de 20 ans plus tard, les touristes chinois sont devenus les premiers touristes internationaux et, avec 102 milliards de dollars dépensés en 2012, ils représentent 9,5% de la dépense mondiale. Pour la seule année 2012, les dépenses des touristes chinois à l’étranger ont cru de 40% et devraient croître encore de 20% en 2013.
De même, le marché émetteur russe, qui n’était que le 12ème marché mondial en 1990 et représentait moins de 2% de la dépense mondiale, vient, avec une croissance de 30% pour la seule année 2012, de prendre la 5ème place mondiale avec 42,8 milliards de dollars de dépenses.
En d’autres termes, avant-hier, un petit nombre de pays voyageait dans un petit nombre de pays.
Hier, un petit nombre de pays voyageait dans un grand nombre de pays.
Aujourd’hui, un grand nombre de pays voyage dans un grand nombre de pays.
Cette évolution appelle, surtout dans les pays leader, des changements considérables dans la conception des produits, la nature et le volume des investissements et, peut-être de la façon la plus urgente, la politique et les outils de promotion.
Un peu plus de 20 ans plus tard, les touristes chinois sont devenus les premiers touristes internationaux et, avec 102 milliards de dollars dépensés en 2012, ils représentent 9,5% de la dépense mondiale. Pour la seule année 2012, les dépenses des touristes chinois à l’étranger ont cru de 40% et devraient croître encore de 20% en 2013.
De même, le marché émetteur russe, qui n’était que le 12ème marché mondial en 1990 et représentait moins de 2% de la dépense mondiale, vient, avec une croissance de 30% pour la seule année 2012, de prendre la 5ème place mondiale avec 42,8 milliards de dollars de dépenses.
En d’autres termes, avant-hier, un petit nombre de pays voyageait dans un petit nombre de pays.
Hier, un petit nombre de pays voyageait dans un grand nombre de pays.
Aujourd’hui, un grand nombre de pays voyage dans un grand nombre de pays.
Cette évolution appelle, surtout dans les pays leader, des changements considérables dans la conception des produits, la nature et le volume des investissements et, peut-être de la façon la plus urgente, la politique et les outils de promotion.
Diversification des activités pratiquées par les touristes
La troisième grande tendance est le corollaire des deux premières.
Elle réside dans la diversification des activités pratiquées par les touristes : tourisme culturel, tourisme d’activités physiques et sportives, tourisme de découverte et de nature, tourisme de shopping, tourisme religieux, tourisme de plage et de croisières, tourisme de bien-être et de santé, tourisme de jeux et de divertissement, tourisme d’affaires…
Derrière ces grandes catégories, c’est aujourd’hui plus de 300 types d’activités qui sont offerts aux touristes avec, en toile de fond, une accélération des investissements dont le niveau a été évalué à 760 milliards de dollars en 2012.
Elle réside dans la diversification des activités pratiquées par les touristes : tourisme culturel, tourisme d’activités physiques et sportives, tourisme de découverte et de nature, tourisme de shopping, tourisme religieux, tourisme de plage et de croisières, tourisme de bien-être et de santé, tourisme de jeux et de divertissement, tourisme d’affaires…
Derrière ces grandes catégories, c’est aujourd’hui plus de 300 types d’activités qui sont offerts aux touristes avec, en toile de fond, une accélération des investissements dont le niveau a été évalué à 760 milliards de dollars en 2012.
Internationalisation des revenus des services touristiques
La quatrième grande évolution a trait à l’internationalisation des revenus des services touristiques.
Une idée reste ancrée chez de nombreux économistes suivant laquelle les revenus du tourisme international devraient revenir exclusivement au pays récepteur.
A tel point qu’on a qualifié de « fuites » les bénéfices revenant aux opérateurs des pays émetteurs (essentiellement les coûts de transport aérien, les marges des tour-opérateurs et une part des approvisionnements des grandes chaines hôtelières).
Les faits montrent que, en réalité, ces « fuites » ne sont pas des anomalies d’un système qui devrait être fermé mais bien une tendance qui va inéluctablement s’amplifier car le tourisme ne fait en cela que suivre une évolution de fond du commerce international.
Pascal Lamy indiquait récemment qu’il y a trente ans, en moyenne, tous biens et services confondus, pour exporter 100, un pays devait d’abord importer 10. Aujourd’hui, il lui faut importer 40 pour les incorporer à ses exportations.
Dans le secteur du tourisme, cela se traduit concrètement par le fait que, par exemple, pour attirer un touriste japonais, un hôtelier parisien doit aujourd’hui verser 20% de sa recette à une agence en ligne américaine.
Pour accueillir un skieur néerlandais, une station de Haute-Savoie doit en partager les revenus avec une compagnie aérienne low-cost irlandaise, un aéroport suisse, un tour-opérateur anglais, un tour opérateur allemand, un fournisseur de remontées mécaniques autrichien et un fabricant de skis finlandais dont la production est sous-traitée en Chine.
Il en va de même pour la chambre d’hôte périgourdine louée à Londres, facturée en livres, et dont pas un penny ne franchira la Manche.
Une idée reste ancrée chez de nombreux économistes suivant laquelle les revenus du tourisme international devraient revenir exclusivement au pays récepteur.
A tel point qu’on a qualifié de « fuites » les bénéfices revenant aux opérateurs des pays émetteurs (essentiellement les coûts de transport aérien, les marges des tour-opérateurs et une part des approvisionnements des grandes chaines hôtelières).
Les faits montrent que, en réalité, ces « fuites » ne sont pas des anomalies d’un système qui devrait être fermé mais bien une tendance qui va inéluctablement s’amplifier car le tourisme ne fait en cela que suivre une évolution de fond du commerce international.
Pascal Lamy indiquait récemment qu’il y a trente ans, en moyenne, tous biens et services confondus, pour exporter 100, un pays devait d’abord importer 10. Aujourd’hui, il lui faut importer 40 pour les incorporer à ses exportations.
Dans le secteur du tourisme, cela se traduit concrètement par le fait que, par exemple, pour attirer un touriste japonais, un hôtelier parisien doit aujourd’hui verser 20% de sa recette à une agence en ligne américaine.
Pour accueillir un skieur néerlandais, une station de Haute-Savoie doit en partager les revenus avec une compagnie aérienne low-cost irlandaise, un aéroport suisse, un tour-opérateur anglais, un tour opérateur allemand, un fournisseur de remontées mécaniques autrichien et un fabricant de skis finlandais dont la production est sous-traitée en Chine.
Il en va de même pour la chambre d’hôte périgourdine louée à Londres, facturée en livres, et dont pas un penny ne franchira la Manche.
Vers une révision des politiques publiques du tourisme
Tout cela signifie que le tourisme est une activité éminemment délocalisable.
D'abord parce-que les modifications de flux de touristes ont un effet direct sur la localisation de son appareil de production (et quelques pays du sud de la Méditerranée en font la dure expérience depuis deux ans, de même que leurs fournisseurs d’Europe de l’ouest) ; ensuite parce-que, même à flux touristiques constants, dans un secteur dont la chaîne de valeur est de plus en plus composite, un nombre croissant de ses éléments peut être basé ailleurs que dans la destination concernée.
En d’autres termes, hier, pour les gestionnaires de destinations, le nombre d’arrivées internationales de touristes constituait l’indicateur majeur. Aujourd’hui, c’est le volume des revenus du tourisme qui est visé.
Demain, ce sera sans aucun doute sa valeur ajoutée qui constituera, avec le nombre d’emplois créés, l’objectif central.
Cette évolution devrait conduire à une révision des politiques publiques du tourisme dans les économies matures.
Il va en effet s’agir, d’un côté, de sélectionner les créneaux les plus porteurs de valeur ajoutée et, d’un autre côté, d’optimiser le rapport entre les recettes et la valeur des services importés.
LIRE AUSSI : I. Le tourisme devient-il un enjeu stratégique mondial ?
II. Le monde bouge, la France montre des signes d’essoufflement...
III. Pourquoi la France est-elle devenue la 1ère destination touristique du monde ?
IV. Pourquoi la France perd-elle des parts de marché ?
D'abord parce-que les modifications de flux de touristes ont un effet direct sur la localisation de son appareil de production (et quelques pays du sud de la Méditerranée en font la dure expérience depuis deux ans, de même que leurs fournisseurs d’Europe de l’ouest) ; ensuite parce-que, même à flux touristiques constants, dans un secteur dont la chaîne de valeur est de plus en plus composite, un nombre croissant de ses éléments peut être basé ailleurs que dans la destination concernée.
En d’autres termes, hier, pour les gestionnaires de destinations, le nombre d’arrivées internationales de touristes constituait l’indicateur majeur. Aujourd’hui, c’est le volume des revenus du tourisme qui est visé.
Demain, ce sera sans aucun doute sa valeur ajoutée qui constituera, avec le nombre d’emplois créés, l’objectif central.
Cette évolution devrait conduire à une révision des politiques publiques du tourisme dans les économies matures.
Il va en effet s’agir, d’un côté, de sélectionner les créneaux les plus porteurs de valeur ajoutée et, d’un autre côté, d’optimiser le rapport entre les recettes et la valeur des services importés.
LIRE AUSSI : I. Le tourisme devient-il un enjeu stratégique mondial ?
II. Le monde bouge, la France montre des signes d’essoufflement...
III. Pourquoi la France est-elle devenue la 1ère destination touristique du monde ?
IV. Pourquoi la France perd-elle des parts de marché ?
Né en 1953, Frédéric Pierret est actuellement Directeur exécutif de Programme et Coordination à l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), à Madrid (Espagne) où il occupe ce poste depuis janvier 2010.
Avant de rejoindre l’OMT, il était Directeur du tourisme au sein de l’Administration du tourisme française (de 2005 à 2007).
Frédéric Pierret a été en parallèle conseiller de l’OMT et présidé notamment le groupe de travail sur l’évaluation des risques et la gestion des crises (de 2005 à 2007).
Il a également travaillé comme consultant pour l’élaboration d’un manuel concernant la recherche de financements du tourisme en Afrique (en 2009).
Entre 1984 et 2004, il a occupé différents postes de Secrétaire général au sein du Ministère de l’intérieur français.
Il s’exprime ici à titre personnel.
Avant de rejoindre l’OMT, il était Directeur du tourisme au sein de l’Administration du tourisme française (de 2005 à 2007).
Frédéric Pierret a été en parallèle conseiller de l’OMT et présidé notamment le groupe de travail sur l’évaluation des risques et la gestion des crises (de 2005 à 2007).
Il a également travaillé comme consultant pour l’élaboration d’un manuel concernant la recherche de financements du tourisme en Afrique (en 2009).
Entre 1984 et 2004, il a occupé différents postes de Secrétaire général au sein du Ministère de l’intérieur français.
Il s’exprime ici à titre personnel.