
Thomas Juin, président de l'UAF : "La France n’est plus considérée comme un pays accueillant pour les compagnies aériennes" Photo : C.Hardin
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Après les résultats du groupe ADP que nous avions évoqués à la fin du mois dernier, le ton était particulièrement grave ce mercredi 12 mars 2025, lors de la conférence de presse de l’UAF qui, par la voix de son Président Thomas Juin, faisait le bilan de de l’année 2024.
« Désarroi , mépris, décrochage, affaissement », les mots employés étaient forts pour traduire, on s’y attendait, le mécontentement des plateformes aéroportuaires françaises victimes selon le président d’une fiscalité qui globalement fragilise gravement le transport aérien français et certains aéroports régionaux.
Aéroport français : les niveaux de 2019 ne sont toujours pas atteints

Le nombre de mouvements commerciaux en 2024, s'élève à 1 765 942, marquant une baisse de 10,3 % par rapport à 2019 et une légère croissance de 0,6 % par rapport à 2023.
Seulement 30% des aéroports français ont atteint en 2024, leur niveau de 2019. Le trafic passager de 2024 reste légèrement inférieur à celui de 2018 (206 millions de passagers).
Toutefois, pour un trafic similaire, le nombre de mouvements a diminué de 8,9 % par rapport à 2018, en raison du nombre de passagers moyen à bord de chaque vol, passé de 107 passagers en 2018 à 117 en 2024.
Un chiffre qui s’explique par la diminution des fréquences, mais surtout l’inexorable montée en puissance des low cost, dont les avions sont plus remplis.
À part dans les aéroports parisiens, la part des vols low cost est majoritaire, comme l’atteste le graphique ci-dessous.
Si l’on considère les aéroports à plus de 1 million de passagers par an, la majorité d’entre eux n’ont pas récupéré les fréquentations de 2019. Charles de Gaulle, affiche un retrait qui reste conséquent, à moins 7,7 %.
Cela s’explique par plusieurs raisons, notamment le dispositif For Flight, qui a impacté les aéroports français du fait d'une diminution de vols en début d'année, en janvier et novembre, mais jusqu'au 10 décembre. Aussi la diminution de manière générale des vols domestiques, mais aussi les difficultés à reprendre les vols vers l'Asie et l'Amérique du Sud.
Les Jeux olympiques ont eu aussi un impact non négligeable. En revanche, Orly, a connu une belle croissance de 4 %.
Nice (1,9%) et surtout Marseille (10%) sont en croissance, tandis que Lyon (- 10%) et surtout Toulouse ( -18,5%) ou Bordeaux (-14%) sont dans une situation compliquée, avec notamment la baisse du trafic domestique, et, concernant Bordeaux, la fermeture de la base Ryanair en fin d'année, qui représentait 25 % du trafic.
En Outre mer, les aéroports ont accueilli 12,2 millions de passagers, enregistrant une baisse de 5,1 % par rapport à 2019 et de 3,1 % par rapport à 2023. Cependant, sans inclure la Nouvelle-Calédonie, sévèrement touchée par une crise politique et sociale, en baisse de 41 % (2019) et 31 % (2023), ces chiffres montrent une légère augmentation de 0,3 % depuis 2019 et de 0,2 % depuis 2023.
Cela s’explique par plusieurs raisons, notamment le dispositif For Flight, qui a impacté les aéroports français du fait d'une diminution de vols en début d'année, en janvier et novembre, mais jusqu'au 10 décembre. Aussi la diminution de manière générale des vols domestiques, mais aussi les difficultés à reprendre les vols vers l'Asie et l'Amérique du Sud.
Les Jeux olympiques ont eu aussi un impact non négligeable. En revanche, Orly, a connu une belle croissance de 4 %.
Nice (1,9%) et surtout Marseille (10%) sont en croissance, tandis que Lyon (- 10%) et surtout Toulouse ( -18,5%) ou Bordeaux (-14%) sont dans une situation compliquée, avec notamment la baisse du trafic domestique, et, concernant Bordeaux, la fermeture de la base Ryanair en fin d'année, qui représentait 25 % du trafic.
En Outre mer, les aéroports ont accueilli 12,2 millions de passagers, enregistrant une baisse de 5,1 % par rapport à 2019 et de 3,1 % par rapport à 2023. Cependant, sans inclure la Nouvelle-Calédonie, sévèrement touchée par une crise politique et sociale, en baisse de 41 % (2019) et 31 % (2023), ces chiffres montrent une légère augmentation de 0,3 % depuis 2019 et de 0,2 % depuis 2023.
La France décroche
En Europe et en 2024, le trafic aérien de l'Union européenne a, quant à lui, excédé de 1,8 % son niveau de 2019. Cependant, et, comme le montre la carte produite par l’UAF ci-dessous, cette reprise varie considérablement selon les pays.
Certains pays, comme la Turquie (+23,1 %) et la Grèce (+22,1 %), surpassent largement leur niveau de 2019, tandis que d'autres, comme la Finlande (-24,9 %) et l'Allemagne (-16,1 %), sont toujours en fort retrait.
La France, on le voit, se trouve rétrogradée dans la catégorie des pays à la traîne, comme la Belgique ou encore le Danemark, ce qui selon Thomas Juin est une « anomalie » qui devrait interroger les pouvoirs publics.
Certains pays, comme la Turquie (+23,1 %) et la Grèce (+22,1 %), surpassent largement leur niveau de 2019, tandis que d'autres, comme la Finlande (-24,9 %) et l'Allemagne (-16,1 %), sont toujours en fort retrait.
La France, on le voit, se trouve rétrogradée dans la catégorie des pays à la traîne, comme la Belgique ou encore le Danemark, ce qui selon Thomas Juin est une « anomalie » qui devrait interroger les pouvoirs publics.
Compagnies aériennes : l'impact de la fiscalité pourrait se faire sentir en 2026
Comment se fait-il que la France, en dépit de son poids économique et touristique, se positionne loin derrière ses voisins l'Italie l’Espagne, le Portugal ou le Royaume-Uni ?
« Dans les salons européens, où se déroulent les « mercatos » du trafic, « la France n'est plus considérée comme un pays accueillant par les compagnies aériennes » estime Thomas Juin. « La France a fait le choix clairement d'augmenter de façon considérable la fiscalité, et donc les compagnies aériennes étrangères nous disent que les développements n'auront plus lieu en France et donc on va privilégier nos développements ailleurs. »
« Le développement, et en particulier celui des aéroports régionaux, des grands comme des petits, passe principalement par des compagnies étrangères. C'est comme ça. C'est un choix fait par Air France de se désengager des territoires, en tout cas sur du point à point, sur des lignes directes]i. »
Les programmes des compagnies aériennes pour 2025 sont déjà établis et les conséquences de cette fiscalité pourraient se faire sentir particulièrement en 2026.
« Dans les salons européens, où se déroulent les « mercatos » du trafic, « la France n'est plus considérée comme un pays accueillant par les compagnies aériennes » estime Thomas Juin. « La France a fait le choix clairement d'augmenter de façon considérable la fiscalité, et donc les compagnies aériennes étrangères nous disent que les développements n'auront plus lieu en France et donc on va privilégier nos développements ailleurs. »
« Le développement, et en particulier celui des aéroports régionaux, des grands comme des petits, passe principalement par des compagnies étrangères. C'est comme ça. C'est un choix fait par Air France de se désengager des territoires, en tout cas sur du point à point, sur des lignes directes]i. »
Les programmes des compagnies aériennes pour 2025 sont déjà établis et les conséquences de cette fiscalité pourraient se faire sentir particulièrement en 2026.
Les taxes, facteurs de décroissance
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Pour Thomas Juin, les augmentations massives de la fiscalité du transport aérien décidées en 2025 risquent d'accroître le retard de la France par rapport au pays en croissance.
En alourdissant le coût de touchée, elles poussent les compagnies aériennes low cost dont on a vu l’importance en région à se détourner des aéroports français, et plus encore des petits aéroports régionaux particulièrement menacés, au grand profit des autres aéroports européens.
« Une surtaxation qui mène clairement à la décroissance et nous conduit à un net décrochage par rapport à l’Espagne, l'Italie ou le Portugal qui ont fait le choix inverse de ne pas surtaxer leur transport aérien et en retirent déjà les bénéfices économiques et touristiques. Surtaxer le transport aérien en France ne sera pas sans conséquence pour l'industrie touristique, les échanges économiques et l’accessibilité des territoires » a prédit le président de l’UAF.
Seul petit espoir pour les gestionnaires d’aéroports, la volonté de Thomas Juin à ce que le PLF 2026 annule les hausses de fiscalité du transport aérien décidées dans la LFI 2025 qui semble être partagée par l’actuel ministre délégué aux transports Philippe Tabarot.
Il y a quelques jours, il s’est dit "réservé" à l'idée d'inscrire dans la durée la hausse de la taxation du secteur aérien prévue dans le budget 2025.
Et de s’expliquer au micro de Sud Radio : « Cette hausse, le gouvernement ne revient pas dessus, puisqu'elle est applicable depuis le 1er mars. Pour autant, est-ce qu'elle sera pérenne dans le temps ? Moi, je ne suis pas de ceux qui le souhaitent, notamment parce que le produit de cette taxe ne revient pas au secteur des transports et ne revient pas pour décarboner le secteur de l'aviation, principalement. Je suis donc réservé sur cette taxe. II fallait sortir un budget à notre pays. On a eu le courage de le faire, avec 30 milliards d'économies, mais pour autant, on ne doit pas taxer certains secteurs qui rayonnent au niveau mondial".
Un espoir cependant fragile dans la mesure où le ministre appartient à un gouvernement menacé de censure pratiquement tous les mois.
En alourdissant le coût de touchée, elles poussent les compagnies aériennes low cost dont on a vu l’importance en région à se détourner des aéroports français, et plus encore des petits aéroports régionaux particulièrement menacés, au grand profit des autres aéroports européens.
« Une surtaxation qui mène clairement à la décroissance et nous conduit à un net décrochage par rapport à l’Espagne, l'Italie ou le Portugal qui ont fait le choix inverse de ne pas surtaxer leur transport aérien et en retirent déjà les bénéfices économiques et touristiques. Surtaxer le transport aérien en France ne sera pas sans conséquence pour l'industrie touristique, les échanges économiques et l’accessibilité des territoires » a prédit le président de l’UAF.
Seul petit espoir pour les gestionnaires d’aéroports, la volonté de Thomas Juin à ce que le PLF 2026 annule les hausses de fiscalité du transport aérien décidées dans la LFI 2025 qui semble être partagée par l’actuel ministre délégué aux transports Philippe Tabarot.
Il y a quelques jours, il s’est dit "réservé" à l'idée d'inscrire dans la durée la hausse de la taxation du secteur aérien prévue dans le budget 2025.
Et de s’expliquer au micro de Sud Radio : « Cette hausse, le gouvernement ne revient pas dessus, puisqu'elle est applicable depuis le 1er mars. Pour autant, est-ce qu'elle sera pérenne dans le temps ? Moi, je ne suis pas de ceux qui le souhaitent, notamment parce que le produit de cette taxe ne revient pas au secteur des transports et ne revient pas pour décarboner le secteur de l'aviation, principalement. Je suis donc réservé sur cette taxe. II fallait sortir un budget à notre pays. On a eu le courage de le faire, avec 30 milliards d'économies, mais pour autant, on ne doit pas taxer certains secteurs qui rayonnent au niveau mondial".
Un espoir cependant fragile dans la mesure où le ministre appartient à un gouvernement menacé de censure pratiquement tous les mois.

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