Incendies Los Angeles : un film catastrophe à Hollywood [ABO]

Les images font le tour du monde et elles sont terrifiantes.

Depuis le 7 janvier, différents incendies à Los Angeles ravagent les canyons et collines de la ville. Attisées par des rafales atteignant près de 160 km/h, les flammes ont ravagé des rues entières du quartier huppé de Palisades et détruit plusieurs villas de stars.

Alors que le gouverneur de Californie annonce que près de 7 500 soldats du feu se battent pour circonscrire les feux, l'élu parle aussi d'un évènement "sans précédent" pour Los Angeles.

Un constat que rejoint Jean Eustache, certes Canadien d'origine et patron d'un tour-opérateur français, mais un grand spécialiste des USA.


"Les feux autour de la ville perdurent depuis 4 ou 5 mois, notamment dans le secteur de Calabasas, nous étions encore loin des quartiers mythiques.

Sauf que maintenant, ils touchent Hollywood et Palisades et c'est très embêtant.

Je dois bien reconnaitre que pour la première fois, en plein hiver, nous faisons face à des feux qui durent, puis à des incendies qui atteignent si je puis dire le centre de Los Angeles," témoigne le PDG d'AmeriGO.

Une ville et une région pourtant habituée à lutter contre les flammes, mais qui n'avait jamais connu pareil évènement dans son histoire.

Au-delà des maisons de Paris Hilton, Laeticia Hallyday ou encore l'ancienne résidence de Matthew Perry qui font la Une des journaux télévisés, plus de 130 000 personnes ont été évacuées.

Un chiffre important, mais anecdotique, pour une ville qui compte 3,821 millions d'habitants, le tout sur des distances dantesques, puisque la cité s'étend sur 70km d'une ligne allant du nord au sud.

La ville de Santa Monica a émis un couvre-feu et un ordre d'évacuation. France Diplomatie alerte également les voyageurs.

Ainsi, il est conseillé d'éviter tout déplacement dans le quartier de Pacific Palisades et ses environs, puis de suivre les consignes des autorités locales. De plus de nombreuses attractions touristiques sont aussi impactées.

Le Getty Center et la Getty Villa ont décidé de fermer leurs portes au moins jusqu'au 12 janvier, tandis que l'Observatoire Griffith et le panneau Hollywood, mais aussi les lieux environnants sont fermés jusqu'à nouvel ordre.

A cette liste doivent s'ajouter les nombreux studios de cinéma, à l'image d'Universal ou de la Paramount.

"On ne pensait pas que ça pouvait arriver sur les hauteurs de Hollywood ou à Palisades.

Toutes les maisons sur Mulholland Drive, un secteur mythique, sont menacées. La situation est très complexe, car la fumée s’est propagée dans l’ensemble ou une partie de la ville.

Nous sommes en train de repenser les voyages de clients et allons appeler les agences de voyages," poursuit le patron du tour-opérateur.

Deux établissements hôteliers seraient aussi affectés par les feux.

De nombreuses routes sont désormais fermées pour permettre aux pompiers de mener à bien les opérations. Le dernier bilan est humainement lourd, puisqu'il fait état de 5 morts.

L'ordre d'évacuation du légendaire quartier d'Hollywood a même été ordonné, afin de limiter les pertes humaines.

Sans minimiser le drame humain, l’hiver en Californie correspond plutôt à la basse saison, heureusement. Les touristes français y seraient en faible nombre, à tel point que le SETO ne s'est pas encore emparé du sujet.
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"Nous n'avons pas eu de retour de la part de nos adhérents.

La véritable inquiétude pourrait venir de Hollywood Boulevard et Rodeo Drive si ces secteurs se retrouvaient à un moment ou un autre, fermés. C'est le coin un peu touristique de la ville, à l'exception du parc de Disney. Après la situation peut évoluer dans un sens comme dans l'autre," analyse Hervé Tilmont, directeur général du SETO.

Le constat est le même chez les différents producteurs interrogés.

Par chance, ces incendies exceptionnels arrivent à une période, où les Français ne voyagent pas ou très peu dans cette partie des États-Unis. Elle est plutôt plébiscitée au printemps et à l'été.

"Sur le plan touristique pure, les évènements n'ont aucune incidence.

Il y a vraiment assez peu de personnes sur place. Nous avons un départ pour un autotour demain, mais les gens vont vite partir ailleurs.

Un seul point problématique : la fermeture de la route côtière de Malibu. Le détour représente de 50 minutes.

Je suis résolument confiant, puisque cela se passe dans une zone où se trouve beaucoup d'habitations, donc les autorités vont mettre énormément de moyens," temporise Rémi Véniten, le président de l'Office du Tourisme des USA.

Même si l'impact est minime pour l'industrie à cette période, la survenue de tels évènements à cette période interroge.

Pour se rendre compte de leur aspect exceptionnel, puisons dans les archives de TourMaG.com.

Certes en décembre 2017 et en novembre 2018, des feux avaient déjà eu lieu. Ils n'avaient pas provoqué de tels dégâts, surtout la grande majorité des informations ont été écrites en juin (2016), juillet (2018, 2019, 2022) et août (2013, 2016, 2017).

"Habituellement ces phénomènes se déroulent au printemps ou en septembre, lorsque des orages électriques éclatent. Ils touchent essentiellement des lieux faiblement peuplés," reconnaît le président de l'OT.

La survenance des incendies en janvier, alors même que l'Etat fait face à un risque élevé d'incendie, en raison de la persistance de "températures supérieures à la normale et des précipitations inférieures à la normale persisteront jusqu'en février," d'après le département des forêts et de la protection contre les incendies de Californie.

Cette situation d'alerte permanente pourrait-elle complexifier à l'avenir les anticipations et le travail des professionnels du tourisme ?

"Nous ne sommes pas vraiment à devoir adapter nos programmes à l'avance, en fonction de la saison des incendies.

La sécheresse sévit en Californie depuis 20 ans. Certaines années, il ne pleut que quelques jours à Los Angeles. Pour le moment, rien n'est systématique, d'ailleurs on parle de dérèglement climatique.

Pour remédier à ces aléas, nous avons mis en place une conciergerie sur place pour aider les voyageurs," constate Jean Eustache.

Le son de cloche est le même du côté de Kuoni.

"C'est étonnant à cette période de l'année, je n'ai pas souvenir d'incendies en janvier.

Dans le même temps, nous avons eu des retours des Maldives, où la météo n'était pas terrible pendant les vacances de fin d'année.

Les clients ne nous interpellent pas sur les phénomènes climatiques. Après, bien sûr que les choix se font en fonction de la météo et des saisons, même si aujourd'hui cela devient de plus en plus compliqué de prédire les choses.

Vous avez l'exemple de l'île Maurice où, depuis 2 ou 3 ans, les vacances de Noël n'ont pas été très bonnes. Ce n'est pas terrible quand vous vendez une destination balnéaire," nous confie Emmanuel Foiry, le président de Kuoni.

La Californie comme d'autres régions du monde pourraient connaitre à l'avenir une désaffection des voyageurs, en raison de conditions météorologiques de plus en plus éprouvantes.

Demain la neige se fera plus rare dans les montagnes françaises et le pourtour du bassin méditerranéen se désertifiera, les destinations seront bien moins attractives, car rares seront les voyageurs à vouloir affronter un thermomètre qui s'affolera.

"En Europe, les clients cherchent le soleil l'été, mais pas la canicule. Dans quelle mesure après plusieurs années de très fortes chaleurs, les voyageurs auront-ils envie d'aller sur les plages, par exemple en Catalogne ? Tout cela peut vraiment venir bouleverser le paysage touristique.

Ces situations peuvent rebattre les cartes des destinations considérées comme attirantes pour les vacanciers, » évoquait François Gemenne, chercheur et politologue, lors [d’un Forum du SETO.] urlblank:https://www.tourmag.com/Climat-quels-sont-les-risques-pour-le-transport-et-le-tourisme-%F0%9F%94%91_a119047.html

La Californie n'en est pas encore là, mais si nous regardons plus loin que la fin de l'actuelle décennie, la question pourrait se poser...