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Hausse taxes aérien : « L’Etat est dans le rouge et il va nous y conduire ! »

Conférence de presse FNAM UAF


Sans surprise, le projet du gouvernement d’augmenter massivement les taxes provoque une déferlante de protestations, au sein du transport aérien français et au-delà. Disons-le tout de suite, c’est un combat presque désespéré auquel va devoir se livrer le transport aérien français pour tenter de limiter les dégâts face aux projets de taxes contenu dans le futur amendement au projet de loi de finances 2025.


Rédigé par le Mardi 15 Octobre 2024

Pascal de Izaguirre, Président de la FNAM et Thomas Juin, Président de l'UAF: "Un milliard d'euros en un an, sans aucune progressivité dans le temps, c'est de l'inédit, du jamais vu". Photo : C.Hardin.
Pascal de Izaguirre, Président de la FNAM et Thomas Juin, Président de l'UAF: "Un milliard d'euros en un an, sans aucune progressivité dans le temps, c'est de l'inédit, du jamais vu". Photo : C.Hardin.
Le gouvernement a confirmé jeudi dernier une ponction aux alentours du milliard d’euros de taxation supplémentaire annuelle sur le transport aérien.

Aussitôt les rumeurs d’une augmentation massive des taxes sur l’aérien connues, les réprobations des acteurs du transport aérien sont venues de partout et même de l’étranger.

Willie Walch, le directeur de IATA qui a l’habitude de parler sans filtres a ouvert le feu en déclarant au début du mois : « Si ces projets de taxe sont mis en œuvre, ce sera un désastre pour la France « a-t-il déclaré.

Il a également interpellé sans ménagement les dirigeants français : « Cette proposition sent la panique et le manque de réflexion concertée…le gouvernement est-il conscient que la France accueille moins de passagers et dessert moins de destinations qu'avant la pandémie ? «

Tollé dans l'aérien

Et de poursuivre : « Comment le ministre de l'Environnement pense-t-il que le fait de retirer 1 milliard d'euros de l'aviation française contribuera à la transition extrêmement coûteuse vers des carburants d'aviation durables ? »

L’ association « Airlines for Europe » (A4E) basée à Bruxelles et porte-parole des principales compagnies aériennes européennes a également dit « sa consternation » au sujet de ce projet qui pourrait avoir des conséquences sur l’économie nationale.

En France, la mesure a fait s’unir syndicats et patronat.

Le SCARA a dénoncé « cette mesure fiscale discriminatoire qui affecte uniquement les passagers aériens, alors que les autres modes de transport, notamment le TGV, en sont exclus. »

La confédération des acteurs du tourisme qui groupe les entreprises du voyage, syndicats et tour opérateur s’est également manifesté par écrit auprès de l’État pour dénoncer le projet.

Les pilotes du SNPL accusent le gouvernement de vouloir « couper les ailes « du transport aérien français tandis que de son côté le SNPNC FO des hôtesses et des stewards évoque « un nouveau boulet au pied des entreprises de transport nationales »

Ben Smith le patron d’Air France – KLM est sorti de son silence pour évoquer un véritable choc, reprenant ainsi ce qu’avait déjà déclaré Anne Rigail, le 4 octobre dernier lors d’une table ronde au sein de la DGAC.

FNAM et UAF font l’union sacrée

Ce lundi, c’était au tour de la FNAM et de l’UAF de prendre la parole en faisant l’union sacrée, au cours d’une conférence de presse conjointe pour alerter sur « le côté considérable de cette taxation »

C’est un tableau assez noir avec des perspectives inquiétantes pour le secteur qu’ont présenté ensemble Pascal de Izaguirre le Président de la FNAM et Thomas Juin le Président des aéroports français.

"Un milliard d'euros en un an, sans aucune progressivité dans le temps, évidemment c'est tout à fait de l'inédit, du jamais vu. Et comme le gouvernement a annoncé un produit pour la fiscalité verte d'un milliard 800 millions d'euros au global, cela veut dire que b[le secteur aérien à lui seul supporterait 55% du produit de cette taxe,, alors que nous rappelons qu’il représente 6% des émissions de CO2 en France. ]bA souhaité préciser le président de la FNAM en préambule.

De plus, les présidents s’étonnent qu’il n’y ait pas eu au préalable une étude d’impact. Les quelques slides faites par le secrétaire général de la planification économique sans inclure d’analyse économique semblent bien légers.

Si le montant d’un milliard d’euros de taxes a bien été évoqué par Bercy, le flou persiste sur la réalité du montant et les barèmes à mettre en place.

La taxe « Chirac » détournée.

Pascal de Izaguirre : "L’affaiblissement et perte de compétitivité des compagnies françaises est aussi un sujet de préoccupation" Photo : C.Hardin
Pascal de Izaguirre : "L’affaiblissement et perte de compétitivité des compagnies françaises est aussi un sujet de préoccupation" Photo : C.Hardin
La FNAM croit savoir que l’aviation d’affaires serait taxée à hauteur de 150 millions d’euros avec un barème pouvant aller jusqu’à 3000 euros de taxe par passager.

À ce sujet, Thomas Juin a rappelé que pour ce secteur, on est loin des clichés véhiculés et que 75% des vols de l'aviation d'affaires sont effectués entre des villes sans liaison ferroviaire inférieure à 3h30.

« Quand vous tapez à ce point sur cette aviation vous allez la tuer et vous aurez comme conséquence une délocalisation d'entreprises qui se situent dans ces territoires et qui ne pourront plus se déplacer convenablement pour effectuer leurs affaires » a t'il déploré.

Un nouveau barème sur la Taxe de solidarité sur les billets d’avion(TSBA) apporterait quant à lui 850 millions d’euros dans les caisses de l’État.

Cette taxe dite « taxe Chirac » avait à l’origine vocation à financer environnementaux et humanitaires et s’applique à tous les billets d'avion émis en France et avec des montants variables selon d'une part la typologie du vol domestique, la cour courrier, moyen-courrier, long courrier et également la catégorie de voyage économique business ou première classe.

Détournées au fil du temps de sa vocation, les sommes collectées seront pour la plupart reversées dans le budget général et serviront en partie à financer des projets sans aucun rapport avec le secteur aérien, notamment dans le ferroviaire.

Devant de telles perspectives, c’est d’abord sur le sujet de l’emploi qu’a voulu alerter Pascal de Izaguirre . L’augmentation des taxes sur un pavillon français déjà en perte de vitesse (- 20 points de croissance en vingt ans ) aurait des conséquences sur l’emploi.

« Nous recrutons en général dans des bassins d'emplois qui sont difficiles. Nous recrutons beaucoup de jeunes qui sont sortis du cursus scolaire et auxquels nous offrons des possibilités de formation, d'intégration professionnelle, de parcours qualifiant. »

L’affaiblissement et perte de compétitivité des compagnies françaises est aussi un sujet de préoccupation.
Déjà, a rappelé, Pascal de Izaguirre la taxe sur les infrastructures de longue distance (les aéroports) va être répercutée sur les compagnies aériennes et vient s’ajouter à la multitude de taxes déjà existante.

La TSBA portera à hauteur de 37% sur les compagnies aériennes françaises, dont 30% pour la seule compagnie Air France.

Bien évidemment les 300 compagnies étrangères dont les décollages depuis la France ne représentent qu’une petite partie de leur activité ne subiront pas le choc fiscal encaissé par les compagnies françaises.

C’est un premier élément de distorsion de concurrence, le deuxième étant le report évident vers des hubs étrangers.
Un Bordeaux Bangkok via Istambul sera moins taxé que via le hub de CDG avec Air France.

Des bases françaises menaçées.

Thomas Juin a également alerté sur le risque que fait peser le poids des taxes sur les vols domestiques et court courrier.

« Je pèse mes mots, avec ce projet de loi, il faut s’attendre à une suppression de certaines lignes aériennes et donc des pertes d’emplois".

Interrogé au sujet du départ d’EasyJet de Toulouse, le président de l’UAF n’a pas exclu que d’autres bases françaises puissent faire les frais de ces mesures.

Les deux organisations appellent donc le gouvernement à une véritable concertation avec le secteur afin de revoir le projet de taxation envisagé.

« Le transport aérien ne peut supporter à lui seul plus de la moitié de la fiscalité « verte » supplémentaire portant sur les entreprises dans le projet de loi de Finances 2025 d’autant que ces sommes ne sont nullement réinvesties dans la décarbonation du secteur », indique le dernier communiqué de la FNAM.


Financer la décarbonation

Le secteur aérien arrivera t'il à limiter les dégâts en obtenant au moins de flécher une partie des taxes pour aider à la décarbonation du transport aérien comme le réclame depuis longtemps Pascal de Izaguirre ?

Rien n’est moins sûr alors que dans les années à venir les investissements dans le renouvellement des flottes et l’intégration de carburant d’aviation plus durable (Air- France KLM est le premier acheteur au monde) vont coûter au secteur aérien français plusieurs milliards d’euros.

L’enjeu est majeur et concerne toute l’Europe

À l’heure où le couperet s’apprête à tomber en France, quelques pays en Europe commencent à alléger le niveau de taxes de leur transport aérien pour relancer leurs économies.

C’est le cas de l’Autriche, l’Irlande et plus récemment de la Suède, le pays de Greta Thunberg.

« La taxe aérienne est inefficace, porte préjudice aux entreprises et pousse les voyageurs suédois vers des aéroports situés en dehors des frontières du pays » a justifié le gouvernement suédois.

Là où il attendait un soutien financier, le secteur aérien, en France, voit arriver une « vague scélérate » de taxes.

Dans son très intéressant rapport présenté début septembre à la Commission européenne sur le futur de la compétitivité de l'Europe, Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) affirme que l'aviation européenne aura besoin de 61 milliards d'euros par an pour parvenir à son objectif de neutralité carbone.

De moins en moins compétitif, car lourdement taxé, l’objectif risque de devenir irréalisable pour le secteur aérien.

À la dernière rencontre annuelle des anciens élèves de l’ENAC « Les états de l’air » qui se tenait le 3 octobre dernier dans les locaux de la DGAC et à laquelle TourMaG assistait, la question a été posée à Marc Hamy, Conseiller spécial au sein d’Airbus, sur ce qu’il ferait s’il avait une baguette magique pour aider à la décarbonation.

« Draghi ! » A-t-il répondu spontanément. Et d’ajouter : « Les industriels s’engagent, mais nous sommes dans une équation économique très difficile.

Lisez le rapport Draghi, et si nos gouvernants on la sagesse de le lire et de l’appliquer je pense qu’on avancera vraiment d’un grand pas en Europe
. »

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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