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III. Ponant : à l'abordage de l'Antarctique, le grand continent blanc !

Journal de bord de C. Pérot, ex-PDG d'Aventuria et spécialiste des régions polaires


De Ushuaïa à la calotte glaciaire Antarctique, Christophe Pérot, ex-PDG d'Aventuria et spécialiste des régions polaires, a effectué une croisière-expédition de 16 jours avec Ponant dans "le sud du sud", en novembre 2016. Une expérience qu'il partage sur TourMaG.com. Ce dernier volet nous emmène en Antarctique. Au programme : de la banquise, des icebergs et de la calotte glaciaire.


Rédigé par Christophe PEROT le Mardi 31 Janvier 2017

Nous pénétrons dans des paysages constitués d’une palette de couleurs qui varie du blanc immaculé au bleu intense : de la banquise, des icebergs et de la calotte glaciaire - DR : C. Pérot
Nous pénétrons dans des paysages constitués d’une palette de couleurs qui varie du blanc immaculé au bleu intense : de la banquise, des icebergs et de la calotte glaciaire - DR : C. Pérot
Nous pénétrons maintenant à l’intérieur du « Circumpolaire Antarctique », ce courant marin glacial qui coule d’ouest en est autour de l’Antarctique.

La mer est maintenant à une température négative (-0,5°C), l’air extérieur est glacial, la houle très forte, de plus en plus d’icebergs dérivent avec lenteur dans un silence monacal.

Nous sommes au cœur des « cinquantièmes hurlants », une zone parmi les plus inhospitalières du monde… nous sommes aussi venus pour cela !

A cet instant, à la passerelle, l’ambiance est tout autre.

Concentré à l’extrême, le commandant Etienne Garcia dirige les opérations. Il est très calme, regarde ses radars, étudie les cartes, discute avec son second, scrute sans cesse l’horizon avec ses jumelles, ses ordres claquent : 5 degrés bâbord, 8 degrés tribord, réduction de la vitesse à 8 nœuds…

Naviguer au milieu de toute cette glace n’est, en effet, pas un jeu d’enfants. Les icebergs géants ne sont pas un souci, car ils sont très visibles.

Les plus problématiques sont les « growlers », ces morceaux de glace qui dépassent à peine de la surface, c’est pourquoi les radars ont beaucoup de mal à les détecter.

Ils peuvent peser des tonnes et s’avérer extrêmement dangereux si le bateau les percute. Grâce au commandant et à sa longue expérience des océans polaires, le Boréal se faufile dans ce labyrinthe de glace.

De la banquise, des icebergs et de la calotte glaciaire

Le sentiment de solitude est absolu, nous avons l’impression de toucher réellement le bout du monde - DR : C. Pérot
Le sentiment de solitude est absolu, nous avons l’impression de toucher réellement le bout du monde - DR : C. Pérot
Le lendemain matin à 5 heures, tout le monde est déjà sur le pont, chacun scrute l’horizon pour apercevoir le grand continent blanc, celui dont on rêve depuis des mois, le but ultime de notre voyage.

Le vent s’est calmé, la mer est presque d’huile… on approche. Rien en vue pour le moment, sinon des dizaines d’icebergs tabulaires plus beaux et plus grands les uns que les autres.

Il faudra attendre plus d’une heure avant d’entendre quelqu’un crier « TERRE » comme sur les navires d’expéditions des temps passés.

Le corps traversé de frissons, il est enfin là, juste devant nos yeux, immense désert blanc et glacé entouré d’océans meurtriers.

A ce moment-là, les noms de tous les grands aventuriers de l’Antarctique se bousculent dans ma tête : Smith, Ross, de Gerlache, Dumont d’Urville, Shackleton, Amundsen, Charcot… même si nous ne sommes plus des découvreurs, le souffle de l’aventure est bien présent et nous envahit d’une sensation de plénitude, juste un moment de pur bonheur.

Nous pénétrons dans des paysages constitués d’une palette de couleurs qui varie du blanc immaculé au bleu intense : de la banquise, des icebergs et de la calotte glaciaire.

Un sentiment de solitude absolu

Avec douceur, le navire vogue au plus près de ces cathédrales de glace - DR : C. Pérot
Avec douceur, le navire vogue au plus près de ces cathédrales de glace - DR : C. Pérot
L’Antarctique - grand comme 26 fois la France - est entièrement recouvert par la calotte polaire avec une épaisseur moyenne de 1 800 mètres et des maximums à plus de 4 800 mètres.

Il abrite 90% des glaces de la planète et 60% de ses réserves d’eau douce.

S'il fondait, le niveau d’eau des océans dans le monde augmenterait de 58 mètres. Il y fait froid toute l’année et même plus que cela parfois... le record date du 10 août 2010 est de - 93,2°C, à peine croyable !

Ce 25 novembre 2016 est une journée particulière, celle de notre premier contact avec l’inlandsis, ce continent presque inconnu resté inchangé depuis des millions d’années.

Tout à notre excitation, nous débarquons à Brown Bluff au nord-est de la Péninsule. Le paysage ne ressemble à aucun autre : beaucoup de « glaçons », des montagnes dépassant à peine de la calotte polaire car elles aussi ont été englouties par la glace, un monstrueux glacier qui se jette dans la mer et se brise en d’immenses icebergs tabulaires… et des milliers de manchots Adélie qui ne quittent jamais ces latitudes extrêmes et ne vivent qu’en Antarctique.

Le sentiment de solitude est absolu, nous avons l’impression de toucher réellement le bout du monde.

Plus tard, nous naviguons dans une vaste baie où dérivent des icebergs et des plaques de banquise. La mer est assez calme et le commandant décide de nous faire plaisir.

Avec douceur, le navire vogue au plus près de ces cathédrales de glace. Certaines mesurent plus de 100 mètres de hauteur avec 9 fois plus de glace sous l’eau, et 2 ou 3 kilomètres de long.

Après cette navigation incroyable, ponctuée par le balai majestueux de quelques baleines, nous débarquons en soirée dans l’Antartic Sound. Cette première journée en terre Antarctique fût intense, mais d’après nos guides lors du briefing - demain sera encore plus fort en émotions, nous avons hâte d’y être…

Marcher sur la banquise, un moment unique dans une vie

Marcher sur la banquise, un moment unique dans une vie - DR : C. Pérot
Marcher sur la banquise, un moment unique dans une vie - DR : C. Pérot
6h du matin, nous sommes à nouveau sur le pont. Le navire s’engage dans la Baie Andvord, encadrée par des montagnes enneigées d’un blanc immaculé... nul mot ne peut décrire ce que nous voyons.

Après des heures de navigation, le bateau vire à bâbord pour entrer dans la baie Paradis. Elle abrite la station scientifique argentine « Gonzales Videla », qui ne fonctionne que 4 mois par an et est encore totalement inhabitée en cette fin novembre.

Une sortie en zodiac nous attend au milieu de toute cette glace, magique !

Mais l’aventure ne s’arrête plus et le lendemain, les guides nous réservent encore une surprise. Le bateau s’avance très doucement au fond de la baie Wilhelmina et se bloque sur la banquise.

La nouvelle tombe : la glace est assez épaisse, nous allons pouvoir marcher sur la banquise, un moment unique dans une vie. Excités comme des puces, nous sautons dans les zodiacs et débarquons : photos, roulades sur la glace, cris de joie… certains ont même la bonne idée d’emmener une bouteille de champagne pour fêter ce moment.

Le dernier jour en Antarctique est consacré à la découverte de l’île de la déception, un ancien cratère gagné par la mer. La météo a changé, le ciel est sombre, le vent glacial, une neige épaisse tombe.

Nous débarquons pour gravir une montagne et nous rendre au bord de ce cratère. Une marche difficile nous permet d’appréhender ce continent dans ses conditions presque habituelles. Comment à cet instant ne pas penser à ces aventuriers qui ont découvert ce continent si attractif et pourtant si dangereux.

Des émotions Antarctique

La fin du voyage est proche, 2 jours encore pour passer le trop célèbre Drake et rejoindre Ushuaïa. Ce passage mythique est certainement le plus tourmenté de la planète, car il traverse les cinquantièmes hurlants entre l’Antarctique et le Cap Horn.

Réalité presque inconcevable, une tempête frappe cette zone en moyenne tous les deux jours. Le Passage de Drake est à la fois le rêve et le cauchemar de tous les marins. Le commandant nous annonce : « cela va secouer »…

La première nuit est en effet très agitée, avec une énorme houle et des vagues de 7 à 8 mètres. Le navire monte, descend, tape certaines vagues dans d’immenses gerbes d’eau, mais garde son cap en nous donnant une impression de totale sécurité. Comme dans les glaces, le commandant et son équipage ne quitteront pas la passerelle de la nuit…

Après ces deux jours, nous nous engageons dans le canal Beagle. Nous regrettons déjà de devoir quitter Le Boréal, ce magnifique yacht où le concept de « luxe à la française » n’est pas une promesse, mais bel et bien une réalité.

Quelques heures plus tard, le bateau ralenti, manœuvre et accoste le long du quai. Ushuaïa la belle sonne le glas de la fin de cette incroyable aventure.

Après 17 jours et 3348 miles parcourus (6 200 km), il est l’heure de retraverser le monde pour rejoindre la France, après avoir vécu pleinement ces émotions Antarctique.

A propos de la croisière...

Le Boréal de Ponant

- Petit yacht luxueux de 142 mètres avec 139 membres d’équipage
- Classification glace 1C
- 132 cabines et suites de 18 à 45 M2
- 200 passagers au maximum pour les croisières Antarctique

La programmation saison 2017/2018

- De novembre 2017 et mars 2018
- 14 croisières de 11 à 17 jours
- 3 navires Ponant seront en Antarctique : Le Boréal, Le Soléal et le Lyrial

Se rendre à Ushuaïa

- Vols France - Buenos Aires : selon votre ville de départ, il y a de nombreuses possibilités pour rejoindre Buenos Aires : Iberia, British, Lufthansa, Air France, Aerolineas…
- Vols Buenos Aires - Ushuaïa : plusieurs vols quotidiens avec Aerolineas ou Latam.

Dormir à Ushuaïa, nos coups de cœur

- L’Arakur qui domine la ville et la baie à flanc de colline
- Los Cauquenes qui est au bord du canal Beagle.

Retrouvez l'intégralité du journal de bord de Christophe Pérot en cliquant sur ce lien.


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