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Face à l'explosion du nombre de vols : l'aérien pourra-t-il tenir ses engagements climatiques ? [ABO]

Eurocontrole estime que les vols vont augmenter de 50% d'ici 2050


En Europe, l'aérien aura totalement effacé la crise sanitaire cette année, mieux dans 25 ans, le secteur aura même fortement augmenté le nombre de vols (+52% par rapport à 2023), selon le dernier rapport d'Eurocontrol. Une explosion du nombre de vols qui pourrait être grandement remise en cause par l'hypothétique baisse des émissions carbone.


Rédigé par le Mercredi 8 Janvier 2025

Eurocontrole estime que les vols vont augmenter de 50% d'ici 2050 en Europe, le secteur va devoir faire de gros efforts pour minimiser son impact sur le climat - Depositphotos @Alexander232
Eurocontrole estime que les vols vont augmenter de 50% d'ici 2050 en Europe, le secteur va devoir faire de gros efforts pour minimiser son impact sur le climat - Depositphotos @Alexander232
Le tourisme et l'aérien auront bientôt effacé les dommages de la crise sanitaire.

Le transport aérien devrait retrouver ses niveaux prépandémiques dans le courant de l'année 2025 selon Eurocontrol.

D'après la dernière étude de l'organisation européenne, le nombre de vols sur le Vieux Continent devrait fortement augmenter d'ici 2050, selon le scénario de base.

Ils atteindront 15,4 millions de vols en 2050, soit une augmentation de 52 % par rapport au niveau de 2023, quand l'hypothèse haute prévoit elle de franchir le cap des 18 millions.

"Parallèlement, conformément aux objectifs de l'Union européenne et de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), le secteur de l'aviation s'est engagé à réduire à zéro ses émissions de carbone d'ici à 2050.

La bonne nouvelle, c'est que lorsqu'il y a une volonté, il y a un moyen,
" précise Raúl Medina, le directeur général d'Eurocontrol.

La mauvaise nouvelle, c'est que les limites à cette croissance sont plus que réelles.


Explosion du nombre de vols : une secteur très dynamique en 2050, mais...


Avant d'aborder les "bonnes nouvelles" qualifiées comme telles par le dirigeant, attardons nous un peu sur la croissance de l'aérien.

Pour afficher une hausse de 52%, l'aérien devrait enregistrer une augmentation linéaire de 2,5% par an entre 2024 et 2050. Ce fort dynamisme s'explique par le long rebond et le redressement induit par la crise sanitaire.

La courbe du nombre de vols est anticipée comme plus plate lors de la prochaine décennie (+ 1,4 % entre 2030 et 2040), en raison des problèmes géopolitiques.

Le cap des 14 millions de vols, contre 11,1 millions en 2019, sera atteint en 2040.


A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?

Au-delà de cette année, la croissance sera encore plus ténue, autour de 1,1% lors de la dernière décennie menant jusqu'à 2050. Cette perte de vitalité s'expliquerait selon Eurocontrol, par les contraintes de capacité qui affecteront les aéroports dans différents États européens.

Il faudrait alors que les gouvernements se soucient toujours de la cause environnementale d'ici cette date, ce qui pourrait aussi ne plus être le cas, au regard de la présidentielle américaine et de la montée des extrêmes un peu partout en Europe.

A noter aussi que le scénario le plus bas prévoit lui aussi une hausse du nombre de vols, mais plus mesurée. Ils seraient alors de 12,2 millions de vols en 2050 (+20% rapport à 2030), pour une croissance annuelle de 0,7%.

Cette hypothèse repose sur un prix du kérosène relativement haut, entravant le dynamisme de l'industrie, mais aussi des carburants durables et des quotas de CO2 élevés.

La mise à jour de l'étude, deux ans après sa dernière version, a entrainé une réduction de l'ensemble des chiffres des différents scénarios.

Aérien : où le trafic va le plus augmenter en 2050 ?

L'ensemble du continent ne sera pas logé à la même enseigne.

Des territoires connaîtront des dynamiques plus ou moins importantes que d'autres. Ainsi, l'Europe de l'Ouest sera la partie la moins vaillante. La plus faible croissance annuelle sera enregistrée aux Pays-Bas (+1%) à égalité avec les Canaries.

La France fera à peine mieux avec un petit 1,2%, tout comme la Suisse et le Portugal.

Le dynamisme européen se trouve surtout à l'est et dans le nord. Les pays baltes et la Pologne verront leur nombre de vol augmenter de 2,3% annuellement jusqu'en 2050.

L'Islande n'est pas en reste non plus, avec un taux de 2,5%, mais le grand gagnant n'est autre que... la Turquie.

Ainsi, le pays affichera 4 420 vols supplémentaires par jour et un trafic qui doublera (+98 %) d'ici 2050.


Si la France et l'Allemagne resteront les deux Etats, les plus fréquentés, selon Eurocontrol, la Turquie occupera le 4e place dans 25 ans, derrière le Royaume-Uni, mais devant l'Espagne et l'Italie.

Et ce dynamisme global devrait être freiné par les capacités aéroportuaires. La demande sera supérieure à l'offre. Ainsi, 7% de la demande du scénario de base ne pourrait pas être satisfaite en raison des limitations de mouvement dues aux contraintes aéroportuaires.

Les aéroports néerlandais seront les plus touchés par la pénurie capacitaire des aéroports, entre 100 000 et 200 000 vols ne seront pas accueillis.

S'il existe des contraintes au niveau de l'offre, l'avènement du train à haute vitesse aura un impact non négligeable sur certaines lignes.

En France, l'alternative terrestre pourrait capter près de 10% du trafic des vols domestiques. En Europe, l'influence se fera moins sentir, en raison du faible réseau entre les pays de l'UE.


La réduction du nombre de vols est estimée à (seulement) 0,4 %, à raison de la mise en place de 32 liaisons ferroviaires entre les grandes villes européennes.

Aérien : vers une explosion des émissions carbone ?

Alors que les professionnels de l'aérien vont se féliciter de cette croissance retrouvée, les défenseurs du climat seront eux plus inquiets.

Le dynamisme de cette industrie qui peine à réduire son impact, ne laisse rien présager de bon. D'autant plus que le monde n'est pas vraiment dans les clous pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris.

Rien que pour la France, l'aviation représente 6% des arrivées pour 44% des émissions des transports.

Et vous vous doutez bien que cette hausse de 52% du nombre de vols entrainera inévitablement une hausse de la pollution.

Dans la pire des hypothèses, c'est-à-dire sans renouvèlement de la flotte ni effort de la part de l'industrie, les émissions passeront de 148 millions de tonnes de CO2 à 294 millions.

Ce scénario est probable, même si une partie des compagnies a lancé d'importantes commandes, comme Ryanair.

L'achat d'avions de nouvelle génération, ne sera pas suffisant, car pour Eurocontrol, il sera indispensable d'embarquer des technologies disruptives à savoir le développement de batteries électriques et la propulsion par hydrogène.

Deux révolutions qui ne pointent pas encore le bout de leur nez dans le ciel mondial.

Airbus espère sortir son premier appareil commercial à hydrogène à l'horizon... 2035.

Ce nouveau carburant comporte de nombreux défis, à commencer par son stockage dans les carlingues. Rien ne dit que demain ces appareils seront en mesure d'embarquer autant de voyageurs que les avions actuels, ni même si ce carburant sera réellement vert.

De l'autre côté, concernant les batteries électriques ne permettent pas encore de concurrencer le kérosène, puisque l'autonomie ne permet pas encore de dépasser les 3000 km. Nous parlons alors d'un appareil de... 19 places.

Aérien va devoir réduire ses émissions de 271 millions de tonnes !

Les solutions existent, mais elles nécessitent un fort investissement financier et d'importantes ressources humaines.

A cela s'ajoute aussi la démocratisation du carburant durable (SAF). Ce dernier pourrait permettre de réduire les émissions de 33%, si la production parvient à suivre la cadence.

D'ici 25 ans, les biocarburants devront représenter 70% de la consommation de l'aérien.

A l'heure, où nous écrivons, ces lignes, les compagnies françaises éprouvent de grandes difficultés pour remplir leurs cuves, alors que la réglementation exige que ces carburants moins polluants représentent seulement 2% de la consommation des transporteurs européens.

Pour atteindre le
net-zero en 2050, comme promis par le secteur, il sera nécessaire de réduire les émissions de CO2 de... 271 millions de tonnes.

"La disponibilité limitée et les coûts élevés des SAF sont des facteurs majeurs d'incertitude dans l'atteinte des objectifs climatiques à long terme. La montée en échelle rapide de la production de SAF est cruciale, mais il reste à voir si ces objectifs seront réalisables."

De plus, "un petit nombre de vols long-courriers (plus de 4 000 km) représentera toujours environ la moitié des émissions de CO₂. Il restera difficile de substituer les vols long-courriers à d'autres modes de transport au cours des prochaines décennies," précise le rapport d'Eurocontrole.

Ces défis doivent être remis en perspective.

Une récente étude de 5 chercheurs publiée dans la revue scientifique Nature Communications révèle que les efforts de l'industrie aérienne sont insuffisants et que le technosolutionnisme n'est pas une solution viable.

Ce même constat a été partagé par Oxfam au sujet des carburants durables.

Pour afficher cette croissance, l'aérien va devoir montrer une trainée nettement plus blanche...


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