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Climat : les opérateurs du tourisme s'engagent dans le tourisme durable

Panorama des actions menées


Alors que 2017, proclamée « année internationale du tourisme durable pour le développement » par les Nations Unis touche à sa fin, TourMaG.com consacre plusieurs articles au sujet. Zoom aujourd'hui sur les initiatives et les acteurs du tourisme qui ont entrepris des démarches pour rendre leurs activités plus propres.


Rédigé par Céline Eymery le Lundi 18 Décembre 2017

Hôteliers, compagnies de croisières, compagnies aériennes et tour-opérateurs mettent en oeuvre des actions pour minimiser leur impact sur la planète - DR : arquiplay77 - Fotolia.com
Hôteliers, compagnies de croisières, compagnies aériennes et tour-opérateurs mettent en oeuvre des actions pour minimiser leur impact sur la planète - DR : arquiplay77 - Fotolia.com
Même si des efforts restent à effectuer en matière de tourisme durable les lignes bougent. Et mieux vaut voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide.

Les Palmes du Tourisme Durable créées par TourMaG.com et l'association Acteurs du Tourisme Durable (ATD) ont mis en lumière de nombreuses initiatives émanant de grandes entreprises comme de TPE.

Tous les secteurs de l'économie touristique sont concernés au premier rang desquels celui du transport. Si l’aviation contribue à hauteur de 2% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale son impact est amené à augmenter dans les années à venir. En effet l’Association du transport aérien international (IATA) prévoit que le nombre de passagers aériens s’élèvera à 7,8 milliards en 2036, ce qui représente presque le double des quatre milliards de voyageurs de 2017.

2% cela paraît peu. Toutefois le Réseau Action Climat précise que ne sont comptabilisées que les émissions de CO2 qui sont directement liées à la consommation de kérosène.

La vapeur d’eau, causée par les avions et les oxydes d’azote (NOx) rejetés en altitude par les réacteurs sont d'autres facteurs à prendre en compte. Le transport aérien serait alors à l’origine de 4,9 % du réchauffement climatique mondial.

Le transport aérien s'est pourtant engagé à diminuer la consommation de carburant de 1,5% par an d’ici 2020; Il s'est aussi engagé à parvenir à un bilan carbone neutre à compter de 2020 et obtenir une réduction de 50% des émissions de carbone d’ici à 2050 par rapport à 2005, selon l’Air Transport Action Group (ATAG).

Et le transport aérien ?

Pour respecter cette feuille de route, constructeurs et compagnies travaillent sur 3 grands sujets : réduction du poids des avions, nouvelles technologies et carburants alternatifs au kérosène.

Utilisation de matériaux composites, bio carburants, éclairage à faible consommation d’énergie, amélioration de l’isolation, gestion de la tension des réseaux électriques et systèmes de chauffage et de climatisation, panneaux solaires sont autant de pistes explorées pour rendre les appareils plus propres. Et la liste est longue.

L'optimisation des trajectoires en vol et le roulage sur le tarmac à l’atterrissage et au décollage font également partie des solutions pour réduire la consommation de carburant.

Air France - KLM par exemple incite ses pilotes à avoir des conduites éco-responsables en optimisant l'emport de carburant ou en coupant un des deux moteurs lors des roulages. Le groupe franco-néerlandais planche également avec les pouvoirs publics et les industriels sur le développement d'une véritable filière de biocarburant en France. Ce biocarburant utilisé en mélange avec le kérosène a pour principal avantage de pourvoir être utilisé sans modifier les appareils.

Au sol, le transporteur s'est également équipé de véhicules de pistes électriques (50% du parc). Objectif pour le groupe franco-néerlandais : améliorer son efficacité énergétique de 20% d'ici 2020 versus 2011.

Les tour-opérateurs passent à la vitesse supérieure

Outre le transport aérien, maillon incontournable du voyage, les tour opérateurs se mobilisent également.

Le label ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) entièrement renouvelé en 2015 a souhaité s'ouvrir aux grands opérateurs démontrant que le tourisme durable ne devait pas se cantonner à une niche.

Et les émissions carbone sont un des sujets de préoccupations. Le label souhaite d'ailleurs évoluer en la matière. "Jusqu'ici nous demandons aux entreprises d'établir leur bilan carbone, mais nous voulons aller plus loin en proposant, dès le 2e semestre 2018, que 100% des émissions du périmètre des entreprises soient compensées" explique Julien Buot, directeur d'ATR.

"Avant de proposer la compensation volontaire aux clients, il faut être crédible et pragmatique" ajoute t-il.

Certaines entreprises à l'image de Voyageurs du Monde se sont très tôt intéressées au sujet. Depuis 2007, le voyagiste compense 100% des émissions de ses salariés et jusqu'à 20% de celles de ses clients par des programmes de reforestation par le biais de la fondation "Insolite Bâtisseur Philippe Romero".

A partir du 1er janvier 2018, le groupe ira encore plus loin en prenant en charge 100% des émissions de CO2 générées par le transport aérien et terrestre de chaque voyage réalisé par Voyageurs du Monde et Terres d'Aventure.

La compensation carbone

Une décision qui a un coût : 500 000€ par an pour Voyageurs du Monde et 200 000€ pour Terres d’Aventures. Les deux entreprises ne proposeront plus de fait la compensation volontaire qui amène dans les faits peu de résultats.

Pourtant certains réussissent à convaincre leurs clients, à leur échelle. C'est le cas de Double Sens, récent lauréat du prix Toromanof qui a mis en place la compensation volontaire depuis cette année. "Nous ne pensions pas avoir autant de retours" explique Gwenaël Le Nohaïc, responsable Communication.

Le voyagiste prend à son compte 50% du montant de la compensation carbone de ses clients et leur propose de prendre en charge le solde, soit 25€ par voyageur pour financer des cuiseurs à bois économes (partenariat Microsol). Et le taux de transformation impressionne : près de 30% des voyageurs s'engagent depuis le lancement du projet en juin 2017. "Notre clientèle est plus sensibilisée que la moyenne à cette problématique ce qui explique en partie ce succès. Nos voyages alternatifs et participatifs dans leur démarche s'inscrivent dans cette même ligne, et c'est déjà une forme de compensation carbone" ajoute Gwenaël Le Nohaïc.

Le voyagiste Les Ateliers du Voyages (groupe Travel Lab) labellisés ATR cette année a enclenché aussi le changement. A l'occasion de la journée mondiale pour un tourisme responsable le 2 juin, les Ateliers du Voyage ont pris en charge la compensation carbone de tous les voyages vendus cette semaine là grâce à un partenariat avec la plateforme CO2 Solidaire.

"Nous travaillons sur le sujet" explique Catherine Sibileau, directrice. "Nous allons proposer sur tous les bons de commandes et devis aux clients de compenser leurs émissions. Nous regardons également ce que nous pouvons faire sur les collaborateurs". Déjà l'impression de documents papiers a été réduite, et des efforts ont été entrepris pour moins consommer d'eau et d'électricité.

L'hôtellerie et la croisière sur le pont

Les voyagistes ne sont pas les seuls à prendre le sujet à bras le corps. Les hébergeurs aussi à l'image du Solar Hôtel ou l'Ecolodge La Belle Verte (lauréat des Palmes du Tourisme Durable) mais aussi des grands groupes tels qu'AccorHotels ou le Club Med.

Le gaspillage alimentaire, l'éco-construction, les énergies renouvelables notamment sur la partie chauffage, le recyclage, la consommation d'eau et d'électricité sont les principaux sujets sur lesquels travaillent les hôteliers.

Au Club Med, cela se traduit dans les faits par l'installation d'une piscine naturelle à Guilin en Chine, 6 000 m² de panneaux photovoltaïques pour les Villas de Finholu aux Maldives et d'un "Jardins Filtrants®" pour l'assainissement des eaux à la Plantation d’Albion, Yasmina et Guilin. Par ailleurs le village de Valmorel a reçu le label HQE (Haute Qualité Environnementale) et le resort de Val Thorens Sensations celui THPE (Très Haute Performance Énergétique).

Les compagnies de croisières tentent également de réduire leur consommation d'énergie (carburant, électricité, eau...). Ces dernières ont été pointées du doigts dans plusieurs articles récents.

Signe de l'évolution actuelle, Costa Croisières vient de démarrer en septembre dernier à Turku en Finlande la construction du 1er navire à fonctionner au gaz naturel liquéfié (GNL) qui sera le premier au monde destiné à une clientèle internationale à être opérationnel dès 2019. "C’est une innovation majeure en termes d'impact environnemental, le GNL permettant de réduire de façon significative les émissions de gaz d'échappement" indique la compagnie.

Le Port de Marseille Fos a aussi renforcé son engagement pour améliorer la qualité de l'air et a mis en place une prime pour les compagnies maritimes les plus vertes qui cherchent à réduire leur impact. Costa a été le premier armateur à adhérer à cette initiative avec quatre de ses navires.

MSC Croisières annonce aussi l'arrivée de navires à propulsion GNL, pour ces futurs bateaux de la classe World à l'horizon 2022 - 2026. Idem chez Ponant qui lancera le premier brise-glace hybride, propulsé au GNL vers le Pôle Nord en 2021.

Si toutes ces initiatives vont dans le même sens, les détracteurs y verront du "green washing"... Le biocarburant, la compensation carbone sont-elles de réelles solutions ? La multiplication des labels nationaux, européens et internationaux ne brouillent-ils pas finalement le message ?

Les plus optimistes noteront que c'est déjà un premier pas vers un tourisme plus durable... La question lorsqu'on aborde cette problématique est : peut-on se passer de voyager ? Au regard des prévisions de l'Organisation Mondiale du Tourisme, la réponse est non ! Et c'est tant mieux.

Reste qu'avec 1,8 milliard de touristes internationaux d'ic 2030, le tourisme ne pourra pas faire l'impasse d'une vraie vraie réflexion sur le sujet.

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