Jean Eustache : "Notre avenir est très incertain et d’autres surprises, bonnes ou mauvaises, nous attendent encore !" - DR : AmériGo
TourMaG.com - Comment voyez-vous la reprise et quels en sont les principaux enjeux, selon vous ?
Jean Eustache : Je pense que la reprise va être très longue et très complexe. Longue car la confiance est cassée chez un nombre important de nos clients.
J’en veux pour preuve une demande toujours très faible sur les destinations « orange » où, pourtant, une personne vaccinée peut aller très facilement.
Même mes collègues, spécialistes des circuits en Europe, me disent qu’ils annulent presque tous leurs départs.
Il y a toujours des volontaires au voyage mais je pense qu’ils sont beaucoup moins nombreux qu’avant.
Pour que nous retrouvions les volumes de 2019, cela va prendre du temps.
La reprise va être complexe également car de nombreuses personnes ont quitté le tourisme, en France comme à l’étranger. Ces départs vont se faire sentir au moment du redémarrage.
Les compagnies aériennes sont désorganisées et les plans de vols très flous : cela va impacter les tour-opérateurs.
Les règles sanitaires vont être lourdes avec des contrôles des vaccins un peu partout, les destinations qui vont rester « rouges ou orange » pendant encore de long mois.
Les rappels vaccinaux qui vont reprendre bientôt, sans parler de la 3e dose qui commence à être préconisée. Il va falloir repartir à la chasse aux rendez-vous dans les centres de vaccination.
Bref, les défis restent importants et nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Jean Eustache : Je pense que la reprise va être très longue et très complexe. Longue car la confiance est cassée chez un nombre important de nos clients.
J’en veux pour preuve une demande toujours très faible sur les destinations « orange » où, pourtant, une personne vaccinée peut aller très facilement.
Même mes collègues, spécialistes des circuits en Europe, me disent qu’ils annulent presque tous leurs départs.
Il y a toujours des volontaires au voyage mais je pense qu’ils sont beaucoup moins nombreux qu’avant.
Pour que nous retrouvions les volumes de 2019, cela va prendre du temps.
La reprise va être complexe également car de nombreuses personnes ont quitté le tourisme, en France comme à l’étranger. Ces départs vont se faire sentir au moment du redémarrage.
Les compagnies aériennes sont désorganisées et les plans de vols très flous : cela va impacter les tour-opérateurs.
Les règles sanitaires vont être lourdes avec des contrôles des vaccins un peu partout, les destinations qui vont rester « rouges ou orange » pendant encore de long mois.
Les rappels vaccinaux qui vont reprendre bientôt, sans parler de la 3e dose qui commence à être préconisée. Il va falloir repartir à la chasse aux rendez-vous dans les centres de vaccination.
Bref, les défis restent importants et nous ne sommes pas au bout de nos peines.
TourMaG.com - Les ressources humaines vont-elles jouer un rôle axial dans la relance de l'industrie du tourisme ?
Jean Eustache : Là aussi la problématique va être très complexe à gérer.
Il y a eu des licenciements dans toute l’industrie et, même si des salariés attendent d’être rappelés, il sera compliqué de les réembaucher immédiatement pour faire des devis alors que les réseaux règlent un mois après le retour des clients.
Il y a aussi beaucoup de salariés qui ont démissionné pour changer de secteur. Je sais que beaucoup d’agences vont avoir du mal à reprendre leur activité comme avant, faute de salariés.
Le problème va aussi se poser dans les destinations. Nos réceptifs ont licencié beaucoup de leurs collaborateurs et la reprise va être très compliquée pour eux aussi.
En Amérique du Nord, les équipes des réceptifs étaient composées de nombreux jeunes Français qui sont rentrés chez eux. Il ne reste plus beaucoup de collaborateurs aujourd’hui.
Cette situation nous rappellera l’année 2004 quand les USA sont repartis après deux ans d’arrêt complet !
Jean Eustache : Là aussi la problématique va être très complexe à gérer.
Il y a eu des licenciements dans toute l’industrie et, même si des salariés attendent d’être rappelés, il sera compliqué de les réembaucher immédiatement pour faire des devis alors que les réseaux règlent un mois après le retour des clients.
Il y a aussi beaucoup de salariés qui ont démissionné pour changer de secteur. Je sais que beaucoup d’agences vont avoir du mal à reprendre leur activité comme avant, faute de salariés.
Le problème va aussi se poser dans les destinations. Nos réceptifs ont licencié beaucoup de leurs collaborateurs et la reprise va être très compliquée pour eux aussi.
En Amérique du Nord, les équipes des réceptifs étaient composées de nombreux jeunes Français qui sont rentrés chez eux. Il ne reste plus beaucoup de collaborateurs aujourd’hui.
Cette situation nous rappellera l’année 2004 quand les USA sont repartis après deux ans d’arrêt complet !
TourMaG.com - Au niveau de votre entreprise, qu'allez-vous changer et quels sont les défis à relever dans les prochains mois ?
Jean Eustache : Chez AmériGo, il y a beaucoup moins de monde. Beaucoup de collaborateurs très compétents sont partis, cela a été très dur à vivre.
Nous avons surtout coupé dans le service commercial et le service des individuels sur-mesure.
Pour le commercial, nous allons solliciter des commerciaux indépendants afin de garder une présence dans les agences. Et nous allons demander aux commerciaux salariés toujours présents de faire de leur mieux. Nous allons essayer de compenser avec des formations à distance qui, j’espère, rencontreront du succès auprès des agences.
Et pour les individuels sur-mesure, nous ne pourrons pas répondre à tous quand le marché repartira. Cela va être très frustrant mais nous n’aurons pas le choix…
TourMaG.com - Redoutez-vous cette reprise, entre la baisse des aides, le remboursement des avoirs et l'endettement supplémentaire (PGE) ?
Jean Eustache : Chez AmériGo nous ne faisons pas de BtoC : nous avions donc peu d’avoirs et nous en avons déjà remboursé beaucoup. Il n’y a eu aucune confusion entre l’argent des clients et le nôtre.
Selon moi, nous avons 2 scénarios qui nous attendent. Soit le redémarrage est très lent, à cause d’ouverture de frontières encore repoussée, ou à cause d’un chiffre d’affaire très bas et plus encore que le problème de l’endettement, c’est surtout l’envie de continuer qui va se poser ?
Beaucoup de collaborateurs sont usés, chez nous comme dans le reste de l’industrie. Sans les aides financières, ce sera perdre de l’argent tous les jours pour vivre une situation déprimante : est-ce que cela à un sens à long terme ?
Soit l’autre scénario, c’est celui d’un vrai redémarrage dès le mois de septembre : le contexte sera alors stimulant pour tous mais compliqué car il faudra recruter à nouveau et avancer beaucoup d’argent aux fournisseurs alors que nous sommes payés par les réseaux un mois après le retour des passagers...
Heureusement, les aides reçues et le PGE nous permettront de faire la soudure.
Pour être transparent, j’avais tablé, dès l’automne 2020, sur un chiffre d’affaires à 0 en 2021 et à 50% en 2022 (par rapport à 2019).
A l’époque, on me reprochait d’être trop pessimiste. Aujourd’hui, l’année 2021 est terminée sans avoir commencé et tout le monde reconnait que faire 50% l’année prochaine ne sera pas si simple…
Jean Eustache : Chez AmériGo, il y a beaucoup moins de monde. Beaucoup de collaborateurs très compétents sont partis, cela a été très dur à vivre.
Nous avons surtout coupé dans le service commercial et le service des individuels sur-mesure.
Pour le commercial, nous allons solliciter des commerciaux indépendants afin de garder une présence dans les agences. Et nous allons demander aux commerciaux salariés toujours présents de faire de leur mieux. Nous allons essayer de compenser avec des formations à distance qui, j’espère, rencontreront du succès auprès des agences.
Et pour les individuels sur-mesure, nous ne pourrons pas répondre à tous quand le marché repartira. Cela va être très frustrant mais nous n’aurons pas le choix…
TourMaG.com - Redoutez-vous cette reprise, entre la baisse des aides, le remboursement des avoirs et l'endettement supplémentaire (PGE) ?
Jean Eustache : Chez AmériGo nous ne faisons pas de BtoC : nous avions donc peu d’avoirs et nous en avons déjà remboursé beaucoup. Il n’y a eu aucune confusion entre l’argent des clients et le nôtre.
Selon moi, nous avons 2 scénarios qui nous attendent. Soit le redémarrage est très lent, à cause d’ouverture de frontières encore repoussée, ou à cause d’un chiffre d’affaire très bas et plus encore que le problème de l’endettement, c’est surtout l’envie de continuer qui va se poser ?
Beaucoup de collaborateurs sont usés, chez nous comme dans le reste de l’industrie. Sans les aides financières, ce sera perdre de l’argent tous les jours pour vivre une situation déprimante : est-ce que cela à un sens à long terme ?
Soit l’autre scénario, c’est celui d’un vrai redémarrage dès le mois de septembre : le contexte sera alors stimulant pour tous mais compliqué car il faudra recruter à nouveau et avancer beaucoup d’argent aux fournisseurs alors que nous sommes payés par les réseaux un mois après le retour des passagers...
Heureusement, les aides reçues et le PGE nous permettront de faire la soudure.
Pour être transparent, j’avais tablé, dès l’automne 2020, sur un chiffre d’affaires à 0 en 2021 et à 50% en 2022 (par rapport à 2019).
A l’époque, on me reprochait d’être trop pessimiste. Aujourd’hui, l’année 2021 est terminée sans avoir commencé et tout le monde reconnait que faire 50% l’année prochaine ne sera pas si simple…
TourMaG.com - Face à cette pandémie, à quoi ressemblera, selon vous, le tourisme de demain ?
Jean Eustache : Notre industrie va mettre de longues années à se relever de ses pertes, du départ de collaborateurs compétents et d’une confiance qui est mise à mal chez beaucoup de nos clients.
Beaucoup d’agences ont déjà disparu et j’ai peur que d’autres disparaissent encore. La question du nombre de TO se posait déjà avant la crise et la concentration a déjà commencé. Il va sans doute falloir la poursuivre.
Et puis le risque climatique va peser de plus en plus lourd dans les années à venir. Nous n’échapperons pas à une taxation écologique du transport aérien et c’est normal. Cela aurait déjà du être fait depuis longtemps mais nous avons repoussé à plus tard.
Il faudrait changer nos habitudes de consommation mais la majorité est encore réticente. Chez AmériGo nous avons essayé les voyages en vélo cette année et ce n’est pas un succès.
Le chemin est encore long avant de voir tourisme et préservation de l’environnement en harmonie. Bref, notre avenir est très incertain et d’autres surprises, bonnes ou mauvaises, nous attendent encore !
Jean Eustache : Notre industrie va mettre de longues années à se relever de ses pertes, du départ de collaborateurs compétents et d’une confiance qui est mise à mal chez beaucoup de nos clients.
Beaucoup d’agences ont déjà disparu et j’ai peur que d’autres disparaissent encore. La question du nombre de TO se posait déjà avant la crise et la concentration a déjà commencé. Il va sans doute falloir la poursuivre.
Et puis le risque climatique va peser de plus en plus lourd dans les années à venir. Nous n’échapperons pas à une taxation écologique du transport aérien et c’est normal. Cela aurait déjà du être fait depuis longtemps mais nous avons repoussé à plus tard.
Il faudrait changer nos habitudes de consommation mais la majorité est encore réticente. Chez AmériGo nous avons essayé les voyages en vélo cette année et ce n’est pas un succès.
Le chemin est encore long avant de voir tourisme et préservation de l’environnement en harmonie. Bref, notre avenir est très incertain et d’autres surprises, bonnes ou mauvaises, nous attendent encore !
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