Brexit-No deal, le transport européen pourrait bien être fortement impacté - Crédit photo : Dépositphotos @egal
Mardi 15 janvier 2019, les députés de la Chambre des communes ont voté massivement contre l'accord trouvé entre Londres et Bruxelles.
Le lendemain, Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE a déclaré : "à 10 semaines, jamais le risque d'un no deal n'a paru aussi élevé".
Le scénario du pire se dessine, face à un parlement britannique toujours aussi peu enclin à lâcher du lest. La Commission européenne rétorque un refus ferme de négocier un nouvel accord.
Pour Serge Enderlin, journaliste suisse spécialiste du sujet, la situation paraît bouchée des deux côtés des rives de la Manche. Pour l'auteur du livre "Angleterre : Brexit et conséquences", le blocage est absolu, "tout indique que nous allons au crash, même si personne ne le souhaite."
Du côté de l'ECTAA, l'optimisme n'est pas de mise non plus. Michel de Blust, le secrétaire général de confier : "nos collègues dans le sud de l'Europe se préparent d'ores et déjà à une forte baisse du trafic et du nombre de visiteurs pour 2019."
Alors que le no deal parait de plus en plus probable, mais sans être réellement acté, ni être le plan privilégié par aucun des camps, celui-ci pourrait avoir des conséquences énormes sur le transport aérien et le tourisme en général.
Le lendemain, Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE a déclaré : "à 10 semaines, jamais le risque d'un no deal n'a paru aussi élevé".
Le scénario du pire se dessine, face à un parlement britannique toujours aussi peu enclin à lâcher du lest. La Commission européenne rétorque un refus ferme de négocier un nouvel accord.
Pour Serge Enderlin, journaliste suisse spécialiste du sujet, la situation paraît bouchée des deux côtés des rives de la Manche. Pour l'auteur du livre "Angleterre : Brexit et conséquences", le blocage est absolu, "tout indique que nous allons au crash, même si personne ne le souhaite."
Du côté de l'ECTAA, l'optimisme n'est pas de mise non plus. Michel de Blust, le secrétaire général de confier : "nos collègues dans le sud de l'Europe se préparent d'ores et déjà à une forte baisse du trafic et du nombre de visiteurs pour 2019."
Alors que le no deal parait de plus en plus probable, mais sans être réellement acté, ni être le plan privilégié par aucun des camps, celui-ci pourrait avoir des conséquences énormes sur le transport aérien et le tourisme en général.
Vers la fin des vols avec escales des compagnies britanniques ?
Christina Russe, la secrétaire générale adjointe de l'ECTAA rappelait dans nos colonnes que "des dispositions ont été prises pour assurer la continuité du transport aérien en provenance du Royaume-Uni, en cas de Brexit sans accord."
Ces mesures entreront en vigueur jusqu'à la fin de l'année 2019.
Ainsi les compagnies aériennes britanniques pourront voler en Europe, mais elles devront respecter les plans de vols prévus lors de l'hiver et été 2018.
"Pour résumer, il y aura un gel des capacités pour l'année 2019, donc toutes les ouvertures de lignes prévues par les transporteurs britanniques dans les prochains mois seraient alors annulées", précise Nicolas Paulissen, le délégué général de l'Union des Aéroports Français. Et IATA d'illustrer cette affirmation, par un communiqué dévoilé ce jeudi 17 janvier 2019, en stipulant que l'augmentation de capacité prévue est de 5 millions de sièges supplémentaires pour cette année. Soit autant de sièges menacés par un no deal.
A lire : Brexit : quels dangers pour les aéroports français ?
Si la rupture ne sera pas totale et le trafic au moins assuré jusqu'à la fin de l'exercice en cours, la connectivité ne sera pas améliorée. Un manque à gagner certain pour les aéroports.
Le ralentissement ne se limitera pas seulement à ce niveau, car les 5e et 7e libertés aériennes ne seront plus accordées en France.
Ainsi, une compagnie britannique ne pourra plus faire un Londres-Paris-Rome avec un même avion. Les vols avec escales sur le territoire européen ne seraient plus assurés, puisque les compagnies britanniques ne seront plus autorisées par les autorités françaises.
Malheureusement les embûches sur le tarmac ne se limiteront pas à ces seuls points, car le cabotage pourrait vivre ses dernières heures.
L'ensemble des professionnels contactés nous ont fait part de leurs inquiétudes.
Sans accord, "on reviendrait alors à la définition de la directive 1008-2008, une compagnie est européenne uniquement dans la mesure où le capital est à majorité européen" explique Jean-Pierre Sauvage, le patron du BAR.
Ces mesures entreront en vigueur jusqu'à la fin de l'année 2019.
Ainsi les compagnies aériennes britanniques pourront voler en Europe, mais elles devront respecter les plans de vols prévus lors de l'hiver et été 2018.
"Pour résumer, il y aura un gel des capacités pour l'année 2019, donc toutes les ouvertures de lignes prévues par les transporteurs britanniques dans les prochains mois seraient alors annulées", précise Nicolas Paulissen, le délégué général de l'Union des Aéroports Français. Et IATA d'illustrer cette affirmation, par un communiqué dévoilé ce jeudi 17 janvier 2019, en stipulant que l'augmentation de capacité prévue est de 5 millions de sièges supplémentaires pour cette année. Soit autant de sièges menacés par un no deal.
A lire : Brexit : quels dangers pour les aéroports français ?
Si la rupture ne sera pas totale et le trafic au moins assuré jusqu'à la fin de l'exercice en cours, la connectivité ne sera pas améliorée. Un manque à gagner certain pour les aéroports.
Le ralentissement ne se limitera pas seulement à ce niveau, car les 5e et 7e libertés aériennes ne seront plus accordées en France.
Ainsi, une compagnie britannique ne pourra plus faire un Londres-Paris-Rome avec un même avion. Les vols avec escales sur le territoire européen ne seraient plus assurés, puisque les compagnies britanniques ne seront plus autorisées par les autorités françaises.
Malheureusement les embûches sur le tarmac ne se limiteront pas à ces seuls points, car le cabotage pourrait vivre ses dernières heures.
L'ensemble des professionnels contactés nous ont fait part de leurs inquiétudes.
Sans accord, "on reviendrait alors à la définition de la directive 1008-2008, une compagnie est européenne uniquement dans la mesure où le capital est à majorité européen" explique Jean-Pierre Sauvage, le patron du BAR.
Les bases de Ryanair et easyJet remises en cause
Si le responsable de la représentation des compagnies en France sort son joker à la question concernant l'avenir des bases de Ryanair (qui a une licence britannique) ou easyJet, Michel de Blust n'élude pas l'interrogation.
"Le règlement transitoire ne prévoit qu'une connectivité de base, mais n'aborde pas la question du cabotage et des vols avec escales.
Ainsi les compagnies britanniques pourraient ne plus pouvoir assurer les lignes intra-européennes à partir des bases sur le continent."
Pour easyJet, sa compagnie basée en Autriche ne suffira pas à assurer l'ensemble des vols en Europe, car les avions enregistrés à Vienne ne sont pas assez nombreux.
Les dommages pour les aéroports français seraient alors énormes. A Nice, le trafic assuré par easyJet représente plusieurs millions de personnes, de même à Toulouse.
Du côté de Ryanair, la problématique revient aussi. Alors que des ouvertures de bases sont prévues en France cette année, un divorce brutal remettrait en cause ces implantations.
Pour le patron de l'ECTAA, ces deux mastodontes de l'aérien européen ont anticipé la question. "Au détour d'un colloque j'avais rencontré, il y a deux ans, un responsable de la compagnie irlandaise qui me parlait de ce sujet", confie Michel de Blust.
Ryanair anticipait déjà une restructuration de son capital, car il est composé seulement de fonds américains et irlandais, "même si je ne sais pas où ils en sont".
En attendant de savoir, du côté du BAR on espère "une résolution intelligente du problème."
"Le règlement transitoire ne prévoit qu'une connectivité de base, mais n'aborde pas la question du cabotage et des vols avec escales.
Ainsi les compagnies britanniques pourraient ne plus pouvoir assurer les lignes intra-européennes à partir des bases sur le continent."
Pour easyJet, sa compagnie basée en Autriche ne suffira pas à assurer l'ensemble des vols en Europe, car les avions enregistrés à Vienne ne sont pas assez nombreux.
Les dommages pour les aéroports français seraient alors énormes. A Nice, le trafic assuré par easyJet représente plusieurs millions de personnes, de même à Toulouse.
Du côté de Ryanair, la problématique revient aussi. Alors que des ouvertures de bases sont prévues en France cette année, un divorce brutal remettrait en cause ces implantations.
Pour le patron de l'ECTAA, ces deux mastodontes de l'aérien européen ont anticipé la question. "Au détour d'un colloque j'avais rencontré, il y a deux ans, un responsable de la compagnie irlandaise qui me parlait de ce sujet", confie Michel de Blust.
Ryanair anticipait déjà une restructuration de son capital, car il est composé seulement de fonds américains et irlandais, "même si je ne sais pas où ils en sont".
En attendant de savoir, du côté du BAR on espère "une résolution intelligente du problème."
Le tourisme européen pourrait voir rouge en 2019
Si l'aérien est ébranlé, c'est tout le tourisme européen qui sera touché, sans parler du traitement des passagers, qui sera pour Jean-Pierre Sauvage une des conséquences les plus terribles pour les compagnies.
Le Brexit dur ou un no deal "entraîneraient un problème d'accueil des passagers et de leur traitement dans nos aéroports."
Un rétablissement soudain des frontières aux aéroports entraîneraient des files d'attente monstres.
L'UAF nous a confirmé que les infrastructures françaises ont engagé les démarches pour s'en prémunir, montrant bien que l'hypothétique n'est pas de mise dans l'aérien. Et ce mode de transport ne serait pas le seul impacté, car les autocars et même les licences des conducteurs de l'Eurostar sont concernés.
Pour faire face, la Police de l'air et des frontières (PAF) organisait une réunion le 13 décembre 2018. Suite à celle-ci, la PAF annonçait que les ressortissants britanniques seraient, en cas de no deal, soumis à un compostage des passeports et un contrôle approfondi à leurs entrées dans l'espace Schengen.
Et les conséquences seront lourdes pour de nombreux pays. En Espagne, le Royaume-Uni est le premier pays émetteur de touristes. "Il est aussi positionné en bonne place dans de nombreux pays, comme la France. Imaginez le manque à gagner pour le secteur !", pose le responsable de l'ECTAA.
Pour le moment, il convient d'utiliser le conditionnel. Theresa May va devoir faire une nouvelle proposition au Parlement, avant le lundi 21 janvier 2019, et personne ne sait ce qu'elle sortira de sa botte, ni même si l'Europe l'aidera.
D'après nos informations, la task force européenne en charge des négociations sur le Brexit se serait réunie dernièrement pour plancher sur un plan b. Si la Commission européenne ne cesse de dire qu'elle ne reviendra pas sur l'accord, dans l'ombre les petites mains s'agiteraient.
Il y a l'officiel et l'officieux, ce qui ne surprend pas Serge Enderlin. "Vous savez l'économie trouve toujours son chemin, je ne serais pas surpris d'un accord de dernière minute" conclut le journaliste suisse.
En attendant, le scénario du pire est toujours possible et ce sont les compagnies aériennes qui retiennent leur souffle.
Le Brexit dur ou un no deal "entraîneraient un problème d'accueil des passagers et de leur traitement dans nos aéroports."
Un rétablissement soudain des frontières aux aéroports entraîneraient des files d'attente monstres.
L'UAF nous a confirmé que les infrastructures françaises ont engagé les démarches pour s'en prémunir, montrant bien que l'hypothétique n'est pas de mise dans l'aérien. Et ce mode de transport ne serait pas le seul impacté, car les autocars et même les licences des conducteurs de l'Eurostar sont concernés.
Pour faire face, la Police de l'air et des frontières (PAF) organisait une réunion le 13 décembre 2018. Suite à celle-ci, la PAF annonçait que les ressortissants britanniques seraient, en cas de no deal, soumis à un compostage des passeports et un contrôle approfondi à leurs entrées dans l'espace Schengen.
Et les conséquences seront lourdes pour de nombreux pays. En Espagne, le Royaume-Uni est le premier pays émetteur de touristes. "Il est aussi positionné en bonne place dans de nombreux pays, comme la France. Imaginez le manque à gagner pour le secteur !", pose le responsable de l'ECTAA.
Pour le moment, il convient d'utiliser le conditionnel. Theresa May va devoir faire une nouvelle proposition au Parlement, avant le lundi 21 janvier 2019, et personne ne sait ce qu'elle sortira de sa botte, ni même si l'Europe l'aidera.
D'après nos informations, la task force européenne en charge des négociations sur le Brexit se serait réunie dernièrement pour plancher sur un plan b. Si la Commission européenne ne cesse de dire qu'elle ne reviendra pas sur l'accord, dans l'ombre les petites mains s'agiteraient.
Il y a l'officiel et l'officieux, ce qui ne surprend pas Serge Enderlin. "Vous savez l'économie trouve toujours son chemin, je ne serais pas surpris d'un accord de dernière minute" conclut le journaliste suisse.
En attendant, le scénario du pire est toujours possible et ce sont les compagnies aériennes qui retiennent leur souffle.