Lâimagerie liĂ©e Ă lâhistoire de la campagne : de lâaristocratie aux tĂ©lĂ©travailleurs

AÌ la campagne, la foreÌt constitue lâune des composantes dominantes. Elle renvoie geÌneÌralement aÌ une notion de diffeÌrence entre lâici et lâailleurs - Depositphotos.com Auteur Geribody
Dâune fonction purement agricole, la campagne a Ă©voluĂ© vers une fonction dâagreÌment avec le deÌveloppement des classes dites de loisirs. OuÌ ? En Europe et essentiellement en Angleterre. Quand ? DĂšs le dix-huitiĂšme siĂšcle, lorsque les villes sont devenues en partie, aÌ lâaube de lâĂšre industrielle, le thĂ©Ăątre de la vie laborieuse dâun nouveau proleÌtariat.
Campagne de proximitĂ©Ì, chĂąteaux, manoirs, oisivetĂ©Ì entrecoupĂ©es de quelques rituels mondains parmi lesquels la promenade, lâeÌquitation, la chasse et le golf... la campagne sâest rapidement aureÌoleÌe dâimages aristocratiques convoiteÌes dans les deÌcennies suivantes par la bourgeoisie. Une bourgeoisie soucieuse dâimiter et de reproduire des modes de vie « ouÌ le loisir ostensible est lâindice le plus rechercheÌ de lâhonorabiliteÌ Â» (comme lâeÌcrit T. Veblen).
Puis, avec les premiers mouvements dâexode rural, les reÌgions de campagne deÌlaisseÌes par leur population initiale de paysans, bergers, fermiers... sont devenues aprĂšs-guerre la destination de choix des classes moyennes laborieuses beÌneÌficiaires des premiers congĂ©s payeÌs.
Une nouvelle geÌneÌration de vacanciers cĂŽtoyait dans les meÌmes campagnes les villĂ©giateurs les plus aiseÌs. Mais, au cĆur des Trente Glorieuses, ce sont des territoires comme la mer et lâor blanc qui faisaient plus recette quâun « espace rural » jugeÌ par beaucoup inhospitalier, inconfortable, ennuyeux, voire effrayant.
Il faudra donc attendre les premiers balbutiements de la sensibilitĂ©Ì environnementale, la prise en compte par les politiques publiques de la neÌcessiteÌ dâeÌquiper un espace en voie de deÌsertification, lâexplosion de mouvements comparables aÌ celui des GiÌtes de France, pour que le tourisme vert reÌinvente son image et devienne un tourisme deÌsirable et deÌsireÌ.
Par qui ? Dâune part, par une bourgeoisie bohĂšme urbaine plus presseÌe dây reproduire ses habitudes dans un territoire façonnĂ©Ì selon ses goĂ»ts, que de vivre aÌ lâheure agricole. (Comme le soulignent des auteurs comme JD Urbain (La troisieÌme campagne) ou lâessayiste Philippe Murray (Homo festivus).
Dâautre part, par des leÌgions de randonneurs, cyclistes, amateurs de peÌche aÌ la ligne, cueilleurs de champignons, cavaliers... en queÌte dâespaces de loisirs ouverts, oxygeÌneÌs, chlorophyliseÌs, ressourçants et respirables. DotĂ©e dâune fonction theÌrapeutique, la campagne devient entieÌrement synonyme de nature, donc de nature originelle, donc de santeÌ. Une vocation de plus en plus dĂ©veloppĂ©e aujourdâhui et promise Ă un avenir dâautant plus radieux que les tĂ©lĂ©travailleurs y Ă©lisent leur domicile principal et la revitalisent.
Campagne de proximitĂ©Ì, chĂąteaux, manoirs, oisivetĂ©Ì entrecoupĂ©es de quelques rituels mondains parmi lesquels la promenade, lâeÌquitation, la chasse et le golf... la campagne sâest rapidement aureÌoleÌe dâimages aristocratiques convoiteÌes dans les deÌcennies suivantes par la bourgeoisie. Une bourgeoisie soucieuse dâimiter et de reproduire des modes de vie « ouÌ le loisir ostensible est lâindice le plus rechercheÌ de lâhonorabiliteÌ Â» (comme lâeÌcrit T. Veblen).
Puis, avec les premiers mouvements dâexode rural, les reÌgions de campagne deÌlaisseÌes par leur population initiale de paysans, bergers, fermiers... sont devenues aprĂšs-guerre la destination de choix des classes moyennes laborieuses beÌneÌficiaires des premiers congĂ©s payeÌs.
Une nouvelle geÌneÌration de vacanciers cĂŽtoyait dans les meÌmes campagnes les villĂ©giateurs les plus aiseÌs. Mais, au cĆur des Trente Glorieuses, ce sont des territoires comme la mer et lâor blanc qui faisaient plus recette quâun « espace rural » jugeÌ par beaucoup inhospitalier, inconfortable, ennuyeux, voire effrayant.
Il faudra donc attendre les premiers balbutiements de la sensibilitĂ©Ì environnementale, la prise en compte par les politiques publiques de la neÌcessiteÌ dâeÌquiper un espace en voie de deÌsertification, lâexplosion de mouvements comparables aÌ celui des GiÌtes de France, pour que le tourisme vert reÌinvente son image et devienne un tourisme deÌsirable et deÌsireÌ.
Par qui ? Dâune part, par une bourgeoisie bohĂšme urbaine plus presseÌe dây reproduire ses habitudes dans un territoire façonnĂ©Ì selon ses goĂ»ts, que de vivre aÌ lâheure agricole. (Comme le soulignent des auteurs comme JD Urbain (La troisieÌme campagne) ou lâessayiste Philippe Murray (Homo festivus).
Dâautre part, par des leÌgions de randonneurs, cyclistes, amateurs de peÌche aÌ la ligne, cueilleurs de champignons, cavaliers... en queÌte dâespaces de loisirs ouverts, oxygeÌneÌs, chlorophyliseÌs, ressourçants et respirables. DotĂ©e dâune fonction theÌrapeutique, la campagne devient entieÌrement synonyme de nature, donc de nature originelle, donc de santeÌ. Une vocation de plus en plus dĂ©veloppĂ©e aujourdâhui et promise Ă un avenir dâautant plus radieux que les tĂ©lĂ©travailleurs y Ă©lisent leur domicile principal et la revitalisent.
Retrouvez le dossier sur les Imaginaires touristiques
Le symbolisme de la campagne : des arbres, des forĂȘts et tout un monde vivant

ForeÌt : AÌ la campagne, la foreÌt constitue lâune des composantes dominantes. Elle renvoie geÌneÌralement aÌ une notion de diffeÌrence entre lâici et lâailleurs. Elle marque la limite spatiale entre la colonisation du territoire par lâhomme et la nature sauvage. Pour les Romains, les enfers eÌtaient proteÌgeÌs par des foreÌts sacreÌes. Au Moyen-aÌge, les brigands, les fous, les leÌpreux, les proscrits, les ermites et les perseÌcuteÌs sây reÌfugiaient tandis que les rebelles de la socieÌteÌ (on pense aÌ Robin des Bois) sây cachaient.
La foreÌt est donc un espace naturel, sauvage et mysteÌrieux qui a toujours fascineÌ les hommes. Câest un monde sombre avec des bruits eÌtranges qui peuvent parfois inquieÌter. Cette eÌtrangeteÌ lui donne une dimension occulte qui lâassocie dans nos imaginaires aÌ la magie. Câest le lieu des enchanteurs, des chamans, des sorciers qui pratiquaient leurs arts dans la foreÌt afin de puiser leur force dans cette nature puissante.
Lâarbre : Lorsquâon eÌvoque la foreÌt, nous pensons tout de suite aux arbres qui la composent. Au cĆur dâune foreÌt omnipreÌsente, lâarbre est devenu un symbole central dans une multitude de civilisations. Par ses racines sâenfonçant dans le sol et ses branches sâeÌlevant dans lâair, il relie la terre et le ciel, la vie terrestre et lâau-delaÌ. Lâarbre est lâun des thĂšmes symboliques les plus riches et les plus reÌpandus.
Il existe des arbres sacreÌs dans de nombreuses civilisations. Câest le symbole de la vie en perpeÌtuelle eÌvolution (lâarbre des geÌneÌrations). Olivier dâOrient, bouleau sibeÌrien, cheÌne de Bretagne, freÌne de Scandinavie, ceÌdre du Liban, baobab dâAfrique, sapin dâAmeÌrique, if dâEurope, etc., tous ces arbres ont nourri une seÌrie de mythes qui associent le monde de la nature au monde de la creÌation, le cycle de la vie au cycle de la mort ou de la renaissance.
Figure axiale, il est tout naturellement le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible aÌ lâinvisible : Nous pouvons ainsi rapprocher lâarbre aussi bien de lâeÌchelle de Jacob que du poteau chamanique, que de lâarbre soutenant les maisons dans la tradition judeÌo-chreÌtienne. Et lâarbre, câest aussi la colonne verteÌbrale soutenant le corps humain, temple de lâaÌme. Tandis que la nature dâune façon gĂ©nĂ©rale symbolise la vie.
Les nouveaux imaginaires liés à la campagne : un espace de résistance et de spiritualité
La campagne pour le moment a bonne presse. ConvoiteÌe par les urbains en mal de vie saine, rejointe par des neÌo ruraux tĂ©lĂ©travailleurs en queÌte dâune nouvelle vie, loin du stress et de la pollution, mieux eÌquipeÌe, mieux desservie, mieux connecteÌe, la campagne et tous les eÌleÌments qui la composent : lacs, rivieÌres, foreÌts, moyenne montagne... nâest plus un espace touristique « de laisseÌs pour compte ».
Au contraire, renouant de manieÌre de plus en plus sensible avec son roÌle de conservateur de modes de vie traditionnelle et surtout de producteur dâaliments sains, via ses petites exploitations de produits bio, originaux et de grande qualiteÌ, vendus en circuits treÌs courts, elle sâimpose comme un territoire synonyme de santeÌ et de plaisir et dâauthenticitĂ©.
Par ce truchement, elle se pose Ă©galement en deÌfenseur dâune ideÌologie quasi animiste en version vingt et unieÌme sieÌcle qui reconnaiÌt lâexistence et le droit aÌ la reconnaissance de tous les eÌtres vivants, quâils soient arbres, rivieÌres, foreÌts et surtout animaux.
Une monteÌe en puissance porteÌe par la vague eÌcologique, certes, mais aussi par le travail de nombreux scientifiques capables de deÌmontrer que monde animal et veÌgeÌtal ont des eÌmotions quâil convient de respecter au mĂȘme titre que celles des humains. Sâagit-il dâun retour aÌ lâanimisme unanimement partageÌ par les peuples primitifs ? En partie. Dâautant que notre monde en perte de repeÌres a besoin de sens et de nouvelles formes de spiritualiteÌ.
Au contraire, renouant de manieÌre de plus en plus sensible avec son roÌle de conservateur de modes de vie traditionnelle et surtout de producteur dâaliments sains, via ses petites exploitations de produits bio, originaux et de grande qualiteÌ, vendus en circuits treÌs courts, elle sâimpose comme un territoire synonyme de santeÌ et de plaisir et dâauthenticitĂ©.
Par ce truchement, elle se pose Ă©galement en deÌfenseur dâune ideÌologie quasi animiste en version vingt et unieÌme sieÌcle qui reconnaiÌt lâexistence et le droit aÌ la reconnaissance de tous les eÌtres vivants, quâils soient arbres, rivieÌres, foreÌts et surtout animaux.
Une monteÌe en puissance porteÌe par la vague eÌcologique, certes, mais aussi par le travail de nombreux scientifiques capables de deÌmontrer que monde animal et veÌgeÌtal ont des eÌmotions quâil convient de respecter au mĂȘme titre que celles des humains. Sâagit-il dâun retour aÌ lâanimisme unanimement partageÌ par les peuples primitifs ? En partie. Dâautant que notre monde en perte de repeÌres a besoin de sens et de nouvelles formes de spiritualiteÌ.
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Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin dâen analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.
AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de lâactualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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