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II. Jet tours : sous Roger Darmon, "l’Américain", le TO n’a jamais perdu d’argent

La saga Jet tours


En près d'un demi-siècle, Jet tours aura connu bien des péripéties. A sa création, en 1968, elle est une marque de SOTAIR, l’une des filiales d’Air France. Un premier élan lui sera donné en 1972 avec Roger Pinson. Dans les années 1970-1980, elle forme avec « Eldorador » et « Jumbo », une marque de référence dans le top 3 des TO français. Elle a gagné de l’argent, elle en a perdu… Elle a été rachetée puis revendue. Elle a failli disparaître. Elle est restée néanmoins une marque forte. Retour sur son histoire.


Rédigé par le Mardi 23 Août 2016

Roger Darmon restera directeur général de 1978 à 1990. Un record : il est le cadre dirigeant qui a eu la plus grande longévité dans l’entreprise sous trois présidents successifs, Max Albert, Jean-Pierre Bourgneuf et Jean-Jacques Ravey - DR : Roger Darmon
Roger Darmon restera directeur général de 1978 à 1990. Un record : il est le cadre dirigeant qui a eu la plus grande longévité dans l’entreprise sous trois présidents successifs, Max Albert, Jean-Pierre Bourgneuf et Jean-Jacques Ravey - DR : Roger Darmon
Professionnel de l’aérien, un peu abrupt, d’une vive intelligence, Roger Darmon a dirigé le bureau parisien de « Council Travel », une association qui réalise de gigantesques volumes de charters entre les Etats-Unis et la France.

Il prendra la direction de Jet’Am, avant de devenir directeur général de l’ensemble des marques de SOTAIR.

Il restera à ce poste près de 12 ans, de 1978 à 1990. Un record : il est le cadre dirigeant qui a eu la plus grande longévité dans l’entreprise sous trois présidents successifs, Max Albert, Jean-Pierre Bourgneuf et Jean-Jacques Ravey.

Il se souvient lui aussi des difficultés avec la maison mère. « Nous avons développé les charters USA avec une compagnie qui n’existe plus, la Wardair.

Elle offrait des tarifs très compétitifs avec un service de luxe. Un exemple : les passagers avaient le choix sur la cuisson du steak !

Du côté d’Air France, c’était l’époque des vols vacances aux prestations peau de chagrin pour baisser les prix. Les négociations n’étaient pas faciles
».

Sous Darmon, Jet tours n’a jamais perdu d’argent

Couverture de la brochure Eldorador en 1992 - DR : Jet tours
Couverture de la brochure Eldorador en 1992 - DR : Jet tours
Pour contrer le Club Méditerranée, il lance la formule « Tout est proposé, rien n’est imposé ».

Lorsqu'il qu'il quitte l'entreprise, les clubs Eldorador représentent un trafic de 100 000 clients par an.

L’image de Jet tours était alors quelque chose de « chic », à prix raisonnables. Ce n’était pas du luxe, mais sa filiation avec la compagnie nationale lui donnait du lustre.

Au départ de Roger Darmon, la programmation donnait la part belle au moyen-courrier qui - déjà - pour des raisons évidentes de pouvoir d’achat, drainait l’essentiel des demandes.

C’est à cette époque que furent lancés les premiers charters sur Louxor et Mikonos, qui n’étaient pas desservis par les lignes régulières.

Durant l’époque « Darmon », Jet tours n’a jamais perdu d’argent. Aujourd’hui retiré des affaires, il se fait un point d’honneur à le rappeler. « Je n’aurais jamais su gérer et diriger une entreprise déficitaire. Je ne l’aurais pas supporté ! ».

SOTAIR fusionne avec le TO franco-allemand Chorus

En janvier 1993, SOTAIR, la filiale d'Air France dirigée par Jean-Robert Reznik, Chorus, contrôlée par Havas, et le groupe de tourisme allemand TUI, présidée par Gaël de La Porte du Theil, fusionnent.

Cette fusion se fait via un simple échange de titres, sans sortie de fonds de la part des nouveaux alliés.

La société nouvelle est baptisée Jet tours, reprenant ainsi la marque phare de SOTAIR. Elle est détenue à hauteur de 51% par Air France, de 20% par Havas et de 20% par TUI.

Les autres actionnaires, dont Selectour Voyages, Fram et Sorestour-Wagons-Lits, se partageant les 9% restants.

Jean-Robert Reznik, directeur général de SOTAIR, et Gaël de La Porte du Theil, PDG de Chorus, en sont respectivement président et directeur général.

La nouvelle entité devrait peser plus de 3 milliards de francs de chiffre d'affaires et réunir plus de 700 000 clients (492 500 pour SOTAIR et 252 000 pour Chorus). L’addition des chiffres la placerait derrière le Club Méditerranée (8 milliards de francs de CA) et Nouvelles Frontières (4,5 milliards).

1 + 1 n’ont jamais fait 2

Sur le papier, les deux entreprises sont complémentaires.

Jet tours offre une production nouvelle, orientée vers le long-courrier, et ses villages clubs Eldorador ont bonne presse.

Chorus développe, de son côté, une production moyen-courrier entrée de gamme.

Sur le terrain, rien ne va plus. Le nouveau Jet tours réunit deux cultures d’entreprise.

La première est perçue « comme une vieille dame endormie », qui s’est trop reposée sur sa maison-mère, Air France.

Depuis 3 ans, elle a accumulé les déficits et s’est éloignée, par une série de maladresses, des réseaux de distribution.

Chorus, qui vient du privé, voit ses clients déserter avec la disparition de la marque.

« Il y avait deux lignes de produits, deux modes de tarification, des qualités de services différentes. Le marché ne répondait plus et les chiffres étaient en chute libre. 1 + 1 n’ont jamais fait 2 comme certains l’avaient espéré… Tout juste 1,2 », déclare avec le recul René-Marc Chikli.

A LIRE DEMAIN : III. Jet tours : la montée en gamme après le rachat par Club Med

Retrouvez l'intégralité de la saga Jet tours
en cliquant ici.

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Commentaires

1.Posté par Francois Filloux le 23/08/2016 21:13 | Alerter
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J'ai eu l'honneur de servir sous l'ère Darmon , que je préfère appeler Roger. Ce fut un grand dirigeant , simple , abordable , cassant quand on était mauvais , mais juste. Il m'a beaucoup appris , c'était notre mentor à tous , les Eldo étaient la locomotive de Jet Tours , il foutait une paix royale au reste de la prod qui apportait sa contribution à hauteur des 20/80 la marge en plus et je crois bien que 25 ans plus tard rien a changé dans les ratios du modèle économique des grands TO qui restent.

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