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Futuroscopie - Quand les touristes chinois reviendront-ils ? 🔑

DĂ©cryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


Alors que la Golden-week d’automne commence, que se passe-t-il de l’autre côté de la Grande Muraille ?
La question est lancinante et non moins importante. Les clientèles chinoises coincées par les confinements encore d’actualité partout dans le pays, vont-elles effectuer un retour massif vers les destinations étrangères ? Quand ? Et comment ? D’autant que l’immense empire du Milieu n’est pas à l’abri d’un nouveau virus, ni de révoltes sociales, ni d’un revirement politique…
Pour vous éclairer, Anson Lau, Managing Director de Shiji distribution solutions, basée en Chine, répond aux questions posées par l’agence espagnole Belverapartners.


Rédigé par le Jeudi 29 Septembre 2022

Il faut se préparer à l'arrivée des touristes chinois. Sinon, si l’on attend que les voyages reprennent pour entamer des prospections, ce sera trop tard - Depositphotos.com Auteur encrier
Il faut se préparer à l'arrivée des touristes chinois. Sinon, si l’on attend que les voyages reprennent pour entamer des prospections, ce sera trop tard - Depositphotos.com Auteur encrier
Alors, où en est-on en matière de déplacements touristiques ?

Anson Lau :
En 2019, le tourisme chinois international avait atteint 170 millions de personnes contre seulement 50 millions une décennie plus tôt. Quant à leurs dépenses, dans un pays comme le Royaume-Uni où ils ne représentaient que 5% de la clientèle, elles atteignaient 32% du shopping hors taxes (selon Visit Britain).

Pour la traditionnelle Golden-week d’automne qui fait depuis quelques années des professionnels heureux partout dans le monde, les Chinois n’ont normalement de cesse que de se précipiter dans des trains et des avions, créant des désordres spectaculaires partout dans le pays et les pays voisins.

Sauf que, depuis trois ans, ils ne sont pas et ne seront pas au rendez-vous. Certes, ils reviendront. Mais, la question n’est pas de savoir quand reviendront les clientèles chinoises. Elle est plutôt de savoir si tout le monde est prêt à les attirer de nouveau ?

Selon moi, l’hypothèse la plus plausible est que le tourisme international ne reprendra pas avant la nouvelle année, soit 2023. Plutôt au printemps. Mais, je tiens à indiquer que le retour à la normale d’avant pandémie sera long et ne se fera pas d’un seul coup.

A lire aussi : FUTUROSCOPIE - Emmanuel Lincot : "Je crains que la Chine reste fermée pendant encore de nombreux mois"

Pire, compte tenu de la position des dirigeants sur le Zéro Covid, les incertitudes de la géopolitique et la tenue du vingtième anniversaire du Parti Communiste, ces prévisions peuvent s’effondrer et les dates de reprise changer du tout au tout. Comme cela s’est déjà produit plusieurs fois.


Mais la demande sera forte, non ?

Anson Lau :
Bien entendu, trois ans sans voyager a suscité parmi les touristes chinois une formidable envie de reboucler des valises. Les jeunes générations en particulier, les Générations Y et Z, les jeunes familles aussi ont accumulé des économies considérables qui, une fois les autorisations de sortir délivrées, leur permettront de dépenser beaucoup d’argent.

Mais, pas tout d’un coup puisque la reprise sera graduelle. Il ne faut pas s’attendre à une explosion soudaine des voyages.


Cela signifie t-il qu’il faut commencer dés maintenant à préparer des stratégies de marketing à destination des touristes chinois ?

Anson Lau.
Absolument. J’insiste là-dessus : il faut se préparer à leur arrivée. Sinon, si l’on attend que les voyages reprennent pour entamer des prospections, ce sera trop tard.

Ainsi au pire de la pandémie en Europe, des distributeurs ont mis le business avec l’étranger en sommeil et se sont concentrés sur leur marché domestique.

Tout le monde était en mode survie. C’est vrai. Mais dès que les portes de certains marchés se sont rouvertes, ce sont ceux qui étaient préparés qui ont raflé la mise.


OĂą voyageront les touristes chinois ?

Anson Lau :
Malgré une envie de voyages lointains, reconnaissons que c’est l’Asie qui reste la première destination étrangère pour les Chinois. Je pense donc que le Japon va être très demandé d’autant qu’il présente de nombreuses qualités en termes d’offre et qu’il propose un tourisme médical de haut niveau que les Chinois valorisent de plus en plus depuis la pandémie.

Et puis, la baisse du yen le rend plus économique. Mais, le tourisme domestique est également très dynamique dès lors qu’il n’y a pas de confinement.

Parlez- nous des méthodes de distribution

Anson Lau :
Il y en a plusieurs et cela dépend de la taille de l’entreprise, de ses moyens et du produit qu’elle a à vendre.

En général, si une entreprise n’est pas connue en Chine, signer des contrats avec les OTA est une stratégie efficace. Mais, mieux vaut ne pas se focaliser uniquement sur le marché chinois, il faut viser un marché global.
Les Chinois utilisent beaucoup Booking.com, Expedia, Agoda, pour leurs réservations d’hôtels et les réseaux sociaux comme WeChat, Tiktok, Little Red Book et autres applis très populaires.

Cependant, il faut être à même de montrer un contenu visuel exhaustif et de très bonne qualité. Il faut également s’assurer que tout est traduit et bien traduit.

Aucune zone d’ombre n’est permise sur les taxes locales et autres suppléments. La clarté est indispensable pour éviter les avis négatifs.


Tous les hôtels vont-ils cibler les Chinois et quelles qualités doivent-ils avoir pour réussir ?

Anson Lau :
Oui, il ne fait pas de doute que tout le monde voudra compter des clients chinois. Mais, après des analyses plus poussées, certains vont peut-être renoncer à en faire une cible prioritaire.

Par ailleurs, notez que les Chinois aiment tout ce qui a des allures de nouveauté et modernité. Selon eux, le « neuf » est plus propre, mieux construit et surtout plus sûr.

Pour ce qui est de la catégorie, ils sont très pointilleux sur les prix, et choisissent des chambres standard afin de pouvoir dépenser plus en restaurants, sorties et surtout en shopping.


En matière de technologie, que veulent-ils ?

Anson Lau :
Le basique c’est la Wifi. Si vous êtes mal connectés, oubliez la clientèle chinoise. Elle se répandra en critiques sur vos établissements.

Pour ce qui est du paiement, il est bien entendu d’ores et déjà mobile. Alipay et WeChat Pay sont déjà le moyen de base de payer ses achats en Chine. Mieux vaut donc s’équiper de ces systèmes et le faire savoir pour sécuriser vos clients chinois.

Cependant, faire traduire un site hôtelier en chinois ne sert à rien car la population n’a pas accès à des sites depuis Google qui, vous le savez, n’est pas accessible en Chine. A la place, mieux vaut avoir une présence sur les OTA ayant une existence en Chine, surtout si vous avez des avis positifs.

Enfin, si vous êtes un territoire, un ressort connu et de qualité ou tout autre destination, n’hésitez pas à diffuser des vidéos qui pourraient devenir virales, avec un peu de chance.

Sachant que Facebook, Twitter et Instagram ne sont pas accessibles, remplacez-les par WeChat et Tiktok. A condition d’avoir un budget pour créer du contenu actualisé en permanence, pour faire des promotions et pour répondre instantanément aux questions que l’on vous pose.


Une fois à l’hôtel, sont-ils toujours différents des autres nationalités ?

Anson Lau :
Avoir du personnel parlant bien le Chinois est bien entendu indispensable une fois que la clientèle est là. Mais, il y a toujours d’autres petites choses qui leur font plaisir : une paire de slippers.

Une bouilloire pour faire du thé, cuire du riz, des pâtes. D’ailleurs, dans un restaurant, il est indispensable de proposer ce genre de plats. Il reste également indispensable de fournir des bouteilles d’eau. Mais pas forcément de marque connue.


Quid des programmes de fidélisation ?

Anson Lau :
En matière de fidélisation, cela peut marcher si vous avez un nombre conséquent d’établissements qui proposent tous le même type de services privilèges quel que soit le canal de distribution. Et n’oubliez pas que les principaux programmes sont Fliggy, Trip.com et Alipay…


*Cet entretien a été adapté et rédigé par Josette Sicsic et publié grâce à la courtoisie de Roman Townsend, directeur de : belverapartners.com

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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