Thomas Juin (à droite ) avec le Ministre délégué aux transports François Durovray : "« Les projets de taxe du PLF c’est le coup de grâce ! » Photo : C.Hardin
Mardi 3 décembre 2024 à Montrouge, dans le grand amphithéâtre du Beffroi, les acteurs du monde aéroportuaire et les intervenants se sont succédé à la tribune pour faire part de leur inquiétude face à la situation économique du secteur, mais aussi l’instabilité politique, jamais très bonne quand il s’agit de la vie économique d’un pays.
Crises (avec un s) aéroportuaires pouvait on lire sur le pupitre des orateurs. Sonné par les dispositions relatives aux taxes contenues dans le projet de loi de finances 2025, chacun y a été de ses mises en garde.
Crises (avec un s) aéroportuaires pouvait on lire sur le pupitre des orateurs. Sonné par les dispositions relatives aux taxes contenues dans le projet de loi de finances 2025, chacun y a été de ses mises en garde.
UAF : Haro sur le PLF 2025
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Premier à venir s’exprimer et faire part de son inquiétude, Nicolas Notebaert, Directeur général Concessions de VINCI et Président de VINCI Airports.
« L’heure est grave et c’est la compétitivité de la mobilité aérienne en France qui est en jeu » a-t-il déclaré en rappelant que parmi les 14 pays dans lesquels Vinci exploite des plateformes aéroportuaires, la France est à l’avant-dernière place en termes de reprise de trafic.
François Asselin le Président de la CPME invité au congrès a enchainé en parlant de la France, ce pays magnifique, mais ou sévit la « taxe aphteuse, là où la seule solution pour équilibrer un budget c'est de lever l'impôt, d'augmenter le coût du travail ». « Qu’est-ce que vous avez fait au Bon Dieu pour mériter tout çà ! » a-t-il aussi lancé à l’assistance.
Olivier Jankovec, Directeur général d’ACI Europe (500 aéroports dans 55 pays ) a donné sa vision en tant qu’Européen : «Aujourd'hui, la hausse des taxes mise en place par les Allemands est un facteur majeur dans la sous-performance au niveau du trafic des aéroports allemands et de la perte de connectivité de l'Allemagne. Cela devrait faire réfléchir le gouvernement français. »
« L’heure est grave et c’est la compétitivité de la mobilité aérienne en France qui est en jeu » a-t-il déclaré en rappelant que parmi les 14 pays dans lesquels Vinci exploite des plateformes aéroportuaires, la France est à l’avant-dernière place en termes de reprise de trafic.
François Asselin le Président de la CPME invité au congrès a enchainé en parlant de la France, ce pays magnifique, mais ou sévit la « taxe aphteuse, là où la seule solution pour équilibrer un budget c'est de lever l'impôt, d'augmenter le coût du travail ». « Qu’est-ce que vous avez fait au Bon Dieu pour mériter tout çà ! » a-t-il aussi lancé à l’assistance.
Olivier Jankovec, Directeur général d’ACI Europe (500 aéroports dans 55 pays ) a donné sa vision en tant qu’Européen : «Aujourd'hui, la hausse des taxes mise en place par les Allemands est un facteur majeur dans la sous-performance au niveau du trafic des aéroports allemands et de la perte de connectivité de l'Allemagne. Cela devrait faire réfléchir le gouvernement français. »
L’UAF fait des propositions
Thomas Juin au nom de son organisation a rappelé les enjeux et fait des propositions.
Selon lui, l’aviation va clairement se développer rapidement à l’échelle mondiale. La France ne doit pas rester à l’écart de cette dynamique et il est crucial d'augmenter les capacités de développement et de financement du transport aérien français pour créer de la richesse, des emplois et améliorer la mobilité, tout en investissant dans la décarbonation.
Les mesures fiscales envisagées dans le PLF 2025, conçues sans aucune évaluation économique et écologique, démontrent, à elles seules, le manque de vision stratégique de l'État pour ce secteur clé.
La France sous-estime les bénéfices du transport aérien pour de nombreuses filières, dont celle du tourisme. Les taxes récentes ou à venir ont déjà dévalorisé les entreprises publiques du secteur de plusieurs milliards d’euros, freinant les investissements futurs.
Il en a donc appelé à une stratégie nationale pour moderniser, décarboner et développer le secteur. Une feuille de route pragmatique, intégrant les bénéfices pour le pays, les réalités internationales, les enjeux de compétitivité et les moyens pour relever les défis futurs.
L’UAF a proposé plusieurs axes de travail :
- Repositionner la fiscalité du transport aérien dans un cadre européen et international.
- Mettre en place une fiscalité dédiée : réinvestir les taxes perçues dans des projets de décarbonation, comme la production de carburants durables (SAF) et la recherche aéronautique.
- Développer une stratégie de transition écologique : élaborer un plan clair pour accompagner la transition écologique du secteur, avec des objectifs à court, moyen et long terme.
- Promouvoir un cadre stable et favorable aux investissements privés pour financer les infrastructures et technologies vertes.
Selon lui, l’aviation va clairement se développer rapidement à l’échelle mondiale. La France ne doit pas rester à l’écart de cette dynamique et il est crucial d'augmenter les capacités de développement et de financement du transport aérien français pour créer de la richesse, des emplois et améliorer la mobilité, tout en investissant dans la décarbonation.
Les mesures fiscales envisagées dans le PLF 2025, conçues sans aucune évaluation économique et écologique, démontrent, à elles seules, le manque de vision stratégique de l'État pour ce secteur clé.
La France sous-estime les bénéfices du transport aérien pour de nombreuses filières, dont celle du tourisme. Les taxes récentes ou à venir ont déjà dévalorisé les entreprises publiques du secteur de plusieurs milliards d’euros, freinant les investissements futurs.
Il en a donc appelé à une stratégie nationale pour moderniser, décarboner et développer le secteur. Une feuille de route pragmatique, intégrant les bénéfices pour le pays, les réalités internationales, les enjeux de compétitivité et les moyens pour relever les défis futurs.
L’UAF a proposé plusieurs axes de travail :
- Repositionner la fiscalité du transport aérien dans un cadre européen et international.
- Mettre en place une fiscalité dédiée : réinvestir les taxes perçues dans des projets de décarbonation, comme la production de carburants durables (SAF) et la recherche aéronautique.
- Développer une stratégie de transition écologique : élaborer un plan clair pour accompagner la transition écologique du secteur, avec des objectifs à court, moyen et long terme.
- Promouvoir un cadre stable et favorable aux investissements privés pour financer les infrastructures et technologies vertes.
Ministre en sursis
Qui sera dans quelque temps le ministre délégué chargé des transports auquel sont adressées ces propositions ? Nul ne le sait.
François Durovray, l’actuel titulaire du poste, invité à la clôture des débats, ne s’était pas dérobé.
Il est d’ailleurs au travail jusqu’à la dernière minute et devrait animer ce mercredi une visio-conférence avec Michael O’Leary le patron de Ryanair qui menace de faire quitter la France à beaucoup de ses avions si le projet de taxes est maintenu.
Yeux dans les yeux et sans détour, Thomas Juin a fait part au ministre de son inquiétude. « Les projets de taxe du PLF c’est le coup de grâce ! » lui a-t-il lancé considérant injuste que le transport aérien qui représente 3% des émissions de gaz à effet de serre devrait contribuer à hauteur de 55% de la fiscalité « verte ».
« L'État doit entendre notre message. Un transport aérien fort, compétitif, décarboné, bien financé, est un atout stratégique pour la France. Il en va de l'économie sociale du pays, de ses territoires, de son règlement international. » a conclu le Président de l’UAF.
Difficile pour un ministre en sursis de répondre et de convaincre. « Ce qui se passe à l'Assemblée nationale depuis hier accroît, évidemment, à la difficulté de nous donner des perspectives. » a concédé François Durovray.
Il a tenu cependant à voir le verre plutôt à moitié plein notamment en soulignant les avancées dans la régulation des aéroports entamée par son prédécesseur Clément Beaune
Reconnaissant également que des fois, l’État réagit de façon inappropriée, le nez dans le guidon et sans considérer les objectifs de plus long terme (pensait-il alors à ce coup de massue fiscale ?), il a lui aussi plaidé pour que 2025 soit l’année pour élaborer une véritable stratégie nationale et une feuille de route partagée par tous les acteurs du transport aérien.
Après le peu de résultats des assises du transport aérien organisées en 2019 et qui n’avaient pratiquement rien donné, les professionnels du secteurs sont septiques et l’on voit bien que la première de leur préoccupation c’est d’abord le retour à la normal dans le pays.
Sortir de la couche nuageuse.
François Durovray, l’actuel titulaire du poste, invité à la clôture des débats, ne s’était pas dérobé.
Il est d’ailleurs au travail jusqu’à la dernière minute et devrait animer ce mercredi une visio-conférence avec Michael O’Leary le patron de Ryanair qui menace de faire quitter la France à beaucoup de ses avions si le projet de taxes est maintenu.
Yeux dans les yeux et sans détour, Thomas Juin a fait part au ministre de son inquiétude. « Les projets de taxe du PLF c’est le coup de grâce ! » lui a-t-il lancé considérant injuste que le transport aérien qui représente 3% des émissions de gaz à effet de serre devrait contribuer à hauteur de 55% de la fiscalité « verte ».
« L'État doit entendre notre message. Un transport aérien fort, compétitif, décarboné, bien financé, est un atout stratégique pour la France. Il en va de l'économie sociale du pays, de ses territoires, de son règlement international. » a conclu le Président de l’UAF.
Difficile pour un ministre en sursis de répondre et de convaincre. « Ce qui se passe à l'Assemblée nationale depuis hier accroît, évidemment, à la difficulté de nous donner des perspectives. » a concédé François Durovray.
Il a tenu cependant à voir le verre plutôt à moitié plein notamment en soulignant les avancées dans la régulation des aéroports entamée par son prédécesseur Clément Beaune
Reconnaissant également que des fois, l’État réagit de façon inappropriée, le nez dans le guidon et sans considérer les objectifs de plus long terme (pensait-il alors à ce coup de massue fiscale ?), il a lui aussi plaidé pour que 2025 soit l’année pour élaborer une véritable stratégie nationale et une feuille de route partagée par tous les acteurs du transport aérien.
Après le peu de résultats des assises du transport aérien organisées en 2019 et qui n’avaient pratiquement rien donné, les professionnels du secteurs sont septiques et l’on voit bien que la première de leur préoccupation c’est d’abord le retour à la normal dans le pays.
Sortir de la couche nuageuse.
Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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