"En dépit d'une croissance du trafic, plutôt plus prometteuse qu'attendue en 2004, le coût du carburant va une fois encore, malheureusement, tuer tout espoir de retour à la rentabilité", a expliqué jeudi l'ancien directeur général de IATA, lors de la 13ème édition du Cannes Airlines Forum.
Le trafic aérien international de passagers entre janvier et fin septembre a fait un bond de 17,7% par rapport à 2003, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui compte sur une progression moyenne de 14% sur l'ensemble de l'année.
Pourtant, IATA a encore aggravé mercredi ses prévisions s'agissant des pertes annuelles cumulées des compagnies aériennes: celles-ci "pourraient bien excéder la fourchette de 3 à 4 milliards de dollars envisagé jusqu'alors", a estimé Giovanni Bisignani, directeur général de l'association.
Selon Pierre Jeanniot, l'un des prédécesseurs de M. Bisignani, elles pourraient se situer dans les "6 milliards de dollars, moins". Le transport aérien, qui a accumulé quelque 30 mds USD de pertes depuis 2001, escomptait jusqu'au mois de septembre réaliser des profits de 3 mds en 2004.
En 2004, le kérosène représente le premier poste de nos coûts à hauteur de 15%
Le cours du carburant aérien (carburéacteur) à Rotterdam (Pays-Bas), qui s'établissait à 0,342 euro/litre le 12 octobre, a progressé de 73,60% depuis le début de l'année et de 69,30% sur un an, selon les dernières statistiques de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). Cette flambée brutale des cours a propulsé la ligne "dépenses de carburant" en tête des coûts d'exploitation des compagnies aériennes traditionnelles, devant les dépenses de personnel.
"En 2004, le kérosène représente le premier poste de nos coûts à hauteur de 15%", contre environ 10% auparavant, a indiqué Jean-Cyril Spinetta, PDG d'Air France-KLM le 21 octobre. "Demain, il représentera 20% de nos coûts", a prévenu M. Spinetta, par ailleurs président de l'IATA.
Pour contrer cette explosion, qui dépasse leur politique de couverture au risque pétrole, les compagnies aériennes, à l'exception notable des transporteurs à bas coûts, ont imposé des "surcharges" temporaires au prix de vente de leurs billets, notamment sur les vols long-courriers.
En Amérique du Nord, en revanche, la situation est plus profondément sinistrée
Mais cette stratégie a ses limites. Aussi, très peu de transporteurs - même parmi les plus importants - finiront-ils l'année dans le vert, avec des situations contrastées suivant leur origine géographique. En Europe, Air France-KLM a promis jeudi qu'elle tiendrait son objectif annuel de rentabilité. British Airways était bénéficiaire au cours de son premier trimestre, clos fin juin, et Lufthansa anticipe de "modestes profits", a rappelé M. Jeanniot.
En Asie, Singapour Airlines, Cathay Pacific, ANA et Qantas sont sur une pente positive, a-t-il ajouté. En Amérique du Nord, en revanche, la situation est plus profondément sinistrée. Les "Six grandes" compagnies traditionnelles pourraient, selon le spécialiste, afficher des pertes cumulées de 5 mds USD cette année.
Et, fait remarquable, les compagnies "low-costs", qui jusqu'alors surfaient sur la crise, commencent à subir l'hécatombe. Mercredi, l'une d'entre elles, ATA, dixième opérateur aux Etats-Unis, s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites.
David DIEUDONNE (AFP) - redaction@tourmag.com
Le trafic aérien international de passagers entre janvier et fin septembre a fait un bond de 17,7% par rapport à 2003, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui compte sur une progression moyenne de 14% sur l'ensemble de l'année.
Pourtant, IATA a encore aggravé mercredi ses prévisions s'agissant des pertes annuelles cumulées des compagnies aériennes: celles-ci "pourraient bien excéder la fourchette de 3 à 4 milliards de dollars envisagé jusqu'alors", a estimé Giovanni Bisignani, directeur général de l'association.
Selon Pierre Jeanniot, l'un des prédécesseurs de M. Bisignani, elles pourraient se situer dans les "6 milliards de dollars, moins". Le transport aérien, qui a accumulé quelque 30 mds USD de pertes depuis 2001, escomptait jusqu'au mois de septembre réaliser des profits de 3 mds en 2004.
En 2004, le kérosène représente le premier poste de nos coûts à hauteur de 15%
Le cours du carburant aérien (carburéacteur) à Rotterdam (Pays-Bas), qui s'établissait à 0,342 euro/litre le 12 octobre, a progressé de 73,60% depuis le début de l'année et de 69,30% sur un an, selon les dernières statistiques de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). Cette flambée brutale des cours a propulsé la ligne "dépenses de carburant" en tête des coûts d'exploitation des compagnies aériennes traditionnelles, devant les dépenses de personnel.
"En 2004, le kérosène représente le premier poste de nos coûts à hauteur de 15%", contre environ 10% auparavant, a indiqué Jean-Cyril Spinetta, PDG d'Air France-KLM le 21 octobre. "Demain, il représentera 20% de nos coûts", a prévenu M. Spinetta, par ailleurs président de l'IATA.
Pour contrer cette explosion, qui dépasse leur politique de couverture au risque pétrole, les compagnies aériennes, à l'exception notable des transporteurs à bas coûts, ont imposé des "surcharges" temporaires au prix de vente de leurs billets, notamment sur les vols long-courriers.
En Amérique du Nord, en revanche, la situation est plus profondément sinistrée
Mais cette stratégie a ses limites. Aussi, très peu de transporteurs - même parmi les plus importants - finiront-ils l'année dans le vert, avec des situations contrastées suivant leur origine géographique. En Europe, Air France-KLM a promis jeudi qu'elle tiendrait son objectif annuel de rentabilité. British Airways était bénéficiaire au cours de son premier trimestre, clos fin juin, et Lufthansa anticipe de "modestes profits", a rappelé M. Jeanniot.
En Asie, Singapour Airlines, Cathay Pacific, ANA et Qantas sont sur une pente positive, a-t-il ajouté. En Amérique du Nord, en revanche, la situation est plus profondément sinistrée. Les "Six grandes" compagnies traditionnelles pourraient, selon le spécialiste, afficher des pertes cumulées de 5 mds USD cette année.
Et, fait remarquable, les compagnies "low-costs", qui jusqu'alors surfaient sur la crise, commencent à subir l'hécatombe. Mercredi, l'une d'entre elles, ATA, dixième opérateur aux Etats-Unis, s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites.
David DIEUDONNE (AFP) - redaction@tourmag.com