Tikehau Ace Capital jette l'Ă©ponge, quel avenir pour Air Austral, mais aussi Corsair ? - Depositphotos @hofred
L'aérien est une industrie très politique, sans doute trop.
Prérogative des Etats et en France des régions, notamment d'outre-mer, la destinée des compagnies aériennes dépend largement des pouvoirs en place.
Même au moment de sauver deux fleurons du ciel tricolore, les élus locaux n'ont pas hésité à jouer leurs cartes personnelles, plutôt que de la jouer collectif. Jusqu'à faire capoter le projet de rapprochement capitalistique entre Corsair et Air Austral ? Sans doute.
Les déclarations de la présidente de Région et de Marie-Joseph Malé, le directeur général de la 2e nommée n'ont pas aidé à un consensus général et un mariage apaisé.
Et résultat des courses, Tikehau Ace Capital a décidé de jeter l'éponge.
D'après, nos informations provenant de différentes sources proches aussi bien de la direction de Corsair et de l'extérieur, le fonds d'investissement a préféré ne pas aller plus loin dans les démarches.
Il n'entrera pas dans le capital de la holding qui devait reprendre les deux compagnies.
Prérogative des Etats et en France des régions, notamment d'outre-mer, la destinée des compagnies aériennes dépend largement des pouvoirs en place.
Même au moment de sauver deux fleurons du ciel tricolore, les élus locaux n'ont pas hésité à jouer leurs cartes personnelles, plutôt que de la jouer collectif. Jusqu'à faire capoter le projet de rapprochement capitalistique entre Corsair et Air Austral ? Sans doute.
Les déclarations de la présidente de Région et de Marie-Joseph Malé, le directeur général de la 2e nommée n'ont pas aidé à un consensus général et un mariage apaisé.
Et résultat des courses, Tikehau Ace Capital a décidé de jeter l'éponge.
D'après, nos informations provenant de différentes sources proches aussi bien de la direction de Corsair et de l'extérieur, le fonds d'investissement a préféré ne pas aller plus loin dans les démarches.
Il n'entrera pas dans le capital de la holding qui devait reprendre les deux compagnies.
Corsair - Air Austral : pourquoi une telle décision ?
"C'est aussi l'information que nous avons. Dans ce genre d'opération, le potentiel investisseur (Tikehau Ace Capital, ndlr) doit adresser un courrier à la banque d'affaires en charge de l'opération.
Pour l'heure, la missive n'a toujours pas été envoyée ou du moins reçue," nous dit-on depuis l'aéroport Roland-Garros à la Réunion.
Il ne manquerait donc plus que la démarche administrative, pour valider officiellement l'abandon.
Une bien mauvaise nouvelle, alors que le plan de restructuration d'Air Austral doit être présenté à la Commission européenne au plus tard le 30 juin 2022.
Tikehau Ace Capital était alors la seule piste encore en lice, après l'abandon de PIMCO, pour participer à la création de la holding, voulue par le gouvernement et le CIRI. Celle-ci devait reprendre et chapeauter les deux transporteurs.
Le grain de sable ayant stoppé une machine qui semblait pourtant bien huilée, n'est pas à chercher bien loin.
En août 2021, alors que le rapprochement capitalistique émerge tout juste sur la toile, Huguette Bello prend la parole pour vociférer contre le projet. L'union était déjà presque mort-née.
"Une telle approche est inacceptable et signerait la disparition d'Air Austral, sous sa forme de compagnie aérienne réunionnaise," expliquait alors la présidente de la Région.
Un argument repris de coeur, encore aujourd'hui, par les Ă©quipes de la compagnie.
La Réunion voulait donc sauver sa compagnie par peur de voir Air Austral disparaître au profit de Corsair, puis de l'autre côté du globe, les Antilles appuyaient pour que le rapprochement capitalistique ait bien lieu.
A cette guéguerre médiatico-politique, il fallait ajouter l'élection au principal syndicat patronal du secteur et une bataille de pouvoir, pour savoir qui serait le calife à la tête de la holding.
Un poste qui n'existera donc jamais.
"A partir du moment, où les politiques se sont mêlés de l'affaire, il y avait une chance sur mille que ça se fasse. C'est dommage, car l'idée était bonne," analyse l'entourage proche de Pascal de Izaguirre.
Ce n'est pas tout, car le cocktail pimenté se révélait être explosif.
Pour l'heure, la missive n'a toujours pas été envoyée ou du moins reçue," nous dit-on depuis l'aéroport Roland-Garros à la Réunion.
Il ne manquerait donc plus que la démarche administrative, pour valider officiellement l'abandon.
Une bien mauvaise nouvelle, alors que le plan de restructuration d'Air Austral doit être présenté à la Commission européenne au plus tard le 30 juin 2022.
Tikehau Ace Capital était alors la seule piste encore en lice, après l'abandon de PIMCO, pour participer à la création de la holding, voulue par le gouvernement et le CIRI. Celle-ci devait reprendre et chapeauter les deux transporteurs.
Le grain de sable ayant stoppé une machine qui semblait pourtant bien huilée, n'est pas à chercher bien loin.
En août 2021, alors que le rapprochement capitalistique émerge tout juste sur la toile, Huguette Bello prend la parole pour vociférer contre le projet. L'union était déjà presque mort-née.
"Une telle approche est inacceptable et signerait la disparition d'Air Austral, sous sa forme de compagnie aérienne réunionnaise," expliquait alors la présidente de la Région.
Un argument repris de coeur, encore aujourd'hui, par les Ă©quipes de la compagnie.
La Réunion voulait donc sauver sa compagnie par peur de voir Air Austral disparaître au profit de Corsair, puis de l'autre côté du globe, les Antilles appuyaient pour que le rapprochement capitalistique ait bien lieu.
A cette guéguerre médiatico-politique, il fallait ajouter l'élection au principal syndicat patronal du secteur et une bataille de pouvoir, pour savoir qui serait le calife à la tête de la holding.
Un poste qui n'existera donc jamais.
"A partir du moment, où les politiques se sont mêlés de l'affaire, il y avait une chance sur mille que ça se fasse. C'est dommage, car l'idée était bonne," analyse l'entourage proche de Pascal de Izaguirre.
Ce n'est pas tout, car le cocktail pimenté se révélait être explosif.
Corsair : quel avenir pour la compagnie ?
Fin avril, les PNC de Corsair entraient en grève. Un conflit qui court toujours, alors que les salariés réclament une hausse de 4% de leurs revenus, la direction et les actionnaires proposent simplement une prime Macron, sans hausse des salaires.
Le préavis prend fin le 15 septembre 2022...
Si aucune avancée n'a eu lieu pour éteindre les braises sociales, le coup de projecteur médiatique a moyennement été apprécié, aussi bien au CIRI que chez Tikehau Ace Capital.
"Les cadres ont mis une grosse pression sur les syndicats en disant qu'ils allaient couler la boite, qu'une telle action était suicidaire," nous relate un salarié.
Entre un contexte politique peu propice aux compromis, des bilans comptables pas vraiment réjouissants, puis un gouvernement qui ne voulait pas faire de cadeau, le fonds d'investissement français a préféré abandonner.
Sauf qu'il reste un peu plus de 20 jours pour trouver une solution, aussi bien pour sauver la compagnie réunionnaise que... Corsair.
"Il nous a été dit que nous avions besoin dès août prochain de nouveaux actionnaires. Sans cet argent frais, les caisses seront vides," nous dit-on dans les équipes de la compagnie antillaise.
Surtout, que la hausse continue du carburant a grandement remis en question le business modèle. Il y a deux mois, l'incidence sur les dépenses annuelles de la fluctuation du cours du pétrole adossé à une trop fine couverture de cette variable était estimée à plus de 50 millions d'euros.
A ce tableau, vous ajoutez une concurrence excessive d'Air France qui ne sait plus quoi faire de ses pilotes et ses avions.
A lire : Outre-mer : Corsair et Air Caraïbes vent debout contre... Air France 🔑
Malgré tout dans le board de Corsair, le discours se veut rassurant.
"Il n'y a pas d'urgence financière, la boite n'est pas en danger. Même si les billets ne sont pas assez hauts, par rapport au coût du kérosène, la trésorerie est bonne," explique l'entourage de Pascal de Izaguirre.
Un optimisme qu'il faut mettre en perspective avec la future commande des A330neo.
Le préavis prend fin le 15 septembre 2022...
Si aucune avancée n'a eu lieu pour éteindre les braises sociales, le coup de projecteur médiatique a moyennement été apprécié, aussi bien au CIRI que chez Tikehau Ace Capital.
"Les cadres ont mis une grosse pression sur les syndicats en disant qu'ils allaient couler la boite, qu'une telle action était suicidaire," nous relate un salarié.
Entre un contexte politique peu propice aux compromis, des bilans comptables pas vraiment réjouissants, puis un gouvernement qui ne voulait pas faire de cadeau, le fonds d'investissement français a préféré abandonner.
Sauf qu'il reste un peu plus de 20 jours pour trouver une solution, aussi bien pour sauver la compagnie réunionnaise que... Corsair.
"Il nous a été dit que nous avions besoin dès août prochain de nouveaux actionnaires. Sans cet argent frais, les caisses seront vides," nous dit-on dans les équipes de la compagnie antillaise.
Surtout, que la hausse continue du carburant a grandement remis en question le business modèle. Il y a deux mois, l'incidence sur les dépenses annuelles de la fluctuation du cours du pétrole adossé à une trop fine couverture de cette variable était estimée à plus de 50 millions d'euros.
A ce tableau, vous ajoutez une concurrence excessive d'Air France qui ne sait plus quoi faire de ses pilotes et ses avions.
A lire : Outre-mer : Corsair et Air Caraïbes vent debout contre... Air France 🔑
Malgré tout dans le board de Corsair, le discours se veut rassurant.
"Il n'y a pas d'urgence financière, la boite n'est pas en danger. Même si les billets ne sont pas assez hauts, par rapport au coût du kérosène, la trésorerie est bonne," explique l'entourage de Pascal de Izaguirre.
Un optimisme qu'il faut mettre en perspective avec la future commande des A330neo.
Air Austral : les RĂ©unionnais toujours en lice, une offre ferme attendue...
Pour valider un tel montant de risque, que ce soit Airbus ou la société de leasing AerCap qui commandera les appareils et les louera à Corsair, les deux entreprises ont dû avoir des garanties de la part de Corsair.
La solution viendrait des actionnaires composant Outre-mer R-Plane, la holding propriétaire de la compagnie. Ces derniers remettraient au pot, toutefois des "rebondissements" nous ont été promis.
Ou alors Tikehau abandonnant, la piste de la création du 2e groupe aérien français, aidera-t-il celle qui se rêve en reine des outre-mer ?
En attendant les nouvelles péripéties, il est un des acteurs en mauvaise posture.
L'opération sauvetage d'Air Austral est maintenant entrée dans son money time, sans mauvais jeu de mots.
Si au 30 juin 2022, le gouvernement n'est pas en mesure d'apporter une solution financière privée, alors il devra présenter un plan conduisant à la sortie de la compagnie du marché.
Nous avons sollicité l'instance européenne qui n'a pas voulu commenter des "scénarios hypothétiques", sur une possible rallonge de temps demandé par l'exécutif français pour boucler l'opération.
Il fait de moins en moins de doute que le gouvernement ait fait une quelconque proposition dans ce sens.
Malgré l'urgence, la direction se montre plutôt optimiste et confiante alors même qu'aucune offre engageante n'a été déposée, fin de semaine dernière (vendredi 3 juin 2022).
"Nous attendons des éléments dans les prochains jours, mais les investisseurs sont toujours engagés dans la reprise d'Air Austral, avec une proposition qui sera solide," nous affirme-t-on de l'aéroport Roland Garros.
Le groupe Delefie apportera 20 millions d'euros, quand la Région s'alignera sur le même montant, tout comme le pool d'investisseurs réunionnais. L'offre sera donc de 60 millions d'euros pour reprendre Air Austral seule.
Des noms connus de l'entreprenariat ilien figure pour sauver le patrimoine aéronautique local, comme "Pascal Thiaw-Kine (les magasins Leclerc), du Groupe Locate (Intersport…), Adam Ravate (groupe Ravate), Laperrière (transitaire), Jacques Dijoux (hôtel le Ness), de Jean-Jacques Charolais (Axion Grand-sud)..." rapportent nos confrères du site Freedom.
La solution viendrait des actionnaires composant Outre-mer R-Plane, la holding propriétaire de la compagnie. Ces derniers remettraient au pot, toutefois des "rebondissements" nous ont été promis.
Ou alors Tikehau abandonnant, la piste de la création du 2e groupe aérien français, aidera-t-il celle qui se rêve en reine des outre-mer ?
En attendant les nouvelles péripéties, il est un des acteurs en mauvaise posture.
L'opération sauvetage d'Air Austral est maintenant entrée dans son money time, sans mauvais jeu de mots.
Si au 30 juin 2022, le gouvernement n'est pas en mesure d'apporter une solution financière privée, alors il devra présenter un plan conduisant à la sortie de la compagnie du marché.
Nous avons sollicité l'instance européenne qui n'a pas voulu commenter des "scénarios hypothétiques", sur une possible rallonge de temps demandé par l'exécutif français pour boucler l'opération.
Il fait de moins en moins de doute que le gouvernement ait fait une quelconque proposition dans ce sens.
Malgré l'urgence, la direction se montre plutôt optimiste et confiante alors même qu'aucune offre engageante n'a été déposée, fin de semaine dernière (vendredi 3 juin 2022).
"Nous attendons des éléments dans les prochains jours, mais les investisseurs sont toujours engagés dans la reprise d'Air Austral, avec une proposition qui sera solide," nous affirme-t-on de l'aéroport Roland Garros.
Le groupe Delefie apportera 20 millions d'euros, quand la Région s'alignera sur le même montant, tout comme le pool d'investisseurs réunionnais. L'offre sera donc de 60 millions d'euros pour reprendre Air Austral seule.
Des noms connus de l'entreprenariat ilien figure pour sauver le patrimoine aéronautique local, comme "Pascal Thiaw-Kine (les magasins Leclerc), du Groupe Locate (Intersport…), Adam Ravate (groupe Ravate), Laperrière (transitaire), Jacques Dijoux (hôtel le Ness), de Jean-Jacques Charolais (Axion Grand-sud)..." rapportent nos confrères du site Freedom.
Corsair - Air Austral : vers une joint venture ?
En quelque sorte, le rachat de Corsair en 2020 aura inspiré le tissu économique à la Réunion.
Il convient tout de même de noter que l'offre des investisseurs locaux pour une compagnie Air Austral seule est conditionnée à un effacement total de la dette.
Cette dernière est de 350,13 millions d'euros, d'après le dernier rapport annuel consultable en ligne.
Une coquette somme qui sera difficilement effacée par le gouvernement français, surtout que l'Europe veille et que les autres acteurs du secteur surveilleront les actions de l'exécutif.
"Je me demande si l'offre sera retenue, car l'Etat doit faire cadeau de 300 millions, mais il a refusé de le faire à Pierre & Vacances, pour d'autres montants.
Pourquoi le ferait-il pour Air Austral ? S'ils font un tel cadeau, alors tout le monde ira frapper à la porte de Bruno Le Maire," tempère un proche de l'actionnariat de Corsair.
En attendant qu'une offre engageante soit déposée et retenue par le CIRI, à la direction de la compagnie réunionnaise, le projet de joint-venture est de nouveau agité.
"Si le rapprochement capitalistique ne se fait pas, alors la réflexion initiée à l'été dernier, avec la joint venture se poursuivrait entre les deux compagnies.
Nous discuterons alors pour des accords commerciaux," dévoile la direction d'Air Austral.
Une solution a minima qui satisferait Pascal de Izaguirre, l'instigateur du projet.
Pour en arriver là , encore faut-il que la compagnie réunionnaise soit encore debout, alors que Marie-Joseph Malé, son PDG sur le départ, a demandé à ses équipes de faire preuve de professionnalisme... jusqu'au bout, tel l'orchestre du Titanic.
Il convient tout de même de noter que l'offre des investisseurs locaux pour une compagnie Air Austral seule est conditionnée à un effacement total de la dette.
Cette dernière est de 350,13 millions d'euros, d'après le dernier rapport annuel consultable en ligne.
Une coquette somme qui sera difficilement effacée par le gouvernement français, surtout que l'Europe veille et que les autres acteurs du secteur surveilleront les actions de l'exécutif.
"Je me demande si l'offre sera retenue, car l'Etat doit faire cadeau de 300 millions, mais il a refusé de le faire à Pierre & Vacances, pour d'autres montants.
Pourquoi le ferait-il pour Air Austral ? S'ils font un tel cadeau, alors tout le monde ira frapper à la porte de Bruno Le Maire," tempère un proche de l'actionnariat de Corsair.
En attendant qu'une offre engageante soit déposée et retenue par le CIRI, à la direction de la compagnie réunionnaise, le projet de joint-venture est de nouveau agité.
"Si le rapprochement capitalistique ne se fait pas, alors la réflexion initiée à l'été dernier, avec la joint venture se poursuivrait entre les deux compagnies.
Nous discuterons alors pour des accords commerciaux," dévoile la direction d'Air Austral.
Une solution a minima qui satisferait Pascal de Izaguirre, l'instigateur du projet.
Pour en arriver là , encore faut-il que la compagnie réunionnaise soit encore debout, alors que Marie-Joseph Malé, son PDG sur le départ, a demandé à ses équipes de faire preuve de professionnalisme... jusqu'au bout, tel l'orchestre du Titanic.
A lire sur le dossier Corsair - Air Austral :
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