Pour Ludivine Dubernet, la secrétaire générale de l'UNOSTRA la situation est plus que critique par la flambée du prix du baril - Depositphotos @JrCasas
TourMaG.com - Dans un dernier communiqué de presse l'UNOSTRA expliquait que l'industrie allée mourir. Ce constat peut-il s'étendre aux autocaristes ?
Ludivine Dubernet : A l'heure actuelle, au prix auquel se situe gazole, les entreprises ne vont pas pouvoir tenir.
Financièrement la situation est telle que des transporteurs du secteur de la marchandise ne livrent plus, car ce n'est plus faisable. Ils ont arrêté leurs véhicules.
Les autocaristes après deux ans d'une crise sans précédent se retrouvent avec une reprise qui est freinée par la crise du pétrole.
Surtout que dans cette branche, contrairement au transport de marchandises, il n'y a pas d'indexation gazole donc le devis du 14 mars 2022 pour une sortie le 15 juin, vous savez déjà que dès le lendemain, il n'est plus valide.
Nous assistons à la mort de nos entreprises.
Je travaille depuis 14 ans à l'UNSOTRA et je peux vous dire que c'est la 1ère fois que je suis autant inquiète pour nos entreprises.
Ludivine Dubernet : A l'heure actuelle, au prix auquel se situe gazole, les entreprises ne vont pas pouvoir tenir.
Financièrement la situation est telle que des transporteurs du secteur de la marchandise ne livrent plus, car ce n'est plus faisable. Ils ont arrêté leurs véhicules.
Les autocaristes après deux ans d'une crise sans précédent se retrouvent avec une reprise qui est freinée par la crise du pétrole.
Surtout que dans cette branche, contrairement au transport de marchandises, il n'y a pas d'indexation gazole donc le devis du 14 mars 2022 pour une sortie le 15 juin, vous savez déjà que dès le lendemain, il n'est plus valide.
Nous assistons à la mort de nos entreprises.
Je travaille depuis 14 ans à l'UNSOTRA et je peux vous dire que c'est la 1ère fois que je suis autant inquiète pour nos entreprises.
"Vous avez des entreprises qui ne pourront pas passer même le mois de mars"
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TourMaG.com - La situation est plus que problématique. Que vous dit le gouvernement ?
Ludivine Dubernet : Il ne daigne pas répondre à nos demandes.
Les autocaristes sont asphyxiés financièrement, malgré les aides de l'Etat. Bercy est intervenu durant la crise sanitaire. Grâce au fonds de solidarité, les entreprises ont été maintenues hors de l'eau, sauf qu'à l'heure actuelle tout est arrêté.
Je suis extrêmement inquiète, ce n'est pas dans ma nature. L'urgence est là. Vous avez des entreprises qui ne pourront pas passer même le mois de mars.
TourMaG.com - Malgré tout, le gouvernement a décidé de baisser le litre de 15 centimes via une aide...
Ludivine Dubernet : Nous nous sommes demandé, si ce n'était pas un poisson d'avril quand même.
Certains acteurs ne pourront pas tenir jusqu'à cette échéance. Il reste encore 15 jours avant de bénéficier de cette... mesurette. C'est se moquer des transporteurs et de l'urgence de la situation.
Le gouvernement baisse de 15 centimes, sauf que cela concerne la TVA, alors que nous la récupérons. C'est une bonne nouvelle pour les particuliers. Sauf que le gazole est notre principale source de dépense et nous n'avons pas en tant que transporteurs d'alternative.
Les véhicules au gaz ont vu les prix à la pompe augmenter de 400%, comment voulez-vous que les entreprises puissent investir ? C'est ingérable. La colère monte et la profession commence à gronder.
Ludivine Dubernet : Il ne daigne pas répondre à nos demandes.
Les autocaristes sont asphyxiés financièrement, malgré les aides de l'Etat. Bercy est intervenu durant la crise sanitaire. Grâce au fonds de solidarité, les entreprises ont été maintenues hors de l'eau, sauf qu'à l'heure actuelle tout est arrêté.
Je suis extrêmement inquiète, ce n'est pas dans ma nature. L'urgence est là. Vous avez des entreprises qui ne pourront pas passer même le mois de mars.
TourMaG.com - Malgré tout, le gouvernement a décidé de baisser le litre de 15 centimes via une aide...
Ludivine Dubernet : Nous nous sommes demandé, si ce n'était pas un poisson d'avril quand même.
Certains acteurs ne pourront pas tenir jusqu'à cette échéance. Il reste encore 15 jours avant de bénéficier de cette... mesurette. C'est se moquer des transporteurs et de l'urgence de la situation.
Le gouvernement baisse de 15 centimes, sauf que cela concerne la TVA, alors que nous la récupérons. C'est une bonne nouvelle pour les particuliers. Sauf que le gazole est notre principale source de dépense et nous n'avons pas en tant que transporteurs d'alternative.
Les véhicules au gaz ont vu les prix à la pompe augmenter de 400%, comment voulez-vous que les entreprises puissent investir ? C'est ingérable. La colère monte et la profession commence à gronder.
Autocaristes : "nous n'allons pas contenir nos adhérents très longtemps"
TourMaG.com - Des actions de la part des autocaristes sont-elles prévues ?
Ludivine Dubernet : Pour l'instant, nous arrivons à contenir nos adhérents, mais nous n'allons pas les contenir très longtemps.
Les transporteurs ne sont pas allés dans la rue depuis 20 ans, mais demain, je ne vous cache pas que cela bouillonne. Des mouvements sont en train de se créer.
Nous attendons le retour du plan résilience que Jean Castex doit annoncer. Nous avons fait des demandes très précises dans le cadre de ce projet et nous espérons y figurer.
TourMaG.com - Que demandez-vous ?
Ludivine Dubernet : Pour que les entreprises s'en sortent, nous demandons une exonération temporaire totale des charges salariales et patronales. Nous ne quémandons pas des aides à vie.
Il y a urgence.
Nous demandons des chèques inflation, mais le gouvernement nous dit non, car nous sommes dans une phase de transition énergétique. Il n'y a pas de véhicule de substitution, donc comment faisons-nous ?
Ce plan de résilience a été annoncé par Emmanuel Macron pour accompagner les entreprises et les particuliers, aussi bien sur la problématique économique et sociale.
Malheureusement, les autocaristes ne sont pas toujours pris en compte.
La situation est telle que mercredi dernier, nous n'avions plus personne pour livrer du carburant à des transporteurs scolaires. Nous avons agi avec toutes les organisations professionnelles, sinon des autocaristes n'étaient plus en mesure de faire le ramassage scolaire, dès ce lundi.
Ludivine Dubernet : Pour l'instant, nous arrivons à contenir nos adhérents, mais nous n'allons pas les contenir très longtemps.
Les transporteurs ne sont pas allés dans la rue depuis 20 ans, mais demain, je ne vous cache pas que cela bouillonne. Des mouvements sont en train de se créer.
Nous attendons le retour du plan résilience que Jean Castex doit annoncer. Nous avons fait des demandes très précises dans le cadre de ce projet et nous espérons y figurer.
TourMaG.com - Que demandez-vous ?
Ludivine Dubernet : Pour que les entreprises s'en sortent, nous demandons une exonération temporaire totale des charges salariales et patronales. Nous ne quémandons pas des aides à vie.
Il y a urgence.
Nous demandons des chèques inflation, mais le gouvernement nous dit non, car nous sommes dans une phase de transition énergétique. Il n'y a pas de véhicule de substitution, donc comment faisons-nous ?
Ce plan de résilience a été annoncé par Emmanuel Macron pour accompagner les entreprises et les particuliers, aussi bien sur la problématique économique et sociale.
Malheureusement, les autocaristes ne sont pas toujours pris en compte.
La situation est telle que mercredi dernier, nous n'avions plus personne pour livrer du carburant à des transporteurs scolaires. Nous avons agi avec toutes les organisations professionnelles, sinon des autocaristes n'étaient plus en mesure de faire le ramassage scolaire, dès ce lundi.
Transport : "Nous allons arrêter notre activité, puis nous verrons bien ce qu'il se passera"
TourMaG.com - La situation est dramatique...
Ludivine Dubernet : Totalement, nous n'avons pas le droit de travailler à perte en France, si la situation persiste les transporteurs vont garer leurs camions et autocars, puis arrêter de travailler.
Nous n'allons pas tout casser, ce temps-là est révolu.
Nous nous rendons compte que notre gouvernement n'a pas de mémoire. Nous allons arrêter notre activité, puis nous verrons bien ce qu'il se passera.
TourMaG.com - Arrivez-vous à quantifier les entreprises en difficulté ?
Ludivine Dubernet : Honnêtement tout le monde est concerné, des petits aux grands groupes.
Les marges dans le transport sont extrêmement faibles, avec des tarifs bas et un contrat à l'année, pour les transporteurs scolaires par exemple. Ils n'ont pas pu ajuster leurs tarifs, avec une indexation à l'année.
Nous demandons une indexation mensuelle, pour mieux coller à la réalité des prix. Sans bouffée d'oxygène, cela ne pourra pas durer, d'autant que les augmentations sont à tous les niveaux.
L'AdBlue une substance composée d'urée et d'ammoniac que nous ajoutons pour moins polluer et améliorer la puissance, nous en manquons, mais en plus les prix augmentent (+78%).
En raison de la guerre en Ukraine, une partie de l'AdBlue est produite par la Russie, certaines entreprises ont arrêté de produire de l'AdBlue. Si nous arrêtons d'en mettre, demain nous arrêtons de rouler.
C'est le chat qui se mord la queue.
Ludivine Dubernet : Totalement, nous n'avons pas le droit de travailler à perte en France, si la situation persiste les transporteurs vont garer leurs camions et autocars, puis arrêter de travailler.
Nous n'allons pas tout casser, ce temps-là est révolu.
Nous nous rendons compte que notre gouvernement n'a pas de mémoire. Nous allons arrêter notre activité, puis nous verrons bien ce qu'il se passera.
TourMaG.com - Arrivez-vous à quantifier les entreprises en difficulté ?
Ludivine Dubernet : Honnêtement tout le monde est concerné, des petits aux grands groupes.
Les marges dans le transport sont extrêmement faibles, avec des tarifs bas et un contrat à l'année, pour les transporteurs scolaires par exemple. Ils n'ont pas pu ajuster leurs tarifs, avec une indexation à l'année.
Nous demandons une indexation mensuelle, pour mieux coller à la réalité des prix. Sans bouffée d'oxygène, cela ne pourra pas durer, d'autant que les augmentations sont à tous les niveaux.
L'AdBlue une substance composée d'urée et d'ammoniac que nous ajoutons pour moins polluer et améliorer la puissance, nous en manquons, mais en plus les prix augmentent (+78%).
En raison de la guerre en Ukraine, une partie de l'AdBlue est produite par la Russie, certaines entreprises ont arrêté de produire de l'AdBlue. Si nous arrêtons d'en mettre, demain nous arrêtons de rouler.
C'est le chat qui se mord la queue.
"S'il n'y a pas des mesures concrètes alors la profession va exploser"
TourMaG.com - Dans le même temps, les banques se détournent de cette industrie...
Ludivine Dubernet : Vous avez raison.
En plus d'être sinistrés, par deux ans de covid, les autocaristes n'ont jamais redémarré complètement. Pendant ce temps, ils ont contracté des PGE qu'ils doivent rembourser en plus de voir le gazole flamber.
Les aides ont pu compenser un peu les pertes, mais la trésorerie s'est dégradée et les banques sont devenues très frileuses. Nous en appelons au gouvernement pour passer cette mauvaise passe.
Nous comprenons l'urgence de la dette publique, mais demain si l'Etat arrête de nous soutenir, alors des entreprises vont disparaître. Le gouvernement ne doit pas oublier que derrière nos adhérents, il y a des familles et des électeurs.
Des professions se meurent, demain comment ferons-nous sans livraisons ni voyage ?
Une chose est sûre, s'il n'y a pas des mesures concrètes de prise en charge, alors la profession va exploser et l'opinion publique sera avec nous.
Ludivine Dubernet : Vous avez raison.
En plus d'être sinistrés, par deux ans de covid, les autocaristes n'ont jamais redémarré complètement. Pendant ce temps, ils ont contracté des PGE qu'ils doivent rembourser en plus de voir le gazole flamber.
Les aides ont pu compenser un peu les pertes, mais la trésorerie s'est dégradée et les banques sont devenues très frileuses. Nous en appelons au gouvernement pour passer cette mauvaise passe.
Nous comprenons l'urgence de la dette publique, mais demain si l'Etat arrête de nous soutenir, alors des entreprises vont disparaître. Le gouvernement ne doit pas oublier que derrière nos adhérents, il y a des familles et des électeurs.
Des professions se meurent, demain comment ferons-nous sans livraisons ni voyage ?
Une chose est sûre, s'il n'y a pas des mesures concrètes de prise en charge, alors la profession va exploser et l'opinion publique sera avec nous.