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FUTUROSCOPIE - La campagne un territoire de résistants 🔑

Décryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


En plein déclin dans les années d’après-guerre, la vocation nourricière de la campagne a été peu à peu supplantée par une vocation touristique particulièrement affirmée dans les régions les mieux dotées tant sur le plan climatique que culturel. Offrant toutes sortes d’activités de loisirs et semblant garantir la sérénité, elle combine une fonction thérapeutique à l’intention d’urbains stressés. Et s’est façonné une nouvelle jeunesse via l’afflux de néo ruraux et de télétravailleurs qui, surtout depuis les confinements liés au Covid, s’emploient à la réinventer tout en la protégeant. Car, la campagne plus que d’autres territoires, abrite une biodiversité indispensable à l’épanouissement des humains qui, de plus, s’inscrit dans l’immense chaîne du vivant.


Rédigé par le Lundi 2 Janvier 2023

L’imagerie liée à l’histoire de la campagne : de l’aristocratie aux télétravailleurs

À la campagne, la forêt constitue l’une des composantes dominantes. Elle renvoie généralement à une notion de différence entre l’ici et l’ailleurs - Depositphotos.com Auteur Geribody
À la campagne, la forêt constitue l’une des composantes dominantes. Elle renvoie généralement à une notion de différence entre l’ici et l’ailleurs - Depositphotos.com Auteur Geribody
D’une fonction purement agricole, la campagne a évolué vers une fonction d’agrément avec le développement des classes dites de loisirs. Où ? En Europe et essentiellement en Angleterre. Quand ? Dès le dix-huitième siècle, lorsque les villes sont devenues en partie, à l’aube de l’ère industrielle, le théâtre de la vie laborieuse d’un nouveau prolétariat.

Campagne de proximité́, châteaux, manoirs, oisiveté́ entrecoupées de quelques rituels mondains parmi lesquels la promenade, l’équitation, la chasse et le golf... la campagne s’est rapidement auréolée d’images aristocratiques convoitées dans les décennies suivantes par la bourgeoisie. Une bourgeoisie soucieuse d’imiter et de reproduire des modes de vie « où le loisir ostensible est l’indice le plus recherché de l’honorabilité » (comme l’écrit T. Veblen).

Puis, avec les premiers mouvements d’exode rural, les régions de campagne délaissées par leur population initiale de paysans, bergers, fermiers... sont devenues après-guerre la destination de choix des classes moyennes laborieuses bénéficiaires des premiers congés payés.

Une nouvelle génération de vacanciers côtoyait dans les mêmes campagnes les villégiateurs les plus aisés. Mais, au cœur des Trente Glorieuses, ce sont des territoires comme la mer et l’or blanc qui faisaient plus recette qu’un « espace rural » jugé par beaucoup inhospitalier, inconfortable, ennuyeux, voire effrayant.

Il faudra donc attendre les premiers balbutiements de la sensibilité́ environnementale, la prise en compte par les politiques publiques de la nécessité d’équiper un espace en voie de désertification, l’explosion de mouvements comparables à celui des Gîtes de France, pour que le tourisme vert réinvente son image et devienne un tourisme désirable et désiré.

Par qui ? D’une part, par une bourgeoisie bohème urbaine plus pressée d’y reproduire ses habitudes dans un territoire façonné́ selon ses goûts, que de vivre à l’heure agricole. (Comme le soulignent des auteurs comme JD Urbain (La troisième campagne) ou l’essayiste Philippe Murray (Homo festivus).

D’autre part, par des légions de randonneurs, cyclistes, amateurs de pêche à la ligne, cueilleurs de champignons, cavaliers... en quête d’espaces de loisirs ouverts, oxygénés, chlorophylisés, ressourçants et respirables. Dotée d’une fonction thérapeutique, la campagne devient entièrement synonyme de nature, donc de nature originelle, donc de santé. Une vocation de plus en plus développée aujourd’hui et promise à un avenir d’autant plus radieux que les télétravailleurs y élisent leur domicile principal et la revitalisent.


Retrouvez le dossier sur les Imaginaires touristiques

Le symbolisme de la campagne : des arbres, des forêts et tout un monde vivant

La campagne, c’est d’abord et surtout la terre nourricière. Celle d’un monde offrant aux hommes et êtres vivants les aliments dont ils ont besoin pour subsister. En dehors de ce symbolisme profondément lié à la vie, la campagne est constituée d’éléments végétaux vivants (plantes, fleurs, insectes, animaux) dont la force symbolique domine l’imaginaire lié à la campagne. Lesquels ?

Forêt : À la campagne, la forêt constitue l’une des composantes dominantes. Elle renvoie généralement à une notion de différence entre l’ici et l’ailleurs. Elle marque la limite spatiale entre la colonisation du territoire par l’homme et la nature sauvage. Pour les Romains, les enfers étaient protégés par des forêts sacrées. Au Moyen-âge, les brigands, les fous, les lépreux, les proscrits, les ermites et les persécutés s’y réfugiaient tandis que les rebelles de la société (on pense à Robin des Bois) s’y cachaient.

La forêt est donc un espace naturel, sauvage et mystérieux qui a toujours fasciné les hommes. C’est un monde sombre avec des bruits étranges qui peuvent parfois inquiéter. Cette étrangeté lui donne une dimension occulte qui l’associe dans nos imaginaires à la magie. C’est le lieu des enchanteurs, des chamans, des sorciers qui pratiquaient leurs arts dans la forêt afin de puiser leur force dans cette nature puissante.

L’arbre : Lorsqu’on évoque la forêt, nous pensons tout de suite aux arbres qui la composent. Au cœur d’une forêt omniprésente, l’arbre est devenu un symbole central dans une multitude de civilisations. Par ses racines s’enfonçant dans le sol et ses branches s’élevant dans l’air, il relie la terre et le ciel, la vie terrestre et l’au-delà. L’arbre est l’un des thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus.

Il existe des arbres sacrés dans de nombreuses civilisations. C’est le symbole de la vie en perpétuelle évolution (l’arbre des générations). Olivier d’Orient, bouleau sibérien, chêne de Bretagne, frêne de Scandinavie, cèdre du Liban, baobab d’Afrique, sapin d’Amérique, if d’Europe, etc., tous ces arbres ont nourri une série de mythes qui associent le monde de la nature au monde de la création, le cycle de la vie au cycle de la mort ou de la renaissance.

Figure axiale, il est tout naturellement le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible : Nous pouvons ainsi rapprocher l’arbre aussi bien de l’échelle de Jacob que du poteau chamanique, que de l’arbre soutenant les maisons dans la tradition judéo-chrétienne. Et l’arbre, c’est aussi la colonne vertébrale soutenant le corps humain, temple de l’âme. Tandis que la nature d’une façon générale symbolise la vie.

Les nouveaux imaginaires liés à la campagne : un espace de résistance et de spiritualité

La campagne pour le moment a bonne presse. Convoitée par les urbains en mal de vie saine, rejointe par des néo ruraux télétravailleurs en quête d’une nouvelle vie, loin du stress et de la pollution, mieux équipée, mieux desservie, mieux connectée, la campagne et tous les éléments qui la composent : lacs, rivières, forêts, moyenne montagne... n’est plus un espace touristique « de laissés pour compte ».

Au contraire, renouant de manière de plus en plus sensible avec son rôle de conservateur de modes de vie traditionnelle et surtout de producteur d’aliments sains, via ses petites exploitations de produits bio, originaux et de grande qualité, vendus en circuits très courts, elle s’impose comme un territoire synonyme de santé et de plaisir et d’authenticité.

Par ce truchement, elle se pose également en défenseur d’une idéologie quasi animiste en version vingt et unième siècle qui reconnaît l’existence et le droit à la reconnaissance de tous les êtres vivants, qu’ils soient arbres, rivières, forêts et surtout animaux.

Une montée en puissance portée par la vague écologique, certes, mais aussi par le travail de nombreux scientifiques capables de démontrer que monde animal et végétal ont des émotions qu’il convient de respecter au même titre que celles des humains. S’agit-il d’un retour à l’animisme unanimement partagé par les peuples primitifs ? En partie. D’autant que notre monde en perte de repères a besoin de sens et de nouvelles formes de spiritualité.


Josette Sicsic
Josette Sicsic
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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