Jean François Rial, PDG de Voyageurs du Monde : "Je peux changer d’avis et je le fais souvent. En revanche, je suis un homme de passion et il y a des sujets que je « bosse » à fond ! Et parfois il y a des moments où, sans vouloir, je peux affirmer être sûr d’avoir raison… ou presque !" - © Stéphanie Tétu
TourMaG.com - Avant d’entrer dans le vif du sujet, une question qui me brûle les lèvres : êtes-vous un "bobo", comme on vous traite régulièrement ?
Jean-François Rial : On me traite de « bobo », c’est vrai. Déjà, je ne suis pas sûr que ceux qui me traitent ainsi sachent vraiment ce que cela veut dire, pas plus que je ne sois sûr que cela veuille dire quelque chose !
Mais si être bobo, c’est défendre ceux qui sont en difficulté, pour donner un tiers de nos résultats comme nous le faisons avec mes associés à nos salariés, d’être écologiste mais en même temps d’être entrepreneur et riche, ben oui, je suis un bobo et fier de l’être !
Mais vous savez, je trouve ça absurde de mettre les gens dans des cases ! C’est réducteur et ça empêche de réfléchir ! C’est idiot !
TourMaG.com - En arrivant, vous m’avez dit que vous alliez dorénavant « essayer de vous calmer » ?
J.-F.R. : À 56 ans, même si je l’ai fait toute ma vie sur le sens de cette vie, on est obligé de s’interroger. Et essayer de s’apaiser.
TourMaG.com - Mais pour s’apaiser, il faut avoir eu des crises...
J.-F.R. : Oui bien sûr. Je pense que c’est le lot de tout être humain. Tout humain traverse des crises épouvantable. Tout le monde. Moi j’en ai eu une particulière qui a dominé toute ma vie. Et qui est obligé de vous rendre humble.
Quand vous êtes le responsable, c’est ainsi qu’on peut le dire, à défaut d’être coupable de la mort de sa propre fille, vous êtes obligé de vous interroger. Vous ne pouvez pas ne pas vous interroger !
TourMaG.com - Responsable ? Est-ce que ce ne sont pas les circonstances ?
J.-F.R. : Coupable, je n’ai jamais ressenti ce terme. Responsable indéniablement. J’ai fait une fausse manipulation qui a provoqué l’accident et la mort de ma fille. Donc je suis responsable, il n’y a aucun doute là-dessus.
TourMaG.com - Vous êtes chrétien. N’avez-vous pas l’idée, dans un coin de votre tête, de vous dire que c’est la volonté d’un être supérieur ?
J.-F.R. : Non ! Je pense que la vérité est autre. J’ai une grande attirance spirituelle chrétienne, bouddhiste, kabbalistes, soufiste et même hindoue.
Toutes ces sensibilités m’ont toujours interpellé, mais je pense qu’il y a des choses qui sont du domaine du destin. Mais pas ça.
Ça m’arrangerait, mais la vérité c’est que j’ai manqué d’attention. Et l’attention, la veille de chaque instant, c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Et là j’ai manqué d’attention. Ce manque d’attention doit m’imposer de réfléchir. À ce que je suis, à ce que je fais…
Jean-François Rial : On me traite de « bobo », c’est vrai. Déjà, je ne suis pas sûr que ceux qui me traitent ainsi sachent vraiment ce que cela veut dire, pas plus que je ne sois sûr que cela veuille dire quelque chose !
Mais si être bobo, c’est défendre ceux qui sont en difficulté, pour donner un tiers de nos résultats comme nous le faisons avec mes associés à nos salariés, d’être écologiste mais en même temps d’être entrepreneur et riche, ben oui, je suis un bobo et fier de l’être !
Mais vous savez, je trouve ça absurde de mettre les gens dans des cases ! C’est réducteur et ça empêche de réfléchir ! C’est idiot !
TourMaG.com - En arrivant, vous m’avez dit que vous alliez dorénavant « essayer de vous calmer » ?
J.-F.R. : À 56 ans, même si je l’ai fait toute ma vie sur le sens de cette vie, on est obligé de s’interroger. Et essayer de s’apaiser.
TourMaG.com - Mais pour s’apaiser, il faut avoir eu des crises...
J.-F.R. : Oui bien sûr. Je pense que c’est le lot de tout être humain. Tout humain traverse des crises épouvantable. Tout le monde. Moi j’en ai eu une particulière qui a dominé toute ma vie. Et qui est obligé de vous rendre humble.
Quand vous êtes le responsable, c’est ainsi qu’on peut le dire, à défaut d’être coupable de la mort de sa propre fille, vous êtes obligé de vous interroger. Vous ne pouvez pas ne pas vous interroger !
TourMaG.com - Responsable ? Est-ce que ce ne sont pas les circonstances ?
J.-F.R. : Coupable, je n’ai jamais ressenti ce terme. Responsable indéniablement. J’ai fait une fausse manipulation qui a provoqué l’accident et la mort de ma fille. Donc je suis responsable, il n’y a aucun doute là-dessus.
TourMaG.com - Vous êtes chrétien. N’avez-vous pas l’idée, dans un coin de votre tête, de vous dire que c’est la volonté d’un être supérieur ?
J.-F.R. : Non ! Je pense que la vérité est autre. J’ai une grande attirance spirituelle chrétienne, bouddhiste, kabbalistes, soufiste et même hindoue.
Toutes ces sensibilités m’ont toujours interpellé, mais je pense qu’il y a des choses qui sont du domaine du destin. Mais pas ça.
Ça m’arrangerait, mais la vérité c’est que j’ai manqué d’attention. Et l’attention, la veille de chaque instant, c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Et là j’ai manqué d’attention. Ce manque d’attention doit m’imposer de réfléchir. À ce que je suis, à ce que je fais…
"Maya éclaire ma vie !"
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TourMaG.com - Et depuis…
J.-F.R. : Cela a accéléré ma transformation. Cela a changé le fondamental dans ma vie, c’est pour cela que j’ai hésité à vous accorder cet entretien.
Je me disais si je lui accorde cet entretien, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup, pour qui j’ai de l’affection, et donc je ne peux pas me contenter de lui raconter ma simple histoire professionnelle. Qui finalement n’est pas l’essentiel de ma vie.
Et donc je me suis dit, il faut que je lui parle vraiment. L’histoire professionnelle n’est qu’une conséquence... presque. Presque !
TourMaG.com - Quel âge aviez-vous lorsque c’est arrivé ?
J.-F.R. : J’avais 37 ans. Mais ce que cela m’a appris de fondamental, que je savais déjà, mais qui l’a renforcé, c’est à quel point la souffrance intérieure pouvait être violente !
Terrifiante même.
Et quand je vois des gens souffrir, ça me parle. Ça me parle vraiment. J’ai toujours eu ça dans ma tête parce que ce sont mes parents qui m’ont inculqué les valeurs d’attention aux autres, mais ce moment l’a exacerbé.
Et puis, Maya éclaire ma vie…
TourMaG.com - Cette conception vis-à-vis des autres ne vous a jamais quitté depuis ?
J.-F.R. : Non jamais. Je pense que tous mes engagements, que ce soit sur les migrants, le Refettorio, tous ces projets que j’ai pu mener, tout ceci est lié à trois choses et en premier lieu à l’éducation de mes parents...
TourMaG.com - Vos parents comptent beaucoup pour vous, n’est-ce pas ?
J.-F.R. : Énormément. Mes parents m’ont tout donné en fait. Ils m’ont tout appris : les droits de l'Homme, le fait que toute personne de toute race et de toute religion est égale en droits et en valeur.
Par exemple, la Shoah m’a toujours énormément choqué. C’est quelque chose qui me fascine et jamais je ne suis jamais arrivé à comprendre que des êtres humains aient pu faire une chose pareille ! Je ne comprends pas… Et donc je cherche !
La seconde chose, c’est que j’ai toujours été quelqu’un de tourmenté. Depuis toujours, depuis tout petit. C’est comme ça ! Du coup, j’ai essayé de me "dé-tourmenter" et je pense que je suis devenu entrepreneur à cause de ça.
C’est-à-dire que lorsque j’agis, je ne suis pas tourmenté !
J.-F.R. : Cela a accéléré ma transformation. Cela a changé le fondamental dans ma vie, c’est pour cela que j’ai hésité à vous accorder cet entretien.
Je me disais si je lui accorde cet entretien, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup, pour qui j’ai de l’affection, et donc je ne peux pas me contenter de lui raconter ma simple histoire professionnelle. Qui finalement n’est pas l’essentiel de ma vie.
Et donc je me suis dit, il faut que je lui parle vraiment. L’histoire professionnelle n’est qu’une conséquence... presque. Presque !
TourMaG.com - Quel âge aviez-vous lorsque c’est arrivé ?
J.-F.R. : J’avais 37 ans. Mais ce que cela m’a appris de fondamental, que je savais déjà, mais qui l’a renforcé, c’est à quel point la souffrance intérieure pouvait être violente !
Terrifiante même.
Et quand je vois des gens souffrir, ça me parle. Ça me parle vraiment. J’ai toujours eu ça dans ma tête parce que ce sont mes parents qui m’ont inculqué les valeurs d’attention aux autres, mais ce moment l’a exacerbé.
Et puis, Maya éclaire ma vie…
TourMaG.com - Cette conception vis-à-vis des autres ne vous a jamais quitté depuis ?
J.-F.R. : Non jamais. Je pense que tous mes engagements, que ce soit sur les migrants, le Refettorio, tous ces projets que j’ai pu mener, tout ceci est lié à trois choses et en premier lieu à l’éducation de mes parents...
TourMaG.com - Vos parents comptent beaucoup pour vous, n’est-ce pas ?
J.-F.R. : Énormément. Mes parents m’ont tout donné en fait. Ils m’ont tout appris : les droits de l'Homme, le fait que toute personne de toute race et de toute religion est égale en droits et en valeur.
Par exemple, la Shoah m’a toujours énormément choqué. C’est quelque chose qui me fascine et jamais je ne suis jamais arrivé à comprendre que des êtres humains aient pu faire une chose pareille ! Je ne comprends pas… Et donc je cherche !
La seconde chose, c’est que j’ai toujours été quelqu’un de tourmenté. Depuis toujours, depuis tout petit. C’est comme ça ! Du coup, j’ai essayé de me "dé-tourmenter" et je pense que je suis devenu entrepreneur à cause de ça.
C’est-à-dire que lorsque j’agis, je ne suis pas tourmenté !
"J'aime les gens, c'est une grande chance dans la vie..."
TourMaG.com - Pourtant être entrepreneur c’est souvent une tourmente et une angoisse permanente ?
J.-F.R. : Oui, mais ce sont des tourments qui sont moins importants, qui sont moins profonds, qui sont plus superficiels… Un problème de business, ce n’est jamais très grave.
TourMaG.com - Et la troisième chose ?
J.-F.R. : La troisième chose bien évidemment, c’est la perte de cette petite fille, cette enfant.
Ces éléments-là ont toujours dirigé ma vie avec plus ou moins de bonheur.
On peut avoir des idéaux, des valeurs mais pas toujours bien les pratiquer. On fait ce que l’on peut…
TourMaG.com - Cet accident a-t-il joué sur votre vie de couple ?
J.-F.R. : Oui. J’ai eu trois femmes dans ma vie. À l’époque, j’étais avec ma seconde femme qui était la mère de Maya. Et notre couple n’a pas résisté à cet accident...
Même si nous sommes restés proches, parce que lorsque l’on vit un événement pareil, on reste lié à vie, nous étions deux êtres trop tourmentés pour bien fonctionner ensemble.
Aujourd’hui, ma femme, Nathalie avec qui je suis en harmonie très forte est quelqu’un qui me calme plus, qui m’amène davantage de sérénité.
TourMaG.com - Elle vous supporte parfois ?
J.-F.R. : (rires) Oui parfois, bien sûr ! Les êtres tourmentés ne sont pas toujours facile à vivre ! Mais ce qui est bien, c’est de s’apercevoir qu’avec le temps on ne change pas son ADN, mais on progresse.
C’est-à-dire que l’on calme ses tourments, on corrige ses défauts. Moi, par exemple j’ai le gros défaut de l’impatience. Je le corrige et j’essaie d’être gentil, même lorsque je manifeste de l’impatience envers les gens.
En fait, j’aime les gens, c’est une grande chance dans ma vie. Et il y en a beaucoup avec qui je suis en harmonie, avec qui je suis bien…
TourMaG.com - Pourtant vous avez souvent des déclarations très dures. Vous vous sentez quand même gentil ?
J.-F.R. : Sincèrement, j’essaie d’être gentil et bienveillant. J’espère l’être et que mes équipes le ressentent. Mais, je dis bien mais, je suis un homme de passion et de conviction.
Parfois je vais exprimer mes convictions, mes passions de façon trop brutale. Ce qui peut heurter les autres. Et donc je peux passer pour « pas gentil », voire arrogant, ce qui est pour moi l’horreur absolue !
Ça ne correspond absolument en rien à ce que j’essaie d’aspirer mais, vous savez, chaque être est complexe.
Tiens un exemple : lorsque Laurent Abitbol (président de Selectour, ndDG) m’avait invité au congrès de son réseau à Lyon, afin de parler de la valeur ajoutée des agents de voyages dans l’avenir, je m’étais imposé comme exercice d’à la fois ne rien lâcher sur le fond, c’est-à-dire donner ma vision et mon regard sur ce que je pensais qu’il fallait faire, et ne plus faire tout en étant bienveillant avec ces agents de voyages.
Et je crois que j’ai réussi ce jour-là !
En revanche, je n’ai pas toujours réussi cela. Par exemple, une chose que je n’ai pas réussi récemment : comme vous le savez, j’ai de très grosses convictions écologiques, c’est probablement ce qui va animer le plus ma fin de vie d’ailleurs, et au moment de ce débat sur l’avion, j’ai eu des débats avec les compagnies aériennes, avec Jean-Pierre Sauvage en particulier (président du BAR, ndDG) qui m’est tombé dessus en me disant : « Jean-François, il y en a marre que tu nous donnes des leçons ! »
C’est très curieux : je n’ai pas l’impression de « donner des leçons » mais simplement de livrer ma conviction !
Et je me suis dit que la question n’était pas de savoir si j’ai donné une leçon ou pas, ce qui compte c’est qu’il l’ait ressenti comme tel ! Donc je n’ai pas été bon.
J.-F.R. : Oui, mais ce sont des tourments qui sont moins importants, qui sont moins profonds, qui sont plus superficiels… Un problème de business, ce n’est jamais très grave.
TourMaG.com - Et la troisième chose ?
J.-F.R. : La troisième chose bien évidemment, c’est la perte de cette petite fille, cette enfant.
Ces éléments-là ont toujours dirigé ma vie avec plus ou moins de bonheur.
On peut avoir des idéaux, des valeurs mais pas toujours bien les pratiquer. On fait ce que l’on peut…
TourMaG.com - Cet accident a-t-il joué sur votre vie de couple ?
J.-F.R. : Oui. J’ai eu trois femmes dans ma vie. À l’époque, j’étais avec ma seconde femme qui était la mère de Maya. Et notre couple n’a pas résisté à cet accident...
Même si nous sommes restés proches, parce que lorsque l’on vit un événement pareil, on reste lié à vie, nous étions deux êtres trop tourmentés pour bien fonctionner ensemble.
Aujourd’hui, ma femme, Nathalie avec qui je suis en harmonie très forte est quelqu’un qui me calme plus, qui m’amène davantage de sérénité.
TourMaG.com - Elle vous supporte parfois ?
J.-F.R. : (rires) Oui parfois, bien sûr ! Les êtres tourmentés ne sont pas toujours facile à vivre ! Mais ce qui est bien, c’est de s’apercevoir qu’avec le temps on ne change pas son ADN, mais on progresse.
C’est-à-dire que l’on calme ses tourments, on corrige ses défauts. Moi, par exemple j’ai le gros défaut de l’impatience. Je le corrige et j’essaie d’être gentil, même lorsque je manifeste de l’impatience envers les gens.
En fait, j’aime les gens, c’est une grande chance dans ma vie. Et il y en a beaucoup avec qui je suis en harmonie, avec qui je suis bien…
TourMaG.com - Pourtant vous avez souvent des déclarations très dures. Vous vous sentez quand même gentil ?
J.-F.R. : Sincèrement, j’essaie d’être gentil et bienveillant. J’espère l’être et que mes équipes le ressentent. Mais, je dis bien mais, je suis un homme de passion et de conviction.
Parfois je vais exprimer mes convictions, mes passions de façon trop brutale. Ce qui peut heurter les autres. Et donc je peux passer pour « pas gentil », voire arrogant, ce qui est pour moi l’horreur absolue !
Ça ne correspond absolument en rien à ce que j’essaie d’aspirer mais, vous savez, chaque être est complexe.
Tiens un exemple : lorsque Laurent Abitbol (président de Selectour, ndDG) m’avait invité au congrès de son réseau à Lyon, afin de parler de la valeur ajoutée des agents de voyages dans l’avenir, je m’étais imposé comme exercice d’à la fois ne rien lâcher sur le fond, c’est-à-dire donner ma vision et mon regard sur ce que je pensais qu’il fallait faire, et ne plus faire tout en étant bienveillant avec ces agents de voyages.
Et je crois que j’ai réussi ce jour-là !
En revanche, je n’ai pas toujours réussi cela. Par exemple, une chose que je n’ai pas réussi récemment : comme vous le savez, j’ai de très grosses convictions écologiques, c’est probablement ce qui va animer le plus ma fin de vie d’ailleurs, et au moment de ce débat sur l’avion, j’ai eu des débats avec les compagnies aériennes, avec Jean-Pierre Sauvage en particulier (président du BAR, ndDG) qui m’est tombé dessus en me disant : « Jean-François, il y en a marre que tu nous donnes des leçons ! »
C’est très curieux : je n’ai pas l’impression de « donner des leçons » mais simplement de livrer ma conviction !
Et je me suis dit que la question n’était pas de savoir si j’ai donné une leçon ou pas, ce qui compte c’est qu’il l’ait ressenti comme tel ! Donc je n’ai pas été bon.
"Je suis un entrepreneur social convaincu !"
"Vous savez, j’exprime souvent des positions fortes, disruptives et il m’est arrivé d’exprimer ces positions sans donner de leçons, sous la bonne forme et de me faire quand même taxer de donneur de leçons ! " © Marc Azoulay
TourMaG.com - Ce qui veut dire que lorsque vous avec des convictions, vous êtes absolument sûr d’avoir raison ?
J.-F.R. : Alors non ! Pas du tout. Je suis quelqu’un - et les gens très proches de moi le savent - très animé par le doute.
Je peux changer d’avis et je le fais souvent. En revanche, je suis un homme de passion et il y a des sujets que je « bosse » à fond ! Et parfois il y a des moments où, sans vouloir, je peux affirmer être sûr d’avoir raison… ou presque !
Et c’est vrai que parfois, je peux donner l’impression d’être un donneur de leçons.
C’est quelque chose qu’il faut que j’arrive à corriger. Il faut que j’arrive à convaincre, à donner mes arguments sans donner de leçons.
Vous savez, j’exprime souvent des positions fortes, disruptives et il m’est arrivé d’exprimer ces positions sans donner de leçons, sous la bonne forme et de me faire quand même taxer de donneur de leçons ! Les gens ne sont pas toujours objectifs.
Tiens, prenons le cas du CO². Il existe un nombre considérable de gens qui ne savent pas ou qui, au nom du lobbying, ce qui est pire, taxent les gens de « donneurs de leçons ». Alors qu’en réalité, ces mêmes « gens » ne font que les mettre en face de leurs responsabilités… et la réalité.
Donc ce débat est extrêmement complexe…
TourMaG.com - D’autant que dans ce débat, tout le monde donne des leçons à tout le monde…
J.-F.R. : Oui et pourtant la vérité scientifique est incontestable. Greta Thunberg, cette pauvre jeune fille que tout le monde critique, se moque d’elle…
Sur la forme, il y a débat et je ne discute pas. En revanche, sur le fond, il y a zéro débat ! Elle a raison, cette jeune femme et beaucoup de monde lui répond sur le fond.
Regardez l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, que par ailleurs j’aime bien car c’est un homme attachant, lors de son intervention au Congrès du Medef, c’est un homme d’énergie et il parle sans arrière-pensée dans la mesure où il n’a plus d’enjeux politiques.
Ce qu’il a dit au Medef montre à quel point nos élites sont à côté du sujet. Je suis désolé, ils ne connaissent pas leur sujet.
Et moi, on va me dire que je suis un donneur de leçons, que je suis arrogant. Non ! J’ai travaillé, je suis un écologiste de savoir, d’apprentissage. Je ne suis pas un écologiste de conviction militante profonde.
Par exemple, je suis un entrepreneur « social » convaincu.
J.-F.R. : Alors non ! Pas du tout. Je suis quelqu’un - et les gens très proches de moi le savent - très animé par le doute.
Je peux changer d’avis et je le fais souvent. En revanche, je suis un homme de passion et il y a des sujets que je « bosse » à fond ! Et parfois il y a des moments où, sans vouloir, je peux affirmer être sûr d’avoir raison… ou presque !
Et c’est vrai que parfois, je peux donner l’impression d’être un donneur de leçons.
C’est quelque chose qu’il faut que j’arrive à corriger. Il faut que j’arrive à convaincre, à donner mes arguments sans donner de leçons.
Vous savez, j’exprime souvent des positions fortes, disruptives et il m’est arrivé d’exprimer ces positions sans donner de leçons, sous la bonne forme et de me faire quand même taxer de donneur de leçons ! Les gens ne sont pas toujours objectifs.
Tiens, prenons le cas du CO². Il existe un nombre considérable de gens qui ne savent pas ou qui, au nom du lobbying, ce qui est pire, taxent les gens de « donneurs de leçons ». Alors qu’en réalité, ces mêmes « gens » ne font que les mettre en face de leurs responsabilités… et la réalité.
Donc ce débat est extrêmement complexe…
TourMaG.com - D’autant que dans ce débat, tout le monde donne des leçons à tout le monde…
J.-F.R. : Oui et pourtant la vérité scientifique est incontestable. Greta Thunberg, cette pauvre jeune fille que tout le monde critique, se moque d’elle…
Sur la forme, il y a débat et je ne discute pas. En revanche, sur le fond, il y a zéro débat ! Elle a raison, cette jeune femme et beaucoup de monde lui répond sur le fond.
Regardez l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, que par ailleurs j’aime bien car c’est un homme attachant, lors de son intervention au Congrès du Medef, c’est un homme d’énergie et il parle sans arrière-pensée dans la mesure où il n’a plus d’enjeux politiques.
Ce qu’il a dit au Medef montre à quel point nos élites sont à côté du sujet. Je suis désolé, ils ne connaissent pas leur sujet.
Et moi, on va me dire que je suis un donneur de leçons, que je suis arrogant. Non ! J’ai travaillé, je suis un écologiste de savoir, d’apprentissage. Je ne suis pas un écologiste de conviction militante profonde.
Par exemple, je suis un entrepreneur « social » convaincu.
"J'essaie de progresser tout le temps !"
TourMaG.com - Ça c’est écologiste aussi ?
J.-F.R. : Non, ce n’est pas la même chose. Un entrepreneur social, c’est quelqu’un qui considère que les fruits de la croissance et des bénéfices doivent être répartis de façon équitable entre les actionnaires, les dirigeants et les salariés. Ça c’est une conviction que je ne peux pas démontrer.
L’écologie, ce n’est pas une conviction. C’est un savoir. Il y a des choses qui sont incontestables, mais on conteste quand même l’incontestable. A partir de là, c’est un peu compliqué.
Donc, Greta Thunberg, j’en suis désolé pour nos grands décideurs politiques, nos grandes élites politiques et nos grandes élites économiques, elle a raison !
Et quand les compagnies aériennes nient ce sujet, ça ne représente que 2% d’émissions de CO², ou que la France dit « ce n’est pas notre sujet parce que nous émettons moins grâce au nucléaire », je dis que nous sommes à côté du sujet.
Et si j’étais arrogant, si j’étais dans une mauvaise journée, je dirais « ils sont à côté de la plaque ! »
Mais je dis simplement « ils se trompent intellectuellement. La forme compte terriblement dans ce débat mais c’est vachement dur d’être modéré », quand on entend d’énormes âneries, indiscutablement des âneries. Vous comprenez ce que je veux dire ?
Tout le travail que j’ai à faire, mon épouse me le dit tous les jours, « tu as souvent raison mais fait attention à la forme » ! Elle a raison.
TourMaG.com - J’ai l’impression que vous êtes en perpétuelle thérapie, mais que vous la faites vous-même. Je me trompe ?
J.-F.R. : Vous ne vous trompez pas, mais vous vous trompez un peu.
Je suis en thérapie permanente, c’est vrai, parce que j’essaie de devenir, au fil des années, un meilleur être humain que je ne l’étais la veille, avec mes associés, avec mes amis, avec mes enfants, avec mes beaux-enfants, avec mon épouse, mes parents…
Et puis j’ai du boulot, parce que je suis loin d’être parfait, donc j’essaie de progresser tout le temps, mais je ne le fais pas que seul.
Parce que j’ai beaucoup de personnes dans mon entourage que j’admire beaucoup sur ces sujets-là et qui m’ont beaucoup éclairé. Que ce soient des philosophes, des écrivains, des grands spirituels…
Quand on s’intéresse à quelque chose, on génère des connections. C’est comme l’écologie : je m’y intéresse et je connais énormément de personnes de ce milieu.
Quand je m’intéresse à mon monde intérieur, je connais aussi beaucoup de personnalités du monde intérieur qui m’ont éclairé, qui m’ont aidé.
TourMaG.com - Et qui continuent…
J.-F.R. : Bien sûr, même si je les vois moins, je les lis plus et j’échange…
J.-F.R. : Non, ce n’est pas la même chose. Un entrepreneur social, c’est quelqu’un qui considère que les fruits de la croissance et des bénéfices doivent être répartis de façon équitable entre les actionnaires, les dirigeants et les salariés. Ça c’est une conviction que je ne peux pas démontrer.
L’écologie, ce n’est pas une conviction. C’est un savoir. Il y a des choses qui sont incontestables, mais on conteste quand même l’incontestable. A partir de là, c’est un peu compliqué.
Donc, Greta Thunberg, j’en suis désolé pour nos grands décideurs politiques, nos grandes élites politiques et nos grandes élites économiques, elle a raison !
Et quand les compagnies aériennes nient ce sujet, ça ne représente que 2% d’émissions de CO², ou que la France dit « ce n’est pas notre sujet parce que nous émettons moins grâce au nucléaire », je dis que nous sommes à côté du sujet.
Et si j’étais arrogant, si j’étais dans une mauvaise journée, je dirais « ils sont à côté de la plaque ! »
Mais je dis simplement « ils se trompent intellectuellement. La forme compte terriblement dans ce débat mais c’est vachement dur d’être modéré », quand on entend d’énormes âneries, indiscutablement des âneries. Vous comprenez ce que je veux dire ?
Tout le travail que j’ai à faire, mon épouse me le dit tous les jours, « tu as souvent raison mais fait attention à la forme » ! Elle a raison.
TourMaG.com - J’ai l’impression que vous êtes en perpétuelle thérapie, mais que vous la faites vous-même. Je me trompe ?
J.-F.R. : Vous ne vous trompez pas, mais vous vous trompez un peu.
Je suis en thérapie permanente, c’est vrai, parce que j’essaie de devenir, au fil des années, un meilleur être humain que je ne l’étais la veille, avec mes associés, avec mes amis, avec mes enfants, avec mes beaux-enfants, avec mon épouse, mes parents…
Et puis j’ai du boulot, parce que je suis loin d’être parfait, donc j’essaie de progresser tout le temps, mais je ne le fais pas que seul.
Parce que j’ai beaucoup de personnes dans mon entourage que j’admire beaucoup sur ces sujets-là et qui m’ont beaucoup éclairé. Que ce soient des philosophes, des écrivains, des grands spirituels…
Quand on s’intéresse à quelque chose, on génère des connections. C’est comme l’écologie : je m’y intéresse et je connais énormément de personnes de ce milieu.
Quand je m’intéresse à mon monde intérieur, je connais aussi beaucoup de personnalités du monde intérieur qui m’ont éclairé, qui m’ont aidé.
TourMaG.com - Et qui continuent…
J.-F.R. : Bien sûr, même si je les vois moins, je les lis plus et j’échange…
"L'écologie, c'est l'affaire politique la plus importante du 21e siècle !"
TourMaG.com - Le plus important pour vous : l’échange verbal ou la lecture ? Ou peut-être les deux ?
J.-F.R. : Les deux ! Je lis énormément. La lecture est chez moi quelque chose de fondamental.
Je crois qu’il n’y a que deux choses dont je ne pourrais pas me passer dans les objets quotidiens autour de moi : les livres… et les jeux de stratégie. Et encore, les jeux de stratégie, j’ai baissé, j’en fais moins qu’avant.
Les vêtements, les meubles ça ne m’intéresse pas mais les livres, c’est primordial.
TourMaG.com - Éclectique dans vos lectures ?
J.-F.R. : Totalement. Romans, essais, polars, livres spirituels, je lis beaucoup. Sur papier. Je déteste les livres électroniques. En revanche, je lis beaucoup sur Internet pour tous les sujets d’actualité.
Je suis avide de savoir, j’aime les gens intelligents, j’aime comprendre, j’aime analyser, ça me nourrit beaucoup.
TourMaG.com - Ça vient de votre éducation ou c’était inné ?
J.-F.R. : Les deux. Mes parents sont professeurs tous les deux, ils m’ont toujours appris l’importance de l’école et du savoir.
Ça vient aussi d’une deuxième chose qui est mon tempérament profond, c’est la passion : quand je m’intéresse à un sujet, j’essaie de le faire à fond ! Ce qui fait que j’ai des gros « blanc » : le cinéma, par exemple, ou la mode, je ne sais rien !
TourMaG.com - Je vais vous apprendre le western…
J.-F.R. : J’aime bien le western. Mais globalement, j’ai des gros trous, parce que ou bien je suis à fond, ou bien je suis inexistant !
TourMaG.com - Ces passions, vous les choisissez ou c’est une part de hasard ?
J.-F.R. : C’est une très bonne question. Je ne sais pas. J’ai eu plusieurs passions, dont celle du voyage, bien sûr. J’adore le voyage, l’histoire-géo et Voyageurs du Monde, tout ce que nous faisons avec mes amis associés…
J’ai une passion aussi de la politique, au sens des idées attention. Mais pas question pour moi de faire de la politique, j’en suis absolument incapable, je n’ai pas le cuir assez épais pour ça.
J’ai la passion de l’écologie parce que l’écologie, pour moi, c’est l’affaire politique la plus importante du 21e siècle et de très, très loin.
C’est pour ça d’ailleurs que je suis très inquiet du regard que les décideurs portent à l’écologie parce qu’ils ne considèrent pas que c’est le sujet majeur. Et, pour moi, ils se trompent.
Après, depuis que je suis enfant, j’ai toujours eu la passion des jeux de stratégie : le Go, les échecs, le tarot, le poker, le bridge. Tous les jeux où l’on réfléchit.
Les mots croisés, ceux de Michel Laclos en particulier, j’adore les résoudre avec mon épouse, ma mère ou même mes associés : lorsque je voyage avec Alain ou Lionel, on peut avoir des mots croisés Michel Laclos, on s’éclate ensemble !
Mais ces passions sont toujours liées soit à la réflexion mathématique, soit à la politique. Dans le sens débat de la cité, l’art du colloque grec… j’adore.
J’adore échanger avec mes associés sur l’entreprise, sur la politique en général ou avec mes amis sur ce que font Macron ou Trump !
J’aime l’échange et j’aime le débat politique ! La politique me passionne : quand j’avais 16 ans, je ne loupais pas un débat politique : Mitterrand/Marchais, j’adorais !
J.-F.R. : Les deux ! Je lis énormément. La lecture est chez moi quelque chose de fondamental.
Je crois qu’il n’y a que deux choses dont je ne pourrais pas me passer dans les objets quotidiens autour de moi : les livres… et les jeux de stratégie. Et encore, les jeux de stratégie, j’ai baissé, j’en fais moins qu’avant.
Les vêtements, les meubles ça ne m’intéresse pas mais les livres, c’est primordial.
TourMaG.com - Éclectique dans vos lectures ?
J.-F.R. : Totalement. Romans, essais, polars, livres spirituels, je lis beaucoup. Sur papier. Je déteste les livres électroniques. En revanche, je lis beaucoup sur Internet pour tous les sujets d’actualité.
Je suis avide de savoir, j’aime les gens intelligents, j’aime comprendre, j’aime analyser, ça me nourrit beaucoup.
TourMaG.com - Ça vient de votre éducation ou c’était inné ?
J.-F.R. : Les deux. Mes parents sont professeurs tous les deux, ils m’ont toujours appris l’importance de l’école et du savoir.
Ça vient aussi d’une deuxième chose qui est mon tempérament profond, c’est la passion : quand je m’intéresse à un sujet, j’essaie de le faire à fond ! Ce qui fait que j’ai des gros « blanc » : le cinéma, par exemple, ou la mode, je ne sais rien !
TourMaG.com - Je vais vous apprendre le western…
J.-F.R. : J’aime bien le western. Mais globalement, j’ai des gros trous, parce que ou bien je suis à fond, ou bien je suis inexistant !
TourMaG.com - Ces passions, vous les choisissez ou c’est une part de hasard ?
J.-F.R. : C’est une très bonne question. Je ne sais pas. J’ai eu plusieurs passions, dont celle du voyage, bien sûr. J’adore le voyage, l’histoire-géo et Voyageurs du Monde, tout ce que nous faisons avec mes amis associés…
J’ai une passion aussi de la politique, au sens des idées attention. Mais pas question pour moi de faire de la politique, j’en suis absolument incapable, je n’ai pas le cuir assez épais pour ça.
J’ai la passion de l’écologie parce que l’écologie, pour moi, c’est l’affaire politique la plus importante du 21e siècle et de très, très loin.
C’est pour ça d’ailleurs que je suis très inquiet du regard que les décideurs portent à l’écologie parce qu’ils ne considèrent pas que c’est le sujet majeur. Et, pour moi, ils se trompent.
Après, depuis que je suis enfant, j’ai toujours eu la passion des jeux de stratégie : le Go, les échecs, le tarot, le poker, le bridge. Tous les jeux où l’on réfléchit.
Les mots croisés, ceux de Michel Laclos en particulier, j’adore les résoudre avec mon épouse, ma mère ou même mes associés : lorsque je voyage avec Alain ou Lionel, on peut avoir des mots croisés Michel Laclos, on s’éclate ensemble !
Mais ces passions sont toujours liées soit à la réflexion mathématique, soit à la politique. Dans le sens débat de la cité, l’art du colloque grec… j’adore.
J’adore échanger avec mes associés sur l’entreprise, sur la politique en général ou avec mes amis sur ce que font Macron ou Trump !
J’aime l’échange et j’aime le débat politique ! La politique me passionne : quand j’avais 16 ans, je ne loupais pas un débat politique : Mitterrand/Marchais, j’adorais !
"Je suis un ultra sensible..."
La politique locale m’intéresse assez peu. J’aime la politique nationale ou internationale © Frédéric Stucin
TourMaG.com - Vous citez beaucoup les maths, mais, vu de l’extérieur, vous seriez plutôt un intellectuel ?
J.-F.R. : Dans ma vie, j’ai été caricaturé sous certains angles… En réalité, je suis un mélange de tout ça.
Mathématicien je le suis, j’adore ça. Les gens le savent peu, mais avec Alain Capestan et Lionel Habasque (associés de Jean-François Rial, ndDG), c’est probablement l’une des clés de notre réussite. Nous avons mis en place des outils incroyables avec ça.
Ensuite, je suis un passionné du beau, de l’esthétisme. Parce que le beau, c’est la vérité, la vérité c’est le spirituel. Tout ça c’est la même case et c’est ma sensibilité émotionnelle, tout en étant en contradiction avec ma sensibilité mathématique !
Je dirais que le côté intellectuel rejoint presque le côté mathématiques. Je suis en fait une sorte de mélange de tout ça et c’est difficile de me mettre dans une case. Je suis très émotionnel, très affectif et en même temps, je suis un matheux !
TourMaG.com - Ce qui, pour moi, est totalement incompréhensible…
J.-F.R. : On voit bien que je suis un ultra-sensible, trop affectif. Je fais trop attention au regard qu’ont les autres sur moi, je n’ai pas assez de détachement.
Ce qui explique que, malgré ma passion de la politique, je n’en ferai jamais ! Je ne peux, au mieux, qu’être un conseiller de l’ombre. Je ne peux pas être un élu…
TourMaG.com - Même dans votre village ?
J.-F.R. : La politique locale m’intéresse assez peu. J’aime la politique nationale ou internationale. En revanche, j’ai un ami qui est maire d’une commune dans le Cantal, il est admirable. Ce qu’il fait est génial…
Si j’avais pu réaliser un de mes rêves, j’aurais été Ministre des Affaires Etrangères ! J’aurais adoré.
TourMaG.com - Vous nous auriez mis une guerre sur le dos…
J.-F.R. : Mais non, bien au contraire. Dans le trio Alain, Lionel et moi, le plus diplomate, c’est surement moi. Paradoxal, non ?
TourMaG.com - Étonnant ! Comment vous êtes-vous rencontrés tous les trois ?
J.-F.R. : Alain et Lionel, ce sont des frères pour moi. Lionel a fait ses études avec moi, des études de statistiques et mathématiques.
Alain, lui, bossait avec ma première épouse : elle était spécialisée sur les « actions » quand Lionel et moi étions spécialisés sur les « obligations » (financières, ndDG).
On s’est rencontré, on s’est apprécié… Ils sont venus bosser à Fininfo….
TourMaG.com - Une entreprise que vous aviez créée ?
J.-F.R. : Non, j’avais créé une petite boite avant, qui se nommait Promatif et qui a été absorbée par Fininfo dont je suis devenu Directeur Général.
Alain et Lionel sont venus avec moi et nous avons travaillé ensemble durant dix ans.
Nous avions la passion de l’entreprise et la passion de l’indépendance, nous avons tenté de reprendre Fininfo sans succès et nous nous sommes lancés dans notre propre projet, Voyageurs du Monde !
J.-F.R. : Dans ma vie, j’ai été caricaturé sous certains angles… En réalité, je suis un mélange de tout ça.
Mathématicien je le suis, j’adore ça. Les gens le savent peu, mais avec Alain Capestan et Lionel Habasque (associés de Jean-François Rial, ndDG), c’est probablement l’une des clés de notre réussite. Nous avons mis en place des outils incroyables avec ça.
Ensuite, je suis un passionné du beau, de l’esthétisme. Parce que le beau, c’est la vérité, la vérité c’est le spirituel. Tout ça c’est la même case et c’est ma sensibilité émotionnelle, tout en étant en contradiction avec ma sensibilité mathématique !
Je dirais que le côté intellectuel rejoint presque le côté mathématiques. Je suis en fait une sorte de mélange de tout ça et c’est difficile de me mettre dans une case. Je suis très émotionnel, très affectif et en même temps, je suis un matheux !
TourMaG.com - Ce qui, pour moi, est totalement incompréhensible…
J.-F.R. : On voit bien que je suis un ultra-sensible, trop affectif. Je fais trop attention au regard qu’ont les autres sur moi, je n’ai pas assez de détachement.
Ce qui explique que, malgré ma passion de la politique, je n’en ferai jamais ! Je ne peux, au mieux, qu’être un conseiller de l’ombre. Je ne peux pas être un élu…
TourMaG.com - Même dans votre village ?
J.-F.R. : La politique locale m’intéresse assez peu. J’aime la politique nationale ou internationale. En revanche, j’ai un ami qui est maire d’une commune dans le Cantal, il est admirable. Ce qu’il fait est génial…
Si j’avais pu réaliser un de mes rêves, j’aurais été Ministre des Affaires Etrangères ! J’aurais adoré.
TourMaG.com - Vous nous auriez mis une guerre sur le dos…
J.-F.R. : Mais non, bien au contraire. Dans le trio Alain, Lionel et moi, le plus diplomate, c’est surement moi. Paradoxal, non ?
TourMaG.com - Étonnant ! Comment vous êtes-vous rencontrés tous les trois ?
J.-F.R. : Alain et Lionel, ce sont des frères pour moi. Lionel a fait ses études avec moi, des études de statistiques et mathématiques.
Alain, lui, bossait avec ma première épouse : elle était spécialisée sur les « actions » quand Lionel et moi étions spécialisés sur les « obligations » (financières, ndDG).
On s’est rencontré, on s’est apprécié… Ils sont venus bosser à Fininfo….
TourMaG.com - Une entreprise que vous aviez créée ?
J.-F.R. : Non, j’avais créé une petite boite avant, qui se nommait Promatif et qui a été absorbée par Fininfo dont je suis devenu Directeur Général.
Alain et Lionel sont venus avec moi et nous avons travaillé ensemble durant dix ans.
Nous avions la passion de l’entreprise et la passion de l’indépendance, nous avons tenté de reprendre Fininfo sans succès et nous nous sommes lancés dans notre propre projet, Voyageurs du Monde !
La découverte de la Chine en solitaire à 18 ans !
TourMaG.com - Justement. A 18 ans, vous partez tout seul découvrir la Chine… L’envie du voyage déjà ?
J.-F.R. : J’ai toujours eu une passion pour le voyage. Mais toujours dans le sens de l’histoire, la géographie, l’envie de découvrir et rencontrer l’être humain. Pour moi, le voyage a toujours été le voyage, pas les vacances. Par exemple, je n’ai jamais passé de vacances au Club Med.
C’est très bien le Club Med ou les formules clubs en général, mais ça ne me correspond pas. Le projet « Voyageurs », c’était de reprendre cette entreprise afin d’en faire le leader du voyage individuel.
N’oubliez pas qu’à cette époque, il n’y avait que des voyages en groupes, en circuits de petits groupes ou en séjours. Mais le voyage individuel itinérant en individuel organisé n’existait pas… ou très peu.
TourMaG.com - Mais vos amis, plus versés dans la partie financière, comment ont-ils réagi ? C’est vous qui les avez convaincus…
J.-F.R. : L’idée de faire quelque chose ensemble, de devenir entrepreneurs autonomes est autant venue d’Alain que de moi. Alain, c’est un entrepreneur, un passionné de l’entreprise.
L’idée de s’inscrire dans le voyage est plutôt venue de moi. Mais Alain et Lionel étaient et sont de vrais passionnés du voyage.
Pour être francs, nous n’avions pas d’idées pré-conçues : nous avons étudié des dossiers, nous avons eu entre les mains celui de Voyageurs, nous l’avons trouvé super…
Moi, je l’adorais mais je me méfiais de mes passions. Si Alain y allait, j’y allais aussi mais c’est lui qui avait la décision finale : il a travaillé sur le dossier toute une nuit, nous nous sommes revus le lendemain matin et il m’a dit : « c’est top ! »
Vous savez, il faut se méfier de ses propres passions qui peuvent vous conduire à faire des erreurs, surtout à l’époque où j’étais beaucoup plus jeune, je n’avais pas la maturité que j’ai aujourd’hui…
TourMaG.com - Vous pensez avoir la maturité aujourd’hui ?
J.-F.R. : Non. Je pense que j’ai énormément de progrès à faire. J’ai énormément de marches à franchir, mais je suis bien plus mature que lorsque j’avais 25 ou 30 ans. Ça n’a rien à voir ! Je vois toutes les erreurs que j’ai faites….
TourMaG.com - Vous paraissez parfois négatif. Vous voyez les erreurs mais pas les réussites...
J.-F.R. : Les réussites, c’est difficile d’en parler soi-même, voire malvenu ! C’est bien, mais on ne progresse pas sur une réussite. En fait, la réussite, il n’y a rien à en tirer.
Par exemple, le poker qui est un jeu talmudiste, je le dis bien, on ne progresse qu’à partir de ses erreurs, qu’en se remettant en cause ! Ceux qui ne sont pas bons au poker, c’est ceux qui se croient bons !
La chance est un attrape-nigaud extraordinaire au poker pour les mauvais joueurs.
J.-F.R. : J’ai toujours eu une passion pour le voyage. Mais toujours dans le sens de l’histoire, la géographie, l’envie de découvrir et rencontrer l’être humain. Pour moi, le voyage a toujours été le voyage, pas les vacances. Par exemple, je n’ai jamais passé de vacances au Club Med.
C’est très bien le Club Med ou les formules clubs en général, mais ça ne me correspond pas. Le projet « Voyageurs », c’était de reprendre cette entreprise afin d’en faire le leader du voyage individuel.
N’oubliez pas qu’à cette époque, il n’y avait que des voyages en groupes, en circuits de petits groupes ou en séjours. Mais le voyage individuel itinérant en individuel organisé n’existait pas… ou très peu.
TourMaG.com - Mais vos amis, plus versés dans la partie financière, comment ont-ils réagi ? C’est vous qui les avez convaincus…
J.-F.R. : L’idée de faire quelque chose ensemble, de devenir entrepreneurs autonomes est autant venue d’Alain que de moi. Alain, c’est un entrepreneur, un passionné de l’entreprise.
L’idée de s’inscrire dans le voyage est plutôt venue de moi. Mais Alain et Lionel étaient et sont de vrais passionnés du voyage.
Pour être francs, nous n’avions pas d’idées pré-conçues : nous avons étudié des dossiers, nous avons eu entre les mains celui de Voyageurs, nous l’avons trouvé super…
Moi, je l’adorais mais je me méfiais de mes passions. Si Alain y allait, j’y allais aussi mais c’est lui qui avait la décision finale : il a travaillé sur le dossier toute une nuit, nous nous sommes revus le lendemain matin et il m’a dit : « c’est top ! »
Vous savez, il faut se méfier de ses propres passions qui peuvent vous conduire à faire des erreurs, surtout à l’époque où j’étais beaucoup plus jeune, je n’avais pas la maturité que j’ai aujourd’hui…
TourMaG.com - Vous pensez avoir la maturité aujourd’hui ?
J.-F.R. : Non. Je pense que j’ai énormément de progrès à faire. J’ai énormément de marches à franchir, mais je suis bien plus mature que lorsque j’avais 25 ou 30 ans. Ça n’a rien à voir ! Je vois toutes les erreurs que j’ai faites….
TourMaG.com - Vous paraissez parfois négatif. Vous voyez les erreurs mais pas les réussites...
J.-F.R. : Les réussites, c’est difficile d’en parler soi-même, voire malvenu ! C’est bien, mais on ne progresse pas sur une réussite. En fait, la réussite, il n’y a rien à en tirer.
Par exemple, le poker qui est un jeu talmudiste, je le dis bien, on ne progresse qu’à partir de ses erreurs, qu’en se remettant en cause ! Ceux qui ne sont pas bons au poker, c’est ceux qui se croient bons !
La chance est un attrape-nigaud extraordinaire au poker pour les mauvais joueurs.
"Voyageurs du Monde ? Une réussite collective !"
TourMaG.com - Je veux bien, mais même avec toutes les stratégies envisageables, il faut bien recevoir les bonnes cartes ?
J.-F.R. : C’est ce que vous croyez, mais c’est faux. Sur un coup, oui, mais sur une centaine de coups vous avez tort !
TourMaG.com - C’est Monsieur Statistiques qui parle…
J.-F.R. : Pour en revenir à ce que nous disions, les réussites, on les connait. Et il faut bien se dire que c’est une réussite collective… La meilleure qualité que nous ayons, c’est de ne jamais nous être engueulés !
Nous avons un lien affectif très fort.
Lionel est brillant, un formidable gestionnaire par ailleurs, et on a une chance folle de tous partager les mêmes valeurs humanistes.
Fred Moulin est comme mon frère, on lui doit tout le système informatique incroyable de l’entreprise, Loïc Minvielle est le plus diplômé de nous tous mais surtout celui qui nous calme... et nous modère intelligemment. Le sage, peut être au fond le plus accompli de nous tous.
On a aussi, et ce n’est pas une figure de style, des équipes fantastiques totalement engagées sur notre projet.
TourMaG.com - Étonnant cette complicité entre vous. Je connais moins Lionel Habasque, mais entre Alain Capestan, plutôt introverti et vous, extraverti, c’est un joyeux complément ?
J.-F.R. : Alain est beaucoup moins introverti qu’il n’en a l’air. Après nous sommes différents, mais très complémentaires. C’est un travailleur infatigable, il est brillantissime…
TourMaG.com - C’est son côté protestant…
J.-F.R. : Peut-être, peut-être…
TourMaG.com - Changeons de sujet. Question essentielle : pour vous, qu’est-ce que c’est d’être écologiste ?
J.-F.R. : Très bonne question, parce qu’il y a plein de styles d’écologistes. Ce qui unit tous les écologistes - après ils ont des sensibilités différentes sur les remèdes - c’est de considérer qu’il ne peut pas y avoir de développement économique ou de développement humain, sans respecter l’harmonie de la nature.
C’est ça l’écologie, c’est respecter les végétaux, les animaux, l’environnement dans lequel nous évoluons qui est la condition sine qua non de notre bonheur et de notre survie.
Tout ce qui altère cela n’est pas bon.
Un écologiste, c’est quelqu’un qui considère que l’on ne peut pas faire de développement économique s’il y a des conséquences écologiques irréversibles !
J.-F.R. : C’est ce que vous croyez, mais c’est faux. Sur un coup, oui, mais sur une centaine de coups vous avez tort !
TourMaG.com - C’est Monsieur Statistiques qui parle…
J.-F.R. : Pour en revenir à ce que nous disions, les réussites, on les connait. Et il faut bien se dire que c’est une réussite collective… La meilleure qualité que nous ayons, c’est de ne jamais nous être engueulés !
Nous avons un lien affectif très fort.
Lionel est brillant, un formidable gestionnaire par ailleurs, et on a une chance folle de tous partager les mêmes valeurs humanistes.
Fred Moulin est comme mon frère, on lui doit tout le système informatique incroyable de l’entreprise, Loïc Minvielle est le plus diplômé de nous tous mais surtout celui qui nous calme... et nous modère intelligemment. Le sage, peut être au fond le plus accompli de nous tous.
On a aussi, et ce n’est pas une figure de style, des équipes fantastiques totalement engagées sur notre projet.
TourMaG.com - Étonnant cette complicité entre vous. Je connais moins Lionel Habasque, mais entre Alain Capestan, plutôt introverti et vous, extraverti, c’est un joyeux complément ?
J.-F.R. : Alain est beaucoup moins introverti qu’il n’en a l’air. Après nous sommes différents, mais très complémentaires. C’est un travailleur infatigable, il est brillantissime…
TourMaG.com - C’est son côté protestant…
J.-F.R. : Peut-être, peut-être…
TourMaG.com - Changeons de sujet. Question essentielle : pour vous, qu’est-ce que c’est d’être écologiste ?
J.-F.R. : Très bonne question, parce qu’il y a plein de styles d’écologistes. Ce qui unit tous les écologistes - après ils ont des sensibilités différentes sur les remèdes - c’est de considérer qu’il ne peut pas y avoir de développement économique ou de développement humain, sans respecter l’harmonie de la nature.
C’est ça l’écologie, c’est respecter les végétaux, les animaux, l’environnement dans lequel nous évoluons qui est la condition sine qua non de notre bonheur et de notre survie.
Tout ce qui altère cela n’est pas bon.
Un écologiste, c’est quelqu’un qui considère que l’on ne peut pas faire de développement économique s’il y a des conséquences écologiques irréversibles !
"Le combat de ma vie..."
TourMaG.com - Dans ce cas, vous, patron d’une grande entreprise qui envoie les clients au bout de la planète, est-ce compatible avec l’écologie ?
J.-F.R. : Je pense que oui. Si je pensais le contraire, j’arrêterais de faire mon métier.
Sur le comportement « responsable » sur les destinations, ça fait 20 ans qu’on est engagé là-dessus. Et que nous nous en préoccupons.
Concernant le climat, qui est le sujet majeur, nous considérons que ce que nous proposons rentre dans le cadre des accords de Paris, c’est-à-dire de limiter le réchauffement à 1,5°C !
Il s’agit de diviser par deux nos émissions en dix ans et les rendre nulles en 30 ans, toutes activités confondues. C’est impossible pour l’industrie aérienne. En revanche, c’est possible pour beaucoup de secteurs : les voitures, l’électricité.
Donc ce que nous disons, c’est que nous devons faire un maximum d’économies : prendre le train quand c’est possible par exemple, et réduire d’environ 30%. Les 70% restants, il faut les absorber.
D’où la proposition que je fais depuis des années, qui consiste à planter des arbres afin d’absorber les « crédits carbone » que nous consommons trop dans l’industrie du voyage.
Mais si toutes les activités du monde entier faisaient ça, on ne s’en sortirait surement pas.
En fait, c’est dans un cadre global qu’il faut réfléchir. Tout dépend si l’on considère que l’utilité sociale du voyage est nécessaire ou pas. Si l’on considère que cette activité est nulle, il faut arrêter le voyage ! C’est ce que proposent certains écologistes.
Je ne suis pas d’accord avec eux, mais je les trouve cohérents.
Ou alors, comme nous, vous trouvez que l’avion a une utilité sociale à la fois économique mais qui favorise les échanges entre les peuples et dans ce cas, on continue à utiliser l’avion dans un cadre qui respecte les objectifs de diminution d’émissions de CO².
En ce qui concerne Voyageurs du Monde, nous le faisons et nous sommes cohérents.
Les compagnies aériennes disent qu’elles ne contribuent qu’à hauteur de 2% du réchauffement. Certes, mais elles doivent faire des efforts, comme tout le monde. Si tout le monde raisonne comme ça, on ne fera jamais rien. Individuellement, personne ne représente grand-chose ! Mais, ensemble…
La France, au niveau mondial, c’est 2% ! On doit tous faire des efforts pour montrer le chemin.
Ce sera le combat de ma vie !
TourMaG.com - Donc, vous n’allez pas vous calmer ?
J.-F.R. : (rires) Je ne vais pas me calmer sur les convictions et les passions. Sinon je meurs !
En revanche, je vais me calmer sur deux points. D’abord, je vais faire moins de choses. J’ai Voyageurs du Monde, j’ai des mandats dans diverses ONG, j’ai des engagements politiques écologistes, c’est trop ! J’ai aussi des projets agricoles avec mon fils (la Ferme du Perche, ndDG) …
Je vais en faire moins. En revanche, les sujets sur lesquels je vais mettre toute mon énergie, je vais essayer de la mettre avec plus de pédagogie et en donnant moins l’impression de donner des leçons.
TourMaG.com - Les travaux d’Hercule, non ?
J.-F.R. : Oui, mais si je considère que l’enjeu écologique est majeur et que si je veux convaincre, il faut que j’arrive à être influent. Si je veux être influent et que je passe pour un donneur de leçons, je n’aurai aucune influence.
J.-F.R. : Je pense que oui. Si je pensais le contraire, j’arrêterais de faire mon métier.
Sur le comportement « responsable » sur les destinations, ça fait 20 ans qu’on est engagé là-dessus. Et que nous nous en préoccupons.
Concernant le climat, qui est le sujet majeur, nous considérons que ce que nous proposons rentre dans le cadre des accords de Paris, c’est-à-dire de limiter le réchauffement à 1,5°C !
Il s’agit de diviser par deux nos émissions en dix ans et les rendre nulles en 30 ans, toutes activités confondues. C’est impossible pour l’industrie aérienne. En revanche, c’est possible pour beaucoup de secteurs : les voitures, l’électricité.
Donc ce que nous disons, c’est que nous devons faire un maximum d’économies : prendre le train quand c’est possible par exemple, et réduire d’environ 30%. Les 70% restants, il faut les absorber.
D’où la proposition que je fais depuis des années, qui consiste à planter des arbres afin d’absorber les « crédits carbone » que nous consommons trop dans l’industrie du voyage.
Mais si toutes les activités du monde entier faisaient ça, on ne s’en sortirait surement pas.
En fait, c’est dans un cadre global qu’il faut réfléchir. Tout dépend si l’on considère que l’utilité sociale du voyage est nécessaire ou pas. Si l’on considère que cette activité est nulle, il faut arrêter le voyage ! C’est ce que proposent certains écologistes.
Je ne suis pas d’accord avec eux, mais je les trouve cohérents.
Ou alors, comme nous, vous trouvez que l’avion a une utilité sociale à la fois économique mais qui favorise les échanges entre les peuples et dans ce cas, on continue à utiliser l’avion dans un cadre qui respecte les objectifs de diminution d’émissions de CO².
En ce qui concerne Voyageurs du Monde, nous le faisons et nous sommes cohérents.
Les compagnies aériennes disent qu’elles ne contribuent qu’à hauteur de 2% du réchauffement. Certes, mais elles doivent faire des efforts, comme tout le monde. Si tout le monde raisonne comme ça, on ne fera jamais rien. Individuellement, personne ne représente grand-chose ! Mais, ensemble…
La France, au niveau mondial, c’est 2% ! On doit tous faire des efforts pour montrer le chemin.
Ce sera le combat de ma vie !
TourMaG.com - Donc, vous n’allez pas vous calmer ?
J.-F.R. : (rires) Je ne vais pas me calmer sur les convictions et les passions. Sinon je meurs !
En revanche, je vais me calmer sur deux points. D’abord, je vais faire moins de choses. J’ai Voyageurs du Monde, j’ai des mandats dans diverses ONG, j’ai des engagements politiques écologistes, c’est trop ! J’ai aussi des projets agricoles avec mon fils (la Ferme du Perche, ndDG) …
Je vais en faire moins. En revanche, les sujets sur lesquels je vais mettre toute mon énergie, je vais essayer de la mettre avec plus de pédagogie et en donnant moins l’impression de donner des leçons.
TourMaG.com - Les travaux d’Hercule, non ?
J.-F.R. : Oui, mais si je considère que l’enjeu écologique est majeur et que si je veux convaincre, il faut que j’arrive à être influent. Si je veux être influent et que je passe pour un donneur de leçons, je n’aurai aucune influence.
"Donneur de leçons, moi ? Injuste !"
Dans les projets d’agriculture que je suis en train de monter avec mon fils, qui va piloter, cette première Ferme du Perche, nous allons produire la même quantité de légumes qu’une ferme « chimique » pour 8 fois moins d’énergie - © Jean Imbert
TourMaG.com - Cette image de « donneur de leçons », ça vous affecte beaucoup ?
J.-F.R. : Oui. Je trouve cela profondément injuste, parce que je ne suis pas ainsi, mais on me le dit ! Je suis obligé d’en tenir compte. Et je veux convaincre.
Sur l’écologie, c’est très compliqué parce qu’il y a deux écueils. Il ne faut pas être donneur de leçons et il ne faut pas être, comme le sont beaucoup trop d’écologistes, « collapsioniste », parce que tu fais peur !
Cyril Diot, un de mes amis, quand on l’écoute, on a envie de se tirer une balle dans la tête. Il est trop pessimiste, même s’il a raison ! Moi, ce que je veux, ce sont des solutions, pas des problèmes !
Les problèmes, on les connait et je dois être pédagogue. Mais il y en a que je ne convaincrai jamais.
TourMaG.com - Donc, est-ce qu’écologie et économie libérale, mondiale, sont compatibles ?
J.-F.R. : C’est un excellent sujet. Personnellement, je pense que oui. Je fais partie de ceux que l’on appelle les écologistes « libéraux ». Nous sommes assez minoritaires parmi les écologistes.
Il y a ceux que j’appelle les écologistes « fourre-tout » qui n'ont pas beaucoup de convictions sur ce sujet-là et il y a les écologistes « décroissants » qui, globalement, pensent que le libéralisme est incompatible.
Mais ce qui est intéressant parmi cette catégorie d’écolos, c’est que finalement, ils sont dans la même logique que les libéraux « croissants » ! Puisque leur variable, c’est la croissance.
Or, le sujet n’est pas la croissance ou la décroissance économique. Le sujet, c’est la décroissance, voire l’arrêt de la consommation des matières premières et de la fabrication des déchets.
Si nous faisons de la croissance économique en baissant la consommation de nos ressources naturelles, quel est le problème ? Ce n’est pas la croissance, mais bien la façon dont on la réalise.
Par exemple, dans les projets d’agriculture que je suis en train de monter avec mon fils, qui va piloter, cette première Ferme du Perche, nous allons produire la même quantité de légumes qu’une ferme « chimique » pour 8 fois moins d’énergie !
TourMaG.com - Intéressant. Mais à quel prix de vente ?
J.-F.R. : Au prix normal du « bio », plutôt moins si l’on veut. Seulement, une ferme « bio » traditionnelle ne consomme pas 8 fois moins d’énergie. Elle en consomme même beaucoup plus.
L’économie symbiotique, par exemple, produit de la croissance, mais au lieu de consommer de la ressource naturelle, elle en produit. Incroyable !
De même que l’économie bleue qui est moins ambitieuse que l’économie symbiotique, qui consiste à produire de la croissance économique, à ne pas consommer plus de matière que la planète ne peut en fournir chaque année, donc pas de pétrole par exemple, et de produire zéro déchet.
Donc, il existe des solutions ! simplement, il faut repenser notre façon de penser, il faut tout changer.
On ne peut plus fonctionner comme nous avons fonctionné, c’est-à-dire en produisant avec des ressources non renouvelables, et en produisant plein de déchets.
Il faut se préoccuper des conséquences sur la nature. Et ne pas gagner des terres au profit de l’homme sans détruire l’écosystème…
J.-F.R. : Oui. Je trouve cela profondément injuste, parce que je ne suis pas ainsi, mais on me le dit ! Je suis obligé d’en tenir compte. Et je veux convaincre.
Sur l’écologie, c’est très compliqué parce qu’il y a deux écueils. Il ne faut pas être donneur de leçons et il ne faut pas être, comme le sont beaucoup trop d’écologistes, « collapsioniste », parce que tu fais peur !
Cyril Diot, un de mes amis, quand on l’écoute, on a envie de se tirer une balle dans la tête. Il est trop pessimiste, même s’il a raison ! Moi, ce que je veux, ce sont des solutions, pas des problèmes !
Les problèmes, on les connait et je dois être pédagogue. Mais il y en a que je ne convaincrai jamais.
TourMaG.com - Donc, est-ce qu’écologie et économie libérale, mondiale, sont compatibles ?
J.-F.R. : C’est un excellent sujet. Personnellement, je pense que oui. Je fais partie de ceux que l’on appelle les écologistes « libéraux ». Nous sommes assez minoritaires parmi les écologistes.
Il y a ceux que j’appelle les écologistes « fourre-tout » qui n'ont pas beaucoup de convictions sur ce sujet-là et il y a les écologistes « décroissants » qui, globalement, pensent que le libéralisme est incompatible.
Mais ce qui est intéressant parmi cette catégorie d’écolos, c’est que finalement, ils sont dans la même logique que les libéraux « croissants » ! Puisque leur variable, c’est la croissance.
Or, le sujet n’est pas la croissance ou la décroissance économique. Le sujet, c’est la décroissance, voire l’arrêt de la consommation des matières premières et de la fabrication des déchets.
Si nous faisons de la croissance économique en baissant la consommation de nos ressources naturelles, quel est le problème ? Ce n’est pas la croissance, mais bien la façon dont on la réalise.
Par exemple, dans les projets d’agriculture que je suis en train de monter avec mon fils, qui va piloter, cette première Ferme du Perche, nous allons produire la même quantité de légumes qu’une ferme « chimique » pour 8 fois moins d’énergie !
TourMaG.com - Intéressant. Mais à quel prix de vente ?
J.-F.R. : Au prix normal du « bio », plutôt moins si l’on veut. Seulement, une ferme « bio » traditionnelle ne consomme pas 8 fois moins d’énergie. Elle en consomme même beaucoup plus.
L’économie symbiotique, par exemple, produit de la croissance, mais au lieu de consommer de la ressource naturelle, elle en produit. Incroyable !
De même que l’économie bleue qui est moins ambitieuse que l’économie symbiotique, qui consiste à produire de la croissance économique, à ne pas consommer plus de matière que la planète ne peut en fournir chaque année, donc pas de pétrole par exemple, et de produire zéro déchet.
Donc, il existe des solutions ! simplement, il faut repenser notre façon de penser, il faut tout changer.
On ne peut plus fonctionner comme nous avons fonctionné, c’est-à-dire en produisant avec des ressources non renouvelables, et en produisant plein de déchets.
Il faut se préoccuper des conséquences sur la nature. Et ne pas gagner des terres au profit de l’homme sans détruire l’écosystème…
"Emmanuel Macron est un OVNI !"
TourMaG.com - Dans ce cas, faut-il réguler la population humaine ?
J.-F.R. : Voilà typiquement un raisonnement qui parait juste et qui ne l’est pas. Le Rial d’il y a dix ans aurait dit : « voilà un poncif complètement con ».
Mais, comme je tiens à être pédagogique, le Rial d’aujourd’hui va dire « c’est une chose qui n’est pas juste mais qui, apparemment, est intelligente » !
Parce que, globalement, ceux qui consomment les ressources de la planète, ce sont les riches. Voire les très riches. Donc, quand la population mondiale croît, elle croît là où la natalité ne s’est pas écroulée, Niger, Bangladesh… et la population ne consomme rien ! En CO², ces gens-là ne coûtent rien.
Donc ce raisonnement qui consiste à dire, comme vient de l’annoncer le Président Sarkozy récemment, que le réchauffement du climat provient de la surpopulation, est inexact ! Et symbolise bien ce que je qualifie de méconnaissance de la part de nos élites mondiales.
Maintenant, ça ne veut pas dire que l’augmentation de la population mondiale n’est pas un problème. Au contraire. Particulièrement dans les problèmes de migration.
On voit bien qu’aujourd’hui l’Europe s’effondre à cause de la migration. Mais ce n’est pas le sujet principal, ce n’est pas la cause principale du problème écologique.
Mais nous savons que dans trente, quarante ans, on va atteindre le zénith de la population à 10 ou 11 milliards et que nous allons nous écrouler !
Donc, contrairement au Président Sarkozy, que je respecte beaucoup, je pense que ce n’est pas le problème majeur de l’humanité à l’heure actuelle.
TourMaG.com - Justement, en parlant de Sarkozy, vous avez soutenu Président Macron… A vous entendre et vous lire, on sent maintenant une certaine déception…
J.-F.R. : C’est vrai, je l’ai beaucoup soutenu et c’est la première fois que je m’implique autant en politique de façon publique. Attention, en soutien uniquement, je n’ai jamais voulu être Député ou autre chose…
Ça reste un homme brillant et qui fait plein de bonnes choses. Sa réforme sur les retraites est remarquable !
En revanche, c’est vrai que j’ai une déception qui reste à la hauteur des ambitions que j’avais pour lui.
Pour moi, Emmanuel Macron, c’est un OVNI, un type extrêmement brillant comme j’en ai rarement rencontré dans ma vie et j’attendais de lui que, au-delà de ses grandes capacités politiques, incontestables, il soit un grand humaniste. Je ne dis pas qu'il n'est pas un humaniste, mais ce n’est pas un grand humaniste !
Pour moi, ce qui s’est passé dans les affaires de bateaux de migrants qui arrivent en Europe et qui ne sont pas traités, n’est pas digne de l’Europe. Il aurait dû être dans la pointe de la solution, il était plutôt dans le problème…
Sur l’écologie, je trouve qu’il a un train de retard. Mais je ne crois pas que l’écologie soit un enjeu électoral. L’écologie, c’est un sujet de conviction et là, j’attends de voir. J’espère qu’il va changer.
Et puis, il avait promis de faire de la politique autrement, je ne dis pas qu’il fait pire que les autres, mais pour moi, il fait comme les autres !
Peut-être suis-je un naïf et que l’on va m’expliquer que l’on ne peut pas faire autrement ! Possible, mais je reste un naïf.
J.-F.R. : Voilà typiquement un raisonnement qui parait juste et qui ne l’est pas. Le Rial d’il y a dix ans aurait dit : « voilà un poncif complètement con ».
Mais, comme je tiens à être pédagogique, le Rial d’aujourd’hui va dire « c’est une chose qui n’est pas juste mais qui, apparemment, est intelligente » !
Parce que, globalement, ceux qui consomment les ressources de la planète, ce sont les riches. Voire les très riches. Donc, quand la population mondiale croît, elle croît là où la natalité ne s’est pas écroulée, Niger, Bangladesh… et la population ne consomme rien ! En CO², ces gens-là ne coûtent rien.
Donc ce raisonnement qui consiste à dire, comme vient de l’annoncer le Président Sarkozy récemment, que le réchauffement du climat provient de la surpopulation, est inexact ! Et symbolise bien ce que je qualifie de méconnaissance de la part de nos élites mondiales.
Maintenant, ça ne veut pas dire que l’augmentation de la population mondiale n’est pas un problème. Au contraire. Particulièrement dans les problèmes de migration.
On voit bien qu’aujourd’hui l’Europe s’effondre à cause de la migration. Mais ce n’est pas le sujet principal, ce n’est pas la cause principale du problème écologique.
Mais nous savons que dans trente, quarante ans, on va atteindre le zénith de la population à 10 ou 11 milliards et que nous allons nous écrouler !
Donc, contrairement au Président Sarkozy, que je respecte beaucoup, je pense que ce n’est pas le problème majeur de l’humanité à l’heure actuelle.
TourMaG.com - Justement, en parlant de Sarkozy, vous avez soutenu Président Macron… A vous entendre et vous lire, on sent maintenant une certaine déception…
J.-F.R. : C’est vrai, je l’ai beaucoup soutenu et c’est la première fois que je m’implique autant en politique de façon publique. Attention, en soutien uniquement, je n’ai jamais voulu être Député ou autre chose…
Ça reste un homme brillant et qui fait plein de bonnes choses. Sa réforme sur les retraites est remarquable !
En revanche, c’est vrai que j’ai une déception qui reste à la hauteur des ambitions que j’avais pour lui.
Pour moi, Emmanuel Macron, c’est un OVNI, un type extrêmement brillant comme j’en ai rarement rencontré dans ma vie et j’attendais de lui que, au-delà de ses grandes capacités politiques, incontestables, il soit un grand humaniste. Je ne dis pas qu'il n'est pas un humaniste, mais ce n’est pas un grand humaniste !
Pour moi, ce qui s’est passé dans les affaires de bateaux de migrants qui arrivent en Europe et qui ne sont pas traités, n’est pas digne de l’Europe. Il aurait dû être dans la pointe de la solution, il était plutôt dans le problème…
Sur l’écologie, je trouve qu’il a un train de retard. Mais je ne crois pas que l’écologie soit un enjeu électoral. L’écologie, c’est un sujet de conviction et là, j’attends de voir. J’espère qu’il va changer.
Et puis, il avait promis de faire de la politique autrement, je ne dis pas qu’il fait pire que les autres, mais pour moi, il fait comme les autres !
Peut-être suis-je un naïf et que l’on va m’expliquer que l’on ne peut pas faire autrement ! Possible, mais je reste un naïf.
"La taxe Chirac ? Très intéressant..."
TourMaG.com - Professionnellement, vis-à-vis de vos confrères, également des agents de voyages, aimeriez-vous les convaincre davantage ?
J.-F.R. : Oui, j’aimerais convaincre davantage mes confrères de partager les valeurs que nous essayons de mettre en avant.
Mais, ça fait quand même 23 ans maintenant qu’avec Alain, Lionel, Frédéric et Loïc nous sommes à la tête de Voyageurs du Monde et que globalement, personne ne nous a suivis.
Donc, on peut dire que nous avons un succès d’estime, quand on ne dit pas que nous sommes des donneurs de leçons, mais concrètement… rien !
C’est en train de changer un peu sur le CO², sur le climat, parce que la pression du consommateur va commencer à être telle qu’il va falloir bouger.
Ça commence un peu. Je sens que des entrepreneurs comme Michel Salaün, Olivier Kervella, Denis Philipon ou Jean-Pierre Nadir sont sensibles à ces sujets… Mais ça ne va pas assez vite à mon goût.
TourMaG.com - L’impatience Rialesque ?
J.-F.R. : Non, c’est l’enjeu. Si tous les tour-opérateurs français faisaient quelque chose, ce serait une goutte d’eau dans le tourisme qui lui-même est une goutte d’eau dans la France qui elle-même est une goutte d’eau dans le monde !
TourMaG.com - Et les clients, vous ne croyez pas qu’ils s’en foutent aussi ?
J.-F.R. : Bien sûr. Mais de moins en moins. Ce n’est pas parce que les clients ne s’en préoccupent pas que les décideurs doivent baisser les bras. Quand on est décideur, on a une mission. Churchill n’a pas attendu que tout le monde lui dicte sa conduite.
Quand on est un décideur, politique ou entrepreneur, soit on suit la foule, soit on suit ce qu’il faut faire, les « éclairés ».
Tiens, par exemple, la taxe Chirac, sur laquelle je n’ai pas réussi à vous convaincre, c’est très intéressant. C’est quelque chose qui, quoi que l’on en dise, mathématiquement et intellectuellement, ne pénalise pas les compagnies françaises. Seulement 98% de la population touristique française pense le contraire.
Suivra une digression que je ne retranscrirai pas ici… Nous sommes loin d’être d’accord !
J.-F.R. : Oui, j’aimerais convaincre davantage mes confrères de partager les valeurs que nous essayons de mettre en avant.
Mais, ça fait quand même 23 ans maintenant qu’avec Alain, Lionel, Frédéric et Loïc nous sommes à la tête de Voyageurs du Monde et que globalement, personne ne nous a suivis.
Donc, on peut dire que nous avons un succès d’estime, quand on ne dit pas que nous sommes des donneurs de leçons, mais concrètement… rien !
C’est en train de changer un peu sur le CO², sur le climat, parce que la pression du consommateur va commencer à être telle qu’il va falloir bouger.
Ça commence un peu. Je sens que des entrepreneurs comme Michel Salaün, Olivier Kervella, Denis Philipon ou Jean-Pierre Nadir sont sensibles à ces sujets… Mais ça ne va pas assez vite à mon goût.
TourMaG.com - L’impatience Rialesque ?
J.-F.R. : Non, c’est l’enjeu. Si tous les tour-opérateurs français faisaient quelque chose, ce serait une goutte d’eau dans le tourisme qui lui-même est une goutte d’eau dans la France qui elle-même est une goutte d’eau dans le monde !
TourMaG.com - Et les clients, vous ne croyez pas qu’ils s’en foutent aussi ?
J.-F.R. : Bien sûr. Mais de moins en moins. Ce n’est pas parce que les clients ne s’en préoccupent pas que les décideurs doivent baisser les bras. Quand on est décideur, on a une mission. Churchill n’a pas attendu que tout le monde lui dicte sa conduite.
Quand on est un décideur, politique ou entrepreneur, soit on suit la foule, soit on suit ce qu’il faut faire, les « éclairés ».
Tiens, par exemple, la taxe Chirac, sur laquelle je n’ai pas réussi à vous convaincre, c’est très intéressant. C’est quelque chose qui, quoi que l’on en dise, mathématiquement et intellectuellement, ne pénalise pas les compagnies françaises. Seulement 98% de la population touristique française pense le contraire.
Suivra une digression que je ne retranscrirai pas ici… Nous sommes loin d’être d’accord !
"Mes chats, "le regard de Dieu" !"
TourMaG.com - Ma dernière question, Jean-François Rial : pour vous, c’est quoi le bonheur ?
J.-F.R. : Une question très complexe ! J’ai eu quelques expériences dans ma vie qui m’ont permis de l’approcher. Un truc qui n’est pas le bonheur, je le sais, je l’ai fait, c’est la réussite professionnelle. Ça ne donne pas le bonheur.
La reconnaissance de ses pairs, la réussite ne donne pas le bonheur. La richesse financière ne donne pas non plus le bonheur. Tout ça, je l’ai obtenu et donc je sais que ce n’est pas le bonheur.
J’aurais du mal à définir le bonheur mais je vais vous donner trois exemples de moments où je sens le bonheur.
La première fois où je suis allé en Algérie, dans le Sahara, c’est ce qui nous a conduit à investir, en 1992, dans le voyage sur une petite affaire qui s’appelle Déserts, je suis entré dans un petit canyon dans le Tassili qui s’appelait Essen Dilem. J’ai trouvé ça tellement beau que j’en ai été choqué de bonheur !
Le beau fait partie du bonheur. Un des trucs que je partage beaucoup avec mon épouse, c’est de regarder un beau paysage, une belle maison, un beau tableau, le beau donne du bonheur !
Autre exemple, la relation avec les animaux. Eux, ils ne sont pas dans les calculs, ils n’ont pas d’arrière-pensées, ils sont comme à la naissance : purs.
Dans ma vie, j’ai beaucoup de chats. Hier soir, je suis parti et ma dernière action a été de donner à manger à mes chats : ils m’ont transmis un regard…
Le regard de Dieu ! Ça c’est le bonheur !
Et le troisième exemple, j’ai monté à Paris le Reffetorio, pour nourrir les gens en difficulté. Un projet difficile à monter et la première fois que j’ai fait partie des bénévoles pour servir à manger, après avoir servi durant une heure et demie, à la fin, j’étais tellement bien que j’avais envie de pleurer. De bonheur !
C’est ça le bonheur !
Dans la vie, ce qu’il faut réussir à être, c’est gentil et courageux. Des courageux, il n’y en a pas beaucoup. Des gentils, il y en a beaucoup, mais des gentils et courageux, c’est très rare.
J.-F.R. : Une question très complexe ! J’ai eu quelques expériences dans ma vie qui m’ont permis de l’approcher. Un truc qui n’est pas le bonheur, je le sais, je l’ai fait, c’est la réussite professionnelle. Ça ne donne pas le bonheur.
La reconnaissance de ses pairs, la réussite ne donne pas le bonheur. La richesse financière ne donne pas non plus le bonheur. Tout ça, je l’ai obtenu et donc je sais que ce n’est pas le bonheur.
J’aurais du mal à définir le bonheur mais je vais vous donner trois exemples de moments où je sens le bonheur.
La première fois où je suis allé en Algérie, dans le Sahara, c’est ce qui nous a conduit à investir, en 1992, dans le voyage sur une petite affaire qui s’appelle Déserts, je suis entré dans un petit canyon dans le Tassili qui s’appelait Essen Dilem. J’ai trouvé ça tellement beau que j’en ai été choqué de bonheur !
Le beau fait partie du bonheur. Un des trucs que je partage beaucoup avec mon épouse, c’est de regarder un beau paysage, une belle maison, un beau tableau, le beau donne du bonheur !
Autre exemple, la relation avec les animaux. Eux, ils ne sont pas dans les calculs, ils n’ont pas d’arrière-pensées, ils sont comme à la naissance : purs.
Dans ma vie, j’ai beaucoup de chats. Hier soir, je suis parti et ma dernière action a été de donner à manger à mes chats : ils m’ont transmis un regard…
Le regard de Dieu ! Ça c’est le bonheur !
Et le troisième exemple, j’ai monté à Paris le Reffetorio, pour nourrir les gens en difficulté. Un projet difficile à monter et la première fois que j’ai fait partie des bénévoles pour servir à manger, après avoir servi durant une heure et demie, à la fin, j’étais tellement bien que j’avais envie de pleurer. De bonheur !
C’est ça le bonheur !
Dans la vie, ce qu’il faut réussir à être, c’est gentil et courageux. Des courageux, il n’y en a pas beaucoup. Des gentils, il y en a beaucoup, mais des gentils et courageux, c’est très rare.
Retrouvez toutes les interviews "Je ne vous ai rien dit..." par Dominique Gobert en cliquant sur ce lien.