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Ecotaxe sur le transport aérien : vaste fable ou cruelle vérité ?

La chronique de Christophe Hardin


Christophe Hardin n'est pas seulement expert aérien, mais poète à ses heures ! Suite à l'annonce d'une écotaxe sur le transport aérien, il s'est librement inspiré de la fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste, pour réagir sur le sujet, dans les colonnes de TourMaG.com.


Rédigé par Christophe HARDIN le Lundi 15 Juillet 2019

L’aérien fut convié, et on le fit parler : "je fais voyager les hommes,  Je tisse des liens, désenclave et je pense que je fais ma part pour l’emploi. Je pollue certes, mais c’est modeste. C’est encore surement trop, puisqu’il faut parler net". A ces mots, on cria haro sur tous ces jets - DR : Depositphotos, dell640
L’aérien fut convié, et on le fit parler : "je fais voyager les hommes, Je tisse des liens, désenclave et je pense que je fais ma part pour l’emploi. Je pollue certes, mais c’est modeste. C’est encore surement trop, puisqu’il faut parler net". A ces mots, on cria haro sur tous ces jets - DR : Depositphotos, dell640
Un mal qui répand la chaleur,
Mal que les hommes souvent pollueurs
Imposèrent à notre bonne vieille Terre,
Le réchauffement (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’imposer pour toujours un soleil de plomb,
Faisait aux hommes la guerre.
Ils ne souffraient pas tous, mais tous étaient frappés :
L’Etat était très occupé
A livrer au bon peuple le coupable idéal :
L’aérien : riche élitiste sale.

Démagos, insoumis, épiaient
Cette belle et magnifique proie.
Mais pour cela il fallait,
Faire les choses comme il se doit.
Les Ministres tinrent conseil et dirent : chers amis
Qu’est-ce qui, dans notre très beau pays
Est coupable de cette infortune ?
Que le secteur le plus fautif,
Soit sacrifié tout de suite avec un coup massif !
Peut-être obtiendra-t-il que cesse la rancune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Voyons donc en détail, quel secteur accuser
Pour qu’il soit sacrifié.
Les véhicules terrestres sont certes un peu gloutons
Ils pourrissent tant de poumons !
Doit-on encore taxer ? Hum… méfiance
Car nous pourrions encore réveiller la bête jaune !
Je recommanderais donc de voter la dispense
Et de chercher ailleurs un autre bouc émissaire
Car on doit faire croire à notre cher pays,
Que nous taxerons des nantis.
Messieurs dit un conseil, vous pouvez être fiers
C’est très finement joué que d’épargner l’auto.
Et bien roulez 4X4, SUV, voire plus gros
Est-ce un péché ? Non, non et puis tous ces coquins
Quitteront enfin tous les ronds-points.
Et quant à savoir quel secteur
Jeter en pâture à ces gens,
Voyez cette jeune Suédoise qui sait si bien faire peur,
Profitons-en, c’est le moment !
Ainsi dit le conseil et flatteurs d’applaudir
On refusa d’approfondir
Du numérique, ni du web, ni des autres puissances
A la terre leurs graves offenses.
Tous les très grands secteurs, services et autres biens
Au dire de chacun, étaient des petits saints.
L’aérien fut convié, et on le fit parler
"je fais voyager les hommes,
Je tisse des liens, désenclave et je pense
Que je fais ma part pour l’emploi.
Je pollue certes, mais c’est modeste.
C’est encore surement trop, puisqu’il faut parler net."
A ces mots, on cria haro sur tous ces jets.
Ruffin par sa harangue les décrit comme la peste.
Il fallait supprimer ce transport national,
Ce pollueur, ce fauteur d’où venait tout leur mal
Strasbourg-Paris, c’est inimaginable !
Voyager en avion ! Quel crime abominable !
Rien que la taxe était capable
D’expier ce forfait à un taux le plus fort.
Selon qu’on vous jugera, à tort, nanti et sale,
Les ministres et leur Cour vous taxeront à mort.

Librement inspiré de Jean de La Fontaine

La fable originale de Jean de La Fontaine

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom]
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine
Les fables - Recueil II, livre VII

Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a, à son actif, de nombreuses heures de vol en tant que personnel navigant commercial.

Il est Président de l'Association des Cadres Navigant Commerciaux (A.C.N.C) et s'investit dans la formation à la Relation Client.

Il est adhérent à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) ainsi qu'à l'Association des journalistes du Tourisme (AJT).


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Tags : ecotaxe, hardin
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