Futuroscopie : Et si le bonheur variait selon les peuples ? 🔑

Des philosophes grecs aux économistes du XIXe siècle, les penseurs ont élaboré diverses conceptions du bonheur basées en général sur les évolutions politiques et économiques de leur pays.

Et, comme l’explique au magazine Philosophie, le chercheur Jean Gadrey qui a mis en place sur 28 pays, des indicateurs capables, à partir de leurs dépenses prioritaires, de mesurer leur conception philosophique du bonheur, les nations ont mis au point des systèmes de valeurs basées sur ces différentes idées du bonheur.

Lire aussi : Ces destinations qui deviennent des marchandes de bonheur 🔑

Ainsi, le bonheur des Français a été́ influencé par un système inspiré des valeurs de Descartes plus que par celles d’Épictète ou des Utilitaristes.

En revanche, la Scandinavie est nettement plus aristotélicienne que le Japon par exemple qui, lui-même s’avère le plus influencé par la philosophie d’Épicure...

Bien entendu, cette façon d’évaluer les différentes conceptions du bonheur à travers le monde, ne constitue qu’une méthode parmi d’autres, car bon nombre de notions sont impossibles à̀ quantifier.

Elle ne doit pas non plus faire oublier, qu’à travers toutes les enquêtes menées auprès de multiples populations, les hommes sont anthropologiquement attachés à certaines notions comme la sécurité́, la paix, l’amour, la famille, l’amitié...

Notions qui, dès lors qu’elles ne sont pas satisfaites, sont les premières à nous faire plonger dans le plus profond désarroi.

Lire aussi : FUTUROSCOPIE : de l’extension du domaine du wellness physique et mental 🔑

... Dans le souci de fournir une matière à réflexion à tous les « marchands de bonheur » que sont les professionnels du tourisme, voici un résumé́ des différentes notions de bonheur telles qu’elles sont plus ou moins ancrées dans nos cultures. D’autres existent comme le « J’aime la vie » de Montaigne ou le « Il faut cultiver son jardin » de Voltaire qui restent les maximes essentielles guidant nos modes de vie.

Pour Aristote, l’homme ne peut pas se contenter du plaisir physique. La satisfaction des désirs corporels n’est en effet qu’un moyen d’atteindre des activités mentales plus satisfaisantes comme la pensée et la connaissance. La paix, le calme, le temps, la liberté́, la vérité́ sont donc les critères les plus recherchés par les Aristotéliciens.

Les pays les plus aristotéliciens : Les pays nordiques et notamment le Danemark sont les plus enclins au bonheur selon Aristote. Ils sont suivis par l’Europe de l’Ouest et les pays anglo-saxons. La Colombie en revanche arrive en dernière position.

Le philosophe grec dont la plupart des écrits ont disparu, aura laissé son nom dans l’histoire du bonheur et, le nom de sa doctrine dans toutes les langues du monde. Basé sur la satisfaction des besoins « essentiels et nécessaires » comme la faim ou la soif et non pas sur celle des besoins « non essentiels et non nécessaires » comme l’accumulation de richesses, l’épicurisme n’est pas un simple hédonisme prenant en compte uniquement le moment présent. Pour Épicure, on doit se laisser guider par un principe de plaisir et, par exemple, rien ne sert de travailler plus pour gagner plus !

Mieux vaut vivre modestement dans son jardin, en paix et sécurité́ et surtout à son rythme. Et cela sans craindre la mort « puisque la mort, nous n’en savons rien ! ».

Les pays les plus épicuriens : Le Japon et les Pays-Bas pourraient bien se révéler être les nations les plus épicuriennes. Juste derrière eux, arriverait la France. Les pays anglo- saxons et ceux d’Europe de l’Est étant plutôt mal notés.

En dernière position, se situent les pays émergents et l’Amérique latine.

Pour Épictète, tête de file des Stoïciens, rien ne sert de rechercher le bonheur autour de nous. C’est contre nos passions qu’il faut lutter. Face au malheur, il faut se tenir prêt et, c’est au détachement de guider notre conduite. Le bonheur des Stoïciens est paradoxal. Il consiste en une capacité́ à endurer des coups du sort et à résister.

Les pays les plus stoïques : A ce jeu, les plus stoïques sont les pays d’Amérique latine suivis par les pays émergents. En dernière position, on trouvera la France ou le Japon peu entrainés à l’adversité́. Les pays anglo saxons se situant dans une juste moyenne.

La morale de Descartes tient en trois maximes : « Obéir aux lois et aux coutumes de mon pays. Changer mes désirs plus que l’ordre du monde. Employer ma vie à cultiver la raison. Avancer dans la connaissance de la vérité́ ». Pour les Cartésiens, il s’agirait en somme d’avoir un esprit sain dans un corps sain afin de s’assurer une espérance de vie appréciable, en toute liberté́.

Les pays les plus cartésiens : Derrière les pays nordiques, une nouvelle fois en tête, la France est assez bien placée parmi les pays faisant confiance à la raison. Elle devance largement les pays anglo-saxons et les pays d’Europe méditerranéenne ainsi que le Japon.

L’idéal utilitariste prône la quête du bonheur général et non pas du bonheur personnel. Selon le philosophe John Stuart Mill qui a pensé́ cette doctrine, il n’est en effet d’harmonie que dans un environnement sain où sont préservés les intérêts de tous les êtres. La politique a pour fonction essentielle de créer et veiller au bonheur de tous.

Les pays les plus utilitaristes : Dans les pays nordiques et Europe de l’Ouest, cette doctrine est plus au moins appliquée. En revanche, les États-Unis qui devraient être les champions de l’utilitarisme sont très mal placés.

Sources : Philosophie Magazine.

QUID DES PETITS BONHEURS ?
Le véritable bonheur se révélant de plus en plus inatteignable, notre époque préconise de remplir sa vie de « petits bonheurs », c’est-à-dire de moments intenses mais brefs, durant lesquels on se satisfait tout simplement d’être en vie !

Nés d’une émotion esthétique ou affective ou gustative, ces petits moments alimentant la vie quotidienne et la vie d’un vacancier, se vivent à travers un bon repas dans un lieu insolite, un spectacle inattendu (en pleine nature ou dans un lieu exceptionnel : forêt, montagne, fonds sous-marins, ville…), une rencontre imprévue et toutes sortes d’autres instants capables de susciter une émotion forte tout en générant un souvenir. Indispensable, l’évocation seule de ce souvenir va permettre de revivre le « petit bonheur » inlassablement.

In fine, le petit bonheur n’est-il pas le concurrent des cures de bien-être ?

A lire :
La plus belle histoire du bonheur.
A. Comte-Sponville. Éditions Le Seuil.
La Clé des champs et autres impromptus. Editions Puf
Le bonheur paradoxal. G. Lipovetsky. Éditions Gallimard

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com