1958. La plage de la Badine à Giens. Entre hier et aujourd’hui, rien n’a changé ou presque… - Photo PLAGE D’HIER
Le journal Var Actu est formel. Nous aussi. Il n’y a qu’à s’attarder au-delà de 19h30 sur une plage varoise pour se rendre compte que l’on est loin d’y être seuls.
Au soleil couchant, les familles, les couples, les groupes de jeunes affluent, glacières en bandoulière, panier de victuailles et surtout tables et chaises de camping à la main, histoire de passer à la fraîche une partie de la soirée et d’en profiter pour prendre l’apéritif et dîner.
Réservée il y a peu à quelques-uns, des pêcheurs ou des solitaires ou encore une avant-garde soucieuse de se démarquer du plus grand nombre, cette pratique est devenue tellement courante que le paysage et la sociologie balnéaires en sont bouleversées.
La plage ? C’est désormais le soir, voire la nuit, en sirotant plus de vin rosé que de pastis ! De quoi donner bien du fil à retordre aux élus des stations frappées par ce phénomène lié bien évidemment aux récentes canicules qui ont frappé les littoraux méditerranéens.
Nuisances sonores, gestion des déchets, sécurité sur la plage et dans la mer lors du bain : le cahier des nouvelles responsabilités et charges des municipalités est imposant.
On ne bouleverse pas des modes de vie du tout au tout sans imposer des modifications des règles. Méthodiquement.
Au soleil couchant, les familles, les couples, les groupes de jeunes affluent, glacières en bandoulière, panier de victuailles et surtout tables et chaises de camping à la main, histoire de passer à la fraîche une partie de la soirée et d’en profiter pour prendre l’apéritif et dîner.
Réservée il y a peu à quelques-uns, des pêcheurs ou des solitaires ou encore une avant-garde soucieuse de se démarquer du plus grand nombre, cette pratique est devenue tellement courante que le paysage et la sociologie balnéaires en sont bouleversées.
La plage ? C’est désormais le soir, voire la nuit, en sirotant plus de vin rosé que de pastis ! De quoi donner bien du fil à retordre aux élus des stations frappées par ce phénomène lié bien évidemment aux récentes canicules qui ont frappé les littoraux méditerranéens.
Nuisances sonores, gestion des déchets, sécurité sur la plage et dans la mer lors du bain : le cahier des nouvelles responsabilités et charges des municipalités est imposant.
On ne bouleverse pas des modes de vie du tout au tout sans imposer des modifications des règles. Méthodiquement.
On privatise l’espace public
En filigrane, sous le nouveau palimpseste balnéaire, se révèle cependant ce que la plage a toujours été surtout dans les pays chauds, à savoir le terrain de jeu et de vie de la partie de la population économiquement plus faible que les autres.
Se déploient sur les plages ceux qui ne disposent ni de résidences secondaires avec jardin, ni de chambres d’hôtel avec piscine.
Pour eux, et ils sont une majorité, la plage constitue un territoire ouvert sur lequel les mètres carrés ne sont pas comptés, que l’on peut privatiser à sa guise en y installant fauteuils, parasols et autres accessoires capables de recréer une sorte de chez soi dans lequel on s’abrite et abrite sa famille. Soit en se soustrayant aux regards indiscrets, soit au contraire en socialisant avec les autres vacanciers.
Typique des plages du sud, cette pratique fait de la plage un territoire touristique exceptionnel qui, en dehors des périodes de grosses fréquentations, fournit à la fois un cadre, un paysage que ni la campagne ni la montagne ne peuvent offrir.
Amplifiée par les pratiques nocturnes, ce territoire n’est pas celui du « vide » décrit par Alain Corbin, mais celui d’une convivialité informelle dans laquelle les codes du vivre ensemble se côtoient et peuvent se mélanger.
Et c’est bien pour l’une de ces raisons entre autres, qu’il convient de sauver les plages des menaces qui planent sur elles.
Se déploient sur les plages ceux qui ne disposent ni de résidences secondaires avec jardin, ni de chambres d’hôtel avec piscine.
Pour eux, et ils sont une majorité, la plage constitue un territoire ouvert sur lequel les mètres carrés ne sont pas comptés, que l’on peut privatiser à sa guise en y installant fauteuils, parasols et autres accessoires capables de recréer une sorte de chez soi dans lequel on s’abrite et abrite sa famille. Soit en se soustrayant aux regards indiscrets, soit au contraire en socialisant avec les autres vacanciers.
Typique des plages du sud, cette pratique fait de la plage un territoire touristique exceptionnel qui, en dehors des périodes de grosses fréquentations, fournit à la fois un cadre, un paysage que ni la campagne ni la montagne ne peuvent offrir.
Amplifiée par les pratiques nocturnes, ce territoire n’est pas celui du « vide » décrit par Alain Corbin, mais celui d’une convivialité informelle dans laquelle les codes du vivre ensemble se côtoient et peuvent se mélanger.
Et c’est bien pour l’une de ces raisons entre autres, qu’il convient de sauver les plages des menaces qui planent sur elles.
Nudité, tatouage… le corps toujours à l’honneur
Miroir d’une époque, la plage l’est d’autant plus que, depuis l’après-guerre et l’avènement du « sea, sun and sex », elle accueille une population exhibant son corps sans la moindre gêne.
Mais la nouveauté provient du fait que les enfants sont de plus en plus souvent engoncés dans des combinaisons et autres tee-shirts occultants les protégeant des ravages du soleil.
Confirmant la prise de conscience généralisée des méfaits solaires, ces nouvelles tenues côtoient un autre nouveau venu particulièrement éloquent sur les rapports au corps de nos sociétés : le tatouage.
Selon une étude récente, 20% des Français, surtout des femmes, sont tatoués ! Un score énorme dépassé par celui des Américains qui, selon le Pew Research sont 30% à se faire tatouer ! Une véritable révolution exprimant à la fois une volonté de se réapproprier son corps, de le doter d’une dimension esthétique supplémentaire et surtout de délivrer un message et d’afficher un engagement. Lequel est indélébile et engage le tatoué pour toute sa vie.
Très visible sur les plages, le tatouage revêt également un caractère symbolique qui en dit long sur le besoin de singularisation d’une société dévastée par son uniformisation.
Moins présents, nudisme et naturisme touchent tout de même sur les plages françaises 4,5 millions de pratiquants réguliers, dont une moitié d’Européens. Un essor d’autant plus intéressant qu’il se double d’une volonté de renouer avec la nature et ses paradis perdus.
Dans la mouvance écologique, la progression du ramassage collectif de déchets auquel s’associent volontiers bon nombre de vacanciers, enfants compris, constitue également un signe des temps de plus en plus visible.
Tandis que les espaces très sérieusement balisés et surveillés nuit et jour pour protéger les œufs de tortues de mer ou autre espèce protégée constituent une autre démonstration d’une volonté collective de préserver le milieu naturel.
L’essor des navettes électriques et de la pratique du vélo pour rejoindre une plage sont évidemment aussi à ranger au chapitre des évolutions notoires du paysage balnéaire.
Mais la nouveauté provient du fait que les enfants sont de plus en plus souvent engoncés dans des combinaisons et autres tee-shirts occultants les protégeant des ravages du soleil.
Confirmant la prise de conscience généralisée des méfaits solaires, ces nouvelles tenues côtoient un autre nouveau venu particulièrement éloquent sur les rapports au corps de nos sociétés : le tatouage.
Selon une étude récente, 20% des Français, surtout des femmes, sont tatoués ! Un score énorme dépassé par celui des Américains qui, selon le Pew Research sont 30% à se faire tatouer ! Une véritable révolution exprimant à la fois une volonté de se réapproprier son corps, de le doter d’une dimension esthétique supplémentaire et surtout de délivrer un message et d’afficher un engagement. Lequel est indélébile et engage le tatoué pour toute sa vie.
Très visible sur les plages, le tatouage revêt également un caractère symbolique qui en dit long sur le besoin de singularisation d’une société dévastée par son uniformisation.
Moins présents, nudisme et naturisme touchent tout de même sur les plages françaises 4,5 millions de pratiquants réguliers, dont une moitié d’Européens. Un essor d’autant plus intéressant qu’il se double d’une volonté de renouer avec la nature et ses paradis perdus.
Dans la mouvance écologique, la progression du ramassage collectif de déchets auquel s’associent volontiers bon nombre de vacanciers, enfants compris, constitue également un signe des temps de plus en plus visible.
Tandis que les espaces très sérieusement balisés et surveillés nuit et jour pour protéger les œufs de tortues de mer ou autre espèce protégée constituent une autre démonstration d’une volonté collective de préserver le milieu naturel.
L’essor des navettes électriques et de la pratique du vélo pour rejoindre une plage sont évidemment aussi à ranger au chapitre des évolutions notoires du paysage balnéaire.
La plupart des pratiques restent immuables
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Pour autant, tout ne change pas. Les plages d’aujourd’hui gardent dans l’ensemble le même visage que les plages des années cinquante.
Plus fréquentées certes, elles accueillent les mêmes types de pratiques de loisirs. En tête du hit-parade, les châteaux de sable édifiés par des enfants équipés des mêmes pelles et seaux de plastique que dans les années cinquante, continuent à ponctuer le rivage.
Dans l’eau, même immuabilité : on ne nage pas beaucoup, mais l’on se trempe et l’on joue… avec des ballons, avec toutes sortes de bouées, ou bien l’on tient salon et l’on bavarde au frais.
Si le vent le permet, quelques amateurs de glisse et de voile tentent également leurs chances… Alors que, sauf plages d’exception, les jet-skis et autres embarcations motorisées restent pour le moins discrets.
Les jeux de raquettes et le beach-volley comptent pour leur part toujours autant d’adeptes. Ce qui n’est pas nouveau puisqu’avant guerre on jouait déjà au volley sur le sable. Quant aux amateurs de « farniente », ils dominent toujours la foule des amateurs de sable chaud… Et cela, tant qu’il y aura des plages, ne devrait pas changer !
Les pratiques de loisirs font en effet partie du patrimoine anthropologique de l’humanité et ne se modifient qu’à la marge. Seul un immense bouleversement technologique comme l’invention du smartphone et d’internet dans nos vies a généré de nouvelles façons d’écouler son temps de loisir.
Mais, écouter de la musique, jouer, danser, manger, bouger, boire ensemble… figureront toujours en tête des pratiques de divertissement des générations présentes et futures.
Plus fréquentées certes, elles accueillent les mêmes types de pratiques de loisirs. En tête du hit-parade, les châteaux de sable édifiés par des enfants équipés des mêmes pelles et seaux de plastique que dans les années cinquante, continuent à ponctuer le rivage.
Dans l’eau, même immuabilité : on ne nage pas beaucoup, mais l’on se trempe et l’on joue… avec des ballons, avec toutes sortes de bouées, ou bien l’on tient salon et l’on bavarde au frais.
Si le vent le permet, quelques amateurs de glisse et de voile tentent également leurs chances… Alors que, sauf plages d’exception, les jet-skis et autres embarcations motorisées restent pour le moins discrets.
Les jeux de raquettes et le beach-volley comptent pour leur part toujours autant d’adeptes. Ce qui n’est pas nouveau puisqu’avant guerre on jouait déjà au volley sur le sable. Quant aux amateurs de « farniente », ils dominent toujours la foule des amateurs de sable chaud… Et cela, tant qu’il y aura des plages, ne devrait pas changer !
Les pratiques de loisirs font en effet partie du patrimoine anthropologique de l’humanité et ne se modifient qu’à la marge. Seul un immense bouleversement technologique comme l’invention du smartphone et d’internet dans nos vies a généré de nouvelles façons d’écouler son temps de loisir.
Mais, écouter de la musique, jouer, danser, manger, bouger, boire ensemble… figureront toujours en tête des pratiques de divertissement des générations présentes et futures.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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