Hervé Novelli s'inquiète de la tournure des évènements pour Atout France - Depostiphotos @AndreyPopov
Il a été secrétaire d'Etat au Tourisme, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mais il a surtout été à l'origine d'Atout France.
Nous sommes en 2009, le monde et le système bancaire se remettent difficilement de l'une des pires crises économiques de l'histoire.
A l'époque deux institutions cohabitaient, avec d'un côté la "Maison de la France" puis de l'autre "ODIT France".
Hervé Novelli va travailler à la fusion des 2 institutions qui donnera naissance à Atout France, dans un souci de "simplification et de puissance" d'une agence qui devait diriger la politique touristique de notre pays.
Quinze ans plus tard, l'ambiance est tout autre, mais la crise est toujours là. Il est venu l'heure d'impulser un "New Deal, les temps sont mûrs pour appeler à un nouvel acte et une refondation d'Atout France.
Sauf que cet appel, je l'ai passé, avant l'annonce du gouvernement de son intention de fusionner avec Business France," nous confie-t-il.
L'ancien député ne s'attendait sans doute pas à l'intention de l'Exécutif de faire table rase et de repartir d'une feuille blanche]i, tout en réduisant drastiquement le budget et sans doute les ressources humaines.
Assisterons-nous à un New deal ou à un Big Bang ?
Nous sommes en 2009, le monde et le système bancaire se remettent difficilement de l'une des pires crises économiques de l'histoire.
A l'époque deux institutions cohabitaient, avec d'un côté la "Maison de la France" puis de l'autre "ODIT France".
Hervé Novelli va travailler à la fusion des 2 institutions qui donnera naissance à Atout France, dans un souci de "simplification et de puissance" d'une agence qui devait diriger la politique touristique de notre pays.
Quinze ans plus tard, l'ambiance est tout autre, mais la crise est toujours là. Il est venu l'heure d'impulser un "New Deal, les temps sont mûrs pour appeler à un nouvel acte et une refondation d'Atout France.
Sauf que cet appel, je l'ai passé, avant l'annonce du gouvernement de son intention de fusionner avec Business France," nous confie-t-il.
L'ancien député ne s'attendait sans doute pas à l'intention de l'Exécutif de faire table rase et de repartir d'une feuille blanche]i, tout en réduisant drastiquement le budget et sans doute les ressources humaines.
Assisterons-nous à un New deal ou à un Big Bang ?
Business France et Atout France : "des synergies pas évidentes"
Déjà lorsque Christophe Lecourtier était à la tête de Business France (de 2017 à 2022) l'idée circulait dans les ministères.
Et celle-ci ne sied pas vraiment à Hervé Novelli, mais plutôt aux autorités qui cherchent à enlever quelques couches au mille-feuilles administratif, question de dégraisser le mammouth.
"Cette fusion était dans les tuyaux au sein de l'administration et la nomination de Laurent Saint-Martin au Budget auprès du Premier ministre n'est pas anodine.
Malgré tout, les synergies entre les 2 entités ne sont pas évidentes. Leurs objets sont bien différents," tempère le père spirituel d'Atout France.
Et c'est aussi toute la complexité de cette fusion qui tarde à se dessiner.
Tout d'abord, la question du véhicule législatif se pose. Alors que le gouvernement se trouve chahuté sur le projet de loi de finances pour 2025, le Front National a annoncé ce matin qu'il votera une motion de censure, en cas de baisse du pouvoir d'achat des Français.
Sans le parti d'extrême droite la majorité, déjà fragile, pourrait voler en éclats.
De plus, chaque entité a ses propres statuts pas vraiment compatibles. La liste des doléances pour réussir l'opération sera longue et l'absorption ne se fera pas en un claquement de doigts.
Une fois les points de friction réglés, il sera nécessaire de travailler durant quelques mois pour finaliser le souhait de Michel Barnier.
Pendant ce temps, Marina Ferrari poursuit son travail. La ministre déléguée du Tourisme a auditionné de nombreux acteurs du secteur sur le sujet. Pour l'heure rien ne filtre vraiment, même si l'idée de départ reste la même.
Il y a bien eu la rumeur, suite à la publication d'un décret, d'un changement de ministère pour basculer à celui des Affaires étrangères, mais pour ceux qui suivent le dossier, ce n'est pas une nouveauté.
Et celle-ci ne sied pas vraiment à Hervé Novelli, mais plutôt aux autorités qui cherchent à enlever quelques couches au mille-feuilles administratif, question de dégraisser le mammouth.
"Cette fusion était dans les tuyaux au sein de l'administration et la nomination de Laurent Saint-Martin au Budget auprès du Premier ministre n'est pas anodine.
Malgré tout, les synergies entre les 2 entités ne sont pas évidentes. Leurs objets sont bien différents," tempère le père spirituel d'Atout France.
Et c'est aussi toute la complexité de cette fusion qui tarde à se dessiner.
Tout d'abord, la question du véhicule législatif se pose. Alors que le gouvernement se trouve chahuté sur le projet de loi de finances pour 2025, le Front National a annoncé ce matin qu'il votera une motion de censure, en cas de baisse du pouvoir d'achat des Français.
Sans le parti d'extrême droite la majorité, déjà fragile, pourrait voler en éclats.
De plus, chaque entité a ses propres statuts pas vraiment compatibles. La liste des doléances pour réussir l'opération sera longue et l'absorption ne se fera pas en un claquement de doigts.
Une fois les points de friction réglés, il sera nécessaire de travailler durant quelques mois pour finaliser le souhait de Michel Barnier.
Pendant ce temps, Marina Ferrari poursuit son travail. La ministre déléguée du Tourisme a auditionné de nombreux acteurs du secteur sur le sujet. Pour l'heure rien ne filtre vraiment, même si l'idée de départ reste la même.
Il y a bien eu la rumeur, suite à la publication d'un décret, d'un changement de ministère pour basculer à celui des Affaires étrangères, mais pour ceux qui suivent le dossier, ce n'est pas une nouveauté.
Atout France : un décret annonce un changement de ministère ?
A chaque changement de ministère, une publication officielle rappelle que la promotion touristique est aussi une prérogative du Quai d'Orsay.
Hervé Novelli figure parmi la short list des personnes régulièrement auditionnées pour réfléchir à l'avenir aussi bien de l'institution que de l'industrie.
Ces derniers mois, les autorités publiques l'ont invité à donner sa vision du renouveau d'Atout France, ce qu'il nous l'avait partagé dans un entretien.
Selon lui, la prochaine révolution consistait à rendre le pouvoir aux collectivités et aux professionnels, mais c'était avant l'annonce de la possible fusion avec Business France.
"La rationalisation, notamment, je pense à l'international, peut-être une bonne chose avec une mutualisation des implantations Business-France et Atout France, analyse-t-il
Tout ça mérite d'être discuté, comme l'a très bien dit la ministre.
Nous n'avons pas eu de ministre délégué depuis mon prédécesseur (Léon Bertrand entre 2002 et 2007, sous la présidence de Jacques Chirac, NDLR) et la nomination de Marina Ferrari est plutôt un signal intéressant.
Il ne faudrait pas qu'à la faveur de ce rapprochement priver la ministre d'un opérateur dédié, un risque qui pèse actuellement," craint Hervé Novelli.
Sans son bras armé, ce ministère n'aura alors que très peu de pouvoir. IL n'a déjà pas de budget. Son avenir est donc hypothéqué à très court terme.
Ce présage parait totalement ubuesque dans un pays, en quasi "faillite financière", pour qui le tourisme reste l'une des rares bouffées d'oxygène économique et une industrie d'avenir.
L'effort budgétaire doit être national, pour rassurer les marchés et les partenaires européens, donc le tourisme ne pourra pas y échapper.
Hervé Novelli figure parmi la short list des personnes régulièrement auditionnées pour réfléchir à l'avenir aussi bien de l'institution que de l'industrie.
Ces derniers mois, les autorités publiques l'ont invité à donner sa vision du renouveau d'Atout France, ce qu'il nous l'avait partagé dans un entretien.
Selon lui, la prochaine révolution consistait à rendre le pouvoir aux collectivités et aux professionnels, mais c'était avant l'annonce de la possible fusion avec Business France.
"La rationalisation, notamment, je pense à l'international, peut-être une bonne chose avec une mutualisation des implantations Business-France et Atout France, analyse-t-il
Tout ça mérite d'être discuté, comme l'a très bien dit la ministre.
Nous n'avons pas eu de ministre délégué depuis mon prédécesseur (Léon Bertrand entre 2002 et 2007, sous la présidence de Jacques Chirac, NDLR) et la nomination de Marina Ferrari est plutôt un signal intéressant.
Il ne faudrait pas qu'à la faveur de ce rapprochement priver la ministre d'un opérateur dédié, un risque qui pèse actuellement," craint Hervé Novelli.
Sans son bras armé, ce ministère n'aura alors que très peu de pouvoir. IL n'a déjà pas de budget. Son avenir est donc hypothéqué à très court terme.
Ce présage parait totalement ubuesque dans un pays, en quasi "faillite financière", pour qui le tourisme reste l'une des rares bouffées d'oxygène économique et une industrie d'avenir.
L'effort budgétaire doit être national, pour rassurer les marchés et les partenaires européens, donc le tourisme ne pourra pas y échapper.
Pour Hervé Novelli il faut "plutôt renforcer" le tourisme que l'affaiblir !
Sauf que le gouvernement se trompe dans ses calculs estime Hervé Novelli.
Pendant que les usines ferment un peu partout sur le territoire, que les commerces souffrent et qu'une vague de défaillance d'entreprise, ce secteur surnage.
"Quand j'étais au gouvernement, pour résumer la réussite économique du tourisme, je parlais de cercle magique. Quand les choses vont bien, les touristes étrangers affluent et on fait une très belle saison. Quand les choses vont moins bien, les Français restent et on fait une très belle saison.
Donc c'est vraiment la branche qui a beaucoup d'atouts. Il ne faut pas la scier, mais plutôt la renforcer," s'inquiète l'ancien député.
Celui qui est actuellement président du conseil supérieur de l'œnotourisme juge les débuts de Marina Ferrari prometteurs, de par sa capacité d'écoute et de compréhension de l'écoystème.
Il craint tout de même qu'elle se retrouve affaiblie rapidement.
"Bien sur que je suis inquiet. Quand vous fusionnez deux boîtes dont l'une est 4 fois plus importante, il y a un risque de fusion-absorption qui est clair. C'est ça le sujet.
J'ai mis suffisamment de cœur dans la naissance d'un opérateur dédié, pour ne pas le voir disparaitre, même si je crois savoir qu'une mission de préfiguration devrait voir le jour," recadre Hervé Novelli.
Elle a été annoncée lors de la CAT, ce mercredi matin. Sur demande de la ministre, le préfigurateur va auditer et donner son avis sur l'opération.
Entre l'absorption et la réduction drastique du budget qui se profilent, assistons-nous à un dépeçage brutal de l'agence ?
A l'heure, où nous tapons ces mots, les équipes sont plongées dans un épais brouillard.
Non seulement, elles vont perdre les millions des fonds visas, mais pour le moment aucun crédit exceptionnel n'a été débloqué pour les campagnes à venir.
Pendant que les usines ferment un peu partout sur le territoire, que les commerces souffrent et qu'une vague de défaillance d'entreprise, ce secteur surnage.
"Quand j'étais au gouvernement, pour résumer la réussite économique du tourisme, je parlais de cercle magique. Quand les choses vont bien, les touristes étrangers affluent et on fait une très belle saison. Quand les choses vont moins bien, les Français restent et on fait une très belle saison.
Donc c'est vraiment la branche qui a beaucoup d'atouts. Il ne faut pas la scier, mais plutôt la renforcer," s'inquiète l'ancien député.
Celui qui est actuellement président du conseil supérieur de l'œnotourisme juge les débuts de Marina Ferrari prometteurs, de par sa capacité d'écoute et de compréhension de l'écoystème.
Il craint tout de même qu'elle se retrouve affaiblie rapidement.
"Bien sur que je suis inquiet. Quand vous fusionnez deux boîtes dont l'une est 4 fois plus importante, il y a un risque de fusion-absorption qui est clair. C'est ça le sujet.
J'ai mis suffisamment de cœur dans la naissance d'un opérateur dédié, pour ne pas le voir disparaitre, même si je crois savoir qu'une mission de préfiguration devrait voir le jour," recadre Hervé Novelli.
Elle a été annoncée lors de la CAT, ce mercredi matin. Sur demande de la ministre, le préfigurateur va auditer et donner son avis sur l'opération.
Entre l'absorption et la réduction drastique du budget qui se profilent, assistons-nous à un dépeçage brutal de l'agence ?
A l'heure, où nous tapons ces mots, les équipes sont plongées dans un épais brouillard.
Non seulement, elles vont perdre les millions des fonds visas, mais pour le moment aucun crédit exceptionnel n'a été débloqué pour les campagnes à venir.
Atout France : "Il ne faudrait pas qu'une vision trop budgétaire ne tue un opérateur"
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De plus, la fin du Plan Destination France a entrainé aussi le départ d'une trentaine de personnes uniquement dédiées à la reconquête et transformation du secteur.
Dans les locaux, l'angoisse s'empare des équipes.
Il est dommage que l'agence de promotion se retrouve paralysée au lendemain de Jeux olympiques flamboyants ayant renvoyé une image positive de la France partout dans le monde.
Et nous n'allons même pas surfer sur cette vague...
"Le drame dans notre pays : il nous faut toujours un bouc émissaire. Et cette fois-ci la faute est rejetée sur les agences (d'Etat, ndlr). Je ne néglige pas le besoin de réaliser un certain ménage.
Par contre je remarque que les réductions des dépenses publiques qui ont eu lieu récemment dans le monde, au Canada ou en Suède, ont entrainé la création d'agences en délégation des missions de l'État.
Le risque à vouloir supprimer ces institutions, est de conforter le rôle de l'Etat, dans ce qu'il était auparavant donc omnipuissant, omnipotent" déplore le conseiller d'Atream.
Ces délégations dans les deux pays cités mélangent donc les intérêts privés et publics. Les salariés sont d'ailleurs sous statut privé.
Sauf que dans sa chasse aux coûts, le gouvernement coupe toutes les vannes.
"Il ne faudrait pas qu'une vision trop budgétaire tue un opérateur qui, malgré un certain nombre de lacunes, a été vraiment intéressant pour la branche.
D'autant que les économies substantielles ne pourront résoudre notre problème budgétaire," conclut Hervé Novelli.
Dans cette course mondiale à la première place, la France pourrait encore avoir un train... de retard.
Dans les locaux, l'angoisse s'empare des équipes.
Il est dommage que l'agence de promotion se retrouve paralysée au lendemain de Jeux olympiques flamboyants ayant renvoyé une image positive de la France partout dans le monde.
Et nous n'allons même pas surfer sur cette vague...
"Le drame dans notre pays : il nous faut toujours un bouc émissaire. Et cette fois-ci la faute est rejetée sur les agences (d'Etat, ndlr). Je ne néglige pas le besoin de réaliser un certain ménage.
Par contre je remarque que les réductions des dépenses publiques qui ont eu lieu récemment dans le monde, au Canada ou en Suède, ont entrainé la création d'agences en délégation des missions de l'État.
Le risque à vouloir supprimer ces institutions, est de conforter le rôle de l'Etat, dans ce qu'il était auparavant donc omnipuissant, omnipotent" déplore le conseiller d'Atream.
Ces délégations dans les deux pays cités mélangent donc les intérêts privés et publics. Les salariés sont d'ailleurs sous statut privé.
Sauf que dans sa chasse aux coûts, le gouvernement coupe toutes les vannes.
"Il ne faudrait pas qu'une vision trop budgétaire tue un opérateur qui, malgré un certain nombre de lacunes, a été vraiment intéressant pour la branche.
D'autant que les économies substantielles ne pourront résoudre notre problème budgétaire," conclut Hervé Novelli.
Dans cette course mondiale à la première place, la France pourrait encore avoir un train... de retard.