I. E-tourisme : pour réussir, un projet technologique doit être "transversal"

i-tourisme : Les systèmes doivent donc évoluer pour assurer une bonne fluidité de la production à la distribution. C’est ce que vous appelez la verticalisation, je suppose. Mais la gestion doit aussi être horizontale ?

FF : "Exactement, et c’est même sur ce point que les développements ont été les plus importants ces dernières années.

Il est important de comprendre que les opérateurs doivent s’interconnecter les uns aux autres afin de faire remonter les disponibilités et les tarifs en temps réel.

On aboutit au constat qu’il faut une totale transversalité fonctionnelle des outils de gestion, pour permettre aux opérateurs de gérer et de packager tous types de produits."

i-tourisme : Alors, la question que tous les acteurs du tourisme se posent est de savoir si c’est à leur portée?

FF : "Les clients n’ont pas à se préoccuper des difficultés technologiques. C’est à nous de proposer des solutions qui vont leur permettre de performer. "

i-tourisme : Je pose la question différemment. Quelles sont les conséquences de cette évolution technologique ?

FF : "Quand vous élargissez votre périmètre fonctionnel, vous rencontrez des difficultés de compatibilité des systèmes. La difficulté se situe à ce niveau.

Ce que vous devez comprendre, c’est que vous n’êtes pas dans une logique de duplication des architectures informatiques, mais dans la nécessaire interaction des différents systèmes.

L’enjeu c’est cette interaction et la possibilité de votre système à gérer tous les types de produits de notre secteur.

Ainsi vous n’avez qu’un seul et unique système à interconnecter."

i-tourisme : Pourquoi vous parlez d’un enjeu et non tout simplement d’un développement technologique?

FF: "Car avant de se lancer dans la technologie, il fallait choisir la bonne orientation."

i-tourisme : Il y avait le choix ?

FF: "Oui, dans le tourisme vous pouvez et vous devez gérer fonctionnellement tous les types de produits tel que l’aérien, l’hébergement, les activités de loisirs, les produits à créneaux horaires comme les spas, etc, ce que fait très bien I-Resa.

Mais nous avons aussi pris conscience que la clé se situerait dans la capacité des systèmes à communiquer entre eux.

Le défi se situait à ce niveau. C’est sur ce point que nous avons fait porter nos efforts et fait naître nos avantages concurrentiels."

i-tourisme : Comment avez-vous procédé ?

FF: "Il s’agissait d’imaginer notre logiciel comme le plus ouvert possible, aussi bien pour nous permettre d’évoluer facilement fonctionnellement, que pour pouvoir nous connecter aux autres outils internes et externes de nos clients."

i-tourisme : Cette évolution technologique était-elle indispensable pour les acteurs du tourisme ?

FF: "La technologie ou du moins ce qu’on en fait, est devenue indispensables dans nos métiers en temps réel.

L’objectif est tout simplement de prendre des parts de marché."

i-tourisme : Permettez-moi de vous challenger. Ce ne peut pas être aussi binaire que vous le dites. Pour prendre des parts de marché, il faut une coordination de plusieurs facteurs. La technologie, aussi importante soit-elle, n’est qu’un des éléments !

FF: "Oui, mais elle est au centre. Prenez le cas de TravelFactory par exemple.

Sa réussite fut conditionnée par la capacité de son système à appeler les différents produits pour les packager dynamiquement dans I-Resa, aussi bien pour les résidences, les hôtels, les forfaits et cours de ski, les équipements, la restauration, etc.

En agrégeant l’ensemble et en les interconnectant vers les réseaux de distribution en plus de ses sites web et ses marques blanches, il a gagné en productivité et il a laissé sur place ses concurrents. "

i-tourisme : Principalement par une approche transversale de son système de gestion, pour reprendre votre définition?

FF: "Oui, indiscutablement. Et si aujourd’hui cela apparaît comme une évidence, il faut revenir en arrière et se rendre compte que l’objectif de nombre d’acteurs était de verticaliser avec comme seule ambition de réussir dans cette voie.

Tous les gros TO sont passés par là.

Regardez le cas de NF/TUI : il a intégré son réseau de distribution, est devenu hébergeur avec ses clubs et affréteur avec Corsair.

C’est une verticalisation totale avec le succès que l’on sait.

La donne est différente aujourd’hui et les nouveaux acteurs se positionnent d’emblée sur plusieurs métiers de notre industrie avec un seul et même outil.

Pour réussir, c’est fondamental d’unifier les systèmes d’information pour mieux piloter son projet d’entreprise. "


Dans le prochain entretien avec François Foucher, nous allons aborder la place des technologies pour conquérir des parts de marché et le suivant sera sur la maîtrise de Big Data.