Les seniors coûtent trop cher. Aussi, les recruteurs cherchent-ils le mouton à cinq pattes - DR Photo-Libre.fr
« En 30 ans, il m’est déjà arrivé d’être au chômage, mais c’est la première fois que je suis ainsi sur la touche.
J’ai répondu à une annonce de chef de produit. Non seulement je n’ai pas reçu de réponse, mais l’annonce a été modifiée, pour préciser qu’il s’agissait d’un chef de produit junior. » explique Renaud Wiart, 48 ans.
« Mes courriers restent sans réponse. Les entreprises rechignent à recruter des personnes expérimentées. Je ne mentionne donc plus mon âge. » remarque Françoise Costa, 56 ans.
« Je suis en relation avec quatre boîtes d’intérim et mon C.V. est sur plusieurs sites. J’ai 45 ans et ça devient difficile. » s’inquiète Nathalie Dubras.
« Les seniors ont du mal à trouver du travail. » confirme un membre de l’AFST (Association française des seniors du tourisme) qui précise que le qualificatif s’applique théoriquement aux plus de 55 ans.
J’ai répondu à une annonce de chef de produit. Non seulement je n’ai pas reçu de réponse, mais l’annonce a été modifiée, pour préciser qu’il s’agissait d’un chef de produit junior. » explique Renaud Wiart, 48 ans.
« Mes courriers restent sans réponse. Les entreprises rechignent à recruter des personnes expérimentées. Je ne mentionne donc plus mon âge. » remarque Françoise Costa, 56 ans.
« Je suis en relation avec quatre boîtes d’intérim et mon C.V. est sur plusieurs sites. J’ai 45 ans et ça devient difficile. » s’inquiète Nathalie Dubras.
« Les seniors ont du mal à trouver du travail. » confirme un membre de l’AFST (Association française des seniors du tourisme) qui précise que le qualificatif s’applique théoriquement aux plus de 55 ans.
Les rémunérations sont les mêmes qu’en 1992 !
« Depuis le 23 mai dernier, c’est la cata. La chute des ventes est spectaculaire et les agences n’ont pas de visibilité. » explique Valérie Dufour, responsable emploi et petites annonces de TourMaG.Com.
« L’an dernier, le tourisme a enregistré 50 faillites. Le secteur a de moins en moins d’acteurs. Les gros ont disparu et les petits vivotent en sous-effectif. » constate Renaud Wiart.
Les seniors coûtent trop cher. Aussi, les recruteurs cherchent-ils le mouton à cinq pattes : diplômé, multi compétent, expérimenté, cultivé, curieux, réactif, polyglotte, disponible, souple, bonne présentation et stagiaire !
Malheureusement, l’emploi est partout mauvais. « Jusqu’à présent, le tourisme avait les plus bas salaires. Or, les rémunérations des autres métiers se sont alignées sur lui.
L’appauvrissement est général. Ceux qui ont changé d’emploi ont perdu 20 % de leur salaire sur 20 ans. Leurs rémunérations sont les mêmes qu’en 1992 ! » remarque Pascale Barrau, reconvertie dans la formation.
« Aujourd’hui, je travaille au SMIC pour un poste de forfaitiste trilingue. Je suis revenue 30 ans en arrière. » calcule Françoise Costa.
« L’an dernier, le tourisme a enregistré 50 faillites. Le secteur a de moins en moins d’acteurs. Les gros ont disparu et les petits vivotent en sous-effectif. » constate Renaud Wiart.
Les seniors coûtent trop cher. Aussi, les recruteurs cherchent-ils le mouton à cinq pattes : diplômé, multi compétent, expérimenté, cultivé, curieux, réactif, polyglotte, disponible, souple, bonne présentation et stagiaire !
Malheureusement, l’emploi est partout mauvais. « Jusqu’à présent, le tourisme avait les plus bas salaires. Or, les rémunérations des autres métiers se sont alignées sur lui.
L’appauvrissement est général. Ceux qui ont changé d’emploi ont perdu 20 % de leur salaire sur 20 ans. Leurs rémunérations sont les mêmes qu’en 1992 ! » remarque Pascale Barrau, reconvertie dans la formation.
« Aujourd’hui, je travaille au SMIC pour un poste de forfaitiste trilingue. Je suis revenue 30 ans en arrière. » calcule Françoise Costa.
Manque de turn-over du personnel
À cette conjoncture de crise, se greffe le manque de turn-over du personnel.
« Contrairement au Canada où l’on passe facilement d’un secteur à un autre, les entreprises en France ne peuvent ni licencier, ni embaucher comme elles veulent. On ne se reconvertit donc pas. » assure un membre de l’AFST.
Pourtant, des anciens du tourisme désireux de quitter le terrain se rapprochent de Pascale Barrau pour devenir formateurs.
Nathalie Dubras a monté sa propre entreprise : « Mais j’avais un volume de clients insuffisant avec un pouvoir d’achat trop modeste.
Ils demandaient systématiquement des remises, arguant qu’ils avaient trouvé moins cher sur le net. Ils rognaient ainsi mes marges déjà très minces. C’est pourquoi je me suis résignée à repasser salariée. »
Après son licenciement économique, Françoise Costa a repris ses études. Mais son master est resté lettre morte.
« Contrairement au Canada où l’on passe facilement d’un secteur à un autre, les entreprises en France ne peuvent ni licencier, ni embaucher comme elles veulent. On ne se reconvertit donc pas. » assure un membre de l’AFST.
Pourtant, des anciens du tourisme désireux de quitter le terrain se rapprochent de Pascale Barrau pour devenir formateurs.
Nathalie Dubras a monté sa propre entreprise : « Mais j’avais un volume de clients insuffisant avec un pouvoir d’achat trop modeste.
Ils demandaient systématiquement des remises, arguant qu’ils avaient trouvé moins cher sur le net. Ils rognaient ainsi mes marges déjà très minces. C’est pourquoi je me suis résignée à repasser salariée. »
Après son licenciement économique, Françoise Costa a repris ses études. Mais son master est resté lettre morte.
Même si les offres sont rares, les besoins existent
En revanche, le tourisme suscite des reconversions parmi des professionnels extérieurs au secteur. Des cadres de l’industrie automobile ou du BTP, par exemple, sont prêts à en accepter les contraintes et à diviser leur salaire par deux ou trois, parce que le tourisme leur plait.
« Il s’agit en général de femmes licenciées économiques. Après avoir subi une énorme pression sociale, elles ont besoin d’un temps de formation pour se reconstruire. C’est tout bénéfice pour les entreprises auxquelles elles apportent leurs compétences en gestion-comptabilité, par exemple. » explique Pascale Barrau.
Même si les offres sont rares, les besoins existent. Selon Valérie Dufour, de nouveaux postes se créent sur les réseaux sociaux. Les entreprises cherchent des technico-commerciaux et des responsables transports pour optimiser la gestion des allottements et des plans de vol ou encore jongler avec les fluctuations tarifaires.
Même si Internet inquiète Nathalie Dubras et Renaud Wiart, son créneau mass-market laisse la place au haut de gamme qui requiert un personnel qualifié.
« Contrairement à un produit fini, le sur-mesure est vivant et la connaissance des seniors est indispensable. » argumente Renaud Wiart. Enfin, certaines entreprises* prennent conscience de la valeur ajoutée des seniors au contact de leur clientèle haut de gamme. Ne partagent-ils pas les mêmes affinités propres à leur génération ?
*D’après Pôle Emploi, le Club Med est la cinquième entreprise grands comptes qui recrute le plus de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans.
« Il s’agit en général de femmes licenciées économiques. Après avoir subi une énorme pression sociale, elles ont besoin d’un temps de formation pour se reconstruire. C’est tout bénéfice pour les entreprises auxquelles elles apportent leurs compétences en gestion-comptabilité, par exemple. » explique Pascale Barrau.
Même si les offres sont rares, les besoins existent. Selon Valérie Dufour, de nouveaux postes se créent sur les réseaux sociaux. Les entreprises cherchent des technico-commerciaux et des responsables transports pour optimiser la gestion des allottements et des plans de vol ou encore jongler avec les fluctuations tarifaires.
Même si Internet inquiète Nathalie Dubras et Renaud Wiart, son créneau mass-market laisse la place au haut de gamme qui requiert un personnel qualifié.
« Contrairement à un produit fini, le sur-mesure est vivant et la connaissance des seniors est indispensable. » argumente Renaud Wiart. Enfin, certaines entreprises* prennent conscience de la valeur ajoutée des seniors au contact de leur clientèle haut de gamme. Ne partagent-ils pas les mêmes affinités propres à leur génération ?
*D’après Pôle Emploi, le Club Med est la cinquième entreprise grands comptes qui recrute le plus de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans.
En dehors des 30-40 ans, point de salut ?
« De nombreux jeunes restent sur le carreau. Certains poursuivent ainsi indéfiniment les études. » remarque un membre de l’AFST.
« Malheureusement, leur formation ne correspond pas toujours à celle que recherchent les recruteurs. » ajoute Valérie Dufour. « Les TO demandent aux agents de voyages de la curiosité, de la réactivité, du sérieux et le sens de l’organisation. Des qualités que les employeurs ont du mal à trouver chez les jeunes. » explique Pascale Barrau.
« Quand ils ont la chance d’être embauchés, une fois formés par l’entreprise, les jeunes partent dans des secteurs plus rémunérateurs. D’autres arrêtent sans raison au bout de quatre jours. Le marché souffre d’un manque de respect mutuel. » analyse Valérie Dufour.
« La nouvelle génération ne veut plus se laisser exploiter comme ses parents, pour être remerciée à 5 ans de la retraite, au bout de 15 ans de boîte. Elle entend avoir des loisirs. » ajoute Pascale Barrau qui conclut : « Les jeunes ont perdu la notion de fidélité à l’employeur et inversement. Car ce lien se tisse dans les deux sens. »
« Malheureusement, leur formation ne correspond pas toujours à celle que recherchent les recruteurs. » ajoute Valérie Dufour. « Les TO demandent aux agents de voyages de la curiosité, de la réactivité, du sérieux et le sens de l’organisation. Des qualités que les employeurs ont du mal à trouver chez les jeunes. » explique Pascale Barrau.
« Quand ils ont la chance d’être embauchés, une fois formés par l’entreprise, les jeunes partent dans des secteurs plus rémunérateurs. D’autres arrêtent sans raison au bout de quatre jours. Le marché souffre d’un manque de respect mutuel. » analyse Valérie Dufour.
« La nouvelle génération ne veut plus se laisser exploiter comme ses parents, pour être remerciée à 5 ans de la retraite, au bout de 15 ans de boîte. Elle entend avoir des loisirs. » ajoute Pascale Barrau qui conclut : « Les jeunes ont perdu la notion de fidélité à l’employeur et inversement. Car ce lien se tisse dans les deux sens. »