Avignon : l’île de la Barthelasse à deux roues

La chance de l’île de la Barthelasse, c’est qu’elle est inondable. Cela l’a toujours protégée de l’urbanisation.

Voilà donc un morceau de nature à deux pas du Palais des Papes d'Avignon, que la fertilité des terres alluviales a transformé en « paradis »  agricole.

On s’en rend compte très vite en pédalant au-delà des campings qui composent le décor près du pont Daladier.

Des champs de poiriers, de pêchers, d’abricotiers, du maraîchage, quelques céréales. Tous cultivés sur de larges parcelles, protégées du mistral par des haies de cyprès.

Cette campagne sillonnée de petites routes étroites, idéales à deux roues, nous conduit jusque chez Marie Moya, une « figure » de l’île.

35 ans qu’elle gère ici avec ses deux sœurs le centre équestre d’Avignon. Pour elle, les étrangers connaissent mieux la Barthelasse que les Avignonnais !

De nombreux locaux s’étonnent encore de découvrir l’existence du centre…

Faire connaître l’île aux habitants : voilà le leitmotiv de cette énergique citoyenne qui se réjouit de voir l’île évoluer vers une agriculture de qualité, avec de plus en plus de bio.

Une preuve ? La Ferme aux Gus, petite exploitation maraîchère nichée au bout d’une allée, chemin des Vendanges.

Voilà quatre ans, Cloé Torres, ex-libraire, et Florent Frizet, ancien formateur et paysagiste, se sont installés sur des parcelles agricoles familiales.

Ils exploitent en bio 1 ha de légumes et remettent en culture cerisiers, abricotiers, pommiers…

Leur but : la vente directe aux consommateurs et une foule de projets, yourte, gite, balades à cheval.

Le « paradis », c’est le choix que font certains touristes avertis. Car si la Barthelasse cache au nord le Mas des Poiriers cher aux Obama (l’ancien président US y a séjourné durant l’été 2019, à raison de 55 000 € la semaine…), il accueille aussi une poignée de maisons d’hôtes de charme aux tarifs plus accessibles.

Exemple avec le Domaine de Rhodes. Pour s’y rendre, quelques coups de pédales convainquent que l’île est décidément un village dans la ville.

On avait déjà vu la mairie-annexe, voilà maintenant l’école primaire, le cimetière, le château, l’église Saint-Joseph… Le tout sous le chant estival des cigales.

Environ 1 000 personnes résident sur l’île fluviale. On y compte une dizaine d’agriculteurs, dont cinq à six maraichers - La Ferme La Reboule est la plus connue.

Le Domaine de Rhodes, lui, est un mas provençal du 16e s., étendu aux 18e et 20e s.

Ex-relais de chasse et ferme, il dispose d’un jardin splendide aux arbres centenaires. Normal, le propriétaire des lieux, Cyrille Picot (et sa compagne Emmanuelle Chaumes) est un ancien directeur de golf. Il s’y connait en pelouse…

S’ils ont choisi de racheter ce domaine, c’est pour la belle énergie que dégage l’île et parce qu’ils s’y sentent un peu différents, comme dans un cocon. Le couple a aménagé en gites trois anciens mazets construits jadis par la Compagnie Nationale du Rhône.

Plus loin, voici la distillerie Manguin. Les alambics sont posés ici depuis les années 50. Ils profitent des cultures fruitières locales et notamment de la poire, le seul fruit à ne pas craindre une inondation passagère.

Ayant repris l’activité en 2011 avec son épouse Béatrice, Emmanuel Hanquiez a dynamisé l’activité en créant de nouveaux produits.

En plus de l’historique alcool de poire en bouteille, il propose un blend poire et rhum, un gin distillé avec des olives… et a lancé un concours de bars tenders, le Mediterranean Challlenge.

Les produits sont vendus en hôtellerie et dans des bars de ville, en France et en Europe, surtout à Londres. Mais l’approvisionnement reste local et régional.

Emmanuel Hanquiez se plait à travailler sur l’île. Il vante le caractère affirmé de ses habitants, attachés à ce terroir. C’est à cela que nous méditons, en roulant tranquillement sur le chemin des Canotiers et la promenade du front de Rhône.

Avant d’embarquer le vélo sur la navette fluviale pour retrouver la fureur estivale d’Avignon, nous profitons encore un moment du calme et de la verdure.

1 000 ha de terres émergées nous ont fait changer de monde, à 10 mn à peine de coups de pédales du Palais de Papes.

Office de tourisme d’Avignon : avignon-tourisme.com

Hébergement-restauration

• Hôtel-Restaurant La Ferme.
Ou comment dormir à la campagne en plein Avignon... Sur la Barthelasse, cette « auberge » affiche un cadre ultra campagnard. Bonne table. Comptez 96€ par personne en demi-pension, en basse saison.

• Domaine de Rhodes
Sur l’île, un cadre chic pour cette bastide campagnarde posée devant un immense jardin arboré. Chambres d’hôtes, studio, mazets et roulotte. A partir de 90€ la nuit.

Découvrir

South Spirit Bike
Location de vélos, vélos électriques, tours organisés…

Visiter

Maison Manguin
Une distillerie artisanale créée dans les années 1950. Boutique. Visite guidée le samedi matin.