Futuroscopie - Quelle société idéale pour les Français ? 🔑

Assaillie par une actualité douloureuse, c'est le désir d'apaisement et de quiétude qui prédomine. On souhaite pouvoir se mettre à l’abri du tumulte du monde et prendre ses distances par rapport au reste de la population.

Pour preuve, quand est demandé aux Français quel est le critère le plus important dans une habitation idéale, le calme et la tranquillité arrivent en tête.

Encore plus probant, la majorité évoque une maison isolée, individuelle, loin des autres, des voisins et autres personnes extérieures au cocon familial. Ils évoquent aussi majoritairement la nécessité d’isolation sonore, traduisant ainsi l’un des pires maux minant le quotidien des Français : les nuisances sonores.

Mais, n’oublions pas cette phrase terrible qui traduit le paradoxe de notre époque (que nous avons déjà évoqué) selon lequel la demande d’isolement n’a qu’un temps.

En effet, à partir de 2050, le nombre des « 85 ans et plus » va atteindre 4,8 millions de personnes, contre un peu plus de 2 millions aujourd’hui. En parallèle, les « 75-84 ans », dont les situations de fragilité varient, vont voir leur nombre augmenter de 2020 à 2030, passant de 4 à 6 millions de personnes.

Or, notre société ne semble pas du tout adaptée au vieillissement et à sa détresse. Détresse sociale autant que matérielle sachant que 530 000 personnes âgées étaient en 2021 en situation de « mort sociale » dans notre pays, un chiffre qui a bondi de 77% par rapport à 2017 !

Etude : Petits frères de pauvres

La société idéale devrait être également capable de ralentir le rythme de nos vies au travail, de nos vies quotidiennes avec notre famille ou le rythme de nos loisirs, etc.

Le concept de lenteur apparu avec le mouvement « slow food » dans les années quatre-vingt n’a donc jamais été démenti. Au contraire, il n’a cessé de progresser et de se renforcer, atteignant entre-autre le secteur du tourisme et des vacances.

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Mais, s’il s’agit globalement de souffler, il s’agit aussi d’accélérer les rythmes dans les moments contraints : formalités administratives, achats, rendez-vous médicaux, évolution des moeurs… Beaucoup estiment en effet que certaines questions sociétales n’évoluent pas vite, comme la réduction des inégalités hommes/femmes…

Majeure, notons que cette tendance apparaît aussi dans l’observatoire de l’Obsoco qui note le même désir d’apaisement, voire de « résonance », à la façon du philosophe allemand : Hartmunt Rosa….

Et, pour changer de rythme, on plébiscite la proximité et l’accessibilité dans tous les domaines. En fait, on veut du circuit court pour aller chez le dentiste, à la poste et à l’école autant que pour cuisiner et partir en vacances.

D’où le mythe de la ville moyenne qui devient la ville idéale dans laquelle on peut se déplacer facilement, à pied, en vélo… car tout est proche. Ce qui n’est pas le cas dans les campagnes plus éloignées où certains ont élu domicile. Mais, souvent déjà avec regret.

Comme nous l’avons souligné très souvent, notre société est également de plus en plus dominée par une forme d’hybridité, de deux en un : on ouvre un café/galerie, on utilise des médicaments qui rendent beaux (les alicaments), on vit dans des maisons aménagées pour le télétravail et pour les loisirs…

Mais, attention : la question de la place du travail dans nos vies a été posée. Et si les Français interrogés réclament davantage de souplesse, notons que 37% sont attachés à un lieu de travail unique classique et que 32 % souhaitent alterner télétravail et présentiel alors que 12 % seulement souhaitent ne faire que du télétravail à l'avenir.

L’étude constate aussi une envie de stabilité professionnelle. « Dans une société rêvée, on cherche la possibilité de changer régulièrement de métier, d'avoir souvent de nouvelles responsabilités sans pour autant changer d'entreprise tous les ans.

Le « bougisme » dont on pourrait croire que l'ensemble des jeunes seraient touchés est en fait un désir louable de changer régulièrement de poste en progressant.

En matière de consommation, la moitié de la société française considère que demain dans une société idéale, il faudrait un certain nombre de règles éthiques et de règles environnementales pour ne pas consommer avec toute la liberté que l'on a aujourd'hui.

Le mode d'achat idéal pour ces Français interrogés par la Fondation Jean-Jaurès, note que pour 52 % d’entre eux, c'est l'achat dans des petits commerces spécialisés qui domine.

Pour 26 % c’est l'achat dans des grandes surfaces et pour 52 % c’est celui sur des plateformes Internet comme Amazon ou eBay !

Enfin, notons cette caractéristique qui n’est pas toute neuve. Voilà déjà plusieurs décennies, que la technologie permet à chacun d’individualiser ses choix et ses comportements, dans tous les domaines : musique, cinéma, repas, déplacements…

Individualiser ne rime pas avec égoïsme. Individualiser signifie rupture avec les rythmes collectifs imposés autrefois par le fait qu’on foyer ne possédait qu’un téléphone, qu’une voiture, un écran de télévision … etc.

Toujours sous l’effet des progrès technologiques, la tendance se renforce… Elle permet à chacun d’inventer de nouveaux rythmes, modes de vie, instruments, outils, remèdes… elle renforce donc son autonomie.

Ce qui dans le domaine du voyage a été traduit par la demande de « voyages à la carte » et de voyages en individuels

De son côté, l’ADEME a réalisé plusieurs études (la dernière en 2022) sur les nouveaux modèles de société convoités par les Français. Trois modèles de société ont été définis :

- L’utopie écologique, soit une organisation de l’économie et de la société tendue vers l’équilibre, la sobriété, la préservation de la nature.

- L’utopie sécuritaire correspondant à la volonté de préserver son identité et sa singularité face aux influences étrangères, qu’elles viennent d’une mondialisation économique et institutionnelle ou de l’arrivée de nouvelles populations. Cette utopie a du mal à se projeter dans le futur et reste nostalgique du passé.

- Enfin, l’utopie techno libérale décrit une société dans laquelle priment les valeurs individualistes et la reconnaissance des droits individuels, bénéficiant d’une croissance forte grâce à la vigueur du progrès technique.

Laquelle l’a emporté ?

Sur la base de la moyenne des notes données à chacune des propositions, c’est utopie écologique qui apparaît comme l’utopie préférée de 51 % des Français interrogés. Elle est suivie par l’utopie sécuritaire, avec 39 %. Loin derrière, l’utopie techno-libérale ferme la marche avec 11 % seulement.

A bon entendeur…

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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