Evasion Spirit : fin de partie ce jeudi pour le Groupe ?

Depuis cet article Évasion Spirit a été placée en liquidation judiciaire, cliquez ici pour accéder à l'article.

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Une semaine tout juste après sa radiation par l'APST, l'avenir d'Evasion Spirit s'annonce sombre.

Depuis le 7 janvier 2023, l'agence de voyages n'a plus le droit de vendre des séjours faute de garantie et d'immatriculation.

Le registre des opérateurs de voyages et de séjours d'Atout France explique que "la garantie financière cesse à l’expiration d’un délai de 3 jours suivant la date de la publication mentionnée plus haut."

Les dirigeants du groupe devraient, selon nos informations, déposer la déclaration de cessation de paiement (DCP) ce jeudi 12 janvier 2023.

Serge Raynal, le dirigeant, aurait mené des discussions pour sauver son entreprise, en vain.

Lire aussi : Evasion Spirit : les plaintes des clients se multiplient... 🔑

Ce mercredi 11 janvier à 17h, la directrice générale d'Evasion Spirit a adressé un message succinct à l'ensemble des employés encore en activité, pour leur annoncer la nouvelle.

La missive que nous avons pu consulter informe le personnel que les dirigeants ont pris rendez-vous pour déposer la DCP "Déclaration de cessation des paiements", ce jour. Elle recommande aux équipes de ne pas se déplacer et leur propose de se revoir vendredi 13 janvier, pour ceux vivant à Paris.

Un message qui vient confirmer, la rumeur qui circulait mais que M. Raynal avait balayée, faisant état d'une liquidation à venir dans le courant de la semaine.

Il fait donc de moins en moins de doute que l'opération sauvetage d'Evasion Spirit n'a pas abouti.

Etant donné la situation et les articles sortis dans la presse grand public en France comme en Belgique, l'étau s'était resserré sur une entreprise au passé sulfureux.

Au moment, où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas si les dirigeants sont définitivement passés à l'acte.

D'autant que ce n'est pas la première fois que Serge Raynal et Marie Bander ont manifesté auprès de leurs salariés l'intention de mettre l'entreprise en dépôt de bilan.

En mars 2020, suite à une année 2019 compliquée et un trou de 300 000 euros, les responsables avaient prévenu qu'il y avait 90% de chances que l'entreprise cesse ses activités.

Donald Trump ferme les frontières des USA, Evasion Spirit étouffe.

D'après des sources convergentes, les deux dirigeants font alors le tour des 3 agences de la marque en pleine nuit pour... solder les dossiers clients, afin de faire rentrer de la trésorerie.

Fort de cette bouffée d'oxygène et surtout des avoirs, l'agence de voyages en profite pour régulariser les arriérés dus à ses prestataires. Depuis de nombreuses années, Evasion Spirit a une solide réputation de mauvais payeur auprès des réceptifs étrangers.

"Je suis partie en raison des retards de salaires, de l’ambiance pesante des fournisseurs et prestataires non payés et cela bien avant le Covid. J'avais le sentiment qu’on se moquait des clients," nous confie une ancienne salariée ayant préféré conserver l'anonymat.

En Polynésie française, des acteurs du tourisme ne veulent plus prendre de réservations au nom de l'entreprise, tellement les paiements sont réalisés (très) tardivement ou ne sont jamais faits.

Serge Raynal a repoussé le mur de la dette tant qu'il a pu. Et quand les voyageurs ont réclamé leur dû, bien souvent, Evasion Spirit a joué la montre.

Une situation devenue insoutenable, puisque l'agence n'avait d'autre choix que d'annuler des voyages pour rembourser les anciens clients.

Nous avons recueilli de nombreux témoignages de clients floués et attendant plusieurs dizaines de milliers d'euros presque 3 ans après l'annulation de leur séjour.

Ces personnes ont créé un groupe sur un célèbre réseau social, pour s'entraider face à un dirigeant qui au mieux leur ment et au pire ne répond pas à leurs requêtes, même si quelques remboursements se font, contre des menaces, notamment de publier des avis sur internet.

Mais des plaintes sont déposées malgré tout et Evasion Spirit est condamnée par les tribunaux à rembourser les voyageurs, mais aussi les prestataires qui réclament, leur argent.

"Il ne se déplace pas au Tribunal et il n'est pas non plus représenté par un avocat. Ce genre d'attitude n'augure rien de bon.

Je crois qu'il prend des nouveaux dossiers en annulant les voyages juste après, pour faire de la trésorerie. Et évidemment, il ne rembourse pas. Une sorte de cavalerie...," nous explique un avocat saisi de plusieurs dossiers à l'encontre de la marque.

Nous évaluons le trou dans les caisses et les sommes réclamées à plusieurs centaines de milliers d'euros.

Du côté de l'APST, le préjudice pourrait atteindre quelques millions d'euros.

Alors que le site internet est toujours en ligne et rappelle que l'agence est garantie par l'APST, le standard de l'agence Boulevard Raspail sonne dans le vide.

D'après une cliente qui s'est rendue sur place, les locaux étaient fermés mercredi 11 janvier 2023 et plus personne ne répond au téléphone.

Serge Raynal, nous a affirmé chercher à recapitaliser l'entreprise et n'avoir pris aucune réservation depuis le 4 janvier 2022, soit la date de la cessation de la garantie par l'APST.

Pour en revenir à notre affaire, si la liquidation est prononcée, alors l'entreprise laissera sur le carreau près de 30 salariés. Pour rappel, en 2019 le groupe réalisait un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros, avec un panier moyen de 8 700 euros.

"D’après mes amis sur place, les employés sont partagés entre soulagement et crainte pour la suite pour certains," témoigne, sous couvert d'anonymat, un ancien de la maison.

Espérons que pour toutes les parties prenantes, l'histoire soit totalement close...

L'APST ne peut libérer sa garantie que dès lors qu'elle a reçu la déclaration de cessation des paiements (DCP) de l'entreprise concernée.

L'APST a la possibilité de libérer la garantie en services. Cela permet aux consommateurs-voyageurs qui avaient contracté avec l'agence de poursuivre leur séjour ou de partir en voyage dans des conditions semblables ou similaires.

Les consommateurs ont aussi la possibilité de demander un remboursement. Dans ce cas il faudra déclarer sa créance au mandataire judicaire dans les délais impartis et demander le remboursement à l’Apst dans un délai maximum de 3 mois après la publication de l’avis de cessation de garantie financière par Atout France.

La prise en charge par l'APST qu'elle soit en service ou dans le cadre d'un remboursement ne s'applique qu'aux voyages à forfait et non aux vols secs.