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Et si les frontières ne rouvraient pas avant la fin de l'été 2021 ?

Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat en charge, a abordé cette éventualité aux pros


Il y a un an, la France connaissait le premier verrouillage intégral de son histoire moderne. Les Français ne pouvaient plus sortir de chez eux, sans un mot, et encore moins franchir les frontières. Pour tous, 2021 devait signifier le retour à la vie normale. Patatras, les variants sont de sortie et malheureusement, les dernières nouvelles ne sont pas bonnes, Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'Etat en charge du tourisme aurait évoqué lors d'une réunion avec les professionnels du tourisme, une possible fermeture des frontières jusqu'à la fin du mois d'août 2021. Faut-il craindre le pire ? Comme en peinture, tout est dans la nuance... Colorimétrie.


Rédigé par le Mercredi 17 Mars 2021

Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat en charge, a abordé l'éventualité d'une fermeture durable des frontièrs aux professionnels du tourisme - Crédit photo : stevebonk
Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat en charge, a abordé l'éventualité d'une fermeture durable des frontièrs aux professionnels du tourisme - Crédit photo : stevebonk
Souvenez-vous : il y a moins d'un an, quand les professionnels rêvaient d'un possible retour à la normale en septembre 2020 ...

Avec une reprise des long-courriers pour l'automne et des carnets de commandes bourrés jusqu'à la gueule dans les agences de voyages.

Depuis un confinement national est passé par là. Des variants sont apparus aux quatre coins du monde, y compris en Bretagne, et la menace d'un nouveau tour de vis plane au-dessus de l'Île-de-France.

Nul n'aurait pu prévoir un tableau aussi sombre. Malheureusement, de nouvelles ombres menacent de s'y ajouter encore...

Mardi 16 mars 2021, Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'Etat en charge du tourisme conviait les syndicats et le patronat du tourisme, pour échanger sur d'éventuelles perspectives de reprise.

"Autant tous les secteurs ont une reprise planifiée avec différents stades, autant nous, nous n'avons pas de visibilité sur la durée de la fermeture des frontières, hors espace européen," recadre Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EDV).

Si la restauration connaît les grandes lignes de son futur protocole, rien à ce jour est annoncé pour les représentants des TO et des agents de voyages. Le flou perdure et ça ne s'arrange pas.

"Les perspectives de réouverture des frontières pas clairement déterminées..."

"Nous avons entendu quelque chose qui nous a fait frémir.

Il a dit qu'il ne fallait sans doute pas s'attendre à une réouverture des frontières cet été.
Autrement dit, nous n'avons pas plus de visibilité aujourd'hui que nous n'en avions hier,
" explique un des participants à la réunion, préférant conserver l'anonymat.

Une annonce qui pourrait faire l'effet d'une bombe, dans le microcosme touristique, même si du côté du SETO (Syndicat des Entreprises du tour-operating), l'heure n'est pas venue d'alarmer les acteurs du tourisme, mais de temporiser.

"Au jour d'aujourd'hui les perspectives de réouverture des frontières hors Union européenne ne sont pas clairement déterminées. Il n'y a pas eu d'annonce formelle," temporise Hervé Tilmont, le secrétaire général du SETO.

Le patron des EDV reconnaît aussi que Jean-Baptiste Lemoyne a bien dit qu'une possible fermeture des frontières jusqu'à la fin de l'été, faisait partie des possibilités évoquées, mais sans plus de certitude.

Dans cette ambiance morose, tout le monde espère surtout une évolution positive de la situation sanitaire et donc des décisions gouvernementales allant dans le bon sens.

Il ne fait plus de doute, que nous nous enfonçons dans un épais brouillard qui ne sera levé seulement que par une accalmie sanitaire. Après chaque montée, il y a une descente, espérons juste que l'ascension ne durera pas trop longtemps.

Pour un autre observateur, il ne faut pas s'alarmer, ni tirer de conclusions trop hâtives.

"Il a voulu dire que la réouverture de façon massive des frontières à l'été 2021 sera difficile, surtout que la décision ne dépend pas seulement de nous, mais aussi de l'épidémie sur place."

Toujours selon ce patron, ayant préféré conserver l'anonymat, il y aura bel et bien des frontières ouvertes en dehors de l'Union européenne.

Le SETO pas optimiste pour les vacances de Pâques

En somme et quelle que soit la posture du président de la République, l'épidémie aura toujours le dernier mot.

Ainsi, il convient d'attendre et prendre son mal en patience, d'autant que juillet est encore loin. Et Hervé Tilmont de nous donner la preuve que rien n'est encore décidé pour l'été 2021.

"La meilleure preuve, pour vous dire qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions hâtives, c'est que dans ce cas les mesures d'aide seraient déjà entérinées sur cette période.

Nous avançons au mois par mois en fonction des évolutions de la situation,
", rappelle-t-il.

Pour le moment, aucune annonce n'a été faite quant à une reconduction du chômage partiel à 100% et du fonds de solidarité, au-delà de la fin mars 2021.

"Nous estimons qu'il ne peut pas y avoir affaiblissement des aides, dans un contexte ne nous permettant pas de reprise d'activité. Après l'objet de la réunion portait sur la méthodologie de la reprise, ce qui ne nous concernait pas," retient surtout Jean-Pierre Mas.

Le président des EDV a par ailleurs réitéré son message au secrétaire d'Etat sur l'interdiction de voyager hors des frontières. Cette dernière est inutile, inefficace et illusoire.

"Ca ne sert à rien, ça ne protège pas la population. La Guadeloupe a été fermée de partout et pourtant le variant anglais représente 95% des contaminations.

C'est une décision démagogique,
" peste-t-il.

Surtout que dans le même temps, il est possible pour les Français de franchir les frontières en voiture et de prendre un vol dans un autre pays européen, pour s'envoler vers une destination lointaine, sans aucun contrôle.

Un point que l'exécutif scruterait attentivement, selon l'observateur bien informé. Alors que l'incertitude est notre seule certitude, les vacances de Pâques paraissent d'ores et déjà bien hypothéquées.

Un été de bulles en bulles

Pour le SETO qui recommandait dernièrement une annulation des voyages à forfait jusqu'au 26 mars 2021, il est venu de temps de regarder un peu plus loin dans le calendrier, avec en ligne de mire les vacances d'avril.

Dans le contexte actuel, il fait de moins en moins de doute, que la réponse ne sera pas nécessairement agréable à entendre ou à lire.


"Une position sera prise cette semaine. Mais il n'y a pas beaucoup de signaux positifs qui permettent de modifier notre précédent communiqué.

Après les choses évoluent très vite,
", préfère croire Hervé Tilmont.

A court terme, la France restera la seule destination accessible aux Français, à moyen terme cela pourrait être l'Europe et quelques autres pays ayant réussi à vacciner massivement la population.

Tout comme l'Hexagone, le monde entier, du moins ceux qui peuvent se le permettre, s'est lancé dans une véritable course contre la montre. L'objectif étant d'au moins vacciner les populations à risque, afin de desserrer l'étau qui enserre les autres.

Après, les frontières s'ouvriront en fonction des couvertures vaccinales des uns et des autres. Le voyage reprendra selon les critères décidés par les gouvernements et les accords ratifiés par les pays.

Nous irons d'une bulle sanitaire à une autre.

"Nous craignons l'absence de reprise. Le vaccin et le certificat sanitaire sont des points ô combien positifs, mais ça ne nous suffit pas si nous sommes cadenassés à l'intérieur de notre propre pays," conclut Jean-Pierre Mas, le président des EDV.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 18/03/2021 08:20 | Alerter
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Relativement aux Outre-mer, je me permets de citer quelques extraits de l’Avis du Conseil scientifique COVID-19 en date du 26 février 2021, actualisé le 8 mars 2021, lequel rappelle que : « la vaccination contre le COVID-19 représente un espoir de réouverture des frontières ». Cette déclaration semble en apparence « enfoncer une porte ouverte » mais en réalité elle est le préambule à une requête majeure du Conseil scientifique qui recommande une stratégie vaccinale singularisée pour les Outre-mer en raison des spécificités des Outre-mer et d’un retard considérable des vaccinations dans les Outre-mer par rapport à la métropole.

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_26_fevrier_actualise_8_mars_2021.pdf

Je cite quelques extraits, malgré le risque d’interprétations inappropriées lié à la sortie de ces extraits de leur contexte :
« Jusqu’ici, ces comités n’ont pas traité cet aspect de la stratégie vaccinale en outre-mer et ce présent avis n’entre pas en contradiction avec une prise de position de leur part. Compte tenu de la situation évolutive et notamment la sensibilité plus ou moins diminuée des variants SA et BR aux différents vaccins, le Conseil scientifique a souhaité, avec modestie, proposer une vision globale et agile qui devra être complétée dans un deuxième temps par les comités ad hoc. »

« A. Le contexte
L’enjeu de la vaccination dans les territoires et collectivités d’outre-mer (DROM et COM) est de protéger le plus rapidement possible les personnes les plus âgées et les plus fragiles, dans un contexte d’apparition de variants plus contagieux. »

« L’isolement des territoires engendre un coût économique élevé. Les restrictions durent pour certains territoires depuis le premier confinement. Ces restrictions concernent les activités économiques locales, mais plus encore les activités de tourisme international. La crise économique liée à l'épidémie de COVID-19 s'annonce « dévastatrice pour l'ensemble des territoires ultramarins », note un rapport d’information du 9 juillet 2020 de la délégation aux Outre-mer du Sénat sur l’urgence économique outre-mer à la suite de la crise du COVID-19. « Les pertes instantanées d'activité pendant le confinement sont estimées à 30 % pour l'ensemble des Outre-mer », ce qui, selon ce même rapport, est « considérable et sans précédent ».
La vaccination contre le COVID-19 représente un espoir de réouverture des frontières et de relance de l’activité économique. Accélérer la vaccination pour l’ensemble de la population cible est une stratégie incontestablement coût-efficace. »

« Au dernier recensement national, les plus de 19 ans représentent 280 374 personnes (79%) en Martinique, 286 490 (76%) en Guadeloupe, 173 032 (59%) en Guyane, 604 341 (70%) à La Réunion et 133 585 (46%) à Mayotte. Il y aurait donc environ 1,5 millions d’adultes à vacciner avant l’été dans ces départements. »

Fin de citations.

Deux questions simples : la recommandation du Conseil scientifique en matière de création de comités ad hoc pour les Outre-mer a-t-elle été suivie d’effet ? Et sinon, pourquoi ?

La conclusion - inquiétante - revient au Conseil scientifique qui achève ainsi son avis : « Le Conseil scientifique insiste sur le fait que les décisions sur ces sujets stratégiques sont particulièrement sensibles dans le contexte de l’Outre-mer et relèvent non pas de lui mais des ministères concernés : le Ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que le Ministère des Outre-mer. »

J’aurai une (fâcheuse) tendance à dire qu’elle concerne également, par leurs conséquences, notre Secrétaire d’Etat au tourisme, Monsieur Jean-Baptiste LEMOYNE.

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