Emploi : pourquoi certains jobs ne trouvent-ils pas preneur ?

Pourquoi autant d'emplois restent non pourvus alors que le chômage bat des record en France ?

Pour répondre a ce paradoxe, le conseil d’orientation pour l’emploi (COE), une instance d'expertise rattachée à Matignon, vient de faire paraître une minutieuse enquête qui en explique les raisons.

L'étude dévoile d'abord que "sur le seul champ des offres déposées à Pôle Emploi en 2012, 116 000 recrutements ont été abandonnés faute de candidats et 215 000 offres sont restées non satisfaites après trois mois d'annonce."

Parmi les secteurs les plus touchés, on trouve le tourisme, notamment les métiers de l'hôtellerie et la restauration, mais aussi les industries mécaniques, l’électricité, la maintenance, l’informatique, les métiers de bouche, la santé et les aides à domicile.

Dans notre secteur, les serveurs de cafés et de restaurants sont les plus difficiles à recruter. En 2013, sur 66 446 projets de recrutement, 30 632 ont été jugés difficiles par les employeurs, soit 46,10%.

Les employés de l'hôtellerie sont également en tension, avec 14 476 recrutements difficiles sur 29 970 soit 48,30%.

Enfin, les animateurs sportifs sont également assez rares, avec 9 809 recrutements difficiles sur 19 938 recrutements soit un taux de 49,20%. (voir le tableau ci dessous)

Dans un second temps, ce rapport tente de définir les multiples causes des difficultés des employeurs.

La plus récurrente reste l'inadéquation entre la formation des candidats et les besoins du marché, invoquée par 82,5% des employeurs.

Une problématique bien connue dans le monde du tourisme.

Certains métiers souffrent également d'un manque d'attractivité, à cause de conditions de travail difficiles, d'horaires atypiques, ou d'une image négative, comme c'est le cas dans l'hôtellerie et la restauration.

Les territoires peinent également à trouver des salariés, surtout en raison de "problématiques liées au coût élevé des logements ou des transports, notamment en haute saison."

Pour tenter de synchroniser les offres et les demandes, le rapport soumet plusieurs pistes de réflexion : renforcer la visibilité et l’attractivité des filières ou encore soutenir la formation continue.

"Il faut se donner les moyens d’anticiper les risques d’apparition de déficits de compétences et de difficultés de recrutement".

Le COE propose notamment d'exploiter plus habilement les données statistiques disponibles. Il conseille aux branches professionnelles de mener des actions de sensibilisation auprès des entreprises et les incite à signer des conventions avec Pôle emploi afin d'améliorer l’attractivité des métiers.

Bien entendu, le COE reste conscient que les chiffres de Pôle Emploi ne recouvrent qu'une partie des embauches en France.

Mais faute d'un observatoire global, ils fournissent une excellente base de travail pour rendre compte d'une partie des réalités du marché du travail.

L'étude est disponible dans son intégralité sur le site du conseil d’orientation pour l’emploi.

Valérie Dufour, Responsable de la rubrique Emploi chez TourMaG.com : "Cet article reflète bien les problèmes de recrutement actuels, dans le tourisme.

Beaucoup de postes de commerciaux groupes, billettistes affaires, conseillers voyages polyvalents sont très durs à pourvoir depuis des années dû à un problème de formation pro et continue, ainsi que de conditions de travail et de salaire.

Il devient difficile de recruter en province et surtout dans le Sud-Est où le niveau de vie est très élevé."